AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,97

sur 134 notes
5
20 avis
4
14 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Sommée par afriqueah de lire Kisanga, je me suis exécutée, le petit doigt sur la couture du pantalon. Et ne le regrette nullement. Mais plutôt que le roman ultime sur l'Afrique, j'ai surtout eu l'impression que le sujet principal de ce livre était la perte d'influence de la France (et pas seulement de la Françafrique).
Il existe une France mythique qui est très présente en littérature. Dans de nombreux romans étrangers qui ne s'y déroulent pas, on trouve des allusions (politiques, culturelles, touristiques…) à notre pays, plus ou moins congrues certes, mais bon je pense pas qu'un Suédois ou un Brésilien puisse se faire la même réflexion (si j'ai tort, n'hésitez pas à me le faire savoir avec un grand rire méprisant).
Eh bien là, c'est officiel, ce roman d'un Versaillais signe la fin du mythe. Reste un pays rabougri aux dimensions d'une puissance médiocre et pathétique. Son fleuron minier est un ramassis d'ambitieux falots, sa politique extérieure est piteuse, ses mercenaires ne sont pas fichus de réussir une mission, même ses tireurs d'élite se feront voler l'exécution qu'ils étaient censés effectuer. Quant à ses lanceurs d'alerte, il faut qu'on leur apporte les preuves des malversations sur un plateau pour qu'ils s'en sortent à peu près. Suprême camouflet: la Chine ne voit pas l'intérêt de susciter une crise diplomatique avec un pays qui ne représente guère plus qu'un agréable parc d'attraction.
Exit donc la France, qui s'agite telle la mouche De La Fontaine, tandis que deux mastodontes se font face: la Chine et la RDC. La suite s'écrira dans d'autres livres. Dans 20 ans, je mendierai les conseils d'europeah qui me signalera quelques romans à propos du vieux continent, et que je lirai sur une tablette tactile made in China, bourrée de cobalt extrait du sous—sol congolais.
En attendant, d'après TV5monde, les matières premières ont rapporté 76 milliards de gain aux Chinois contre 3 pour la RDC ou bien elles financent les groupes armés dans l'est du pays: dans les deux cas, sans que la population tire bénéfice des fabuleux gisements sous ses pieds…
Commenter  J’apprécie          406
La France et la Chine doivent signer un partenariat pour exploiter une mine de cuivre en République Démocratique du Congo. La preuve accablante d'un marché illégal pendant un embargo, quinze ans plus tôt, risque de compromettre ce marché juteux pour la France.

Notre beau pays dépêche donc Lauzière, un mercenaire rompu à toutes les manigances obscures de la raison d'état, pour essayer de récupérer les photos compromettantes.

Une affaire qui aurait dû se régler rapidement pour un militaire de cette trempe, mais rien n'est simple sur le continent Afrique.

Il faudra aussi compter sur Martel, un ingénieur des Mines un peu trop scrupuleux et idéaliste et Da Costa, un journaliste parisien qui lui a un vieux compte à régler avec Carmin la société d'exploitation minière qui n'est pas vraiment regardante sur les conditions de travail catastrophiques des employés Congolais.



Résultat de recherche d'images pour "congo cuivre"

Il faudra aussi compter sur des politiciens dépassés ou corrompus, des investisseurs chinois très près de leurs intérêts, des financeurs aussi arrogants qu'immatures, bref Indiana Jones et Rouletabille auront fort à faire, face à tout ce petit monde néocolonial sans scrupule.

Ce n'est plus la Françafrique, mais le Mondafrique avec la présence incontournable de la Chine sur cet immense continent. Corruption, chantage, lobbying éhonté, Emmanuel Grand nous embarque dans un polar social et géopolitique très actuel. Les ressources « maudites » telles que le cuivre, l'uranium, le coltan, qui nous permettent d'avoir des énergies propres, sont exploitées dans de très sales conditions.

Suspens, action, habile mélange de fiction et de réalité « Kinsanga » est un vrai page-turner moite et poussiéreux.

Il y a de Jean-Patrick Manchette et de John le Carré chez cet écrivain, on a fait pire comme référence, pas vrai?

