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J'aime beaucoup Marc Graciano et son écriture fleuve, ses thèmes, sa façon d'aborder le monde, sans filtre ni fausse pruderie. Parfois la violence surgit, ou elle sourd tout le livre, elle est là sans l'être vraiment ou explose dans la narration, sans grandiloquence ni condamnation moralisante.
J'aime cette façon d'écrire et de voir, tellement seule dans le paysage.
Je me plonge donc toujours avec un petit frisson dans la lecture d'un nouveau Graciano !
J'ai parcouru celui-ci assez rapidement, tout à mon plaisir et à la dégustation des phrases longues et belles, au vocabulaire ciselé, volontairement très précis et un peu antique, aux descriptions sans fin, aux paysages, à mon imagination qui pouvait broder sur ces vagabondages en nature, à ses repas délicieux, aux exercices de yoga.

Quand surgit la fin. Je ne sais en fait quoi en penser, mais je crois que j'aurais pu m'en passer. Évidemment telle n'est pas la volonté de Graciano, et il me faut respecter ce choix. Un beau livre donc, mais attention au dernier chapitre !
@Kerarno me signale très obligeamment ce lien : https://www.en-attendant-nadeau.fr/2023/03/08/entretien-marc-graciano qui explique une autre interprétation possible. A vrai dire j'ai pensé à cela, faisant le lien avec l'avant dernier chapitre... mais pour valider cette idée il m'aurait fallu un autre chapitre, quelque chose qui fasse que je ne termine pas avec ce gout de fumée et de chair morte sur la langue...
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Jamais je n'avais rencontré auparavant un livre pareil. Totalement inclassable, et en dehors de toutes les normes et de tous les usages.

D'abord, le style. 183 pages, 16 phrases, 16 chapitres. Pas de respiration, pas de paragraphes, une répétition ininterrompue de « et » et de « puis » qui font office de ponctuation. Il faut s'accrocher au début, mais on s'habitue. Ou alors, on repose le bouquin, on l'oublie ou on le refile à quelqu'un qu'on n'aime pas. Moi, non, je me suis accroché, et j'ai fini par aimer.

Ensuite le récit. Tout est très lent, chaque geste du personnage principal est détaillé à l'extrême. Par exemple, rouler et allumer une cigarette va occuper plusieurs pages, tout cela ponctué par les « et » et les « puis » innombrables. Sortir le paquet de tabac, déplier le paquet de feuilles, ouvrir les paquets, répartir le tabac, poser le tout, aller chercher le briquet, ouvrir le briquet, rouler la molette, s'apercevoir qu'il n'y a plus d'essence dedans, aller chercher la réserve dans le coffre, dévisser le bouchon, etc. Chaque geste s'écoule sur plusieurs lignes. Parfois, je dois dire, c'est un peu pesant.
De même, la séance quotidienne de taï chi pratiquée par l'héroïne est détaillée à l'extrême, chaque mouvement en est longuement décrit dans le moindre de ses effets, on observe longuement chaque muscle, chaque membre, chaque articulation, chaque contorsion, chaque changement de posture, chaque simulation d'une action de combat, image par image, dans un ralenti inouï et hypnotique.

Et l'héroïne, maintenant. Une jeune femme qui parcourt la campagne à bord d'une sorte de vieux camping-car, qui s'arrête dans les endroits les plus déserts, qui vit en harmonie totale avec la nature ; vêtue d'une chemise de daim à franges semblable à celle des trappeurs, d'un pantalon de treillis, de rangers sans lacets qu'elle chausse pieds nus… Elle porte de si longues nattes qu'elles traîneraient au sol si elle ne les attachait. Elle se dénude souvent pour se fondre dans la nature, écouter les oiseaux, observer un troupeau de génisses, pêcher les poissons, admirer le ciel nocturne, jouir des couchers du soleil.

Pendant les deux premiers tiers du livre, elle est seule, les humains n'existent pas, ou si peu, juste au début du roman un vague ronron d'une autoroute au loin et des avions qui sillonnent le ciel, si haut qu'on les entend à peine.

