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3,9

sur 213 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Fantastique roman, le bal mécanique est divisé en deux parties. Dans la première, contemporaine, on suit Josh, aux États-Unis, et son père Carl, à Saint-Paul-de-Vence. Leurs rapports sont plutôt compliqués, notamment parce que le père, artiste peintre, ne comprend pas et désavoue même la voie suivie par le fils, qui gère et anime une émission de téléréalité.
Des rapports de filiation compliqués, il y en a aussi dans la deuxième partie, qui nous ramène en Allemagne dans l'entre-deux-guerres, dans la famille d'origine de Carl. Theodor est un marchand d'art et sa fille se sent une vocation d'artiste. Filleule de Paul Klee, elle s'inscrit au Bauhaus et en adopte la philosophie.
L'art, la filiation, la liberté, la spoliation, tous ces thèmes sont brassés par Yannick Grannec dans ce roman superbement écrit et construit et bien documenté. le Bauhaus, c'est la passion de mon beau-père et j'ai beaucoup apprécié cette immersion dans cette école.
Malgré ce foisonnement d'informations et de personnages, la lecture reste fluide, et la petite histoire se mêle à la grande en souplesse, pour le plus grand bonheur des lecteurs.
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Étrange sentiment que celui de reposer ce livre après deux semaines de lecture agréablement consacrées à la découverte de ce roman-fresque qui oscille entre les tribulations d'un monde contemporain désorienté et celui de l'art et du marché de l'art pendant la période couvrant les années d'entre-deux-guerres, principalement en Suisse et en Allemagne, et qui allait se heurter à la montée du nazisme.

J'aurai pu être lassé par cette lecture exigeante, ces longueurs nécessaires à une approche timide frisant l'apprivoisement, par la recherche documentaire proposée par l'auteur et souvent utiles quant à la compréhension des études psychologiques, des faits historiques abordés et utilisés comme charpente de l’œuvre, ou concernant l'histoire de l'Art admirablement approchée, mais il n'en est rien.

En matière d'art justement, ce livre est comme un guide éclairant le monde (Guide Enlightening the World) - pour paraphraser Auguste Bartholdi - ouvrant chaque chapitre avec un renvoi vers une œuvre classique, mais le plus souvent contemporaine ; tempera sur bois, huiles sur toile, aquarelles, affiches, chorégraphies, costumes, photographies…
Chaque fois, au démarrage d'un nouveau chapitre, je m'empressai de me renseigner sur cette œuvre qui allait immanquablement de façon rapide et évidente, ou au contraire plus diffuse, sous-tendre la vie et les émotions des personnages.
Et maintenant, après avoir été l'indiscret observateur des affres de la famille Grenzberg, aimé, espéré, eu peur ou souffert à leurs côtés, côtoyé Paul Klee et Wassily Kandinsky, approché Johannes Itten, Oskar Schlemmer, László Moholy-Nagy ou Marcel Breuer, je me demande bien ce que sera mon quotidien devenu soudain un peu plus terne…
Je brûle d'une envie soudaine de visiter Dessau et son université d'architecture Bauhaus, de voir ou de revoir certaines des œuvres citées, et de retourner arpenter les fantastiques musées de peinture et d'art des grandes ville d'Allemagne et en particulier l'Albertinum et la Gemaldegalerie des Anciens Maîtres de Dresden et le Zeitgeschichtliches de Leipzig.

Merci Yannick Grannec pour ce beau voyage interrompu.
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La plupart du temps, on sait dans quoi on s'embarque en tournant la première page d'un roman. On a cerné le sujet, le genre, et s'il est toujours possible d'être surpris par quelques retournements de l'intrigue, on s'aventure globalement en terrain connu.

Et puis il y a les OVNI littéraires du style du Bal Mécanique, qui a tout l'air d'un roman historique, mais qui relève aussi de la saga familiale ou encore du récit contemporain, le tout sur un ton tour à tour vif et incisif, puis intime et lyrique, ou encore dense et technique. Il en va ainsi tout au long du livre, qui n'en finit pas de proposer toujours plus de changements de décor, de thématiques nouvelles et de soudaines trouvailles romanesques. On pourrait avoir peur que ce cocktail de sujets et d'époques ne soit quelque peu indigeste, mais c'est tout le contraire, et l'autrice parvient étonnamment bien à tirer le meilleur de tous les genres et toutes les tonalités qu'elle invoque, à la croisée de la reconstitution historique, du mélodrame générationnel, du récit à suspense et de la satire sociale.

