Dans toutes les séries, il y a inévitablement des opus quI nous paraissent un peu différents. d'comme Dérapage nous permet de participer à une nouvelle enquête de Kinsey Millhone : travail simple s'il en est. La détective doit remettre un chèque de 25 000 dollars à un adolescent, Tony Gahan.
Le généreux donateur, John Daggett, ex-détenu, règle pourtant les honoraires de Kinsey avec un chèque en bois, avant de disparaître quelques jours plus tard de manière on ne peut plus définitive.
Indemniser une victime, c'est très honorable. Mais faire des dettes, en particulier mettre une détective dans l'embarras, c'est autre chose.
Kinsey Millhone va pourtant honorer son contrat jusqu'au bout.
Le roman d'comme Dérapage s'intitule en anglais : d'is for Deadbeat, Deadbeat signifiant un mauvais payeur. Si j'avais eu le choix, je pense que j'aurais choisi de traduire le titre par d'comme Dettes. Un titre certainement moins accrocheur qu' Au bout du rouleau, qui était celui du roman lors de sa première édition en français. Pour autant, ce sont bien les dettes qui sont le sujet principal du roman. Les dettes que l'on a envers ceux que l'on a fait souffrir, et l'ex-détenu a provoqué, sous l'emprise de l'alcool, un terrible accident de la route qui a coûté la vie à cinq personnes. Kinsey a elle aussi une dette, une dette morale envers sa tante qui l'a élevée à la mort de ses parents et ce roman nous fournit quelques éléments sur la vie personnelle de Kinsey.
Sue Grafton, dans d'comme Dérapage, nous offre un roman policier à la tonalité assez sombre. L'enquête est tordue à souhait, rondement menée. Les personnages nous paraissent à la fois attachants, quelquefois comiques, le plus souvent assez tragiques. Un savant mélange que
Sue Grafton sait doser, et son enquête, qui se situe à la fin du vingtième siècle, n'a pas pris une ride, alors même que les téléphones portables, les ordinateurs en sont absents.
C'est Kinsey Millhone qui, une fois de plus, a le mot de la fin "Certaines dettes sont si énormes que seule la mort peut les effacer. Peut-être que, dans ce cas, toutes les dettes sont maintenant remboursées.... sauf la mienne". Face aux dettes de la vie, certains seront toujours des mauvais payeurs....
Un beau texte, un polar noir qui gagnerait vraiment à faire l'objet d'une nouvelle traduction.