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Inspiré d'une histoire vraie, celle du mystérieux et insaisissable tueur du Zodiac, cette enquête complexe et fragmentée qui s'étend sur plus de 10 ans nous plonge immédiatement dans le vif du sujet, sans nous épargner, grâce à une reconstitution minutieuse et réussie des années 70 et une galerie de personnages parfaitement croqués, dont les vies seront chamboulées par cette affaire étrange. On s'attache vite aux protagonistes et à l'enquête au fil de ce récit fort bien construit, on a même envie d'y prendre part avec eux.

Quelle est la particularité de ce Zodiac ? Est-ce la manière dont il assassine ses victimes ? Est-ce sa victimologie ? Ou est-ce le pseudonyme qu'il a choisi de porter ? Et bien non. C'est le fait que, après chaque meurtre, ce cher Zodiac contacte les services de police locaux, annonce avoir commis les meurtres et envoie au journal Chronicle une lettre revendiquant les meurtres ainsi qu'un message codé. La vie de Robert Graysmith, jeune dessinateur bascule lorsqu'il se lance dans le déchiffrage de cette énigme, poussé par sa passion pour les casse-têtes. Il enquête alors plus profondément notamment avec Paul Avery, spécialiste des affaires criminelles au journal. En parallèle, les inspecteurs chargés de l'enquête, David Toschi et William Armstrong, font leur possible pour mettre fin à la série et recouper les informations multiples. Durant de nombreuses années, le Zodiac se joue des policiers et des journalistes en accumulant les énigmes, les vraies et fausses revendications, les appels télévisés et les meurtres sans indice.

Mais cette enquête n'est pas l'histoire du monstre lui-même, plutôt de son existence dans l'imagination de ceux qui le craignent et le pourchassent. En effet, Robert Graysmith se centre sur la psychologie des personnages par le biais de l'enquête. En quelque sorte, le Zodiac est un double-tueur. Il tue au sens propre du terme ses victimes mais il tue aussi la santé mentale de ceux qui enquêtent sur lui.

Ce qui marque dans cette lecture c'est la maîtrise du récit. Dans un souci d'exhaustivité, et sans jamais se perdre ni perdre le lecteur, Graysmith développe minutieusement son intrigue. Un récit intelligemment écrit où on prend un plaisir fou à se perdre entre les vrais et faux indices laissés par le tueur.

Une oeuvre méticuleusement décortiquée et d'une grande sobriété, que l'on sent hyper documentée, intelligente et travaillée à fond et dans laquelle il donne à voir des hommes parasités par une enquête policière qui va totalement bouleverser leurs existences. Comment chasser de notre esprit toutes ces idées qui nous hantent ? En quoi définissent-elles nos actes ? Jusqu'où nous pousse l'obsession ?

Tous ceux que le monde des tueurs en série fascine se trouveront, se perdront et se retrouveront dans cette enquête intense, complexe et difficile.
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Zodiac est mon film préféré de David Fincher : il est passionnant et habilement mis en scène. Il y a un moment déjà que j'avais envie de lire le bouquin de Robert Graysmith dont s'est inspiré James Vanderbilt pour écrire le scénario du film. Mais j'appréhendais un peu car Zodiac est une enquête, pas un roman, les personnes dont on parle existent, les meurtres sont réels et je savais que cette lecture serait par moment pénible.

Graysmith signe une enquête captivante, précise et très documentée. Il a parlé avec les officiers de police en charge de l'affaire, a eu accès aux documents officiels et a mené sa propre enquête sur le tueur - se forgeant ainsi sa propre opinion sur le coupable. Il s'agit donc d'infos de première main et pas de simples divagations.

Si aujourd'hui on ne connait toujours pas le nom de l'auteur des crimes et que la culpabilité du principal suspect est remise en cause par des tests ADN, je ne peux que rester admirative devant la ténacité de Graysmith et de l'inspecteur Toschi dans cette affaire.

