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Citations sur La sorcière de Sealsea (14)

Cet enfant est venu à moi alors que je pensais ne plus jamais en avoir, et je refuse de le tuer.
— Mais tu sais comment faire ? insista Alys.
— Oui, répondit sa mère d’une petite voix.
— Est-ce que ta mère l’a déjà fait ?
— Oui. Quand elle jugeait que c’était préférable pour la mère, ou pour l’enfant, pauvre petite chose, parce qu’il était déformé ou de travers – sans avenir. Elle le faisait pour épargner la souffrance. Je le ferais aussi, pour empêcher un autre être de souffrir. Je pense que c’est la bonne chose à faire quand le but est d’épargner de la douleur. Si j’avais mon mot à dire, les femmes seraient libres de choisir si elles veulent concevoir, porter et mettre au monde un enfant. Ça ne devrait pas être aux hommes de décider de ça, parce que c’est la vie de la femme et de son enfant. Mais je ne ferai pas ça au mien. Je préfère la douleur que de le perdre.
— Est-ce qu’il faut des plantes ?
— On commence par des plantes, et si l’enfant ne s’en va pas, alors il faut utiliser un fuseau ou un poinçon, un long couteau fin ou une alêne, qu’on fait entrer dans la femme pour poignarder le bébé recroquevillé dedans, expliqua calmement Alinor alors qu’Alys l’écoutait, horrifiée, les mains plaquées sur la bouche. Il faut enfoncer l’aiguille six fois, sans savoir si on perce la tête du bébé, si ça passe dans l’œil, l’oreille, la bouche, ni même si on ne transperce pas la mère en même temps. C’est aussi impitoyable que de massacrer un veau. Pire, même. Tu ne vois rien de ce que tu fais, et tu ne peux pas savoir ce qui se passe. La femme peut se vider de son sang à l’intérieur, ou bien le bébé peut mourir sans sortir, et il pourrit en elle. Ou alors elle donne l’impression d’avoir expulsé l’enfant mort, mais elle meurt d’une fièvre. C’est la mort pour l’enfant, et parfois aussi pour la mère. Est-ce que c’est ça que tu veux pour moi ?
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Ma chère, une toise de dentelle, c’est tout ce qui me tient à l’écart de la mendicité, se lamenta la vieille dame. Vous êtes trop belle pour comprendre ce que c’est que d’être pauvre et un poids pour vos voisins, mais si je ne vends rien pendant une semaine, ils arrêteront de m’ouvrir leur porte par peur de me voir venir les supplier pour une miche de pain, ou un quart de lait, même s’ils ont tout un troupeau de vaches. Et en moins d’un mois, ils se mettraient à réfléchir à me placer auprès d’une autre paroisse. Ils me demandent des nouvelles de mes enfants, et pourquoi je ne vais pas les voir. Ils voudraient me forcer à vivre à leurs crochets. Ce n’est pas facile d’être vieille et pauvre. Priez pour que Dieu vous épargne ça.
— Amen, souffla Alinor.
La dentellière se tourna alors vers Alys, qui la dévisageait d’un air médusé.
— Tu peux me croire ! Ils peuvent se retourner contre vous en un instant. Un seul mot déplacé et ils font venir un chasseur de sorcières et vous accusent de sorcellerie pour se débarrasser de vous une bonne fois pour toutes ! C’est un crime d’être pauvre dans ce comté ; et c’en est aussi un d’être vieux. Et puis il ne fait jamais bon être une femme.
