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EAN : 9782843379482
368 pages
Anne Carrière (23/08/2019)
3.85/5   521 notes
Résumé :
1584, en Provence. L’abbaye de Notre-Dame du Loup est un havre de paix pour la petite communauté de bénédictines qui y mène une existence vouée à Dieu et à soulager les douleurs de Ses enfants. Ces religieuses doivent leur indépendance inhabituelle à la faveur d’un roi, et leur autonomie au don de leur doyenne, sœur Clémence, une herboriste dont certaines préparations de simples sont prisées jusqu’à la Cour.
Le nouvel évêque de Vence, Jean de Solines, compte ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (157) Voir plus Ajouter une critique
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Ecrire un roman historique est , à mon sens , un exercice très difficile . Ecrire sur cette période de fin du Moyen Age ajoute à la difficulté et situer l'action au coeur d'une abbaye nécessite une bonne dose d'érudition et de travail .Incontestablement , Yannick Grannec est érudite et travailleuse , comme en attestent les nombreuses références situées à la fin du roman . On peut donc être rassuré quant à la vérité historique du propos , même si l'auteure nous apporte quelques précisions quant à l'inévitable part d'invention qui a été sienne .Voilà donc qui fait de ce roman un excellent ouvrage didactique et apporte à ceux qui s'y intéressent, un très bel éclairage sur une période souvent méconnue du grand public , grand public dont je fais partie , bien sûr. Ainsi , on va apprendre l'organisation hiérarchisée des religieuses , parler du clergé régulier , du clergé séculier, de la médecine et ses limites , de l'organisation de la vie des religieuses , des règles imposées , des différentes prières , du rôle des soeurs et de l'Eglise auprès des nécessiteux et des malades , des motivations des unes et des autres à se réfugier dans un lieu sacré , un lieu protecteur , certes , mais aussi impitoyable avec ses querelles de pouvoir , ses jalousies , ....Pas mieux pour le clergé séculier qui s'adonne sans vergogne à la jouissance des plaisirs de la vie , bien loin de l'enseignement de la religion...Et puis , l'Inquisition dont on pourra apprécier l'atroce efficacité....
Voilà pour un décor , si je puis m'exprimer ainsi , de grande qualité .
Les vraies héroïnes de l'histoire ce sont les " simples " ces plantes que les religieuses récoltent pour les transformer en médicaments réputés et vendus dans une grande partie du monde occidental et surtout très prisés de la cour du pape .Les revenus sont tels qu'ils excitent au plus au point l'envie des hautes autorités religieuses séculières locales . Comment parvenir à s'emparer de ce trésor ? Les intrigues vont se succéder et même l'intervention du " Malin " sera sollicitée...
L'auteure a donné à son roman une teneur particulière en notant des recettes , des poémes , des dictons , des repères temporels au début des chapitres .Le style est très agréable même si un vocabulaire spécifique peut parfois en freiner le rythme .On est parfois aussi surpris par la grossièreté de certains propos placés dans des bouches que l'on aurait pensé plus modérées , exercice voulu , bien entendu , pour coller au plus près de la réalité.
Cette peinture sociétale est fort plaisante même si nombre de lecteurs ne " plongeront " pas forcément spontanément dans cet univers clos puisque situé exclusivement dans l'abbaye et ses abords immédiats . Les attitudes nous montreront toutefois que , finalement , l'âme humaine n'a guère évolué de nos jours et c'est plutôt inquiétant.
J'avais entendu l'auteure présenter son livre dans l'émission médicale de Marina Carrére d'Encausse sur la 5 et j'avais été très intéressé au point d' acheter et lire cet ouvrage . Je n'ai pas été déçu .....même si je ne suis pas forcément adepte des romans historiques . Au final , je dirais toutefois que le bel "emballage " descriptif me semble un peu plus remarquable que l'intrigue elle- même et cela pourrait sans doute gêner certains lecteurs . Ce n'est que mon humble avis .
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Fin XVIème siècle, l'évêque Jean de Solines veut obtenir la tutelle d'une abbaye de moniales bénédictines, qui prospère en toute indépendance grâce à son régime de la commende octroyé quelques siècles auparavant. Il veut surtout mettre la main sur ses importants bénéfices obtenus par le commerce des simples, des plantes médicinales dont une religieuse herboriste connait tous les secrets. Il est prêt à tout, quitte à discréditer, quitte à créer un scandale du moment qu'il parvient à ses fins. Il y envoie pour enquête deux vicaires dont le jeune Léon qui tombe en pâmoison devant la beauté d'une future novice. A partir de là, tout va se déglinguer dans cet univers clos, ascétique, à la sexualité bridée, le fragile équilibre de la société monacale explose.

