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The Fairmile tome 1 sur 2
EAN : 9782381224374
640 pages
Hauteville (01/09/2021)
3.85/5   160 notes
Résumé :
Angleterre, 1648. Une époque périlleuse pour toute femme indépendante…

À la veille du solstice d’été, l’Angleterre est déchirée par une guerre civile entre Charles 1er et le parlement insurgé. Cette lutte fait rage partout dans le royaume, et trouble même l’île de Sealsea, où vit Alinor. Descendant d’une famille de guérisseuses, la jeune femme est tous les jours confrontée à la pauvreté et aux superstitions. Un soir de pleine lune, elle rencontre Jame... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
3,85

sur 160 notes
1648 : la guerre civile fait rage en Angleterre, opposant les royalistes regroupés autour de Charles 1er avec le soutien catholique écossais et les forces parlementaires menées par le puritain Oliver Cromwell. Sur l'île de Sealsea reliée à la côte sud du pays par une chaussée submersible et un bac, l'on observe de loin les évènements, sans se laisser distraire des dures conditions de la pêche et des travaux agricoles, auxquels l'on s'échine au rythme des marées qui régentent ce coin de terre marécageuse hanté par les moustiques, les fièvres et les superstitions.


Alinor y vit très pauvrement avec ses deux enfants, usant de ses talents de guérisseuse et d'accoucheuse transmis de mère en fille depuis des générations pour compléter ses seuls maigres revenus de journalière agricole depuis la disparition inexpliquée de son mari. Sa situation est d'autant plus précaire, que, ne pouvant se prétendre veuve, son indépendance, qui plus est assise sur ce qui dans l'esprit des villageois s'apparente à de la sorcellerie, rend sa moralité suspecte. Alors, quand, ayant secrètement secouru un noble catholique venu en mission à l'ancien évêché de Sealsea pour y comploter en faveur du roi, elle en tombe amoureuse et en obtient quelques coups de pouce améliorant trop visiblement son destin, jalousies et rivalités ne tardent pas à enflammer contre elle les esprits déjà échauffés...


L'intrigue est extrêmement romanesque et la romance assez improbable. Pourtant, l'on se laisse emporter avec le plus grand plaisir dans cette vaste fresque, dont les plus de six cents pages laissent le temps de si bien s'attacher aux personnages et de tant s'imprégner de son atmosphère que l'on n'en achève la lecture qu'à regret. Philippa Gregory prouve une fois de plus son talent de conteuse, qui, déployé à partir d'un sérieux travail d'imprégnation historique, lui permet, au fil d'une narration précise et rythmée, de nous transporter à une époque qu'elle excelle à faire revivre de manière réaliste et crédible, et en un lieu – l'île de Selsey, près de Chichester, où elle a elle-même vécu quelque temps – dont elle réussit à nous ensorceler.


Habituée des biographies romancées de personnages historiques, l'auteur inaugure ici une nouvelle série de romans, qui, commencée au temps de la guerre civile anglaise, se poursuivra pendant la Restauration, les Lumières et l'Empire, en une longue saga familiale s'employant à mettre en lumière le destin de tous ces gens trop ordinaires pour retenir habituellement l'attention des historiens. L'on attendra donc avec impatience la suite de cette épopée, qui, au travers de figures comme Alinor, déterminée à trouver sa voie à une époque où les femmes ne comptaient pas et risquaient opprobre et persécution lorsqu'elles sortaient du rang, continuera à rendre hommage à toutes celles qui ont pavé le long chemin de l'amélioration de la condition féminine.