Malgré le sujet, la lecture fut agréable car le bouquin est bien écrit. Si Graysmith ne nous épargne rien, le vocabulaire est choisi pour ne pas nous traumatiser davantage. Car il ne faut pas se mentir, on n'en ressort pas indemne - à moins d'être soi-même un sociopathe, la cruauté des crimes ne peut que bouleverser.

CHALLENGE MULTI-DÉFIS 2018
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II - Sur cette affaire, j'avais déjà lu, il y a bien une quinzaine d'années, un livre paru chez "J'Ai Lu" dans la série "Crimes & Enquêtes" qui, à l'époque, produisit pas mal de bons ouvrages, dont la traduction en poche de celui consacré par Vincente Bugliosi à l'affaire Charles Manson. Mais autant j'avais gardé présent à l'esprit le nom de Bugliosi, autant celui de l'auteur qui s'était intéressé au Zodiac s'était effacé de ma mémoire. Je me rappelais seulement que, pour l'auteur en question, le principal suspect demeurait un certain "Bob Starr", identité forgée de toutes pièces parce que, à l'époque où le livre était paru, la personne mise en cause était toujours en vie.

C'est en me plongeant dans le "pavé" de Robert Graysmith que je réalisai que celui-ci ne faisait qu'un avec l'auteur du livre paru chez "J'Ai Lu." J'appris aussi que, depuis toutes ces années, Graysmith n'avait cessé d'enquêter sur le Zodiac et que "grâce à lui" (mais oui ! ) et à ses efforts, le serial killer avait été démasqué.

Démasqué mais pas arrêté. On appréciera la nuance.

Très vite, mon malaise grandit avec le nombre de pages lues. Tout d'abord, Graysmith se répétait, défaut qui, lorsque vous vous attaquez à un texte qui dépasse les cinq cents pages, se transforme en cauchemar pour l'innocent lecteur. Ensuite, il était manifestement de parti pris. Un peu comme Patricia Cornwell dans son enquête sur Walter Sickert - mais avec infiniment moins de talent - Graysmith avait choisi "Bob Starr" ou plutôt, puisque tel était son véritable nom, Arthur Leigh Allen comme assassin en puissance et, comme Graysmith ne pouvait pas se tromper (il est si intelligent, cet homme ! d'ailleurs, il n'arrête pas de le chanter sur tous les tons ), le doute n'était plus permis.

Dommage que, à trop vouloir faire l'ange, on fasse la bête. (A suivre ...)
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IV - Là où Graysmith en fait des tonnes, c'est dans sa façon de transformer des témoins très douteux en modèles d'impartialité. S'il l'avait pu, nul doute qu'il aurait omis de les évoquer - il omet tant de choses ! ... Mais cela lui était impossible puisque lesdits "témoins" dénoncèrent Arthur Leigh Allen aux enquêteurs de San-Francisco.

Ces "témoins" essentiels sont le beau-frère du suspect et l'un de ses amis. Or, dès le premier tiers du livre, on apprend que Allen aurait eu des gestes déplacés envers la petite fille de l'un d'entre eux tout comme on apprendra, sur la fin, que des problèmes d'héritage éventuels se posaient entre Allen et sa soeur ... de son entrée en scène jusqu'au décès de sa bête noire, le trio infernal ne cessera d'accabler Arthur Leigh Allen. La police vérifia bien tous ces on-dit mais il semble que rien ne lui parut concluant ...

Que dire, de toutes façons, d'un prétendu "témoin" qui affirme, uniquement après les attouchements dont Allen se serait rendu coupable envers sa nièce, se rappeler brusquement une discussion qu'il aurait eue justement avec Allen et au cours de laquelle celui-ci aurait laissé entendre on ne peut plus clairement que, s'il avait à commettre des meurtres, il les revendiquerait en signant "Le Zodiac" ? Quand on sait que, de l'avis du "témoin", Allen est "effrayant" et "d'une grande force physique", avec une propension à la violence, et que "toute sa famille a peur de lui," nul besoin d'être un parangon de scepticisme pour s'étonner que ledit "témoin" ne se soit pas immédiatement rué au poste de police le plus proche pour y relater au plus tôt cet étonnant entretien ...

