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3,63

sur 788 notes
Vue par Hélène Grémillon, une garçonnière ça n'est pas ce que vous croyez, et ce n'est qu'à la fin de ce roman que l'on découvre avec un intérêt surpris la réelle signification de son titre, clé de voute de toute l'histoire. Ami lecteur, amie lecteuse, tu comprends donc ce qu'il te reste à faire pour savoir de quoi il retourne. Et ne compte pas sur moi pour cafter.

Au-delà de cet adroit subterfuge sémantique, j'ai envie de dire bof. Plus sombre que véritablement profond, plus pesant qu'authentique, ce thriller politico-sociologico-psychologique et son intrigue à grÔsses ficelles ne m'ont pas emballée, voire auraient pu m'agacer si je n'étais dotée (parfois) d'un caractère éminemment bienveillant (on ne glousse pas là-bas dans le fond).

Pressée par mes enthousiastes copines grémillonophiles (qui risquent fort de me pourrir sur cette critique à contre-courant), je m'en vais quand même tenter « le confident ». Il ne sera pas dit non plus que je suis une fille rancunière.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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C'est d'abord par son portrait de femme fragile, beauté gracile et éplorée, yeux agrandis de détresse, que l'on entre dans la vie de Lisandra et dans celle de Vittorio Puig, le psychanalyste chez qui elle s'est réfugiée pour fuir les démons intérieurs qui la pourchassent. Après cette unique séance, « le moment le plus foudroyant de sa vie », Vittorio sait qu'il ne pourra plus vivre sans elle.
Lisandra, qui t'a assassinée ?...

C'est par ce nom qu'elle porte, « Lisandra », envoûtant, mystérieux, que déjà elle nous happe dans le dédale de son existence, avec la curiosité grandissante de la découvrir et de l'accompagner dans le tragique pas de deux qu'en danseuse de tango virtuose elle va improviser au gré des lignes.
Lisandra, qui t'a défénestrée ?...

Août 1987, le corps de Lisandra est retrouvé gisant sur le trottoir au pied de son immeuble.
Après sept ans d'un mariage qui commençait à battre de l'aile, son mari, Vittorio Puig, est aussitôt suspecté et incarcéré. Bien que clamant son innocence, les policiers ne semblent pas disposés à écouter ce coupable idéal, ni à chercher ailleurs une vérité qui sied à tous.
Qui sied à tous ?... Non, pas à tous. Eva Maria, elle, ne croit pas en la culpabilité de Vittorio.
L'analyste qui la suit depuis plusieurs mois, grâce à qui, pour la première fois depuis cinq ans, elle a pu étancher sa douleur d'avoir perdu sa fille aînée vraisemblablement éliminée par la junte, cet homme-là, n'a pas pu tuer sa femme, elle en est convaincue, et elle est prête à tout pour tenter de le sauver.
Lisandra, qui est ton meurtrier ?...

Alors Eva Maria enquête. Elle écoute les cassettes des séances d'analyse que Vittorio lui a avoué enregistrer à l'insu de ses patients et qu'il lui a demandé de récupérer dans son appartement.
Le meurtrier est peut-être l'une de ces personnes névrosées entendues en consultation ?
Lisandra, qui t'a fait du mal ?...

Un « cabeceo » subtil, un « abrazo » affirmé, c'est sur un air de tango argentin que nous pénétrons dans le roman d'Hélène Grémillon, évoluant comme au sein d'une milonga dans les méandres des intimités de ses personnages. L'intimité sensuelle et énigmatique de Lisandra, celle équivoque de son mari le psychiatre Vittorio Puig, celle intempérante et tourmentée d'Eva Maria, et enfin, en toile de fond, celle sordide de l'Argentine des années 1980, qui porte ancrée dans sa chair les stigmates de la junte militaire, encore trop fraîche dans les esprits pour oblitérer le souvenir des morts, des disparus, des victimes, charriés dans un lit de souffrances dans les eaux troubles du Río de la Plata.
Lisandra, avec qui as-tu dansé ce tango de la mort ?...