Bref, après l'excellent « Terminus Belz » et le non moins excellent « Les salaud devront payer » tous deux d'heureuse mémoire, il faut lire de toute urgence « Kisanga » le nouveau roman noir d'Emmanuel Grand.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          360
Bien , très bien même. Loin de Terminus Blez et de la Bretagne, Emmanuel Grand nous amène au Congo pour un vrai polar sur fond de géopolitique africaine. L'histoire est celle d'un accord entre la Chine et la France pour l'exploitationd'une gigantesque mine de cuivre à Kisanga
Un accord qui satisfait les deux pays:la France maintient son influence sur le continent africain et la Chine, après quelques maladresses économiques et diplomatiques, se replace sur ce continent qu'elle convoite .Accord gagnant gagnant.Champagne et petits fours , grands sourires et poignées de main cordiales
Sauf que , dans ce monde-là, monsieur, on ne s'amuse pas, on compte
Et,bien sûr, on triche
J'en reste là
Si vous vous intéressez peu ou prou à la géopolitique mondiale et au rôle majeur que prend la Chine , ce livre est pour vous
L' écriture est bonne , le suspens est au rendez-vous et vous aurez appris plein de choses sur l'Afrique d' aujourd'hui car Emmanuel Grand s'est très bien documenté
Bon voyage
Commenter  J’apprécie          241
Minerai, magouilles et affaire d'État

L'auteur de Terminus Belz est de retour avec un thriller haletant qui mêle espionnage, politique et affaires industrielles… et une réflexion très documentée sur l'exploitation de l'Afrique.

Au-delà du thriller habilement construit, ce roman est une enquête très fouillée sur la manière dont l'Afrique a été exploitée et en particulier sur la façon dont le Congo a été et continu d'après la proie de prédateurs qui n'ont pour seule éthique que leur tiroir-caisse. Comme le résume un prédicateur en citant le Deutéronomes : « "si tu passes dans la vigne de ton prochain, tu pourras manger du raisin à ton gré, jusqu'à satiété, mais que tu n'en mettras pas dans ton panier. Si tu traverses les moissons de ton prochain, tu pourras arracher des épis avec la main, mais tu ne porteras pas la faucille sur la moisson de ton prochain". Mais le Blanc, lui, a mis la vigne dans son panier. Et il a porté la faucille sur notre moisson. Il s'appelait Léopold. Son règne a duré cent ans et l'indépendance n'a rien changé. Hier c'était l'ivoire et le caoutchouc, aujourd'hui c'est le cuivre, l'uranium, l'or et les diamants. Et à chaque fois, le sang du ndombe a coulé. le sang des Balemba, des Bayeke, des Balunda et de beaucoup d'autres. Pour construire Bwana Changa-Changa, l'homme blanc a plongé son frère dans la misère. Il l'a fait dormir par terre, mordre par les serpents. Il l'a fait marcher dans les collines, chercher dans les buissons, soulever les pierres avec ses mains. Puis il l'a volé et ne lui a laissé que la souffrance et les larmes. Alors, un jour l'homme noir a désiré les richesses de la terre et il a chassé l'homme blanc. Il a planté son couteau dans le coeur de son frère. Et le frère de son frère l'a tué à son tour; Et le frère du frère de son frère s'est vengé. Et ce pays a saigné et continuera de saigner pendant des années par la faute du mundele. »
Kisanga est le nouvel enjeu des «saigneurs». Cet exceptionnel filon de minerai est, après d'âpres négociations, confié à la Chine et à la France par les dirigeants politiques congolais. Ils en espèrent un double profit, d'abord éviter la mainmise du seul Empire du milieu sur les infrastructures du pays, à commencer par la puissante Shanxi Mining et d'autre part une saine concurrence qui conduira à une course à la production. Et de fait l'entreprise française Carmin entend démonter qu'en trois mois, elle peut – grâce à une équipe de choc – relever ce défi et, ce faisant, faire grimper la valeur de ses actions jusqu'au ciel des investisseurs qui miseraient sur ce «nouvel eldorado du XXIe siècle.»
Ce pourrait aussi être l'occasion de redorer le blason de l'entreprise qui, lorsqu'elle s'appelait encore CMA s'était fait remarquer par des pratiques aussi illégales que criminelles. Mais avec l'aide des plus hautes autorités de l'État, elle avait réussi à étouffer le scandale. Car l'armée, sous couvert d'humanitaire, avait monté une opération de soutien baptisée «Antioche». Un journaliste qui avait eu vent de ces pratiques s'était mis en tête de rassembler des preuves, mais sans réussir.
Il semblerait toutefois que des photos prouvant le trafic et les exactions des militaires français existent et qu'un groupuscule paramilitaire congolais se soit proposé de les vendre au plus offrant. Si Da Costa n'a pas les moyens que réclament le vendeur, il se dit que l'occasion est trop belle pour faire éclater le scandale.
Voici bientôt rassemblés en RDC tous les protagonistes – officiels et cachés –pour un combat qui s'annonce à hauts risques. Très vite les premières tombent, faisant grimper la tension d'un cran. La vérité finira-t-elle par éclater? Français et Chinois vont-ils s'entendre ou au contraire tenter de tirer la couverture vers eux? Les autorités congolaises laisseront-elles sans réagir s'accumuler les cadavres? le placement sera-t-il à la hauteur des attentes des investisseurs? Autant de questions qui vont trouver leurs réponses au fil des chapitres suivants, très habilement construits et qui vont apporter leur lot de rebondissements et révélations.
Depuis la trilogie de Marc Dugain, L'Emprise, Quinquennat et Ultime partie, je n'avais rien lu d'aussi solidement documenté et d'aussi prenant. Un roman idéal à mettre dans vos bagages, car s'il laisse un petit goût amer sur les pratiques néo-colonialistes des grandes puissances, il a tout du thriller haletant et confirme le talent de l'auteur de Terminus Belz.

Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          220
L'entreprise Carmin démarre un projet d'envergure : un accord avec la Chine pour exploiter des mines de cuivre au Congo. Des millions sont en jeu, tout est fait pour attirer les investisseurs, la firme met le paquet sur ce qui est le contrat juteux du siècle ! Un groupe d'employés sont envoyés là-bas, dont Olivier, un ingénieur.

Parallèlement, Raphaël, journaliste d'investigation qui a déjà travaillé sur un scandale mettant en cause Carmin il y a quinze ans au Congo, obtient de son journal d'aller au là-bas enquêter sur le nouveau projet.

Il se trouve que les documents donnant les preuves de l'implication de Carmin dans ce scandale passé intéresse beaucoup de monde, en premier lieu le gouvernement français qui était impliqué avec l'armée présente là-bas à ce moment-là.

Tout ce petit monde va se retrouver au Congo, essayant qui de récupérer les documents compromettants, qui de mettre en place l'exploitation des minerais, qui d'intimider Raphaël et qui de faire taire Olivier qui découvre des anomalies étranges dans les contrats franco-chinois !

Inutile de dire que ces combats sont sans merci puisqu'ils concernent des sommes d'argent colossales !


On est pris dès le début par ce polar politico-économico-financier très noir. L'intrigue est bien menée, les personnages attachants. Ce polar très efficace nous fait entrer dans les tractations concernant l'énergie et la bataille mondiale des grands pays pour exploiter les petits. On se doute que la chute va être encore plus explosive que prévu, et c'est très bien !