S'il y a bien une façon d'aborder ce roman, c'est avec curiosité et sans la moindre attente, tant il sait surprendre et captiver son lecteur par des techniques inattendues. le récit s'ouvre ainsi de nos jours avec le personnage de Josh, producteur d'une émission américaine téléréalité à succès, à mi-chemin entre la thérapie familiale et la redécoration d'intérieur. Une section semble a priori étonnante dans un roman pareil, mais ellefonctionne radicalement bien, avec des scènes brutales, passionnantes, acides, des portraits de personnages brossés au vitriol, et une dissection radicale des thèmes du virtuel, de l'image, mais aussi du couple, de la famille, ou encore de l'ambition. L'autrice a surtout l'intelligence d'adopter un second degré assumé et de caricaturer le tout à l'extrême, plutôt que de se borner à une critique primaire, façon "nos sociétés contemporaines sont enfermées dans les apparences et c'est vraiment pas bien".

Une fois cette introduction pour le moins accrocheuse achevée, on se plonge dans le coeur du roman, avec l'analyse de la famille de Josh et de son arbre généalogique aux branches pour le moins tortueuses, éparpillées entre l'Allemagne et les Etats-Unis. L'ouvrage s'assombrit progressivement, et prend de plus en plus le temps de décortiquer avec subtilité les réactions de ses personnages,au fur et à mesure qu'il remonte le temps. On découvre ainsi les origines d'un clan écartelé entre deux continents, deux origines, deux versions de la vérité, une famille amoureuse d'art et malmenée par la guerre, le mensonge et la dépossession.

Et c'est vraiment réussi.

Tout a pourtant été vu et revu sur le thème de la Seconde Guerre mondiale et des familles qui en pâtissent, mais Yannick Grannec parvient tout à fait à tirer son épingle du jeu en ne se concentrant pas tant sur l'intrigue en elle-même, somme toute assez classique, mais bien sur les dilemmes intérieurs de ses personnages, leurs passions contrariées, leurs quêtes de sens intenses et éblouissantes. On s'enflamme pour eux, on les plaint, on s'agace de certaines de leurs réactions, et on se trouve réellement troublé par une conclusion à la fois déstabilisante et complètement logique au vu du déroulé de l'intrigue. le Bal Mécanique lance ainsi une drôle de danse assez improbable au premier abord, entre histoire de l'art, histoire tout court et histoire humaine, mais aboutit à un résultat très satisfaisant, un récit intime et politique comme on les aime et comme il est si difficile d'en produire sans basculer dans les clichés ou la caricature. Un roman qui a le bon goût d'être extrêmement fluide et prenant, plutôt bien construit, et surtout, toujours généreux dans son fond comme dans sa forme. A découvrir !


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La quatrième de couverture dit tout sans rien dévoiler de l'intrigue car c'est un vrai roman à suspens construit en deux parties :
La première suit Josh Shors et sa femme Vikkie, enceinte, producteurs et réalisateurs d'émissions de téléréalité à Chicago ayant pour objectif de reconstruire des familles en difficulté.
Josh a des relations tendues avec son père Carl, peintre misanthrope qui vit isolé à Saint Paul de Vence.
Au décès soudain de ce dernier, Josh découvre que son père avait commencé des recherches en vue d'obtenir la restitution d'un tableau de Otto Dix représentant le grand père de Josh, Theo Grenzberg, spolié pendant la guerre. Il décide de poursuivre les recherches et va découvrir l'histoire de sa famille et les secrets qu'elle recèle.

La seconde partie se focalise sur la vie de Theodor Grenzberg, son activité de marchand d'art pendant l'entre deux guerres à Berlin et ses rencontres avec des artistes précurseurs, tel Paul Klee, qui formeront l'école du Bauhaus et devront s'exiler d'Allemagne lorsque le régime nazi décrètera leur art « dégénéré ».
Théodor a une fille Magda, artiste elle aussi et qui ne cessera de se battre pour faire reconnaître son droit à intégrer l'école du Bauhaus et à s'accomplir dans son art.
Un très beau portrait de femme emportée par les évènements politiques de son pays et bientôt de l'Europe entière, et sa passion d'artiste.


Le talent de Yannick Grannec est de nous faire découvrir tout un pan de l'histoire de l'art, mêlé à une enquête sur les origines et les secrets de la famille Grenzberg.
Le récit est conduit comme une véritable enquête policière ce qui le rend extrêmement palpitant.

