AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'hiver aux trousses (112)

... j’aime l’automne éperdument. Il est un éloge de la tristesse, et non du désespoir. Il m’est une paix sereine une fois l’an. Septembre, octobre et parfois novembre n’ont pas d’autre ambition que d’en finir posément. Cela aussi convenait beaucoup au flegme des hommes là-bas (extrême-orient russe). Je ne supporte pas le neuf, les images glacées du développement, les régions qui ont tout réussi, les attributs postmodernes et les paysages aménagés. L’automne est avant tout un charme d’hier, un décor poli par le temps.
Il m’a toujours semblé que l’été est un dessin d’enfant colorié à l’aide d’une boîte de crayons de six couleurs. Ses teintes sont primaires, le ciel est trop bleu, les nuages immaculés, l’herbe grassement verte et le soleil, une pépite aveuglante. Le spectre des pigments est utilisé sans art. C’est un monde sans nuances où les feuilles sont gorgées de chlorophylle, la mer est azur et les couchants pareils à ceux des cartes postales. Cela empeste les vacances et la canicule. Le voyage doit avoir un autre éclat.
Commenter  J’apprécie          320
Car l’automne est comme une braise qui meurt, gagnée par un tapis de cendres. On ne pouvait plus qu’appeler de ses vœux les myriades de flocons, la neige lourde et drue, et hâter vers le tombeau blanc cette pénible sénescence. Ce n’était pas ces chemins d’un domaine flamboyant et, une écharpe au cou, des promenades achevées au pied d’une cheminée de pierres. C’était un monde sauvage où les forêts avaient vendu leur âme au diable des saisons. Les brises nocturnes figeaient les eaux. Il restait çà et là des taches de livrée automnale, des cuivres et des éclats. Cependant s’annonçait inéluctablement la mue des immensités, la métamorphose de l’incommensurable, l’imminence de l’hiver et le glas de toute vie.
Commenter  J’apprécie          240
Contempler la nature devrait être la religion de tous les hommes.
Commenter  J’apprécie          170
J’ai eu beaucoup de peine à me faire embarquer en stop. La solidarité s’estompe à l’approche des grandes villes.
Commenter  J’apprécie          150
Contempler la nature devrait être la religion de tous les hommes.
Commenter  J’apprécie          150
Les montagnes auront eu dans ma vie la même fonction que les pèlerinages dans le cheminement d’un chrétien, fait de recueillement, de silence et de recul. Je n’ai prié personne, j’ai la retraite bouddhiste, composée de néant, de langueur et de contemplation. Je regarde le ciel longuement, et quand je ferme les yeux tout est bleu et sans fond. Je vois passer en songe les nuages et les vents. Ma géographie intime est un archipel de hauts lieux et mon calendrier secret un fractionné de bonheurs. Nos existences n’ont aucune continuité. Il n’y aura jamais que des échappées. Sur l’olympe de Sikhote-Aline, dans la splendeur diffuse d’un ultime été indien, je poussai ce Soupir mallarméen : « Un automne jonché de taches de rousseur […] Vers l’Azur attendri d’octobre pâle et pur / Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie… »
Commenter  J’apprécie          150
La Terre pour piédestal
[...] "La saison, objet de mon voyage, fil rouge de mes pérégrinations, courait à sa fin et l'altitude précipitait sa perte. Ma brève épopée touchait presque à son but. Avec la marche je me remémorais l'arrière-saison estivale claire et haute en couleur, à Aïm, à Polina Ossipienko ou à Sakhaline. La fuite vers le Sud n'avait pas pu entièrement conserver la primeur de l'été indien. Le temps était allé plus vite que mon allure. J'avais pu le ressusciter à plusieurs reprises mais j'avais aussi contemplé, au hasard des influences maritimes, continentales, altitudinales ou enfin latitudinales, les Trois Automnes de la poétesse Anna Akhmatova. D'abord cette saison pure, "bigarrée et lumineuse" ; des érables de sang, des bouleaux d'or et des ciels d'azur. Puis tout avait semblé plus pâle et les ramures dépouillées flottaient dans un brouillard qui venait fermer le firmament. Akhmatova dit de ce deuxième automne qu'il est "impassible et sans passion, comme la conscience", "tout semble plus vieux et plus blême". J'en étais presque au troisième : la taïga nue et prête pour le pudique voile neigeux. L'année comporte infiniment plus de saisons que les quatre du calendrier. [...]
Commenter  J’apprécie          130
Le monde est nouveau à chaque tour qu’on en fait. Car le voyage combine l’espace et le temps.
Commenter  J’apprécie          110
Le temps était allé plus vite que mon allure. J’avais pu le ressusciter à plusieurs reprises mais j’avais aussi contemplé, au hasard des influences maritimes, continentales, altitudinales ou enfin longitudinales, les Trois automnes de la poétesse Anna Akhmatova.
Commenter  J’apprécie          110
Il gelait presque, des vents invisibles violentaient le ciel et les cirrus, une brise glaciale enserrait le crâne d’un froid sensuel. C’est aussi pour cela que j’aime le Nord, j’aime son souffle et son corps, ses granits, ses mousses et ses flocons.
Commenter  J’apprécie          110






    Lecteurs (326) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Cédric Gras

    De quelle nationalité est-il ?

    Français
    Allemand
    Italien
    Anglais

    6 questions
    13 lecteurs ont répondu
    Thème : Cédric GrasCréer un quiz sur ce livre

    {* *}