Une réussite donc pour Emmanuel Grand qui avait déjà écrit le mystérieux ‘Terminus Belz » et l'excellent et très noir « Les salauds devront payer » ! Cet auteur tient ses promesses !
Commenter  J’apprécie          120
Il en va de la République comme de la littérature ; elle a ses zones grises, cercles opaques hors des sentiers battus, terrains de jeu minés où l'argent, la finance, les politiques véreux sont les personnages de thrillers qui se passent de sérial killers pour faire naître l'adrénaline et couler l'hémoglobine.
Ici, les sentiers sont ceux de la République Démocratique du Congo, dans la région de Kisangani, où l'or bleu, le coltan et autres trésors affleurent la terre ocre de la savane.
Le roman s'ouvre sur une conférence de presse huppée où le champagne coule à flots pour célébrer un partenariat franco-chinois à Kisanga, eldorado de l'extraction du cuivre. Petits fours et canapés peinent à faire oublier les images d'enfants mineurs de fond ployant sous des charges inhumaines. Mais cette fois, promis, juré, l'entreprise sera moralement irréprochable, paiera son dû aux acteurs congolais et respectera une charte morale et durable.
Dans l'assistance, un journaliste est présent. Lui ne mange pas, n'ayant toujours pas digéré l'étouffement d'un article, quinze ans auparavant, qui mettait en cause cette même entreprise dans ce même pays.
Cette fois, Raphaël est bien décidé à ne rien lâcher.
Un dossier photographique atteste des exactions de l'État français qui pourrait bien mettre en péril les futures élections comme certains empires financiers.
C'est une liste "babeliote" qui m'a mise sur les pas de ce polar d'Emmanuel Grand, lauréat du prix Landerneau pour ce roman. J'y ai retrouvé le Congo cher à Césaire, ce pays d'une beauté et d'une richesse inouïe, détruit par un siècle de colonialisme et laminé par vingt ans de guerres civiles. Aujourd'hui, hommes, femmes et enfants pataugent dans la boue pour survivre sous l'oeil indifférent et insatiable d'industries multimillionnaires.
Efficace, documentée, précise, la plume d'Emmanuel Grand est sans concession quand elle plonge ses personnages dans le cloaque africain.
Une lecture captivante à deux niveaux. C'est plus qu'il n'en faut !
Commenter  J’apprécie          90

▶️ Livre coup de coeur de ma libraire de quartier, "L'Ecailler", Paris 15ème - et vraiment, j'ai adoré, emporté par l'histoire...
▶️ CARMIN, multinationale française spécialisée dans l'extraction minière, annonce, à grand renfort de com', l'exploitation d'un gisement exceptionnel de cuivre au Congo, en partenariat avec un groupe chinois : nom de ce projet d'envergure : KISANGA
▶️ Dans 3 mois, la mine doit être inaugurée en présence des officiels des 3 pays, France, Chine et Congo, des patrons des deux entreprises, de la presse économique internationale ; politiques, banques d'affaires, Trading de la City - ce projet attise toutes les convoitises, suscite tous les espoirs de retombées économiques mirifiques...
▶️ Mais ce projet fait remonter à la surface de vieux dossiers qui avaient pu jusque là être étouffés, quand, en plein conflit « Tutsi - Hutus », CARMIN, au début des années 2000, exploitait, avec la complicité de l'Etat français, des minerais dans l'Est de pays alors que le Congo était sous embargo : cette affaire-là ne doit absolument pas ressortir et les preuves de son existence, être supprimées par tous les moyens - il en va de la raison d'Etat...
▶️Olivier Martel, jeune ingénieur, dépêché sur place par CARMIN pour monter la partie opérationnelle du projet fait d'étonnantes découvertes sur le montage franco chinois, l'attribution des gisements entre les deux entreprises et l'attribution des permis délivrés par les autorités congolaises..
▶️Raphaël da Costa, journaliste sur le retour, amère d'avoir été contraint au silence dans les années 2000 quand il enquêtait sur CARMIN qui violait alors l'embargo, entend bien cette fois faire éclater la vérité...
▶️ Incroyable thriller politico-financier, récit formidablement documenté sur le contexte géopolitique de ces années-là dans la région des grands lacs, guerre du Rwanda, conflits ethniques sanglants dans un pays qui crève d'être trop riche...
▶️ Politiciens hors sol corrompus, grands capitaines d'industrie corrompus aussi à fréquenter d'aussi près les allées du pouvoir, traders cyniques et sans morale, mercenaires barbouzes autorisés à tuer, spéculations financières et délit d'initiés - tout y est pour faire de ce roman un récit captivant et haletant
▶️un réflexion très intéressante dans la dernière partie sur la raison d'Etat ; "Le Président (de la République) ficha ses yeux dans ceux de Raphaël.
- Ce crime n'est ni celui d'un homme, ni celui d'un parti. Il est notre crime à tous. Il est le crime de notre pays quand il se mêle des affaires du monde, ce à quoi il ne peut se dérober. Vous devez comprendre cela.
-Notre démocratie est donc criminelle par essence? demanda Raphaël.
- Non. Elle est vertueuse, mais contrainte d'accomplir des crimes pour assoir sa vertu."
▶️ Une écriture rythmée et enlevée, l'Afrique, personnage à part entière (descriptions magnifiques de cette région des grands lacs, brousse, fleuve, villages perdus...) - un roman impossible à lâcher !.. coup de coeur !!..
Commenter  J’apprécie          40
Paris, cimetière de Montrouge : Michel Kessler, ingénieur du groupe minier Carmin, assassiné en République Centrafricaine, est porté en terre. Michel, pourtant habitué de l'Afrique et de ses dangers, était sorti sans protection rapprochée. Olivier Martel est venu rendre un dernier hommage à celui qui fut son mentor.