Dans ce jeu de piste des existences, tous deviennent potentiellement coupables: la femme qui a peur de vieillir, le musicien victime de la junte, le militaire et ancien bourreau, le professeur de tango, le serveur de bistrot…
A l'instar des corps qui, dans la proximité de la danse, laissent percevoir les pulsations intimes, le mystère des personnalités peu à peu révélées laissent entrevoir des implications nouvelles, des éventualités, une large part de doutes, de soupçons et d'incertitudes qui font de « La garçonnière » un suspense psychologique intense et addictif en même temps qu'un drame intimiste captivant et émouvant.

La construction même du récit, ingénieuse, originale, en multipliant les systèmes de narration comme autant de figures chorégraphiques, alimentent encore davantage ce sentiment d'improvisation où tout semble possible et réversible à chaque page, ouvrant le champ des possibles, des potentialités, des perspectives.
Des séances d'analyse que l'on écoute avec Eva Maria quand le magnétophone se met en marche, aux entretiens au parloir avec Vittorio, des réflexions intimes aux secrets avoués, de renseignements en révélations, les chemins tortueux de la pensée se déroulent, nous faisant parcourir des directions nouvelles et impromptues, et dévoilant les zones d'ombre d'une jeune femme au caractère complexe, au tempérament ambigu.
Lisandra, qui es-tu ?...

Au gré des changements de rythme et sur un tempo martelé comme le claquement d'un escarpin sur le parquet d'une salle de bal, Lisandra nous entraîne dans les errements d'une histoire où la jalousie, couleur dominante d'une habile chorégraphie, s'esquisse dans les tragiques pas de danse des vies brisées.

A l'image du tango argentin, Hélène Grémillon fait de ce passionnant roman « une pensée triste qui se danse ».

A lire avec Gotan Project en musique de fond…
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Vittorio Puig psychanalyste, rentre dans son appartement. Il fait froid, il y des verres cassés, du désordre. Il ferme la fenêtre, cherche sa femme Lisandra quand il entend hurler dans la rue : en ouvrant la fenêtre il voit le corps de sa femme écrasé sur le trottoir.
Tout de suite, la police l'accuse du meurtre et il demande à une de ses patientes, Eva-Maria qui vient le voir au parloir, d'enquêter, d'aller chez lui, chercher les cassettes des enregistrements récents de ses entretiens avec ses patients. Nous sommes en Argentine, à Buenos Aires en 1987, le spectre de la dictature n'est pas loin.
Eva-Maria est persuadé qu'il est innocent donc elle accepte d'écouter et retranscrire les entretiens en questions, pour trouver une piste, quelqu'un qui lui en voudrait assez pour tuer Lisandra en guise de rétorsion. Cette femme a perdu la trace de sa fille, qui a disparu lors de la dictature, et elle entretient des relations houleuses avec son fils Esteban.



Ce que j'en pense :