Les premiers chapitres sont un régal. De sa plume aiguisée et pleine de verve, Yannick Grannec présente les personnages principaux de sa tragédie en de réjouissants portraits d'une précision souvent jubilatoire, parfois féroces, les chapitres consacrés à chacun alternent les points de vue : l'évêque, le jeune vicaire, la soeur herboriste, l'abbesse, la novice sont brillamment dessinés, à la façon d'un Saint-Simon croquant les courtisans, avec plus de tendresse tout de même pour certains.

L'intrigue monte en puissance progressivement, construite avec minutie tel un thriller à partir du principe de l'effet papillon, la chaine d'événements devenant folle à mesure que le roman avance. La tension est permanente, d'une violence contenue jusqu'à la déflagration, attendue mais qui surprend par sa force. C'est d'autant plus remarquable que l'auteure se permet de nombreuses parenthèses digressives ( sur l'herboristerie par exemple ). On sent qu'elle s'est obligée à « couper » dans son énorme documentation. Et c'est réussi, le dosage entre érudition et romanesque est parfait pour tenir le lecteur en haleine tout en l'instruisant.

Au-delà d'une construction habile, ce que j'ai particulièrement apprécié dans ce roman, c'est son regard sur la condition féminine à la fin du XVIème siècle, à une époque charnière où on commence à brûler les femmes « déviantes », trop libres, trop éloignées du dogme catholique , c'est l'époque des grands procès en sorcellerie. Et les Bénédictines du roman sont beaucoup trop libres aux yeux de la société patriarcale et de la hiérarchie diocésaine ...

Surtout, Yannick Grannec décortique sans fard le fonctionnement cruel du microcosme monastique, traversé par une stupéfiante lutte des classes entre les Marie et les Marthe : ces dernières, les converses étant issues du peuple, chargées des travaux manuels et des affaires séculières, alors que les Marie, nées nobles, occupent les postes les plus prestigieux et se consacrent aux offices et aux études tout en méprisant les Marthe.
L'auteure rend également très prégnantes la question de l'origine de la "vocation religieuse" : se retrouver moniale n'est que très rarement un choix personnel guidé par la foi, parfois un moyen d'échapper au mariage pour poursuivre des études, plus souvent une façon pour les familles nobles de caser les rebuts du marché matrimonial ( les trop laides, les trop "folles", les trop agitées ), pour les familles pauvres de se débarrasser d'une bouche à nourrir. Avec toutes les aigreurs et les rancoeurs que cela peut engendrer.

Je suis très surprise que ce roman n'ait été que peu mis en avant lors de la rentrée littéraire de septembre dernier tant il est passionnant pour faire résonner très subtilement des thématiques féministes très contemporaines à partir d'une intrigue dépaysante avec un vrai souffle romanesque.
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Ah il s'en passait de jolies dans les abbayes, moi je vous le dis.
A la fin du XVIème siècle, dans le sud de la France, la paisible congrégation de Notre-Dame du Loup rayonne et prospère grâce aux remèdes à base de simples dont elle détient le secret (simples… comprendre plantes médicinales, pour ceux à qui le titre évoquerait plutôt une assemblée de benêts).

Cela posé, la suite est un peu plus compliquée. Car si nos bénédictines coulent des jours à peu près sereins, la concupiscence du nouvel évêque de Vence, bien décidé à s'en mettre plein les fouilles, va semer le chaos bien au-delà de ses propres espérances. Autant préciser que là ça va partir en quenouille.