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En 1648 en Angleterre, Charles 1er est en désaccord avec le parlement et Cromwell , il s'enfuit sur l'ile de Wight. Il cherche une alliance militaire avec l'Ecosse qui va se solder par un échec. Il sera arrêté et emprisonné avant d'être jugé et exécuté.
Alinor est une guérisseuse et sage femme, elle vit très precairement au bord d'un marais sur la petite île de Sealsea, son mari l'a abandonnée après avoir fait courir le bruit qu'elle était une sorcière.
James Sutter est envoyé depuis la France pour faire évader le roi. Il rencontre Alinor qui n'est pas du tout de son milieu, James est là sous un faux nom mais il est issu d'une famille noble et riche. Entre eux, va naître un amour impossible et dangereux, vu l'époque, car Alinor est toujours mariée.
Alinor est un personnage intéressant dans cette histoire, elle se débat dans une époque où tout est contre elle. Elle est sur le fil du rasoir. C'est une belle femme ce qui attise la jalousie de ses voisines. Elle manie les plantes, elle est soupçonnée de sorcellerie. Elle est amoureuse d'un autre homme et les moeurs de l'époque ne lui en donne pas le droit. Son mari est parti, c'est qu'il y a des raisons...
Philippa Gregory dépeint très bien l'atmosphère de l'époque, les croyances, les superstitions, le poids de l'église... On voit qu'il n'en faut pas beaucoup, une étincelle pour que les cerveaux s'enflamment et crient "harro sur la sorcière".
L'auteure mêle habilement la petite et la grande histoire. Ce roman est le premier d'une nouvelle série. Donc j'attends avec impatience la suite.
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Alinor est une jeune mère qui cumule, dans l'Angleterre du XVIIéme siècle, trois sources de problèmes : elle est pauvre, son mari a disparu (elle est donc ni veuve ni sous la protection de son mari) et c'est une femme ! Mais malgré ses conditions de vie précaires, elle survit avec l'aide de ses deux enfants et de son frère. Alors que son pays est en guerre civile, que le roi catholique est en exil, contraint par le parlement, Alinor rencontre James, un jeune homme affolé, qui doit se cacher. Cette rencontre va initier un gros bouleversement dans sa vie ...
J'ai passé un très bon moment avec ce petit pavé, c'est vraiment bien écrit, on sent que l'auteure maitrise bien les conditions de vie de cette période historique, c'est détaillé, prenant, heurtant , bouleversant aussi. Alinor et sa fille Alys ne prennent pas toujours les meilleures décisions mais on les sent animées d'une volonté farouche de pouvoir choisir leur destin, de gagner en liberté. Elles sont fortes et courageuses et on a envie de les voir s'épanouir dans cet endroit battu par le vent et la mer. J'aime bien James aussi, il est tiraillé, un peu maladroit parfois mais on le sent animé d'un bon fond.
Si j'ai bien compris ce roman va faire partie d'une série avec pour fond les grands évènements historique anglais mais je ne sais pas si on retrouvera Alinor, ce que j'aimerai tellement !
Challenge pavé 2022
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Amateurs de romans historiques, il est impossible que Philippa Gregory vous soit inconnue. J'ai moi-même quelques oeuvres, faisant partie de sa série dans ma PAL et faisant partie de célèbre fresque The Plantagenet and Tudor Novels. Cependant et bien qu'il le tardait d'enfin découvrir sa plume, j'ai préféré le faire avec un roman indépendant mais qui finalement ouvre sur une toute autre série, toujours dédiée aux femmes de pouvoir de l'époque.

Je ne peux qu'approuver ce choix tant ce roman m'a offert un aperçu magistral de l'incroyable talent de l'auteure. J'ai tout simplement dévoré cette oeuvre qui m'a littéralement fait vibrer. En ce sens, il est indéniable que Philippa Gregory sait de quoi elle traite et le fait avec précision et netteté. le contexte historique se dévoile aussi riche que finement construit et le moindre détail est donné au lecteur, lui permettant une méticuleuse et fidèle retranscription historique. Néanmoins et son univers ne se passant pas au sein de la monarchie comme celle-ci nous a habitué, l'univers royal est absent et le conflit géopolitique sert juste de cadre à son intrigue. En effet, l'histoire dévoilée est dédiée au petit peuple et avant tout dédiée au statut et à la place de la femme au sein de cette société patriarcale. Sensible à ce sujet, j'ai été envoûté par le pouvoir conféré à ses héroïnes, faisant de ce récit, une oeuvre féministe au possible et des plus séduisante. J'ai apprécié la forte sensibilité imprégnant en continue l'ambiance envoûtante de la Sorcière de Sealsea. Bien évidemment, il n'est pas question d'une histoire de sorcellerie et de magie à proprement parlé et comme beaucoup pourraient s'y attendre mais bien d'un récit dédié aux guérisseuses et aux accoucheuses d'antan. Appréciant tout ce qui attrait à la l'ésotérisme et j'ai été plus que réceptif aux parties dédiées à l'art de la wicca magnifiquement sublimé et traité dans ce roman. Ainsi, je me suis laissé envoûté par les dons détenues par les personnages ainsi que par leurs connaissances de la nature qui les entoure. Il s'agit là d'ailleurs d'un trait fort important de ce roman et les nombreux détails apportés aux descriptions m'ont permis de m'évader avec efficacité. Avec un style des plus visuel qu'il soit, celui de Philippa Gregory ne peut se dessiner qu'extrêmement fluide et addictif. Les pages défilent inlassablement et il m'a été difficile de refermer ce premier volet tant il traite de sujets divers et variés , tous aussi passionnants les uns que les autres. D'autant plus qu'il serait fort réducteur d'enfermer ce roman dans un seul genre littéraire tant il se dévoile aussi bien une oeuvre historique, qu'un roman d'amour ou bien encore d'initiation. Tant d'attraits ne peuvent que vous persuader de découvrir cette transcendante aventure.