Le même jour à 20 heures, au Musée de la Marine à Chaillot, une conférence de presse est organisée par le groupe Carmin, dans le but d'annoncer la création d'un partenariat entre Carmin et Shanxi, une compagnie chinoise. Cette association concerne l'exploitation d'un gisement de cuivre à Kisanga, en République Démocratique du Congo (anciennement Zaïre).
Raphaël Da Costa, journaliste d'investigation, est chargé par son rédac-chef de couvrir cet événement. Dix ans auparavant, Raphaël avait découvert un scandale impliquant CMA, une filiale du groupe Carmin. Sans preuves pour appuyer son dossier, cette affaire lui avait explosé à la figure et laissé professionnellement brisé.
A la City de Londres, en marge des tractations commerciales, se joue une autre partie. Edwin Prescott, un jeune trader, est chargé de « vendre » le projet à des investisseurs, avant la publication officielle de l'accord de partenariat.
L'équipe restreinte, à laquelle participe Olivier Martel, se rend sur le territoire congolais, pour les premiers sondages sur les sites d'extraction.
Parallèlement, les Services secrets français rappellent un de leurs meilleurs agents, et le chargent de récupérer un document compromettant, en rapport avec le scandale qu'avait découvert Raphaël il y a dix ans.

Avec ce roman, Emmanuel Grand nous fait toucher du doigt la situation dramatique de la République du Congo, et de l'Afrique en général. L'extraordinaire richesse de son sous-sol en matières premières rares attise toutes les convoitises. Toutes les industries ont un besoin pressant des matériaux que l'on trouve ici en quantité, parmi lesquels le coltan et la cassitérite, essentiels à la fabrication des téléphones portables et autres matériels de haute technologie.
Le pillage en règle des ressources du pays est organisé, depuis l'intérieur, par divers groupes armés, des factions rebelles au gouvernement, comme les tutsis de la région du lac Kivu, soutenus par le Rwanda voisin, mais également par les pays industrialisés, comme la France ou la Chine, entre autres. A ce propos, Emmanuel Grand met l'accent sur la main mise grandissante de la Chine sur le continent africain, ce pays ayant de gigantesques besoins pour alimenter sa formidable croissance.

La narration, alternant les points de vue des différents protagonistes de l'histoire, progresse à un rythme soutenu, qui nous tire toujours plus vers l'avant, en un formidable page-turner. Les personnages sont psychologiquement bien campés, Tuju Olonga, le « fixeur1 » illustre à lui seul toute la complexité de ce pays déchiré. Olivier Martel le jeune ingénieur, Raphaël Da Costa l'opiniâtre journaliste et le mercenaire Pierre Lauzière, chacun obéit à des motivations différentes dans le cadre de cette intrigue. Entre magouilles politiques, tractations financières et coups tordus, Kisanga, mirifique accord d'exploitation minière, ne serait-il en réalité qu'un vaste marché de dupes ?

Ce roman nous dépeint la réalité géographique, politique et économique de cette région des Grands lacs d'Afrique où, dans le silence assourdissant des nations, une guerre civile dure depuis 20 ans, et a causé plus de 5 millions de morts, autant que la Shoah. La communauté internationale reste passive, les intérêts commerciaux passant avant toute considération humanitaire.

