Qui me rendra leur vie ? Qui me rendra la vie ? Je ne me suis pas tué, je parle, je mange, j’agis. J’ai traversé le temps où l’envie de mourir était ma seule amie. J’ai traversé le temps où la seule question était « Pourquoi, pourquoi moi ? Pourquoi deux fois les miens, n’avais-je pas assez payé mon tribut aux hommes, au destin ? Pourquoi ? »
Je parle : je dis le récit de ma vie pour comprendre cet enchaînement de folie, de hasards, ces malheurs m’écrasant.
Et je suis vivant, et je mange, et j’agis. J’ai voulu savoir, je viens d’un monde, ma préhistoire, qui m’a habitué à regarder la mort telle qu’elle est. Je n’écoute même pas ceux qui me disent : ils n’ont pas souffert. Je sais qu’ils ont atrocement souffert, quittant la voiture, s’enfuyant devant les flammes, Dina arrachant les talons de ses souliers pour mieux courir, enveloppant ses enfants agrippés à elle, gagnant quelques mètres sur la fournaise. Et tous d’un seul coup abattus par le feu.
Madame , nous allons prendre ce jeune homme, nous allons vous laisser notre adresse.Nous vous donnons vingt-quatre -heures pour trouver votre mari et nous l'amener.
Il me regardait sans sourire.Les autres fouillaient la maison, jetant sur le plancher ce qu'ils trouvaient.
De toute façon nous vous rendrons ce jeune homme .Vivant ou mort.
C'est vrai, je suis devenu égoïste, c'est vrai je peux voir un mourant et passer près de lui sans m'arrêter. Parce que j'ai compris que pour le venger il me faut vivre, à tout prix. Et pour vivre, il faut que j'apprenne à ne pas m'arrêter, que je sache le regarder mourir.
Mon égoïsme c'est ce qu'ils m'ont laissé comme arme, je m'en suis saisi, contre eux. Au nom de tous les miens.
Pourquoi d'un mot mon père pouvait il ainsi me donner la joie, me serait il possible de donner ,moi aussi ,cette confiance aux autres.Aux enfants que j'aurais un jour?
Livre terrible décrivant la souffrance de ce jeune homme pris dans la tourmente des camps nazis où toute sa famille disparaitra ,il s'échappera , fera sa vie aura des enfants , famille qui périra dans un incendie , alors pris d'une rage peu commune il refera de nouveau sa vie . Son obsession vivre pour pouvoir dénoncer les atrocités que les nazis ont fait subir au peuple juif . Aujourd'hui il laisse une descendance derrière lui . il peut partir tranquille . Courage , ténacité , survivre quoi qu'il arrive c'était sa devise
[…] je ne veux pas qu’on les oublie, je veux que leur avenir soit de mettre en garde, de sauver. Tel est mon combat.
Les hommes sont devenus des bêtes. Et ils meurent comme elles.
Je me suis assis dans la neige. À Majdanek, à Treblinka, combien de morts couchés dans la fosse, combien qui ne renaîtraient jamais ? Quel saccage ! Quelle folie ! Et il me fallait tuer aussi, pour les empêcher de massacrer encore. Tuer ces bêtes à visage d’homme.
- Je suis de sa famille, continua-t-il. Je vais t’aider.
Ainsi, au royaume de la mort, un homme est venu vers moi. Un homme que les lois appelaient voleur a prononcé ce son étrange : « t’aider », ce son qui voulait dire prendre un risque de plus, là, dans ce royaume où chacun se prolongeait par miracle.
La première chance, répétait mon père. C’est elle qu’il faut saisir. Les idées sont comme la chance : il faut les agripper quand elles passent.