C'est grâce à Rennath, qui a ajouté Kinsey Millhone à sa liste « Quand des femmes mènent l'enquête », que j'ai eu envie de relire
A comme Alibi, le polar noir de
Sue Grafton et de retrouver la série dont il fait partie : l'Abécédaire du crime.
Une femme qui mène une enquête, pour moi c'était bien Kinsey Millhone, détective privé à Santa Teresa, ville fictive de Californie, mais pour laquelle
Sue Grafton s'est largement inspirée de Santa Barbara. L'abécédaire du crime, c'est la formule originale choisie par l'autrice : une lettre par roman, en commençant par
A comme Alibi, puis
B comme brûlée,
C comme Cadavre… Les traductions des titres ne sont pas toujours très fidèles à l'original. le dernier est intitulé Y is for Yesterday et n'a pas été traduit en français.
Sue Grafton est décédée en décembre 2017 avant d'avoir pu commencer Z is for Zero, qui aurait terminé la série.
Kinsey Millhone prend l'initiative de se présenter au lecteur dès les premières lignes du roman
A comme Alibi : « Je me présente : Kinsey Millhone, trente-deux ans, détective privé immatriculé dans l'état de Californie, deux fois divorcée, sans enfant. Avant-hier, j'ai tué quelqu'un, et depuis, je ne pense plus qu'à ça, ça m'obsède car je suis plutôt une personne raisonnable ». le ton est donné.
A comme Alibi, comme tous les autres romans de l'abécédaire du crime, est écrit à la première personne. Kinsey Millhone nous fait partager son quotidien d'enquêtrice, depuis le moment où un cas lui est soumis, jusqu'à son dénouement. le roman se termine alors que l'enquêtrice rédige son rapport final, et y apporte une touche finale, une réflexion sur l'enquête et la vie en général.
Nikki Fife a été condamnée à huit ans de prison pour le meurtre de son mari, l'avocat Laurence Fife. Elle a toujours proclamé son innocence. Alors qu'elle a purgé sa peine, elle demande à Kinsey Millhone de reprendre l'enquête et de découvrir le vrai coupable. Un vrai travail de fourmi commence alors : il s'agit pour l'enquêtrice de remonter dans le passé, d'interviewer l'entourage de Laurence Fife, son ex épouse Gwen et ses enfants, son collaborateur Charlie Scorsoni, toutes les personnes qui auraient pu souhaiter sa mort et elles sont nombreuses.
Méthodique à l'extrême, Kinsey Millhone passe au crible tous les renseignements qui sont vérifiés encore et encore. « Je ne peux pas me contenter d'un seul et unique son de cloche » affirme-t-elle.
Une méthode qui porte ses fruits et lui permettra de découvrir la vérité.
J'aime beaucoup ce premier roman de la série.
Sue Grafton nous dépeint une enquêtrice (et en 1982, elles n'étaient pas nombreuses dans la littérature noire), qui nous est sympathique car elle nous dépeint sa vie au fur et à mesure que se déroule l'enquête, sans rien omettre, de manière assez sèche, informelle, comme si elle rédigeait un rapport d'activité. On découvre ainsi son agence dans l'immeuble de la California Fidelity Insurance Company, sa voiture déglinguée… et nous faisons connaissance de ses proches - son propriétaire, Henry, vieil homme sympathique, ancien boulanger qui créé des mots croisés et Rosie, qui tient le restaurant du même nom.
En parallèle, Kinsey nous fait découvrir la Californie, ses paysages, sa lumière…
« Et au bout du compte, on se retrouve toujours seule avec soi-même ». Ainsi se termine
A comme Alibi.
Un premier opus qui nous donne envie de retrouver Kinsey Millhone et de parcourir avec elle les autoroutes de la Californie, dans sa vieille voiture déglinguée, à la recherche des coupables.