Un autre aspect du livre m'a beaucoup touché, c'est la réflexion sur la filiation et la transmission d'une génération à une autre des valeurs bien sur, mais aussi de ce qui touche au plus profond des individus, des émotions ressenties devant un tableau ou à la lecture d'un livre ou d'un poème. Mère de deux enfants j'essaye de leur donner des clefs, de leur montrer le chemin, l'accès pour qu'ils puissent construire leur propre échelle du beau. C'est pour cela que la toute fin du livre m'a beaucoup touchée et particulièrement cet extrait où l'auteur s'exprime à la première personne :

« Je me promets de trainer mes garçons ici. Même si l'idée de visiter-« encore ! »-un musée les fait râler. Même si la définition de la beauté est propre à chaque génération, à chaque individu, il est important de nourrir ses enfants avec celle qu'on croit reconnaître. Leur donner ce cadeau sans étiquette et sans marque est bien plus qu'une consolation, bien plus qu'un dérivatif, bien plus qu'une colère contre un avenir absurde et dangereux. C'est un lien à travers le temps. Regarde le monde, mon fils, et dis-moi comment tu le vois. Ne laisse personne te dire comment tu dois le voir. Pas même moi. Enfin, si. Parfois. Je suis ta mère. »

Un magnifique voyage au coeur de la création artistique, rempli d'émotions et de découvertes.
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Génial! J'ai adoré!
Quelle histoire, quel roman, et quelle recherches pour l'auteur je pense afin de tisser cette toile de fond où se côtoient personnages inventés et réels. J'ai découvert grâce à ce livre l'histoire du Bauhaus en Allemagne où l'on sent monter L Histoire.
Un peu désarçonnée au début par cette plongée dans la télé-réalité d'aujourd'hui, je n'ai pu que me passionner pour la recherche de cet animateur sur sa famille, sur son père, sur l'art, sur L Histoire.
Laissez-vous emporter. De mon côté, je n'ai pu que dévorer ce livre, et j'ai même eu du mal à ne plus vivre avec les personnages, alors que c'est un pavé.
Le mieux? J'ai trouvé ce livre dans une "ruche à livres" où j'ai déposé l'un des miens et pris celui-ci en échange. Quel heureux hasard!
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Merci à l'auteur! J'ai vibré tant et plus avec Magda (mais que devient-elle?), mais aussi avec son père, son parrain, ses amis... Cela m'a donné envie de retourner voir les expos de cette époque mouvementée et explosive... Ma fille étudie justement cette période en Histoire de l'Art, les noms s'égrainaient au fil de ses révisions et de ma lecture.
L'histoire de Karl, le fil entre Théo, Magda et Josh (dont je lisais d'un oeil moins intéressé les rebonds de présentateur à sensation... J'exècre la télé réalité, et l'auteur me confortait dans mon cynisme sur le sujet), l'histoire de l'Art libre... Il y a eu une expo à Liège il y a un an ± comparant l'Art nazi, propre et aryen, à l'art "dégénéré". Je la retrouve dans le livre.
j'ai vraiment apprécié celui-ci!
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Ce livre est exceptionnel !
Je me suis régalée à sa lecture.
Surtout et bien évidemment la deuxième partie, consacrée plus particulièrement à l' Art.
Je me suis promené à travers cette aperçu de l'art et surtout de la peinture, du début du XX siècle et quel régal !
Bien sûr, il faut connaître un minimum ces artistes, leurs oeuvres et le contexte historique, mais ce theme étant l'un de mes sujets de prédilections, j'y ai trouvé un vrai bonheur de lecture.
J'avais, moi aussi, en permanence mon IPhone à portée de main, pour aller voir les tableaux , les photos ou les personnages dont le roman évoquait les noms , et me les remémorer ou parfois même, les découvrir.
Bref, que du bonheur que je recommande à ceux qui aiment en particulier cet art "dégénéré "
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Le roman de Yannick Grannec réussit le défi de nous faire parcourir plus d'un siècle à travers l'Art. Ni promenade muséale, ni histoire des écoles artistiques, ni réflexion esthétique, "Le bal mécanique" parvient à être tout cela à la fois et bien plus encore grâce à sa construction en diptyque et aux larges perspectives qu'il ouvre à notre perception. Deux parties, donc, comme deux romans qui se répondent, se prolongent et s'éclairent mutuellement.
La première est centrée sur Josh et Vickie, un couple qui a inventé et réalise des émissions de téléréalité, sortes de thérapies familiales fondées sur les théories de l'attachement et de la résilience. Architecte de formation, Josh trouve dans son travail la possibilité non seulement de recréer matériellement l'environnement des familles participantes mais aussi de les aider à reconstruire leur existence. Il a choisi un chemin qui semble à l'extrême opposé de celui qu'a suivi Carl, son père, peintre de renom, pour qui la télévision ne peut être un moyen artistique honorable d'appréhender et de rendre compte du réel. Ce réel qui justement semble lui échapper lorsqu'il découvre le secret de sa naissance.
Un bond en arrière du temps et la seconde partie du roman nous emmène au début du 20ème siècle à la suite de Théo, le père de Carl. Marchand d'art, ami de Paul Klee, Théo a épousé Luise, riche héritière suisse. Leur indomptable fille, Magda, décide de suivre une formation d'architecte au Bauhaus avant de partir pour l'URSS. En Allemagne, Théo lutte désespérément contre la confiscation de ses biens par les nazis. Pour le protéger, il confie Carl à ses amis qui partent pour l'Amérique. Dans le chaos engendré par la guerre, l'écheveau des existences s'emmêle, se coupe, se noue, aussi mouvant que les créations des artistes.
Chaque chapitre est irrigué par une oeuvre d'art dont les références nous sont données en exergue. Ce lien indissociable entre les images que font naître les mots et celles que les artistes ont créées est une inépuisable source de réflexion, d'interprétation et d'analyse. Romanesque et érudition sont intimement mêlés dans cette danse éblouissante d'intelligence et de sensibilité.
Mon seul regret à la lecture de ce roman foisonnant ? Ne pas en posséder toutes les clés culturelles. Si bien qu'il me semble ne pouvoir en explorer véritablement toutes les richesses.
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de la Mass Critique, et remercie vivement Babelio et Pocket pour ce choix.