Dans ce roman, Hélène Grémillon aborde plusieurs problèmes. Tout d'abord, celui de la culpabilité : Vittorio a-t-il ou non tué sa femme ? Mais aussi la culpabilité que chaque être peut ressentir par rapport à ses actes ou ses pensées.
Elle aborde également l'état de la police et son fonctionnement après la dictature. Est-ce que la présomption d'innocence existe ? Quand on voit comment sont menés les interrogatoires, la suspicion d'office, on se dit qu'il y a encore des progrès à réaliser.
Que sont devenus les tortionnaires ? Ils n'ont pas vraiment été jugés et se sont infiltrés dans les nouveaux rouages. Il y a une nostalgie de ne plus pouvoir torturer.
Quel rôle ont joué certains psychiatres sous la dictature ? Il est clair que certains ont participé à la mise au point des tortures psychologiques. Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) ont été largement utilisées dans les pays sous dictature. On reconditionnait les gens pour qu'ils pensent conformément aux règles du régime, ce qui existe encore. Que sont-ils devenus eux-aussi ces psychiatres? Certains sont installés tranquillement dans leur cabinet en ville, qui va les soupçonner ?
Eve-Maria est traumatisée à vie par la disparition de sa fille, elle a peut-être défilé sur la place de mai le jeudi avec les autres mères qui ont perdu un enfant ou un mari ? Est-ce qu'on peut faire le deuil d'un disparu : il n'y a pas de corps devant lequel se recueillir, donc l'espoir qu'il ne soit pas mort est là, tapi dans l'ombre, même s'il est ténu.
Elle boit pour tenir le coup et passe complètement à côté de la souffrance de son fils Esteban (on ne peut pas lutter contre une disparue qui au fil du temps devient de plus en plus parfaite car idéalisée alors que lui accumule les maladresses et les bêtises pour que sa mère s'intéresse enfin à lui).
Eve-Maria en écoutant les enregistrements comprend que Vittorio a aussi en thérapie des anciens membres de la dictature : Felipe par exemple qui a adopté un enfant (probablement un enfant enlevé à une opposante au régime) donc, sa confiance est ébranlée, comme peut-il être patient et attentif avec un ancien criminel comme il l'est avec elle qui est une victime.
On voit passer aussi Alicia qui n'est préoccupée que par une chose dans sa vie : l'apparition d'une nouvelle ride, sa peau qui flétrit, ses mains qui vieillissent et qui envie les femmes de la place de mai avec leur foulard blanc ridicule car elles au moins elles ont d'autres préoccupations !!!!
Un autre patient, Miguel, pianiste, ami de Vittorio vient raconter ce qu'il a vécu sous la torture et qu'il a mis des années à mettre en mots. Mais à une soirée, il a soudain reconnu une voix, celle d'un de ses bourreaux et tout est devenu clair dans sa tête…
On s'interroge aussi sur la personnalité de Lisandra ; on sait que c'est une jeune femme fragile, qui a un immense besoin d'être aimée, elle ne peut avoir confiance en elle qu'à travers le regard de l'autre. La culpabilité est présente aussi, chez elle. Qu'a-t-elle fait de si terrible pour ne pas mériter l'amour. On s'attache à elle car on sent qu'il y a un lourd secret qui se révélera à la fin du roman (fin qui est d'ailleurs extraordinaire). On l'imagine, aérienne, évoluant sur la piste, si belle et si fragile.
Un très bon roman, qu'on peut qualifier de « polar psychologique » où l'auteur a su aborder tous les thèmes de l'histoire de l'Argentine après la dictature, et les répercussions sur les personnages. La torture est omniprésente, les enfants enlevés à leurs parents et confiés aux dignitaires du régime, l'envie de vengeance aussi, et l'impossibilité du deuil, la fragilisation des protagonistes dans ce milieu où régnait la peur, la crainte d'être dénoncé. Et en parallèle tous les thèmes chers à la psychanalyse : culpabilité, souffrance, manque d'estime de soi…
Et même la danse, que Lisandra pratique avec un professeur, pas n'importe quelle danse bien sûr, le tango argentin avec ses accents dramatiques qui nous émeuvent en profondeur, qui parlent à notre âme comme peuvent le faire le fado ou le flamenco (tiens donc, ici aussi on lie musique et dictature). La danse dans laquelle elle oublie ses peurs et les transcende.
J'ai beaucoup aimé ce livre et Hélène GREMILLON est aussi une auteure que je vais suivre de près. En commençant par « le confident » que je n'ai pas encore lu.
Note : 8/10
pour en savoir plus cf. mon blog
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Roman inspiré d'une histoire vraie dont les événements se déroulent à Buenos Aires, en Argentine, pendant l'hiver, en août 1987. Vittorio est psychologue, il habite avec Lisandra au cinquième étage d'un immeuble à appartements. Un soir, revenant d'une soirée au cinéma, l'appartement est vide, la porte et la fenêtre sont ouvertes, les fauteuils renversés, pas de trace de Lisandra jusqu'à ce qu'il entende un cri à l'extérieur et, par la fenêtre ouverte, il aperçoit sa femme sur le sol, le corps disloqué, elle s'est défenestrée. Vittorio, immédiatement soupçonné, est emprisonné. Eva Maria, une de ses patientes, va mener une enquête poussée persuadée que la police a refermé le dossier. Eva Maria est devenue une patiente de Vittorio après que sa fille ait disparu comme beaucoup d'autres, que pleurent toujours les Mères de la Place-de-Mai.
L'écriture que j'ai beaucoup appréciée a contribué à ce que je lise le livre entièrement car, chose qui ne m'arrive jamais, cette lecture a perturbé mes nuits ; peut-être est-ce dû à l'ambiance et à la période tristement célèbre mentionnée dans La garçonnière, je l'ignore, habituellement même des romans de guerre ou assez durs ne m'ont jamais dérangée. Il n'empêche, je recommande sa lecture !
PS : j'avais moyennement apprécié le confident, j'estime, de façon très personnelle, que l'auteure a évolué très positivement.
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Première rencontre avec l'auteur et rencontre plutôt heureuse. Pas le coup de foudre mais une réelle séduction, incontestablement.