Les contacts qu'elle peut avoir avec les hommes pour se ravitailler ne sont jamais décrits, à peine évoqués au détour d'une demi ligne, encadrés des incontournables « et » et « puis » qui ponctuent incessamment le texte.
Enfin à partir de la page 83 elle rencontre des humains, une randonneuse énigmatique, puis plus tard un vagabond étrange. Je ne dirai rien de ces deux personnages afin de ne pas divulgâcher le texte.
On ne sait rien de ce que pense cette femme étrange, pourquoi elle est là, comment elle en est arrivée à vivre ainsi, de quoi elle tire sa subsistance, si elle est en vacances ou si elle erre et voyage ainsi depuis longtemps. L'auteur ne nous dévoile rien d'autre que quelques ressentis de cette fille, ses moments de satisfaction et de jouissance au milieu de cette nature dans laquelle elle se fond.

Hélas, arrive le dernier chapitre qui détruit tout le plaisir qu'on a partagé avec cette fille étrange et mystérieuse, et à laquelle on avait fini par s'attacher. le livre s'achève sur une scène dont je ne dirai rien puisqu'il s'agit d'une sorte d'inouï coup de théâtre, mais qui ne révèle rien de ce que l'on aurait aimé savoir. Pour moi, mais ce n'est que mon humble avis, ce chapitre m'a profondément déplu, et si j'avais su, j'aurais arraché les pages 167 à 183, sans y jeter un seul coup d'oeil, je les aurais roulées en boule et les auraient jetées dans mon poêle à bois qui ronronne près de mon fauteuil. Et j'aurais rêvé longtemps à la saine philosophie de cette femme que j'ai parfois enviée. Mais voilà, j'ai lu ces dernières pages, je les ai détestées et les ai regrettées. Pour moi, quel dommage, cette fin de livre ! Mais je sais très bien qu'il y a beaucoup de lecteurs qui adorent ça…

Les goûts et les couleurs, vous le savez bien, ça ne se discute pas.
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Décomposition, quasi mystique, des gestes qui, dans excluent toute psychologie et enseigne, sans rien démontrer, une attention à ce qui est, un acquiescement au monde, une observatrice adhésion à la faune et la flore chez cette jeune fille, vivant dans son camping-car. On retrouve les enchantements de la prose de Marc Graciano , sa capacité à saisir l'incessant flux de l'univers, son attention à ce qui passe pour des personnages sacrifiés, au seuil de la déraison, d'une liberté que l'on pourrait dire folle. Avec quelques réserves, quelques sophistications de l'écriture, Shamane surprend et interroge surtout par le découpage de son ultime scène, sa façon de contempler, comme de l'extérieur, ce qu'il décrit.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Mes cent premières pages d'un livre en cent mots

Shamane nous emporte dans un bruit intérieur dans lequel notre oeil et notre esprit suivent le fil d'une pensée ininterrompue, où les images se construisent mot après mot. À mesure que notre focal s'adapte à cette langue peu commune, le texte donne vie à une femme libre et à la nature qui l'entoure. Chaque geste, chaque désir s'anime dans un livre au ralenti, dont les chapitres se lisent d'un seul et même souffle. Ce flux continu de pensées est la marque des deux derniers romans de Marc Graciano, où le réel parait s'échapper dans l'ivresse des lettres et des symboles.

CENT pour 100 numéro 26
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Elle, jeune femme vivant dans un fourgon aménagé, elle le déplace suivant ses envies, elle vit en osmose avec la nature, avec les sons, les odeurs, le minéral, le végétal, l'animal, mais aussi l'éther, l'insondable.
La narration est telle que l'on vit non pas avec elle, mais on est elle.
Le descriptif de chaque mouvement, de chaque action, de chaque respiration, de chaque corps est précis, chirurgical.
L'incarnation est totale, aussi bien dans la chair, dans la substance, mais aussi dans l'astral.
On en sort en ayant la sensation d'avoir été, le temps d'un souffle, Shamane.
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Certaine découverte semble quelques fois, ressembler à une amertume à laquelle la déception prédomine, comme ce roman Shamane de Marc Graciano, pourtant tout était en accord avec les émotions qui gouvernent mon esprit, la première de couverture une oeuvre de Georges Peignard, ce portrait de femme hypnotique, laissant flotter une sévérité mystérieuse, un voile obscur contrastant avec le cuivre de la chevelure et ce regard fixe marron qui s'échappe de l'horizon de notre perception, puis cette quatrième de couverture m'emportant dans une aventure solitaire dans le coeur de la Nature, la symbiose respirait une certaine sérénité littéraire et une belle découverte avec un auteur inconnu français, au final, ce fût un beau fiasco, une lecture fortement ennuyeuse avec un soupçon de révolte.