Ce roman est séparé en deux livres, le premier comptant les histoires de Carl et Josh, et le second celles de Théo et Magda.

Le premier livre concerne donc Josh, à la tête d'une célèbre émission de télé-réalité mêlant re-décoration de la maison et travail psychologie sur les membres de la famille. L'auteure nous plonge dans le quotidien de ce gourou de télé-réalité de Chicago et des rouages et manipulations de ce type d'émission. Josh est marié à Vikkie, enceinte et faisant sa mission de découvrir les origines de son mari quand la question finit par être posée.

Grannec nous dévoile également le quotidien sans surprise de Carl, le père de Josh, avec qui il n'a plus de contact et qui vit dans une villa à Saint Paul de Vence devant le ciel et la mer. Carl dit de lui-même "je suis vieux, c'est tout" pour expliquer qui il est, peintre, ex combattant de la guerre de Corée, ayant abusé de l'alcool et autres addictions, divorcé, étranger de son fils et n'ayant pour seule compagne qu'Aline qui s'occupe de lui. Carl est l'enfant d'un couple allemand l'ayant confié à des amis américains avant le début de la Seconde Guerre Mondiale. Il découvre dans son journal un article sur Gurlitt, marchant d'art ayant acquis des tableaux de façon illégale durant le nazisme et dont l'un d'eux n'est pas étranger à Carl puisqu'il porte le nom de son père.

Quand j'ai débuté le livre, certains passages notamment avec Josh m'ont semblé longs et j'ai eu un peu de mal à rentrer dans le roman à cause de ça. Toutefois les chapitre consacrés à Carl ont largement compensé cette "faiblesse" initiale, le vieil homme m'ayant beaucoup, beaucoup plu. Je précise que j'ai beaucoup de mal avec la télé-réalité ce qui explique sûrement mon ressenti sur Josh qui m'apparaît comme une triste caricature de notre société et me l'a rendu immédiatement antipathique, même si ses réflexions sont par ailleurs très pertinentes sur l'être humain moderne, Grannec joue d'ailleurs beaucoup avec les codes du genre. Si Josh n'était pas là, un autre prendrait aussitôt sa place, serait peut-être même pire...

Le second livre raconte l'histoire de Théo, marchant d'art, sa rencontre avec Luise, jeune héritière qu'il finit par épouser, et leur vie durant cette période pré-hitlérienne. de leur amour naîtra Magdalena (ou Magda), qui baigne très tôt dans l'art et finit par intégrer le Bauhaus comme son parrain Paul Klee.

