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Critique de Nomadisant


Quelle déception que cette lecture !

Non pas que j'avais des attentes avant de commencer ce roman – il m'est arrivé dans les mains je ne sais plus comment, mais les premières pages étaient si délicieuses, riches d'un vocabulaire soutenu et d'une prose proche de la poésie. Gracq est un dictionnaire vivant qui transpire par tous les pores des mots peu connus du commun des mortels.

Mais, après quelques dizaines de pages, j'ai commencé à me lasser de certaines redondances, notamment ces innombrables comparaisons dont abuse l'écrivain. Parfois, certaines sonnent creux, semblent passer à côté :

« En quelques secondes elle fut nue, ses vêtements arrachés d'elle par un vent violent plaqués partout contre les meubles comme une lessive qui s'envole sur un roncier. »

« Il n'aimait plus les nouvelles : il était comme les isolés qui ont laissé quelque part derrière eux une mère ou une soeur très âgée, et dont la promenade quotidienne subtilement dépiste le facteur. »

« Il sentait au creux du ventre une révulsion désagréable, comme quand on court à la mer sur une grève que les pieds nus jugent excessivement fraîche. »

Bon…
L'histoire maintenant…

Ni désagréable ni palpitante. Elle commence légèrement et devient de plus en plus grave, mais dans l'entre-deux, elle s'étire et s'étire et ne semble jamais se terminer : comme certains s'écoutent parler, Gracq écrit, se lit et probablement insatisfait après lecture, s'écrit jusqu'à l'excès.

Dans ce récit, il y a une légère histoire d'amour, ou plutôt un flirt qui a été consommé, entre le personnage principal, Grange, et cette jeune femme des bois, Mona. Mais est-ce que tout ceci est réel ? Car cette histoire verse dans l'onirisme. Peu importe, je n'ai pas vraiment apprécié cette relation, l'auteur y apposant une vision très masculine qui n'a rien du romantisme ni de l'érotisme : Mona est une femme facile et « malgré ses yeux innocents, avec ses cils passés au rimmel et son rouge, ses seins petits, mais hardis, et le minuscule tablier-prétexte, elle avait l'air d'une soubrette de magazine galant. »

Et encore ce passage : « Quand Mona s'éveillait, avec cette manière instantanée qu'elle avait de passer de la lumière à l'ombre […] cinglé, fouetté, mordu, étrillé, il se sentait comme sous la douche d'une cascade d'avril. »

Bon…

Ayant lu en début d'année le désert des Tartares de Dino Buzzati, je trouve qu'Un balcon en forêt s'y apparente. Car c'est un roman de l'attente, de la lisière et de la frontière. Mais là où le style de Buzzati est épuré au maximum, celui de Gracq m'a semblé pompeux, excessif. Comparer ces deux oeuvres, ce serait comme comparer le roman et le gothique. J'ai toujours préféré l'art roman : ma région en abonde :-)



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