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sur 2128 notes
Il est de ces livres qui restent comme tatoués à vie dans une vie.
Le jour de mes 11 ans, mon oncle m'offre mon premier gros livre d'adulte. Il s'agit d'"au nom de tous les miens". A l'époque, j'étais insouciante, centrée sur ma vie de collégienne avec ses soucis futiles et sans importance. Je ne connaissais absolument rien, ni de la guerre, ni de la Shoah. J'étais vierge du malheur et de l'histoire.
Je l'ai dévoré ce livre. Et quand je l'ai refermé, j'ai pleuré. Pour la première fois, j'ai pleuré sur un livre. Je n'arrivais pas à croire que tout cela ait VRAIMENT existé. Je ne pouvais même le concevoir et l'imaginer. Après cela, ma vie a pris une dimension bien plus étendue et universelle. Je me suis intéressée au passé, de ma famille puis de mon pays, puis du monde.
A l'époque, mon contexte familial n'étais pas facile. Je lisais dans le lit de mes parents car c'était un lieu rassurant et le seul lieu disponible. En lisant, je relativisais mes malheurs, et je me souviens avoir pensé que comparé à Martin, rien n'avait d'importance et que cela m'a aidé à traverser les épreuves familiales.
Je ne pourrais donc pas vous parler ni du style, ni du livre, juste vous dire qu'il y eu pour moi un avant et un après "au nom de tous les miens". Et que je ne serais pas celle que je suis, sans ce livre.
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Je viens de lire en ligne que Monsieur Martin Grey vient de mourir, rendons hommage à ce grand homme. Je vous souhaite bon voyage dans l'infini Monsieur Grey.
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Je reprends mon souffle. J'ai lu cet ouvrage d'une traite, en apnée. Mes mâchoires sont crispées, mes muscles endoloris, mes yeux brouillés.
Je ne jugerai pas l'oeuvre, d'autres l'ont fait avant moi avec beaucoup de justesse et de sensibilité. Je livrerai juste quelques réflexions, quelques émotions.

Martin GRAY raconte sa survie dans cette Pologne occupée, où les juifs voient des murs ceindre leurs quartiers pour en faire des ghettos, où des camps se préparent à leurs entreprises funestes.
Martin organise sa survie, du Ghetto de Varsovie au camp d'extermination de Treblinka, il observe. Il s'échappe à plusieurs reprises de la nasse, pour y revenir, quitte un camp pour en rejoindre un autre, s'imprègne de l'horreur pour en témoigner un jour, au nom de tous les siens.
Martin est mû par un amour infini, celui de la vie, un amour inconditionnel qui maintiendra la mort dans son ombre, alors que celle-ci s'acharne sur les siens.

L'homme a produit l'impensable, l'innommable, il a produit ce génocide ,quitté l'humanité pour embrasser le néant. Il garde en mémoire sa capacité à produire le pire.
Mais l'homme oublie, spécule, réinvente l'histoire. Assoiffés de pouvoir, certains encensent la haine pour mieux attirer leurs proies. Combien de génocide depuis le Ghetto de Varsovie, Cambodge, Rwanda, Tibet, Kurdistan, Soudan … L'homme oublie, on gaze en Syrie.
Alors ne nous leurrons pas, nos sociétés sont en danger, le pire est à nos portes.
L'Europe est en proie à une montée des partis populistes, nos démocraties sont bousculées, notre humanité trébuche, des migrants errent en méditerranée.
Je n'ai pas le naturel de l'apologie du pire, j'ai une foi inébranlable en l'être humain, je reste éveillé, vigilant et ne veux rien lâcher.

Merci monsieur GRAY pour votre témoignage, votre humanité et votre amour de la vie. Je n'oublierai pas.








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Lorsque Martin Gray, qui vient de s'évader du camp d'extermination de Treblinka, rencontre ses coreligionnaires dans un village voisin et tente de les convaincre de s'enfuir, argumentant des horreurs qu'il avait vécues. Ils ne le croient pas.

"Ils ne pouvaient pas me croire parce qu'il était impossible d'imaginer Treblinka."