C'est sans conteste ce second livre qui fait toute la force de ce roman. L'écriture y est sublime. Magda est éprise de liberté et d'idéaux qui la poussent à rejeter les codes établis pour les femmes à cette époque. Grannec nous plonge dans l'histoire, dans l'art des années 20 et 30 avec une aisance qui dénote sa connaissance du sujet et nous dévoile les grandes figures de la peinture de l'époque, Paul Klee, Otto Dix. Grâce à elle, j'ai découvert la peinture de Klee, que je ne connaissais pas, ce que je regrette.

A chaque début de chapitre, Y. Grannec prend également la peine de citer une œuvre liée à ce qu'elle développe dans son chapitre.

Je me suis interrogée sur la pertinence des changements de pronom de narration, passant parfois dans le même chapitre du "je" au "il/elle", c'est un parti pris de l'auteur et j'ai fini par m'y habituer en avançant dans les chapitres. Les chapitres sont pour la plupart courts et se lisent facilement. Grannec a un vocabulaire et un phrasé que j'ai beaucoup apprécié, très poétique. Je n'ai relevé que quelques citations m'ayant particulièrement touchées et que j'ai choisi de partager ici, mais en réalité une bonne partie du livre mériterait d'être citée.

Ce livre traite certes de la filiation, mais surtout de la liberté, des idéaux et rend hommage à l'art dans toutes ses formes. Il m'a laissé un goût d'inachevé, tout simplement car je ne voulais pas lâcher ces personnages, j'aurai aimé en lire encore plus. J'ai trouvé le dernier chapitre bien amené et en même temps, j'avais encore des questions en suspens qui n'ont trouvé que partiellement réponse sur ce qui est finalement arrivé à Théo et Magda, même si on peut s'en douter.

Je commande vraiment Y. Grannec pour ses recherches pointues et sa plume. Je concède avoir aussitôt le livre terminé cherché sur internet si Carl Schors avait réellement existé et peint ces fameux nuages. le bal mécanique est un roman puissant que j'ai eu du mal à reposer une fois terminé.
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Josh Shors est animateur d'une émission de téléréalité aux Etats-Unis qui mêle décoration intérieure et psychologie familiale. Son père Carl, 85 ans, peintre qui vit retiré du monde à Saint-Paul-de-Vence, n'a que mépris pour le travail de son fils. Un jour, il découvre dans un article de presse l'existence de Cornelius Gurlitt, un collectionneur d'art chez qui on a retrouvé une grande partie des tableaux spoliés par les nazis. Il replonge alors dans son passé : son père, marchand d'art et propriétaire d'une galerie dont les oeuvres ont été prises par les Allemands, l'a confié à un couple américain afin de le protéger des menaces du IIIème Reich. Il va donc revendiquer son héritage, et découvre alors qu'il a une soeur qu'il n'a jamais connue, Magdalela… On suit donc, dans la première partie de ce roman, les vies de Carl et de Josh, lequel, aidé par sa femme, va poursuivre la quête de son père…

La deuxième partie nous plonge dans l'Allemagne du début du 20ème siècle. Theodor Grenzberg, marchand d'art, épouse Luise Borstelmann, qui lui donne une fille, Magdalena Thekla Fedora. Passionnée d'art et de dessin, celle-ci va entrer au Bauhaus à Dessau, sous le nom de Magda Grenz, rêvant de devenir architecte…

Deux romans en un seul, et deux parties passionnantes. Dans la première, on ne peut qu'être à la fois fasciné et terrifié par les coulisses de l'émission Oh my Josh, qui par une thérapie de choc vise à reconstruire les liens des familles candidates, tout en gardant l'oeil sur l'audimat… Dans la deuxième, on découvre la vie de Magda, qui place sa liberté et son indépendance au-dessus de tout, à une époque où les femmes sont encore sous le diktat des KKK (Kinder, Küche, Kirsche) et auxquelles, au Bauhaus, seule la filière de tissage est ouverte. Richement documenté, le roman emmène le lecteur dans la peinture avant-gardiste des Klee, Kandinsky et autres peintres abstraits, dans les questions inhérentes à un art qui se renouvelle et dont la créativité foisonne ; enfin on découvre le travail de sape des nazis qui se constituent en cachette d'inestimables collections d'oeuvres dont ils exposent une partie sous l'intitulé d'"art dégénéré".

Le tout est dense et se lit sans effort, sous la plume habile de Yannick Grannec, qui rend fort humains et émouvants des grandes figures de l'art comme Paul Klee, parrain de Magda, qu'on voit travailler dans son atelier.

Lien : http://www.usine-a-paroles.f..
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