Marc Graciano est un auteur français que je découvre avec son roman Shamane des éditions le Tripode publiée janvier 2023, c'est son septième roman, son premier Liberté dans la montagne en 2013 semble avoir eu une bonne critique par les médias et une controverse par de nombreux puristes, trouvant ce roman illisible, se référant à la citation de jean Ricardou :

« le roman n'est plus l'écriture d'une aventure, mais l'aventure d'une écriture. »

Je m'aperçois que son dernier roman est juste une performance prosaïque, où l'intrigue n'est pas importante, voire inexistante, est-ce un roman inclassable par sa forme, 16 chapitres, 16 phrases, un rythme de prime abord à bout de souffle, par son style de description à la minutie d'un devoir scolaire, je me suis perdu dans cette errance de répétition abusive de « et », « et puis », une litanie épuisante de devoir subir une lecture descriptive, de traverser des chapitres entiers à suivre le mouvement d'une yogeuse, de préparation de thé, d'un repas, même la partie paysage est un regard voilé à travers des mots sans saveur, terne et de plus l'incohérence de l'histoire, s'il y en avait une.

Je me suis terriblement ennuyé dans cette copie descriptive d'un devoir scolaire, je ne comprends pas cette manie d'essayer des prouesses littéraires, des tentatives prosaïques laborieuses, ces phrases sans fin à la saveur savoureuse de Proust qui s'évaporent dans l'éternité renaissent à ma mémoire pour me laver de cette marmelade de mots soporifiques, je n'oublie pas ce roman d'une seule phrase d'Ali Zamir, un monologue ambitieux, riche d'aventure, liant la difficulté de l'exercice et celui de l'histoire, pas comme Marc Graciano, avec ce Shamane sans histoire, des petites nouvelles qui se suivent avec cette héroïne comme fil conducteur, il n'y a pas de transition, pas de liant, pas de fluidité dans ces morceaux descriptifs, juste une accumulation de chapitres qui se suivent, tel un recueil de nouvelles avec un thème central.

Il faut souligner la faiblesse des mots et la pauvreté de l'intrigue, sans vouloir être trop critique, je n'ai pas su trouver le plaisir de lire ce roman, surtout avec ce dernier chapitre extravagant dans sa forme énigmatique et surtout avec l'ensemble du roman, Marc Graciano, joue sans conviction, un dénouement digne des thrillers, ce coup de théâtre qui déstabilise le lecteur n'est qu'un soufflet, juste un bouquet final inachevé, une sorte de pétard mouillé. L'héroïne solitaire coule doucement vers les pentes d'une vie de bohème solitaire, dans une Nature en mouvement, cette vie de femme partie sur les routes dans son camion aménagé, style camping-car, vagabonde dans ce paysage qui l'aspire dans des vapeurs d'alcool et de paradis artificiel, flânant sur les sentiers, les chemins qui l'absorbent dans cette incivilité humaine, elle rencontre une randonneuse inconnue, un homme visitant son habitat de vie roulant sans y être autorisé, le reste est une multitude crachat verbale totalement sans saveur, un roman inutile qui marquera par cette prouesse scolaire abrutissante et puérile.
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Un court roman très curieux qui nous parle d'une jeune femme libre, vivant dans son camion, en harmonie avec la nature, se posant ici ou là dans les forêts ou en bordure des villages, au grès du hasard et de ses humeurs. On ne connaît pas son nom (« elle »), on ne sait pas où elle va et d'où elle vient. On ne sait pas non plus de quoi elle vit. Elle ne fait rien, mange, boit (beaucoup), fume de l'herbe, dort, observe la nature, écoute les oiseaux… s'arrête, repart, ayant le minimum d'interactions avec les autres humains, vivant comme en marge du monde qu'on entend et qu'on aperçoit néanmoins au loin.
La structure du roman est encore plus curieuse : formée de 16 chapitres comprenant une seule phrases continue, sans point, avec seulement des virgules et des puis, puis, puis… pour nous décrire minutieusement la nature, les paysages, les oiseaux, et surtout le moindre des gestes d'« elle », la moindre de ses actions étapes par étapes (prendre sa douche, préparer son thé, déféquer dans l'herbe)… parfois de façon... crue, parfois aussi de façon un peu... lassante.
Si on dépasse tout cela, on peut se laisser prendre malgré tout par ce récit, jusqu'à sa fin... terrible, inattendue qui semble presque déconnectée du reste de l'histoire. Est-elle faite pour choquer, justifier le titre ou simplement nous montrer que se promener dans les bois peut être dangereux. A vous d'en juger !
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