Tout le livre, qui culmine avec une sorte de "Journal de Bord" du tournage du film qui en a été récemment tiré, est de la même veine : supputations, mauvaise foi, partialité écoeurante, mensonges et détournements de textes et de faits, volonté forcenée de se faire un maximum d'argent en exploitant à fond l'Affaire du Zodiac. Arthur Leigh Allen n'était peut-être pas très sympathique mais nul ne mérite d'être condamné pour un crime qu'il n'a pas commis.

Si vous voulez lire le "Zodiac" de Graysmith, n'oubliez donc pas de prendre vos précautions. Une petite précision : je le tiens pour ma part pour une imposture absolue et n'en placerai aucun extrait ni sur mon forum, ni sur mon blog, ni ici, sur Babelio. ;o)
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III - Il serait fastidieux d'énumérer tous les procédés utilisés par Robert Graysmith pour monter sa théorie et tenter d'ériger celle-ci en vérité universelle. L'un des plus courants, aussi vieux que la propagande, est l'utilisation de phrases ou d'extraits de lettres et de rapports sortis de leur contexte et auxquels, sous cet éclairage réducteur, on fait dire tout ce que l'on veut.

Le plus lassant - celui aussi qui se décèle le plus rapidement - c'est le fait de sauter sur n'importe quel fait mineur relatif à ce que l'on savait du Zodiac et à le rapprocher immédiatement d'Arthur Leigh Allen comme s'il s'agissait d'une preuve irréfutable l'impliquant, sans aucune contestation possible, dans les meurtres du Zodiac.

Petit exemple : 1) le Zodiac aimait à se servir d'une arme à feu et tout porte à croire que celles (il y eut, je crois, un fusil et un pistolet) qu'il utilisait lui appartenaient ; 2) Arthur Leigh Allen en possédait plusieurs (dont un pistolet et un fusil) et c'était un chasseur émérite (d'ailleurs il était du Sagittaire et tout le monde sait, n'est-ce pas, que les natifs du Sagittaire sont d'excellents chasseurs, Graysmith dixit) ; Conclusion : Arthur Leigh Allen était bel et bien le Zodiac.

Quelques paragraphes plus loin, Graysmith remet le couvert avec un nouvel élément. Et ainsi, en une répétition lente et têtue, il martèle sa vérité au lecteur naïf. (Sur le lecteur occasionnel surtout, qui a acheté le livre parce que l'histoire l'interpellait et qui n'est pas vraiment un fondu des livres, l'effet doit être redoutable.)

Rien par contre - mais alors là, rien de rien - sur un détail qui crève pourtant les yeux : Arthur Leigh Allen était pédophile - il fit d'ailleurs de la prison pour attouchements sur mineurs - tandis que le Zodiac, en ne s'attaquant qu'à des adultes qui, dans la majeure partie des cas, allaient en couple, prouve que son problème sexuel, s'il était bien réel, n'avait rien à voir avec la pédophilie.

Certes, Graysmith fait une timide tentative pour imputer au Zodiac, pardon, à Arthur Leigh Allen, quatre ou cinq meurtres supplémentaires (dont certains avec viols) sur des jeunes filles mineures. Mais il convainc d'autant moins que les crimes qu'il rapporte ici n'ont jamais été, quoi qu'il en dise, prêtés au Zodiac. ( A suivre ...)
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Zodiac Unmasked : The Identity of America's Most Elusive Serial Killer Revealed
Traduction : Emmanuel Scavée

I - Avec Jack l'Eventreur, celui qui fut d'abord appelé le Tueur du Zodiac avant d'être uniformément désigné sous le nom du Zodiac, partage la particularité d'avoir déserté la scène du crime du jour au lendemain, sans que ce brutal escamotage ait jamais pu recevoir d'explication. Pas plus que les mobiles qui le poussaient à tuer, la raison de la disparition du Zodiac n'a jamais été révélée. Mieux : on l'ignore. Est-il mort de maladie ? Celui qu'on créditait d'un QI particulièrement élevé a-t-il, dans une crise de lucidité et de remords, préféré mettre un terme à son existence ? Ou bien, hypothèse la moins vraisemblable, le Zodiac a-t-il cessé de ressentir le besoin de tuer ?