Cependant, mon intérêt et mon entrain n'auraient pu être aussi vifs et intacts sans l'incroyable attachement que j'ai ressenti envers les personnages peuplant ce chapitre et en particulier ses figures féminines. Je suis tombé en admiration face au courage et aux idées de notre héroïne Alinor, cette femme forte et indépendante qui n'hésite devant rien pour survivre et s'élever au sein d'un univers où la femme ne détient aucun droit ni aucune connaissance mais seulement des devoirs. Cette jeune mère célibataire de deux jeunes adultes, Alys et Rob, verra son avenir transformé lorsque celle-ci rencontrera lors d'un rituel païen James, le prête aussi mystérieux que secret. J'ai véritablement eu un coup de coeur pour ce personnage forçant le respect et l'empathie tant malgré la misère qui l'accompagne quotidiennement celle-ci brille par son altruisme et sa détermination. Ainsi, notre héroïne ne cesse de faire le bien autour d'elle. A tel point que cette bonté viendra ternir sa réputation et des accusions de sorcelleries seront lancées contre elle. Bien que révoltant, j'ai adoré ces parties mettant en avant l'incrédulité du peuple face à l'inconnu et face à une femme forte et indépendante, emplie de connaissance et de savoir qui n'est pas sans rappeler notre monde actuel. D'autant plus que Philippa Gregory ne se contente pas de peu et propose une véritable fresque sociale et familiale, aux multiples couleurs et dévoile une palette de personnages variée et des plus colorée. J'ai fortement apprécié découvrir les enfants abandonnés par leur père et dont l'intimité de leur relation avec leur mère se démontre touchante. C'est un véritable clan guidé par l'amour et le partage que se devine être cette charmante famille à laquelle vient se rattacher l'oncle maternel. La dynamique des multiples relations décrites par l'auteure apporte une véritable dimension sentimentale et émouvante à La Sorcière de Sealsea pour laquelle j'ai été plus que sensible et réceptif. Inconsciemment, je ne pensais pas autant m'être attaché à chacun d'eux et j'en ai été le premier surpris lorsque j'ai eu le coeur lourd au moment d'arriver à la dernière page. J'ai dors et déjà hâte de retrouver Alinor et les siens dans la suite de cette incroyable lecture.