C'est à la fois un thriller, roman d'aventures et roman noir, qui mêle l'espionnage, la politique et les magouilles financières. La frontière entre la fiction et la réalité étant bien mince dans ce cas, c'est une réflexion, très documentée et pleine de bon sens sur la situation géopolitique en République du Congo et en Afrique en général.

De ce roman ressort l'affection profonde que l'auteur porte à ce continent. Emmanuel Grand aime l'Afrique, la ressent, la respire et retransmet au lecteur ses propres émotions, intactes.
J'ai adoré lire ce roman, et je le recommande sans réserve aux amoureux de l'Afrique …et aux autres.
Lien : https://thebigblowdown.wordp..
Commenter  J’apprécie          40
Un thriller énergique au scénario particulièrement bien ficelé nous introduisant dans les jeux d'argent et de pouvoir des pilleurs de l'Afrique.

« Comme si un siècle de colonisation, 40 ans d'indépendance et 20 ans de guerre civile avait ramené tout le monde au point de départ. Hommes, femmes et enfants d'un pays richissime pataugeant dans la boue pour survivre, se bousillant les bronches, se brisant dans les os pour un dollar par jour. Et l'indifférence de tous pour ces damnés n'avait d'égal que l'insatiable appétit de l'industrie pour la poudre qu'ils portaient dans leur sac. »
Les promesses de la mine de cuivre de Kisanga en République Démocratique du Congo attirent les convoitises : les américains écartés après la mise au point d'une joint-venture entre Carmin, la grosse entreprise minière, et les chinois n'ont pas dit leur dernier mot, le jeu trouble des chinois, les enjeux personnels des cadres dirigeants de Carmin, les violents jeux de pouvoirs en RDC, les salles de marchés excitées par la découverte et son impact sur l'économie du cuivre, les cadavres dans les placards, la presse d'investigation mordillant aux basques de ces gredins en costumes, la mort brutale de l'ingénieur en charge de l'exploration, et, cette stupéfiante annonce de la direction générale de Carmin : la mine sera opérationnelle dans trois mois sous la direction de Olivier Martel. « Olivier avait vérifié plusieurs fois son tableau et son schéma, et le machin tombait juste. Si ce qu'il imaginait était avéré, il venait de mettre le doigt sur un gigantesque merdier. »

Lien : http://www.quidhodieagisti.c..
Commenter  J’apprécie          30
Emmanuel Grand nous plonge dans un thriller politico-économique plutôt bien construit.
Un partenariat franco-chinois a obtenu l'exploitation de mines de cuivre plus que prometteuse en République Démocratique du Congo. Carmin la société française a fait l'objet quelques années plus tôt d'une suspicion d'exploitation illégale en période d'embargo avec l'aide de militaires français sous couvert d'aide humanitaire, campagne de dénigrement qui n'a finalement pas abouti faute d'éléments tangibles.
Tout se présente donc au mieux pour les dirigeants français, chinois, congolais et les investisseurs impliqués dans ce vaste projet, qui vont pouvoir en composant avec les différentes milices militaires présentes dans ces régions s'enrichir sur le sous-sol congolais. Pour le peuple il reste le football, l'équipe nationale étant en passe de remporter la coupe d'Afrique des nations à domicile.
Plusieurs grains de sable vont commencer à enrayer la belle mécanique. Un ingénieur français va s'interroger sur la réelle richesse des différents lieux d'exploitation. Un journaliste qui n'a pas digéré que la société Carmin soit blanchie une première fois va reprendre du service et une mystérieuse source africaine qui détient un dossier particulièrement compromettant semble décidé à s'en servir.
Il n'en faut pas plus pour que soit dépêché sur place un commando de mercenaires chargé de neutraliser cette «bombe» en «toute discrétion» et qui, en laissant derrière lui autant de cadavres que le Petit Poucet de petits cailloux, contribue fortement à complexifier une situation déjà bien embrouillée dans laquelle corruptions, manipulations et faux-semblants sont les dominantes.
Un bon moment de lecture même si j'ai trouvé le temps un peu long dans les 100 premières pages avec une mise en place quelque peu fastidieuse, le rythme s'accélérant sérieusement pas la suite lorsque l'action se passe sur le sol africain.
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (291) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2883 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}