Citations sur Ostende (12)
Le pire, c'est qu'ils considèrent que tout cela est normal. Il est normal de voter aux élections pour des candidats totalement soumis aux intérêts des Anglais, normal de boire de la bière et de la payer avec un dollar à l'effigie de la reine d'Angleterre, normal d'aller à la messe, de se faire tuer à la guerre, de changer d'automobile chaque année, de suivre la mode. Normal de travailler, de se marier, de faire des enfants, de les enfermer dans des banlieues débiles et dans des écoles complètement dépassées. Normal enfin de mourir, malgré l'assurance-vie. Absurde. Le problème, c'est que nous vivons sous la dictature de la norme.
Qui sait si l’adolescence, entre autres dérèglements hormonaux, ne suscite pas la sécrétion d'une sorte de glu, dans le cerveau, une glu épaisse sur laquelle viennent se coller des images qui nous hantent longtemps, sans qu'on sache jamais pourquoi, et qu'on finit par croire importantes alors qu'elles n'ont qu'une seule qualité leur persistance ?
Les garagistes de mon quartier, de même sans doute que tous leurs collègues d’Amérique du Nord, semblaient considérer les Mini Austin comme une atteinte à leur virilité.
Mao avait raison d'affirmer qu'un se divise en deux, mais c'est une autre paire de manches que de fusionner deux en un.
Il avait suffi d'un accident pour que je commence à comprendre qu'on peut se préparer à la mort d'un proche, jamais à son absence.
Du haut de ma moitié de vie, je sais combien est rare et précieuse cette impression qu'on a, parfois, de marcher et de savoir où on va, de parler et de dire exactement ce qu'on veut dire, de poser toujours le bon geste au bon moment, sans jamais se demander si on aurait pu agir autrement, sans jamais râler contre la médiocrité du scénariste, sans jamais rien regretter, malgré toutes les conséquences, parce qu'on a la conviction intime que les choses doivent se dérouler comme ça, exactement comme ça et pas autrement. Comme la vie devrait être, toujours.
et enfin, un meuble stéréo dernier cri.Radio Am-Fm et ondes courtes ( personne n’a jamais réussi à les capter), tourne-disque , un seul bouton qui suffit à doser les graves et les aigus, un compartiment pour les disques , de gigantesques haut-parleurs, le tout dans un seul meuble bas qui recouvre presque tout un mur. C’est là que Jacques Brel nous apprend à détester les bourgeois, les croulants, les bigotes et les Flamandes., que Brassens nous convainc qu’il n’y a pas d’amours heureux et que Léo Ferré nous demande si ça vaut le coup de vivre sa vie.
Les couples se renforcent souvent des échecs des autres, c'est leur côté charognard.
Il existe certaines automobiles pour lesquelles le fabricant devrait recommander, dans le manuel du propriétaire, de ne pas manger trop lourdement avant d'y voyager. Leur suspension est si douce qu'on ne ressent aucun des cahots de la route, mais elles sont affligées en revanche d'un perpétuel roulis capable de venir à bout des coeurs les plus solidement amarrés. Le conducteur, fermement accroché au volant, peut arriver à survivre. La situation est plus difficile pour le passager avant, mais au moins celui-ci a-t-il le privilège de pouvoir regarder la route. Pour le passager arrière, la situation est intenable, particulièrement en hiver, lorsque le chauffage est au maximum, que les vitres sont hermétiquement fermées et que, pour couronner le tout, mon père vient d'allumer une pipe. Je suis là, assis sur la banquette arrière, le front collé sur la vitre pour profiter de la fraîcheur, et j'ai le coeur qui ballotte. On me conduit au pensionnat.
Si Dieu est un être parfait, comment aurait-il pu créer un monde imparfait ? S'il a créé un monde imparfait, c'est qu'il est imparfait lui-même, donc il n'est pas Dieu, donc il n'a pas créé l'univers...