Pour le lecteur qui n'aurait jamais entendu parler du Zodiac, résumons brièvement les faits :

1) On pense que le Zodiac a commencé à tuer au début des années soixante et, pour cette période, on lui attribue trois meurtres, celui de Roberto Domingos et Linda Edwards, respectivement âgés de 18 et 17 ans, à Lompoc, le 4 juillet 1963, et celui de Cheri Jo Bates, poignardée à mort le 30 octobre 1966, à Riverside. Elle avait 18 ans. On notera que ces agressions sont données sous réserves. En leur temps, elles ne furent jamais revendiquées, par qui que ce fût. Ce n'est que bien des années après que la Police de San-Francisco finit par établir quelques fils entre ces meurtres et l'activité du Zodiac. Encore ces fils sont-ils si ténus qu'ils n'auraient probablement pas tenus devant une cour de justice.

2) le Zodiac ne s'est revendiqué comme tel qu'à partir de 1968, envoyant des lettres codées et, de temps à autre, des clefs de décryptage à la police et à la presse. du 20 décembre 1968, date à laquelle il abattit à Benicia Arthur Faraday et Betty Lou Jensen, jusqu'au 22 mars 1970, qui vit Kathleen Jones s'échapper, son bébé dans les bras, de la voiture d'un homme qui l'avait enlevée et voulait la tuer avec sa petite fille, le Zodiac, outre les crimes marquant le début puis la "fin" de ses activités, a abattu Michael Mageau et Darlene Ferrin à Vallejo, le 4 juillet 1969, puis Bryan Hartnell et Cecilia Shepard au lac Berryessa, le 27 septembre 1969, et enfin, à San-Francisco, le 11 octobre 1969, un chauffeur de taxi du nom de Paul Lee Stine. Michael Mageau et Bryan Hartnell, bien que gravement touchés tous les deux, survécurent au carnage.

3) On constate que, sur les sept cas retenus, quatre concernent de jeunes couples, deux ont pour victime une personne seule (une jeune fille, un homme) et que, pour le dernier, le Zodiac s'était attaqué à une jeune femme et à son bébé.

4) de même, dans quatre cas, le Zodiac recourt à une arme à feu (Faraday & Jensen, Mageau & Ferrin, Paul Stine, Domingos & Edwards). Pour Bryan Hartnell et Cecilia Shepard, ainsi que pour Cheri Jo Bates (si tant est que le Zodiac soit vraiment responsable de ce meurtre-là), l'arme employée est blanche - sans doute un poignard ou un couteau. Pour le septième cas, le meurtrier n'est pas allé au bout de son acte : on ne saura jamais quelle arme il aurait privilégiée.

Enfin, signalons que, comme on ne prête qu'aux riches, le Zodiac s'est vu attribuer par la police et/ou la presse la paternité d'une grande quantités de meurtres, entre 37 et 200 pour être précis. Et n'oublions pas qu'il a eu beaucoup d'imitateurs, ceux qui ne s'en cachaient pas et qui formaient un groupe minoritaire et, probablement, bien d'autres qui, eux, n'ont jamais eu le cran de revendiquer leurs crimes et qui composent la triste majorité du troupeau. (A Suivre ...)
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J'ai vu le film sur Netflix et je me suis enfin dit qu'il fallait que je m'attèle au pavé de 5cm de haut, grand format une fois pour toute. Et 10 jours après voilà qu'il est lu. J'ai appris pas mal de choses sur ce journaliste qui a retracé les différents meurtres revendiqués par le Zodiac. Au final on est presque déçu que la police n'a jamais su et arrêté qui que ce soit même si on pense savoir qui c'est. Intéressant mais je le pensais mieux. Surtout très long, même s'il retrace de 1968 à 2001 ce qui s'est passé.
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