Peu à peu l'intrigue parfaitement structurée monte en puissance, portée par une rare finesse d'analyse des caractères et des personnages. de sa plume très juste, Yannick Grannec lentement façonne une ensorcelante fiction historique, quelque part entre la poésie de Carole Martinez et la truculence de Jean Teulé. C'est dire ce que ce roman complexe recèle de richesse, d'érudition et d'originalité.

Pour faire simple (et si je puis donner mon avis), ça c'est de la pure lecture de rentrée.


Lien : https://minimalyks.tumblr.com/
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Notre-Dame du Loup est une forteresse austère nichée sur les hauts vençois. Ici les bénédictines dirigées par mère Marie-Vérane, abbesse viagère, tiennent un hôpital pour les nécessiteux et font commerce de plantes médicinales. Une vie bien réglée bientôt menacée par l'évêque de Vence. En effet, cette année 1584 l'ecclésiastique a missionné ses vicaires, dont le jeune et beau Léon de la Sine, en vue de prendre en défaut les soeurs pour obtenir les bénéfices de leur commerce et la translation du reliquaire de Sainte-Vérane. Mais le prélat va se heurter à une difficulté de taille : l'abbaye renferme un autre trésor, la jolie novice à venir Gabrielle d'Estéron...

Voilà un roman historique de ceux qui érudits apprennent beaucoup, sans jamais lasser grâce à une tension perpétuelle et une belle verdeur de langage. Ainsi si la fin du XVIe siècle est le temps de la truculence des serviteurs de Dieu, elle est aussi celle de la lutte impitoyable entre clergé régulier et clergé séculier. Un jeu de pouvoir où les femmes, détentrices d'une médecine empirique destinée surtout aux plus pauvres, savent qu'exercer et transmettre leur savoir sera à l'avenir impossible. Une drôle d'époque qui croit aux miracles mais brûle des femmes craignant leur pouvoir sur les corps et les âmes.

Challenge MULTI-DÉFIS 2020
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Vous désirez vous évader en ces temps modernes, ces temps d'intelligence artificielle et de 5G ? Revenir à quelque chose de plus simple ? Je vous propose précisément Les simples de Yannick Grannec, et sa parenthèse enchantée, heu non médiévale. Bien médiévale. Là où les femmes sont dépourvues de liberté et n'ont d'autre choix que d'être au service des hommes (lorsqu'elles sont belles) ou de Dieu (lorsqu'elles sont laides ou simples), là où toute forme de liberté féminine donne lieu à des procès pour sorcellerie.

Bienvenue donc en 1584, dans l'Abbaye des Louventines tenue par soeur Clémence, en Provence, dans laquelle on y découvre un microcosme de bénédictines qui y vivent en autarcie, de façon indépendante (chose rare et permise par le roi), selon un ordre hiérarchique stricte, et où le travail est rythmé par les prières. Nous suivons leur art de cueillir et d'utiliser les simples, ces fameuses plantes médicinales qu'elles recueillent autour de l'Abbaye. Les soeurs commercialisent les traitements obtenus et gèrent un hôpital…Un lieu apaisant et exigeant de recueillement me direz vous…un lieu où les passions sont domptées et muselées à coup de discipline et de travail. Mais c'est sans compter quelques ingrédients qu'ajoute avec férocité cette conteuse hors pair qu'est Yannick Grannec : jalousie, querelles, conspiration, trahison, duplicité, folie… L'arrivée du perfide évêque et de son fils, qui louchent sur les gains retirés de ces activités, vont notamment bouleverser ce petit monde et faire souffler un vent de révolte et de rébellion. Et ces femmes, que l'on pense simples au début du livre, se révèlent être rusées et combattantes. C'est par moment jubilatoire, par moment cru, féroce mais très souvent délicat et exquis.