Argentine, 1987 - Epoque post-dictatoriale - Une société fébrile, mal remise de ses souffrances - Un climat délétère où il est difficile de se fier à qui que ce soit, proches ou moins proches, justiciers d'aujourd'hui, bourreaux d'hier. Au coeur de ce contexte, Vittorio et Lisandra, un couple comme tant d'autres, encombré de ses valises de tendres souvenirs, d'illusions amères, de joies fortes et de déceptions qui ne le sont pas moins.

En ouvrant ce roman (que je n'ai pas choisi mais qui m'a été envoyé par l'éditeur), je ne m'attendais à rien de précis. D'Hélène Grémillon, j'ai déjà dit que je n'avais pas lu une ligne, et je nourrissais seulement le vague préjugé que cette jeune auteur n'était qu'une jeune auteur parmi tant d'autres jeunes auteurs à avoir lancé son nouveau roman dans les flots de la rentrée littéraire 2013 comme on jette une bouteille à la mer. Je venais donc à notre rendez-vous sans aucune idée pré-conçue mais la dernière qui me serait venue à l'esprit aurait bel et bien été celle d'un polar, typé social et psychologique. Or, il s'agit bien ici d'une enquête menée suite à un décès que l'on soupçonne d'être un assassinat. Qui plus est, ce récit semble basé sur une histoire vraie. Cette dernière information un peu racoleuse n'a pas pour autant nui à mon plaisir de lecture.

Les personnages sont peu nombreux. Je n'ai trouvé aucun d'eux particulièrement attachant mais tous sont poignants à leur manière. Ce constat qui porte en lui sa part de paradoxe ne m'a pas empêché d'apprécier la finesse de l'intrigue et c'est avec plaisir que je me suis laissée promener par l'auteur au gré de ses retournements de situation, de son suspense, de ses scènes intimistes ou encore de ces autres, plus crues voire cruelles.

Le roman se lit très vite, la plume est belle, sans lourdeur, sans vulgarité. L'auteur semble écrire comme on marche, déterminée, sans trop se regarder écrire, sans trop s'écouter parler, avec une volonté évidente de maintenir un rythme qui va crescendo pour éclater en sprint dans le dénouement qui laisse sur le flanc.

Un bon point supplémentaire pour l'auteur : le traitement psychologique des personnages. Même si l'auteur place un psychologue, Vittorio, au coeur de sa trame, elle ne se prend pas elle-même pour l'émule de Freud. Elle place avec adresse Vittorio au coeur d'une toile d'araignée savamment tissée et le relie par des fils de soie concentriques à tous les autres protagonistes du récit par une analyse psychologique fine, humble et cependant ciselée. Juste ce qu'il faut à mon goût pour maintenir l'intérêt du lecteur sans tomber dans une introspection dysentérique et/ou un intellectualisme pédant qui ont en général une furieuse tendance à me faire tomber les livres des mains.

Un roman que je recommande pour son contexte inhabituel et son intrigue coup-de-poing.