Ce premier volet est donc une merveilleuse surprise. J'ai adoré mon incursion au sein de l'univers historique exploré avec force et brio par Philippa Gregory et porté par une délicieuse et alléchante plume. Les personnages féminins de ce roman en sont sa force et je me suis totalement attaché à Alinor, cette jeune femme cultivée dont la sagesse forge l'adoration et le respect, ainsi qu'à tous les autres membres de ce clan.
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J'ai eu un très gros coup de coeur pour ce livre !
1648. En pleine guerre civile entre Charles Ier et le Parlement, le peuple anglais ne sait plus à quel saint se vouer. Dans un contexte politique et religieux tendu, les croyances sont bouleversées, le monde est renversé, les superstitions exacerbées.
Dans le marais du fou, entre terre et mer, les habitants de l'île de Sealsea vivent de la pêche et de leurs récoltes. Alinor, guérisseuse et accoucheuse, abandonnée par son mari, survit difficilement avec sa fille et son fils. Elle rencontre alors James, un prêtre venu clandestinement en Angleterre. La jeune femme et le noble catholique tombent amoureux même si tout les oppose. Mais l'ascension sociale d'Alinor, aidée par James, attise la jalousie de son entourage. Cette femme ni veuve ni mariée, proche des plantes et des animaux, douée d'une grande clairvoyance, attire la méfiance.
L'ambiance, les personnages, les paysages, le récit historique… tout m'a touchée dans ce livre. Les marais changeants et les sables mouvants se font l'écho de l'instabilité politique et de l'intériorité tourmentée des protagonistes. Sur cette île coupée du monde, devenue prison symbolique, les passions font rage.
Philippa Gregory dépeint à merveille la condition féminine de l'époque, la précarité des femmes seules et le danger mortel des rumeurs. Alinor et sa fille sont trop libres : amoureuses, passionnées, intelligentes, revendiquant le droit de disposer de leurs corps. Alinor dérange, et sa douceur et son empathie de soignante n'y changent rien. La figure de la sorcière est associée à celle de la guérisseuse qui soignait et dispensait son savoir au Moyen Âge. Mais le début de l'ère moderne renvoie le savoir féminin à quelque chose de diabolique.
Un sublime portrait de femme et un superbe tableau historique de l'Angleterre du XVIIème siècle.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Cet enfant est venu à moi alors que je pensais ne plus jamais en avoir, et je refuse de le tuer.
— Mais tu sais comment faire ? insista Alys.
— Oui, répondit sa mère d’une petite voix.
— Est-ce que ta mère l’a déjà fait ?
— Oui. Quand elle jugeait que c’était préférable pour la mère, ou pour l’enfant, pauvre petite chose, parce qu’il était déformé ou de travers – sans avenir. Elle le faisait pour épargner la souffrance. Je le ferais aussi, pour empêcher un autre être de souffrir. Je pense que c’est la bonne chose à faire quand le but est d’épargner de la douleur. Si j’avais mon mot à dire, les femmes seraient libres de choisir si elles veulent concevoir, porter et mettre au monde un enfant. Ça ne devrait pas être aux hommes de décider de ça, parce que c’est la vie de la femme et de son enfant. Mais je ne ferai pas ça au mien. Je préfère la douleur que de le perdre.
— Est-ce qu’il faut des plantes ?
— On commence par des plantes, et si l’enfant ne s’en va pas, alors il faut utiliser un fuseau ou un poinçon, un long couteau fin ou une alêne, qu’on fait entrer dans la femme pour poignarder le bébé recroquevillé dedans, expliqua calmement Alinor alors qu’Alys l’écoutait, horrifiée, les mains plaquées sur la bouche. Il faut enfoncer l’aiguille six fois, sans savoir si on perce la tête du bébé, si ça passe dans l’œil, l’oreille, la bouche, ni même si on ne transperce pas la mère en même temps. C’est aussi impitoyable que de massacrer un veau. Pire, même. Tu ne vois rien de ce que tu fais, et tu ne peux pas savoir ce qui se passe. La femme peut se vider de son sang à l’intérieur, ou bien le bébé peut mourir sans sortir, et il pourrit en elle. Ou alors elle donne l’impression d’avoir expulsé l’enfant mort, mais elle meurt d’une fièvre. C’est la mort pour l’enfant, et parfois aussi pour la mère. Est-ce que c’est ça que tu veux pour moi ?
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À la fin du sermon, alors que les plus dévots de la congrégation s’exclamaient « Dieu merci ! » et « grâce au Seigneur ! », le pasteur s’avança vers le banc des Peachey, attendit que sir William se lève, puis ils se tournèrent vers l’assemblée pour une remontrance, garants de la vertu morale : l’un représentant le pouvoir temporel, l’autre l’autorité spirituelle.
— Et en ce jour de sabbat, que le Seigneur nous demande de respecter, il nous faut appeler une sœur devant l’autel pour sa pénitence, déclara le pasteur. C’est notre devoir et une décision de la justice ecclésiastique.