Comment le croire en effet ? Leur incrédulité leur vaudra de subir ce à quoi Martin Gray tentait de les préserver. La mienne d'incrédulité, lecteur d'un temps décalé, averti de cette page de déshonneur de l'histoire de l'humanité, me vaut de rester médusé devant ce que j'ai lu. Parmi les innombrables et innommables atrocités qu'auraient vécues Martin Gray : étrangler des enfants, sortis miraculeusement vivants de la chambre à gaz, pour les préserver d'être ensevelis vivants dans les fosses que creusait inlassablement l'excavatrice !

On n'ose imaginer que ce fait puisse faire partie de la part de fiction ajoutée au récit par Max Gallo à une réalité déjà insoutenable. Faudrait-il en rajouter à l'horreur pour convaincre que l'effet serait inverse.

Pareille ignominie révélée ne pouvait être que "le cauchemar d'un fou" aux yeux de qui ne l'avait pas vécue, dit-il lui-même. le cauchemar se perpétuait donc devant l'impossibilité de convaincre, de savoir des hommes, des femmes et des enfants se destiner à Treblinka du seul fait de cette incapacité à l'envisager.

Et qui d'ailleurs pour survivre à pareil traitement ? Un homme jeune. Il n'a pas vingt ans. Un homme que le sort préserve pour faire revivre par le témoignage et la perpétuation ses êtres chers engloutis par la déferlante de la haine. Mais c'est un autre cauchemar que le sort lui réserve. le cauchemar du bonheur foulé aux pieds. L'incendie du Tanneron qui le privera une seconde fois de l'amour des siens dans la fournaise. Sans doute celle de l'inconséquence cette fois. Celle de l'acharnement du sort en tout cas.

Martin Gray est mort en 2016. Quelle que soit la part de fiction de son ouvrage rédigé par Max Gallo, une chose est certaine, il se savait attendu dans l'au-delà par ceux dont les tragédies l'avaient privé de leur amour terrestre. Ils n'étaient que des précurseurs pour un monde que tout-un-chacun espère dépourvu de haine.
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Un livre qu'il faut avoir lu dans sa vie...
Une véritable leçon de courage.
J'ai découvert cette histoire lors de mon adolescence à la sortie de la série sur une chaîne de la télévision, dans les années 80.
J'ai voulu découvrir le livre écrit par Martin Gray.
Merci M. Gray pour votre témoignage.
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Il y a de ces ouvrages qui ne laissent pas indemne.
Des ouvrages qui ne peuvent laisser indifférent.
Celui-là en fait partie.

On pourrait dire que c'est un témoignage de la Seconde guerre mondiale parmi tant d'autres.
Après tout, toutes les biographies/autobiographies sur cet évènement sont terribles et méritent d'être lues…
M'enfin en tout cas, me concernant, je ne regrette pas d'avoir découvert le récit de Martin Gray.

J'ai appris l'existence de controverses sur cet ouvrage juste avant de commencer ma lecture. Cela m'a un petit peu refroidie sur le moment car j'avais envie de lire une « vraie » autobiographie/biographie sans éléments de fiction/romancés, maiiiis malgré les remises en question quant à la véracité de certains faits relatés, il n'empêche que je voulais lire ce témoignage depuis un long moment. Je ne me rappelle même plus depuis combien de temps il trainait dans ma PAL…

Au nom de tous les miens est construit de manière assez classique, c'est-à-dire avec une approche chronologique.
Tout commence à Varsovie, où Martin Gray voit, à dix-sept ans, se former le ghetto de Varsovie en 1940. Décidant de risquer sa vie chaque jour, il franchit les murs plusieurs fois dans la même journée afin de rapporter de la nourriture dans le ghetto. J'ai de suite été frappée par ce courage, cette résistance physique et mentale et cette rage de vivre. Tout cela me semble inimaginable. Mais bon, en même temps… si on ne m'avait pas raconté ce qu'il s'était passé durant cette période, jamais je n'aurais pu l'imaginer de moi-même… Alors bon. Étant donné le contexte, quand il s'agit de risquer sa vie ou attendre que la mort vienne nous chercher, peut-être le premier choix paraissait être le plus cohérent…

Le ghetto de Varsovie, c'est environ un tiers de l'ouvrage, pendant lequel, tout d'abord, le narrateur raconte comment il arrive à survivre avec l'aide de camarades. Par la suite, cela devient bien plus difficile. L'étau se resserre. Les rafles commencent en 1942 et se multiplient afin de déporter la population vers Treblinka.