NB : Seul "avertissement" à donner à ceux qui choisiraient de lire ce roman sur le seul argument que son action se situe en Argentine, il ne s'agit ici que d'une couleur donnée par l'auteur à son récit mais, hormis quelques pages dédiées au régime de la junte, il n'est ici qu'assez peu question de l'Argentine ou de son système politique.
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En 1987, l'Argentine est un pays encore endolori et engourdi par des années de dictatures.
En rentrant du cinéma, Vittorio, psychiatre, découvre le corps ensanglanté de sa femme Lisandra, défenestrée. Elle était belle Lisandra et elle aimait danser le tango. Il est tombé fou amoureux d'elle lors de la première séance. Ensuite, elle est devenue l'amour de sa vie. Qui a bien pu l'assassiner ? La police arrête Vittorio et sa vie paisible vire au cauchemar car tout l'accuse. Heureusement il peut compter sur Eva Maria, l'une de ses patientes depuis cinq ans, pour élucider le mystère et le sortir de cette terrible situation.
Ça fait cinq ans qu'il l'aide à tenir le coup suite au tragique décès de sa fille Stella, cinq ans qu'il l'empêche de sombrer dans la folie, cinq ans que son fils Estéban la découvre ivre morte chaque soir en rentrant. Coute que coute, elle veut l'aider et elle met toute son énergie dans une enquête troublante. Faisant une belle entorse à la déontologie, Vittorio lui demande de récupérer les bandes d'enregistrements des dernières séances avec ses patients. Petit à petit, elle découvre sa vie intime et celle des autres patients. Il y a un plaisir addictif à suivre les recherches d'Eva Maria. Elle tente de démêler les faux-semblants dans un terrible jeu de cache-cache avec la vérité. Lisandra ne dansera plus jamais mais aujourd'hui qui mène la danse ? Eva Maria danse le tango avec la vérité, elle avance à rythme lent, le tango est une danse d'improvisation qui se danse à deux, mais qui guide ses pas ?
Les photos qu'elle prend le jour de l'enterrement de la jeune femme et les enregistrements qu'elle écoute disent-ils toute la vérité ? Eva Maria découvre les souffrances enfouies de Lisandra. La tension augmente, le mystère s'épaissit.
L'amour et le désir sont au coeur de cette tragédie. Il est question d'amour, de sexe, de soumission, d'oppression, de la mémoire et du mensonge.
Sur un rythme lent à deux temps, on danse avec les mots d'Hélène Grémillon. Son style est fluide, elle tient le lecteur en haleine jusqu'au bout. Elle mène la danse habillement avec ce thriller psychologique efficace.
Une jolie découverte pour un moment agréable de lecture.







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C'est tout simplement fabuleux de parvenir à tenir le lecteur en haleine de la première à la dernière page du livre avec une histoire vraie, mais écrite comme un roman, et quel roman!!! Tout y est: page d'histoire et description sans complaisance d'un régime qui fait froid dans le dos...Peinture d'un couple qui souffre de la jalousie, des méfaits du temps qui passe. Description des émotions d'une femme qui a perdu un enfant et ne s'en remet pas. Mais surtout témoignages étonnants (sous formes d'enregistrements sur cassettes) recueillis par un médecin psychiatre. A chaque chapitre, le lecteur voit ses soupçons évoluer vers l'un ou l'autre des personnages. de la Grande Littérature!!
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« La colère ne nettoie pas. »

