AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782081316652
300 pages
Flammarion (04/09/2013)
3.63/5   785 notes
Résumé :
Buenos Aires, 1987. Lisandra Puig est retrouvée morte défenestrée, au pied de son immeuble. La police aussitôt suspecte son mari, le docteur Vittorio Puig. Il est psychanalyste. Dans son cabinet s'allongent sur le divan bourreaux et victimes de la dictature argentine. Eva Maria est l'une d'entre elles. Persuadée de l'innocence de Vittorio, elle décide de mener l'enquête. Pour elle, c'est certain : le meurtrier se trouve parmi les patients. Mais lequel. Et pourquoi ?... >Voir plus
Que lire après La GarçonnièreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (191) Voir plus Ajouter une critique
3,63

sur 785 notes
C'est d'abord par son portrait de femme fragile, beauté gracile et éplorée, yeux agrandis de détresse, que l'on entre dans la vie de Lisandra et dans celle de Vittorio Puig, le psychanalyste chez qui elle s'est réfugiée pour fuir les démons intérieurs qui la pourchassent. Après cette unique séance, « le moment le plus foudroyant de sa vie », Vittorio sait qu'il ne pourra plus vivre sans elle.
Lisandra, qui t'a assassinée ?...

C'est par ce nom qu'elle porte, « Lisandra », envoûtant, mystérieux, que déjà elle nous happe dans le dédale de son existence, avec la curiosité grandissante de la découvrir et de l'accompagner dans le tragique pas de deux qu'en danseuse de tango virtuose elle va improviser au gré des lignes.
Lisandra, qui t'a défénestrée ?...

Août 1987, le corps de Lisandra est retrouvé gisant sur le trottoir au pied de son immeuble.
Après sept ans d'un mariage qui commençait à battre de l'aile, son mari, Vittorio Puig, est aussitôt suspecté et incarcéré. Bien que clamant son innocence, les policiers ne semblent pas disposés à écouter ce coupable idéal, ni à chercher ailleurs une vérité qui sied à tous.
Qui sied à tous ?... Non, pas à tous. Eva Maria, elle, ne croit pas en la culpabilité de Vittorio.
L'analyste qui la suit depuis plusieurs mois, grâce à qui, pour la première fois depuis cinq ans, elle a pu étancher sa douleur d'avoir perdu sa fille aînée vraisemblablement éliminée par la junte, cet homme-là, n'a pas pu tuer sa femme, elle en est convaincue, et elle est prête à tout pour tenter de le sauver.
Lisandra, qui est ton meurtrier ?...

Alors Eva Maria enquête. Elle écoute les cassettes des séances d'analyse que Vittorio lui a avoué enregistrer à l'insu de ses patients et qu'il lui a demandé de récupérer dans son appartement.
Le meurtrier est peut-être l'une de ces personnes névrosées entendues en consultation ?
Lisandra, qui t'a fait du mal ?...

Un « cabeceo » subtil, un « abrazo » affirmé, c'est sur un air de tango argentin que nous pénétrons dans le roman d'Hélène Grémillon, évoluant comme au sein d'une milonga dans les méandres des intimités de ses personnages. L'intimité sensuelle et énigmatique de Lisandra, celle équivoque de son mari le psychiatre Vittorio Puig, celle intempérante et tourmentée d'Eva Maria, et enfin, en toile de fond, celle sordide de l'Argentine des années 1980, qui porte ancrée dans sa chair les stigmates de la junte militaire, encore trop fraîche dans les esprits pour oblitérer le souvenir des morts, des disparus, des victimes, charriés dans un lit de souffrances dans les eaux troubles du Río de la Plata.
Lisandra, avec qui as-tu dansé ce tango de la mort ?...

Dans ce jeu de piste des existences, tous deviennent potentiellement coupables: la femme qui a peur de vieillir, le musicien victime de la junte, le militaire et ancien bourreau, le professeur de tango, le serveur de bistrot…
A l'instar des corps qui, dans la proximité de la danse, laissent percevoir les pulsations intimes, le mystère des personnalités peu à peu révélées laissent entrevoir des implications nouvelles, des éventualités, une large part de doutes, de soupçons et d'incertitudes qui font de « La garçonnière » un suspense psychologique intense et addictif en même temps qu'un drame intimiste captivant et émouvant.