Martin Gray finit par arriver lui-même dans le camp. Il y décrit l'horreur du quotidien, les scènes insoutenables, les morts, les suicides, et, pour lui, la volonté de survivre et de s'enfuir.

Son récit se poursuit à travers sa fuite, sa rencontre avec des gens qui l'aident - ou non - à obtenir un travail quand on veut bien de lui, en échange de nourriture et d'un endroit pour dormir.
Il évoque aussi ses tentatives d'aller à la rencontre de personnes, de juifs, pour leur parler de la réalité et de l'horreur de Treblinka ; et des juifs qui ne veulent pas l'écouter…
C'est vrai qu'à cette époque, le monde n'était pas prêt à faire face à la réalité de ce qu'il se passait. Je suppose que cela a du être insupportable de vivre en ayant vécu l'inhumain avec tout autour de nous ces gens qui ne veulent rien entendre… Et en même temps, comment leur en vouloir ?…

La force d'esprit de Martin Gray m'a semblé irréaliste à de nombreuses reprises. J'avais souvent cette impression qu'il était « héroïsé » et cela pouvait avoir tendance à me sortir de ma lecture. Après, c'est sûrement de par mon caractère et mon incapacité à pouvoir m'identifier à un personnage pareil que j'ai eu ce ressenti…

Le narrateur s'enfuit encore, survit, retourne à Varsovie. C'est à ce moment-là qu'il nous conte le soulèvement du ghetto, cette révolte armée de 1943.
Par la suite, Martin Gray rejoint ce qu'il appelle les partisans. Un groupe qui cherche à résister, se venger. Tuer. de la violence, encore, encore, encore.
Il intègre la NKVD, au sein de laquelle il finit la guerre. On le charge de traquer des collaborateurs, mais bien qu'il soit animé d'une envie de se venger pendant un moment, il a rapidement le sentiment de faire partie des bourreaux.

La troisième partie représente son départ pour une nouvelle vie. Il part à New-York, rejoint sa grand-mère et commence à faire des affaires pour faire fortune. Il ne se pose pas une seconde, finit par faire de nombreux allers-retours entre New-York et l'Europe. Pendant une partie de ma lecture, je n'ai pas du tout réussi à me sentir proche de lui car je ne comprenais pas ses agissements et je ne le voyais pratiquement jamais s'effondrer. Et puis j'ai fini par me demander si ce qu'il entreprenait n'était justement pas un moyen pour éviter de s'effondrer, combler un vide, faire taire ses pensées intérieures et ces images qui le hantent… On ne s'y attarde pas beaucoup, mais il m'a semblé qu'à un bref moment on a justement un entraperçu de ses sentiments teintés de désespoir...

Plus tard, il rencontre Dina. Cette partie de sa vie constitue alors la quatrième partie de l'ouvrage. le début semble être tout ce qu'il y a de plus utopique… je prévoyais la chute à venir, sans avoir envie d'y arriver.

La fin (la cinquième partie) était déjà annoncée dans la quatrième de couverture. Pourtant, ce fut une claque.

