15.
Les Sources
Marie-Hélène Lafon
3.95★
(2178)
L’intimité d'une famille de paysans, sous le joug d'un mari et père violent, dans le silence et l’isolement d'une ferme isolée du Cantal.
Court romans en trois chapitres et trois points de vue :
-la mère, 1967, dans les jours qui précèdent son émancipation,
-le père, dans les années 70, resté seul dans une maison vide,
-la 2ème fille à l’automne 2021, sur le seuil de sa maison d'enfance, qui va être vendue, et dans laquelle elle n’entre pas...
Dans la première partie, la plus longue, chaque mot est pesé, à sa place, sans gras. M.H Lafon parvient à suggérer une atmosphère tendue, une terreur sourde dans la maison, dans laquelle chacun mesure ses gestes, son souffle, pour ne pas déclencher "le cirque, la corrida".
Dans le second chapitre, plus court, plus relâché, la romancière peint l'impuissance et l'incompréhension du mari et père. Il est désormais seul, et sait qu'aucun de ses enfants ne reprendra la ferme, "qu'il n'aura pas de suite", et c'est pour lui une tragédie.
Enfin, le troisième et dernier "acte", court, mais plein de langueur comme une dernière note tenue, apporte un dénouement apaisant. "Claire respire dans la cour l'odeur tiède et sucrée des feuilles alanguies". La cour, l'érable, la balançoire n'ont pas bougé mais le temps a passé. Claire n'entre pas, elle reste à l'extérieur, le refuge de son enfance, elle est là pour dire adieu à cette "maison des petites années", aux "sources" (terme que Claire préfère au mot "racines").
Court roman poignant, concentré des thèmes chers à MH Lafon, la terre (sa terre, le Cantal), la famille, l'émancipation, la transmission, le silence, et les mots qui jaillissent comme une source après avoir été retenus…
(Sophie / CompagnieQuatre)