Le tout est ciselé par une écriture fine, érudite, très belle. L'alternance des prises de parole entre les protagonistes (un chapitre par protagoniste) m'a parfois ennuyée mais sinon, après un petit temps d'adaptation, j'ai beaucoup aimé ce roman qui m'a dépaysée et m'a emmenée loin dans le temps. Comme je viens de le lire pour un tout autre livre ici ce matin d'un babeliote, un livre qui permet de s'extraire de notre rythme effréné, de sortir de la course du temps. Précieux !
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critiques presse (2)
LeMonde
01 octobre 2019
Sans doute abuse-t-elle un peu des dialogues, qui donnent son alacrité au récit mais lui font parfois perdre en densité. Le lecteur est pourtant contaminé dès les premières pages par l’évident plaisir que prend l’écrivaine à mettre en branle la machine ­fictionnelle, et à inventer une galerie de personnages diablement humains.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Actualitte
05 septembre 2019
L’écriture de Yannick Grannec provoque un dépaysement familier, s’appuyant sur la sensualité qui émane de la nature. [...] Une écriture sèche et minérale, paradoxalement enveloppante, riche de mille détails, mais qui, toujours, fuit l’explication.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (126) Voir plus Ajouter une citation
Par sa mission pastorale, l’abbesse a appris à lire les êtres de prime abord. Si le Créateur a caché l’âme, il en a laissé le reflet dans chaque geste, chaque trait du visage. Celui du second vicaire trahit un champ de bataille : en lui, l’homme et l’enfant se disputent encore. Ses sourcils noirs marquent le front d’un pli soucieux, mais son regard clair est celui d’un chaton avant la noyade ; ses oreilles décollées et son menton boudeur sont ceux d’un gamin, mais sa bouche ressemble à celle d’un débauché. Mère Marie-Vérane ne saurait dire qui de l’ange ou du démon soumettra ce corps maigre et emprunté ; si Léon sera de ceux qu’un sourire, une prière, une joie simple suffisent à illuminer ou de ceux dont l’enfant disparait à jamais. Et l’abbesse se méfie de cette innocence instable, car elle forge les saints comme les enragés.
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INCIPIT
Vingtième jour d’avril
À Saint-Théodore fleurit le bouton d’or

