L'enfance de Myriam [au Gabon] se résume à la proximité des corps, sensations plutôt que souvenirs. Le rythme du pas de sa mère décolle son ventre de bébé du dos protecteur, puis l'y recolle en ventouse. Le corps n'est jamais enfermé dans le froid de la solitude, il est posé sous le bras, écrasé contre la poitrine, manié par les grandes mains, contact permanent de la chair tiède, souffle de la respiration, un coeur marquant le tempo de l'autre, palpitation grouillante des organes, ronronnement du ventre, éclats des voix, des rires. Jamais séparée, la petite fille est toujours reliée à une autre vie. (p. 113)
Dans cette époque paranoïaque où chacun se croit l'objet d'une surveillance machinale et systématique, il suffit d'être démuni pour rester invisible. Sans portable, ni carte de crédit ou de transport, les pauvres sont intraçables. (p. 214)
Maître Renaud commence par dire [à la jeune avocate] qu'il faut choisir. Soit elle plaide l'innocence, en sachant que c'est un quitte ou double. Soit elle plaide le doute et argumente dans ce sens-là. Mais elle ne peut pas faire les deux. Il faut tracer une ligne claire pour les jurés. Surtout ne pas les embrouiller. (p. 241)
Personne n’a l’idée de construire son propre malheur. Tous nos choix sont dictés par l’espoir.
Les bornes du déplaisir maternel étant aléatoires.
On s'en accommode, apparemment on s'accommode de tout, du laisser-aller, de l'indifférence, de la solitude.
La lassitude règne.