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Il était aussi aisé de pénétrer dans la demeure de M. Hopkins que cela l’avait été d’entrer à la Cour dans les glorieux jours à Londres, quand n’importe quel homme riche pouvait venir voir le monarque et sa famille. Le roi était d’avis que sa table à manger devait être à la vue de tout le monde dans la grand-salle, comme un autel devait être bien en vue dans une église. Le caractère divin des deux était irréfutable. À Newport, malgré une garde postée à chaque porte, pas un soldat ne refusait l’entrée à quiconque était bien habillé. Le roi était libre d’aller et venir à sa guise, tenu par sa seule parole de ne pas quitter l’île. La rue devant la maison était bondée tout le jour de sympathisants royalistes aux habits somptueux qui formaient un cortège incessant foulant les pavés fraîchement balayés – commentant sans gêne la simplicité de la ville et la pauvreté des constructions –, de gens du peuple souhaitant apercevoir cet homme qui se disait à moitié divin, et de mendiants et malades qui arpentaient le pâté de maisons. Le roi Charles était renommé pour le pouvoir de guérison de ses longs doigts blancs. Un malade pouvait s’agenouiller devant lui et guérir d’un simple toucher et d’une bénédiction murmurée. Personne ne se voyait refuser les pouvoirs de guérison du roi. Déjà une jeune femme proclamait que sa grâce divine l’avait guérie de sa cécité. Tout le monde savait que le roi n’était pas un simple mortel. Il portait l’huile sainte sur son torse sacré, il était le descendant de rois de droit divin, et il était juste en dessous des anges.
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À la fin du sermon, alors que les plus dévots de la congrégation s’exclamaient « Dieu merci ! » et « grâce au Seigneur ! », le pasteur s’avança vers le banc des Peachey, attendit que sir William se lève, puis ils se tournèrent vers l’assemblée pour une remontrance, garants de la vertu morale : l’un représentant le pouvoir temporel, l’autre l’autorité spirituelle.
— Et en ce jour de sabbat, que le Seigneur nous demande de respecter, il nous faut appeler une sœur devant l’autel pour sa pénitence, déclara le pasteur. C’est notre devoir et une décision de la justice ecclésiastique.
Alys lança un rapide regard en coin à sa mère, dont les yeux écarquillés manifestaient son ignorance de l’affaire. Elles se raidirent et attendirent de voir ce qui allait suivre, curieuses de savoir qui avait été reconnue coupable.
— Une femme a fait l’objet de plaintes de la part de ses voisins, et son propre mari affirme qu’il lui est impossible de la faire obéir, poursuivit l’homme d’Église. C’est par elle qu’arrive le scandale, et certains disent qu’elle n’aurait pas été chaste. Qui a présenté des preuves contre elle au tribunal ecclésiastique ?
— C’est moi, dit Mme Miller en se levant du banc réservé aux riches paysans, au centre de l’église.
Sa fille et son fils l’entouraient.
— Évidemment que c’est elle, murmura Alys à sa mère. Elle a toujours du mal à dire de tout le monde.
— Madame Miller, du moulin à marée, se présenta-t-elle bien inutilement à tous ces voisins qui la connaissaient depuis l’enfance.
— Et qu’avez-vous affirmé à ce tribunal ? demanda le pasteur. Brièvement, précisa-t-il.
Tout le monde savait combien elle était difficile à arrêter une fois lancée.
— J’ai dit que je l’avais vue lors du glanage se faufiler derrière une haie avec un homme de cette paroisse, puis revenir avec la robe et les cheveux défaits.
Tous les gens présents spéculèrent tout bas sur l’identité de l’homme « de cette paroisse », mais son nom allait de toute évidence être tu. La femme pécheresse serait dénoncée, mais la réputation de son complice demeurerait intacte. De toute manière, ce n’était pas un péché pour un homme – c’était simplement dans sa nature.
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Je suis prise dans le marais, incapable de m'en défaire, comme un tenancier avec un seigneur négligent. Je ne peux pas partir. Je suis l'épouse d'un homme disparu et je ne peux pas me marier ; je suis la sœur du passeur, et il n'acceptera jamais de me faire traverser vers la terre pour me rendre ma liberté.
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Une femme comme vous, dans une endroit comme celui ci.
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Le temps n'a pas de temps
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N'oublie pas où tu es et qui tu es. Ici, rien ne change à part l'estran. Le reste du pays peut devenir fou, marcher sur la tête, mais ici seule la mer change chaque jour et il n'y a que le marais qui va où il veut.
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Tout était chamboulé au cours de cette veille de solstice sous la pleine lune. Un soleil obstiné, un trône renversé, un monde transformé : un roi en prison, les rebelles au pouvoir, et une lune pâle, aussi blanche qu'un crâne sur les bannières grises des nuages.
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 the taste of her mouth is like drinking henbane–she makes you thirsty for more and more, and then she drives you mad.’
(Zachary, Alinor’s husband, to James, page 147)
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