Sœur Clémence
— Fais-moi la pluie, dit Fleur. Les doigts de sœur Clémence ruissellent sur le crâne de l’enfant.
— Fais-moi le vent.
Elle souffle sur les tendres paupières, fermées d’extase.
— Touche mon cœur comme il t’aime. Sous la paume de la vieille femme, l’oiseau en cage toque avec une vigueur qu’a oubliée le sien. In manu Dei sunt. Lui seul connaît l’instant du dernier battement.
Fleur guide une fourmi de son pouce à son index, puis, lassée, l’envoie voler d’un soupir. Elle gratte une croûte sur sa joue, renifle le dessous de ses ongles, s’enivre de leur odeur rance et dit :
— Tu crois que mon père reviendra bientôt? Sœur Clémence hausse les épaules pour ne pas avoir à lui mentir, mais la fillette s’est déjà évadée vers d’autres jeux, explorer l’entrée d’une tanière ou se tresser une couronne de pâquerettes et de cistes.
La doyenne se repose au soleil de la restanque avant de repartir. Depuis le matin, elle ratisse les abords de la rivière. Le dégel a gonflé les eaux du Loup, rendant les berges glissantes et dangereuses, mais pour rien au monde elle n’aurait manqué ce jour.
Cette nuit, Vert-de-cul, le crapaud de la source, a chanté, et ce matin, alors que les murs de l’abbaye expiraient l’humidité de l’hiver en bouffées putrides, elle a vu qu’au jardin la rondette avait fleuri. Cette date n’est pas inscrite dans le calendrier, ou décidée par les astres, elle change chaque année. Il faut savoir en reconnaître le tressaillement, le premier coup de reins secouant l’apparente immobilité du paysage. C’est le jour exact où naît le printemps.
Sur les berges, sœur Clémence a récolté des brassées d’orties, d’herbe du bon soldat et les premières têtes de pas-d’âne. Elle cueille ces dernières à peine écloses et les séchera au plus vite. Trop ouvertes, elles perdent leurs vertus en mûrissant leurs graines. Ce soir, elle en composera une infusion pour soigner les vilaines toux de ses sœurs.
Sœur Clémence a baptisé cette plante «Filius ante Patrem», le fils avant le père, car elle fleurit avant de faire ses feuilles. Fleur préfère l’appeler «pas-d’âne», en pensant aux écailles de sa tige. L’enfant aime les images; la vieille femme, les étrangetés de la nature.
Son panier déborde d’asperges sauvages qui agrémenteront la collation du dîner. La fin du jeûne de carême redonne un souffle de gentillesse aux anciennes et un peu de couleur aux novices. Sœur Clémence a peu d’espoir que sa cueillette mette la sœur cuisinière dans de meilleures dispositions. Jamais les simples ne rendront aimable cette rosse. À croire que la fréquentation des fourneaux a asséché son âme.
— Quisiera cochi aqui , dit Fleur.
— Les loups te mangeraient.
La brise apporte jusqu’à elles le tintement des cloches. C’est déjà none.
Les sœurs converses célèbrent l’office divin là où elles travaillent. La doyenne se plaît à prier ainsi, les genoux agacés par le tapis de glands, de feuilles et d’épines. Deus, in adjutorium meum intende, chantent-elle à la voûte verte et bleue. Domine, ad adjuvandum me festina, lui répondent les pins dont les têtes dansent très haut, plus près du Créateur.
Elle se relève après le Gloire au Père et ses os protestent, tandis que Fleur virevolte autour d’elle, la narguant de sa jeunesse.
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– Prions pour elle, dit la doyenne en se signant.
La Malejambe [guérisseuse] s’agenouille à son côté, mais, aux murmures désobligeants des commères derrière le drap, elle se ravise.
– Je ne prie jamais en mauvaise compagnie. Ce serait gâché.
Aux femmes qui s’écartent, le menton haut, de son passage, la Malejambe lance :
– Comment va ton mari, Marinette ? Il bande enfin ? Et toi la Suzon, encore grosse ? Ah ça ! Vous savez où me trouver quand ça l’a molle ou quand ça se refuse à sortir par le trou où c’est entré !
Et sur une belle révérence, droite dans sa robe de duchesse, elle quitte l’hôpital.
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La poudre à chimères

Qui voudra se donner des rêves chaque nuit
préparera la poudre à chimères ainsi :

Le paisible sommeil d'enfant il trouvera,
car près de l'âtre double once abandonnera
du lait qu'on dit amer de la laitue vireuse,
jusqu'à toucher un masse sombre et visqueuse.

La lourde porte des songes, il ouvrira,
Si en patience au fin du fin réduira
Une bonne drachme de jusquiame noire
et autant de belladone au hachoir.

Il comptera deux onces de tanaisie
dont l'us transmis que les rêves elle nourrit
et une de l'armoise, ou tabac de Saint-Pierre,
qui de la mémoire fait tomber les œillères.

Trempé sous une pinte d'eau salée,
le tout dans un grès, il laissera fermenter.
D'une étamine la cruche, il occultera.
Et au soleil d'été, un mois l'oubliera.

Qui voudra se donner des rêves chaque nuit
Ingérera la poudre à chimères ainsi :
Plus diligent et moins mordant il trouvera
De la prendre en fumigation qu'au repas.
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Elle, qui avait vécu jusque-là protégée de tout, vouée à la prière, découvrait qu’une puissance tierce œuvrait entre le divin et le démoniaque. Une force qui faisait et défaisait destins, empires ou saintes entreprises. Une force sonnante et trébuchante, cruelle à ceux qui n’en percevaient que l’écho. Les marchands avaient acquis plus d’autorité que les prélats, les banquiers que les rois eux-mêmes.
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Vidéo de Yannick Grannec
À l'occasion de la 45ème édition du festival "Le livre sur la place" à Nancy, Yannick Grannec vous présente son ouvrage "Au-dedans" aux éditions Anne Carrière. Rentrée littéraire automne 2023.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2887630/yannick-grannec-au-dedans
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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