J'ignore si c'est l'ouvrage biographique sur la Seconde guerre mondiale qui me marquera le plus, mais il n'y a aucun doute sur le fait qu'il s'agisse d'un témoignage méritant pleinement sa place et la renommée qu'il a eue. Quant aux controverses sur la véracité de ses jours à Treblinka, je me dis que si Martin Gray ne les a pas vécu, alors cela reste toujours ce qu'ont vécu d'autres…
La seule chose qui m'a manquée est, je pense, ma proximité avec le narrateur. Comme je le disais ci-dessus, je pense que c'est dû à la façon dont il a été présenté. Sa force d'esprit ne peut que forcer l'admiration, mais elle m'a paru souvent peu réaliste et j'ai trop eu cette impression « d'héroïsation ». Peut-être parce que je suis ce genre de personne qui n'aurait jamais pu réaliser de tels exploits… Toujours est-il que j'ai ressenti tout du long une certaine distance avec le narrateur. (Sauf à certains moments et notamment concernant la fin, qui m'a pas mal impacté…) Certes il a vécu des choses si inhumaines que cela semble inconcevable sans l'avoir vécu, pourtant, j'ai eu davantage cette impression avec Martin Gray que pour d'autres narrateurs qui avaient aussi pourtant vécu des choses que je ne comprendrai jamais. Comme quoi…

Mais bon ! Tout ceci n'est que pur ressenti personnel. Il est indéniable, et je pèse mes mots, que cet ouvrage mérite d'être lu.
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J'ai lu ce bouquin déniché d'occasion en 1982.
A cette époque, j'étais jeune et l'histoire de ma famille était douloureuse, je ne trouvais pas de sens à vivre.
Ce mec m'a sauvé la vie ! Parce que je me suis dit, si ce type là, avec tout ce qu'il a vécu, tout perdu deux fois, et qu'encore aujourd'hui il s'occupe des autres ?
Moi aussi je peux y arriver, il suffit de se battre !!!
Je n'ai jamais eu l'occasion de le rencontrer, mais j'aurais bien voulu lui dire merci.
Ce livre est à lire et à faire lire.
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« Au nom de tous les miens » appartient à ces livres qui, une fois refermés, laissent une trace indélébile en vous.
Véritable hymne à la vie, le récit autobiographique de Martin Gray « Au nom de tous les miens » m'a totalement bouleversée à sa lecture il y a de nombreuses années. Il s'agissait alors pour moi du premier livre que je lisais sur la Shoah et ce témoignage exceptionnel m'a à ce point marquée que je n'ai cessé depuis de lire toujours plus sur ce sujet. Sans doute pour tenter de comprendre comment des hommes ont pu tomber dans la négation de l'humanité, comment une civilisation éclairée par les arts, la culture et les sciences a pu basculer dans cette barbarie sans fin. Et enfin comment des hommes après avoir vécu l'enfer ont pu continuer à vivre, à avoir « envie » de poursuivre leur chemin.

Dans ce récit où l'émotion est omniprésente, une leçon d'histoire se déroule sous nos yeux. A 17 ans, Martin Gray, juif polonais, est jeté dans le feu de l'histoire : description du ghetto de Varsovie avec la peur, la faim, les privations …, des camps de concentration lorsque la mère de Martin et ses frères sont déportés avec lui-même à Treblinka, l'insurrection du ghetto de Varsovie durant laquelle Martin retrouve son père, son enrôlement dans l'Armée rouge après la mort de ce dernier…
La vie de Martin Gray est exceptionnelle : mille fois il aurait pu mourir et mille fois il en a réchappé. La mort de ses proches aurait pu surtout le plonger lui-même dans un abîme de souffrance. Pourtant, comme de nombreux rescapés de l'horreur de la Shoah, il a su trouver un souffle d'humanité qui l'a toujours conduit à aller plus loin. C'est en côtoyant la mort au plus près que l'on accorde enfin toute sa vraie valeur à l'existence. Sa vie aux Etats-Unis illustre parfaitement cette renaissance. Sa femme et ses enfants symbolisent toute la vie qui continue, malgré tout. Et pourtant, encore une fois, le malheur vient le frapper en 1970. Et encore une fois Martin se relève.
Alors certes, quelques controverses se sont élevées face à ce récit auquel Max Gallo aurait rajouté des épisodes de son cru. Peu importe car comme le dit Martin Gray, les camps ont bel et bien existé, toute cette ignominie s'est bien produite. Et lui, à 17 ans, y a été confronté en perdant tous les siens. le pire est sans doute de se relever de cette épreuve pour s'en voir infliger une nouvelle, de nombreuses années plus tard. On pense avoir vécu le pire et pourtant…
Martin Gray montre combien l'homme peut résister au pire tant que la vie coule en lui. Son histoire est inoubliable, bouleversante d'humanité, et un bel exemple de la « fureur de vivre ».
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Il y a des incontournables dans les romans autobiographiques traitant de la 2nde guerre mondiale et de ses horreurs. Celui-ci en fait partie, au même titre que Si c'est un homme de Primo Levi.
Alors oui, on va tout vous dire. Vous allez tout vivre, sans philtre, des horreurs infligées à Martin Gray, petit en age, mais devenu si grand en sagesse.
Mais là où certains tomberaient dans le piège de l'auto-apitoiement, il est surtout question ici de survivre, et même au delà : d'être heureux, quoiqu'il arrive. Et il en arrive à Martin. Même quand la guerre est finie... du très beau, et du beaucoup plus tragique.
Je n'en dévoilerai pas plus, même si son histoire est connu de la plupart.
J'ajouterai juste que j'ai eu la chance de croiser ce Monsieur à un salon du livre. Il m'a dédicacé...mon Guide du Routard Europe de l'Est. Si si. C'est vrai. Je l'ai toujours.

