Les Osages sont une communauté indienne des Etats-Unis installés en Oklahoma après avoir été chassés au 19° siècle de leurs terres de Louisiane puis du Kansas. Dans le scandale de ces dépossessions je retrouve ce que j'avais lu dans La véritable histoire de l'Ouest américain comme les promesses jamais tenues ou l'acculturation forcée : les jeunes enfants sont retirés à leurs familles pour être envoyés dans des internats religieux où ils seront éduqués selon le mode de vie blanc.
Au début du 20° siècle, les Osages sont assez habiles pour négocier à leur avantage la gestion des richesses minières qui pourraient se trouver sous leurs terres. Et il y a du pétrole. Chaque année la communauté alloue aux enchères l'exploitation des puits et bientôt les Osages vivent de leurs rentes, roulent en voitures de luxe et se font servir par des domestiques blancs. En même temps ils sont, comme tous les Indiens du pays, mis sous tutelle et l'Etat leur impose des curateurs pour gérer leur argent.
En 1921, Anna Brown, une Osage de 34 ans, disparaît puis son corps est retrouvé : elle a été tuée par balle. Peu après une de ses soeurs meurt de maladie, une autre dans l'explosion de sa maison et sa mère est empoisonnée. D'autres membres de la communauté sont également victimes de morts violentes. On en compte 24 en 1925 et on qualifie cette période qui s'étale sur plusieurs années de Règne de la terreur. La police locale est corrompue et l'enquête piétine si bien que le dossier est confié au BOI (Bureau Of Investigation), devenu plus tard le FBI et dirigé par le jeune Edgar J. Hoover qui envoie sur place l'enquêteur
Tom White.
White découvre qui est le commanditaire des meurtres de la famille d'Anna Brown mais il lui faut encore lutter contre une corruption généralisée pour faire traduire en justice les responsables. Une justice entièrement aux mains des Blancs. Un Osage a résumé les choses ainsi : "Je me demande si ce jury considère qu'il s'agit bien ici de meurtres et non de maltraitance sur des animaux."
Pour écrire cet ouvrage le journaliste
David Grann a fouillé les archives mais il a aussi rencontré des descendants des victimes. Ses recherches l'ont amené à découvrir le scandale derrière le scandale : les meurtres documentés officiellement ne sont que la partie émergée de l'iceberg. Je ne sais pas comment ce livre a été reçu aux Etats-Unis, il me semble que ça devrait choquer les citoyens. Moi, en tout cas, ça m'a choquée. Je pensais jusqu'à présent que l'esclavage était le péché sur lequel s'était construit ce pays, je m'aperçois que la façon dont les Indiens ont été traités donne aussi une bonne image du mal.
David Grann a fait un travail admirable. Un bémol cependant concernant l'édition française qui est entachée d'erreurs de traduction trop fréquentes. le texte est illustré de nombreuses photos d'époque mais certaines sont si sombres qu'elles sont à peine lisibles.
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