Difficile la fin. Je referme ce livre et je suis choquée. Je ne m'attendais pas à cette fin. Buenos Aires, le Tango... plutôt sympa. C'est ce que je me disais quand j'ai choisi ce livre. Une ambiance qui me plaît. J'avais donc ouvert ce livre avec l'attente d'un dépaysement. Puis j'arrive vite aux années sombres de l'Argentine, déjà je montais dans les crans. de nombreux crans car les Mères et les Grands-Mères de la place de Mai reviennent souvent dans mes pensées. Ça se compliquait. Comment survivre à la perte d'un père, d'une cousine, de son enfant ? Non seulement c'est terrible mais quand s'ajoute à cela, le noir, le silence, l'absence du corps, l'absence de savoir -de ce qui a été commis, de ce qui a été enduré… je deviendrais folle. L'avancée dans ce roman devenait de plus en plus compliquée, éprouvante. Et c'est alors que ce livre a touché une part de moi que je ne peux ouvrir sans une souffrance énorme. Celle que je ne peux jamais lire. Et j'ai lu. Jusqu'à la dernière ligne. Une épreuve. J'avoue. Alors que dire de ce roman ? Difficile. Je garde une histoire qui percute le lecteur tant par la manière dont les choses sont déroulées par l'auteur, petit à petit, sous différents angles, qui m'ont fait douter à chaque fois que je tournais une page, partir dans des directions opposées, perdre tout repère. C'est peut-être un peu trop pour moi, mais je reconnais que c'est bien fait. Pour autant, trop de pistes -toutes probables et bien amenées- m'ont cependant empêchée d'être dans une ambiance homogène, de me sentir envoûtée par l'écriture. Mais j'ai dévoré ce livre, pour savoir. Et parce que tout était plausible. Quand un pays vit une histoire démesurée, éprouvante, destructrice, ce roman rend très bien le désarroi qui accompagne ses habitants au jour le jour. Il n'y a plus de point d'ancrage. Et c'est très bien rendu dans ce roman.
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Lu en deux jour. Je n'ai pu me retenir.
Pour moi, c'est une lecture captivante, addictive.
Cette opinion m'est personnelle, mais ce livre contient absolument TOUT ce que j'aime dans un roman : un fond historique, qui me fait découvrir en filigrane l'Histoire d'un pays (ici, l'Argentine), un style élégant, fluide, qui souligne parfaitement le sujet, et des personnages travaillés, qui doutent, cherchent à se reconstruire après des événements passés douloureux (très douloureux, même).
Ces différents personnages m'ont paru vrais (d'autant plus que l'histoire est basé sur un fa^t / des faits réel(s), avec des réflexions, des réactions humaines.
J'ai lu dans certaines critiques que la description géographique était quasi inexistante, et que ce qui se passait à Buenos Aires aurait pu se passer ailleurs. Il est vrai qu'il n'y a guère de descriptions de la ville. c'est un fait. Et alors? Pour moi, je comprends leur absence, car ce n'est pas là le propos. Cette histoire aurait pu arriver dans n'importe quel pays ayant subi une dictature militaire à un moment de son histoire (et il y en a eu, hélas!).
Ce n'est pas là l'important. Ce qui prime (toujours selon mon humble avis!), C'est vraiment l'aspect psychologique, comment un individu réagit face à un événement traumatisant tel que la perte d'un enfant, de l'être aimé, dans des conditions plus que choquantes. Certains parviennent à une vie, bancale, d'autres s'effondrent, d'autres tentent de faire illusion, consciemment ou non... Voilà ce que j'ai retenu de ce livre, qui m'a beaucoup émue, et m'a pas mal perturbée aussi à différents moments (réflexions sur ce que signifie ou non vieillir pour une femme, la jalousie au sein d'un couple, l'usure de l'amour, les relations parents-enfants...)
En conclusion, je le recommande à toute personne qui apprécie les romans psychologiques!
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Eva Maria a besoin de son psy.
Il est sa planche de salut et elle lui fait confiance, sinon elle coule.
Et quand celui ci se retrouve accusé du meurtre de sa femme, elle n'hésite pas à lui donner un coup de main en entamant sa propre enquête pour tenter de le disculper.

Par petites découvertes dans le travail du thérapeute et confidences de l'entourage, la vérité d'un couple va peu à peu se faire jour, en marge d'une société argentine où la dictature de junte militaire a laissé de profondes cicatrices dans les corps et dans les coeurs.

Hélène Grémillon dissèque la paranoïa de la jalousie et la subtilité du sentiment amoureux, en entrainant le lecteur dans une histoire qui se veut machiavélique mais qui m'est apparue un peu courte et desséchée, en dépit de la force brute du dénouement (un brin trop convenu à mon gout).

Je n'ai pas vraiment cru à cette manipulation sans m'en expliquer d'ailleurs la raison et en admettant que le montage narratif est original et accrocheur. le soupçon est un fil tenu qui passe de personnages en personnages mais j'ai trouvé la trame thriller trop alambiquée, et alourdie de quelques longueurs.

En revanche, les analyses psychologiques sont très approfondies, la pathologie de la jalousie décortiquée avec un soin analytique. C'est dans cette partie très puissante que l'on sent le mieux le talent de plume de l'auteure.

Autre légère déception: le décor sombre de la dictature argentine est une toile de fond diaphane et qui ne soulève qu'une réflexion sur la résilience. Cette histoire aurait pu se passer dans n'importe quel autre pays.

Au final, un avis en demi teinte dans le concert de louanges des amis Babeliotes.
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