Alors faut-il le lire ? Oui !! Ce livre est une véritable ode à la résilience. Il fait pleurer, mais donne aussi envie de vivre et d'aimer.
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Martin Gray est un héros : pas un héros de roman, un héros, un vrai. Jamais je n'ai lu une telle volonté de vivre, un tel destin. Au nom de tous les miens, j'aurais dû l'avoir lu depuis très longtemps et finalement, j'ai attendu. Je ne pensais pas découvrir cette histoire, ce courage et cette injustice du sort. Après tout ce qu'il a vécu (la mort des siens, la torture, la déportation, la vue des pires horreurs...) Martin Gray est toujours en vie et il témoigne.
Né en 1914, il vit aujourd'hui à Ciney, en Belgique, dont il est citoyen d'honneur. Il a près de 800 000 lettres auxquelles il aimerait répondre :

"Je devrais répondre à 800.000 lettres… Certaines font vingt pages! Ma secrétaire a calculé qu'il me faudrait trois siècles pour y répondre! C'est d'ailleurs un terrible dilemme pour moi. Chaque courrier demande une réponse. Mais il faut bien faire un choix… Je donne priorité aux appels au secours. Certaines réponses sont dans les livres que j'ai écrits. (…) Je voudrais encore écrire. Un bouquin sur mon père, sur tout ce qu'il m'a enseigné… Mais le temps me manque! La veille de son assassinat dans le ghetto de Varsovie, papa me disait encore… « On va sans doute laisser le monde dans le même état que ce qu'il était avant notre venue, mais il faut quand même espérer changer quelque chose pour qu'il devienne un peu meilleur. » Vous savez, on sort à peine de la préhistoire… Qu'est-ce qu'une vie d'homme à l'échelle du temps?" (intw infocatho.be)


Tout commence à Varsovie. Martin y vit avec les siens, sa mère, ses frères et son père, jusqu'à ce que les Allemands fassent un ghetto de cette ville polonaise. Martin fait du marché noir, il trafique, il parvient à sortir du camp, à se faire l'ami de voyous, à s'échapper à chaque fois qu'il le faut. de son père, résistant, il tient cette rage de vivre, sa vivacité d'esprit qui le fait agir et réfléchir très vite. Mais un jour, il est dans le train pour Treblinka, avec sa mère et ses frères.