Alys lança un rapide regard en coin à sa mère, dont les yeux écarquillés manifestaient son ignorance de l’affaire. Elles se raidirent et attendirent de voir ce qui allait suivre, curieuses de savoir qui avait été reconnue coupable.
— Une femme a fait l’objet de plaintes de la part de ses voisins, et son propre mari affirme qu’il lui est impossible de la faire obéir, poursuivit l’homme d’Église. C’est par elle qu’arrive le scandale, et certains disent qu’elle n’aurait pas été chaste. Qui a présenté des preuves contre elle au tribunal ecclésiastique ?
— C’est moi, dit Mme Miller en se levant du banc réservé aux riches paysans, au centre de l’église.
Sa fille et son fils l’entouraient.
— Évidemment que c’est elle, murmura Alys à sa mère. Elle a toujours du mal à dire de tout le monde.
— Madame Miller, du moulin à marée, se présenta-t-elle bien inutilement à tous ces voisins qui la connaissaient depuis l’enfance.
— Et qu’avez-vous affirmé à ce tribunal ? demanda le pasteur. Brièvement, précisa-t-il.
Tout le monde savait combien elle était difficile à arrêter une fois lancée.
— J’ai dit que je l’avais vue lors du glanage se faufiler derrière une haie avec un homme de cette paroisse, puis revenir avec la robe et les cheveux défaits.
Tous les gens présents spéculèrent tout bas sur l’identité de l’homme « de cette paroisse », mais son nom allait de toute évidence être tu. La femme pécheresse serait dénoncée, mais la réputation de son complice demeurerait intacte. De toute manière, ce n’était pas un péché pour un homme – c’était simplement dans sa nature.
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Il était aussi aisé de pénétrer dans la demeure de M. Hopkins que cela l’avait été d’entrer à la Cour dans les glorieux jours à Londres, quand n’importe quel homme riche pouvait venir voir le monarque et sa famille. Le roi était d’avis que sa table à manger devait être à la vue de tout le monde dans la grand-salle, comme un autel devait être bien en vue dans une église. Le caractère divin des deux était irréfutable. À Newport, malgré une garde postée à chaque porte, pas un soldat ne refusait l’entrée à quiconque était bien habillé. Le roi était libre d’aller et venir à sa guise, tenu par sa seule parole de ne pas quitter l’île. La rue devant la maison était bondée tout le jour de sympathisants royalistes aux habits somptueux qui formaient un cortège incessant foulant les pavés fraîchement balayés – commentant sans gêne la simplicité de la ville et la pauvreté des constructions –, de gens du peuple souhaitant apercevoir cet homme qui se disait à moitié divin, et de mendiants et malades qui arpentaient le pâté de maisons. Le roi Charles était renommé pour le pouvoir de guérison de ses longs doigts blancs. Un malade pouvait s’agenouiller devant lui et guérir d’un simple toucher et d’une bénédiction murmurée. Personne ne se voyait refuser les pouvoirs de guérison du roi. Déjà une jeune femme proclamait que sa grâce divine l’avait guérie de sa cécité. Tout le monde savait que le roi n’était pas un simple mortel. Il portait l’huile sainte sur son torse sacré, il était le descendant de rois de droit divin, et il était juste en dessous des anges.
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Ma chère, une toise de dentelle, c’est tout ce qui me tient à l’écart de la mendicité, se lamenta la vieille dame. Vous êtes trop belle pour comprendre ce que c’est que d’être pauvre et un poids pour vos voisins, mais si je ne vends rien pendant une semaine, ils arrêteront de m’ouvrir leur porte par peur de me voir venir les supplier pour une miche de pain, ou un quart de lait, même s’ils ont tout un troupeau de vaches. Et en moins d’un mois, ils se mettraient à réfléchir à me placer auprès d’une autre paroisse. Ils me demandent des nouvelles de mes enfants, et pourquoi je ne vais pas les voir. Ils voudraient me forcer à vivre à leurs crochets. Ce n’est pas facile d’être vieille et pauvre. Priez pour que Dieu vous épargne ça.
— Amen, souffla Alinor.
La dentellière se tourna alors vers Alys, qui la dévisageait d’un air médusé.
— Tu peux me croire ! Ils peuvent se retourner contre vous en un instant. Un seul mot déplacé et ils font venir un chasseur de sorcières et vous accusent de sorcellerie pour se débarrasser de vous une bonne fois pour toutes ! C’est un crime d’être pauvre dans ce comté ; et c’en est aussi un d’être vieux. Et puis il ne fait jamais bon être une femme.
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Je suis prise dans le marais, incapable de m'en défaire, comme un tenancier avec un seigneur négligent. Je ne peux pas partir. Je suis l'épouse d'un homme disparu et je ne peux pas me marier ; je suis la sœur du passeur, et il n'acceptera jamais de me faire traverser vers la terre pour me rendre ma liberté.
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