Dès leur arrivée, ces derniers partiront aux chambres à gaz. Lui survit dans le camp, charriant les morts, découvrant mille horreurs, achevant les enfants encore vivants dans les pseudo-douches, assistant aux assassinats gratuits, comprenant que la chance est avec lui puisque à tout moment, sur une envie, un coup de tête d'un Ukrainien, d'un SS, il peut mourir d'une balle dans la tête. Il parvient à réaliser l'impossible : s'enfuir de ce camp d'où l'on ne s'enfuit pas, profitant d'avoir à charger un train de sacs entre lesquels il se glisse.
Ensuite, c'est la survie dans la campagne polonaise : il rencontre les traîtres, les bourreaux, mais il croise aussi des gens bienveillants. Il se joint à des groupes de résistants staliniens, participe au soulèvement du ghetto de Varsovie où il voit son père mourir fusillé, puis il partira pour New-York, où il lui reste membre de sa famille : sa grand-mère. A partir d'elle, il veut semer de nouveau les graines.

Tout au long du livre, Martin se bat pour les siens, "au nom de tous les miens", comme il le répète inlassablement. La vengeance est amère. Il comprend très vite que ce n'est pas elle qui les fera revenir ; il se garde de devenir lui-même un bourreau. Ce qu'il veut, c'est une famille, une femme, des enfants, à travers lesquels revivront ses proches et tous ceux qu'il a vu se faire assassiner. Il veut transmettre, dire l'horreur, celle que personne n'a crue quand il s'est échappé de Treblinka et qu'il a tenté de prévenir les Juifs de Zambrow. Comment croire que des milliers de personnes, des soeurs, des mères, finissent assassiner, que des femmes enceintes soient éventrées, des bébés jetés contre les murs?

Jamais Martin ne s'est découragé. Sa volonté, sa débrouillardise, son audace et sa présence d'esprit l'ont sauvé.

L'histoire pourrait s'arrêter là, mais le destin horrible le rattrape, des années après, quand il a enfin fondé cette famille qui lui est si chère. Il a rencontré Dina à New-York alors qu'il était devenu un très riche homme d'affaires.

Ensemble, ils se marient et, entre 1960 et 1968, ils ont quatre enfants.

Ils vivent dans le sud de la France, à Mandelieu, près du Tanneron, où ils ont acheté le domaine des Barons. Ils ont une vie saine. Dina a décidé, avant la naissance de son premier enfant, qu'elle serait végétarienne : impossible de tuer pour manger et avant ce régime alimentaire, elle ne pouvait pas avoir d'enfants, preuve d'une vie plus saine. Martin l'a suivie, et tous les six vivent non loin de la mer, dans le bonheur, dans le partage, l'amour, la musique, avec leurs trois chiens, leur chat nommé Laïtak, en l'honneur du chat que Martin a été dans le ghetto de Varsovie.

... jusqu'à ce qu'un incendie provoqué par la sécheresse les tue tous, sauf lui. Pour la deuxième fois, il perd ceux qu'il aime, comme si le tribut qu'il avait payé autrefois n'avait pas été assez lourd. Ces pages sont d'une tristesse... La souffrance est indicible. Pour le lecteur qui a suivi le destin de cet homme hors du commun, d'un courage incroyable, voir le malheur s'abattre sur lui encore, cette injustice fait très mal :

Son réflexe a été d'abord de vouloir se tuer. Comment vivre encore? Ses amis l'en ont empêché. Depuis, il a écrit, a créé la Fondation Dina Gray, contre les incendies, à vocation écologique. Il s'est remarié deux fois, a eu cinq enfants. La vie coûte que coûte, mais comment, par quelle force intérieure?

A la fin du livre, Martin Gray nous invite à lire les autres textes qu'il écrit pour essayer de "dire pourquoi il faut vivre et comment on peut atteindre le bonheur, le courage et l'espoir, malgré tout". (Le livre de la vie, Les forces de la vie, La vie renaîtra de la nuit).
Je suis admiratrice de cet homme qui est bien au-dessus des hommes. Dire un surhomme, si cela n'avait pas une drôle de connotation, conviendrait. Il est un exemple, on a envie de le garder en vie encore longtemps parce que par sa présence, il rend son histoire encore plus édifiante :

"Je suis heureux d'être ici maintenant. J'ai 91 ans… Ce sera ma dernière maison. J'ai appris qu'il y avait déjà neuf centenaires à Ciney, je voudrais être le dixième!" (intw 2015 pour infocatho.be)
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