La construction même du récit, ingénieuse, originale, en multipliant les systèmes de narration comme autant de figures chorégraphiques, alimentent encore davantage ce sentiment d'improvisation où tout semble possible et réversible à chaque page, ouvrant le champ des possibles, des potentialités, des perspectives.
Des séances d'analyse que l'on écoute avec Eva Maria quand le magnétophone se met en marche, aux entretiens au parloir avec Vittorio, des réflexions intimes aux secrets avoués, de renseignements en révélations, les chemins tortueux de la pensée se déroulent, nous faisant parcourir des directions nouvelles et impromptues, et dévoilant les zones d'ombre d'une jeune femme au caractère complexe, au tempérament ambigu.
Lisandra, qui es-tu ?...

Au gré des changements de rythme et sur un tempo martelé comme le claquement d'un escarpin sur le parquet d'une salle de bal, Lisandra nous entraîne dans les errements d'une histoire où la jalousie, couleur dominante d'une habile chorégraphie, s'esquisse dans les tragiques pas de danse des vies brisées.

A l'image du tango argentin, Hélène Grémillon fait de ce passionnant roman « une pensée triste qui se danse ».

A lire avec Gotan Project en musique de fond…
Commenter  J’apprécie          8918
Vue par Hélène Grémillon, une garçonnière ça n'est pas ce que vous croyez, et ce n'est qu'à la fin de ce roman que l'on découvre avec un intérêt surpris la réelle signification de son titre, clé de voute de toute l'histoire. Ami lecteur, amie lecteuse, tu comprends donc ce qu'il te reste à faire pour savoir de quoi il retourne. Et ne compte pas sur moi pour cafter.

Au-delà de cet adroit subterfuge sémantique, j'ai envie de dire bof. Plus sombre que véritablement profond, plus pesant qu'authentique, ce thriller politico-sociologico-psychologique et son intrigue à grÔsses ficelles ne m'ont pas emballée, voire auraient pu m'agacer si je n'étais dotée (parfois) d'un caractère éminemment bienveillant (on ne glousse pas là-bas dans le fond).

Pressée par mes enthousiastes copines grémillonophiles (qui risquent fort de me pourrir sur cette critique à contre-courant), je m'en vais quand même tenter « le confident ». Il ne sera pas dit non plus que je suis une fille rancunière.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
Commenter  J’apprécie          958

Vittorio Puig psychanalyste, rentre dans son appartement. Il fait froid, il y des verres cassés, du désordre. Il ferme la fenêtre, cherche sa femme Lisandra quand il entend hurler dans la rue : en ouvrant la fenêtre il voit le corps de sa femme écrasé sur le trottoir.
Tout de suite, la police l'accuse du meurtre et il demande à une de ses patientes, Eva-Maria qui vient le voir au parloir, d'enquêter, d'aller chez lui, chercher les cassettes des enregistrements récents de ses entretiens avec ses patients. Nous sommes en Argentine, à Buenos Aires en 1987, le spectre de la dictature n'est pas loin.
Eva-Maria est persuadé qu'il est innocent donc elle accepte d'écouter et retranscrire les entretiens en questions, pour trouver une piste, quelqu'un qui lui en voudrait assez pour tuer Lisandra en guise de rétorsion. Cette femme a perdu la trace de sa fille, qui a disparu lors de la dictature, et elle entretient des relations houleuses avec son fils Esteban.



Ce que j'en pense :

Dans ce roman, Hélène Grémillon aborde plusieurs problèmes. Tout d'abord, celui de la culpabilité : Vittorio a-t-il ou non tué sa femme ? Mais aussi la culpabilité que chaque être peut ressentir par rapport à ses actes ou ses pensées.
Elle aborde également l'état de la police et son fonctionnement après la dictature. Est-ce que la présomption d'innocence existe ? Quand on voit comment sont menés les interrogatoires, la suspicion d'office, on se dit qu'il y a encore des progrès à réaliser.
Que sont devenus les tortionnaires ? Ils n'ont pas vraiment été jugés et se sont infiltrés dans les nouveaux rouages. Il y a une nostalgie de ne plus pouvoir torturer.
Quel rôle ont joué certains psychiatres sous la dictature ? Il est clair que certains ont participé à la mise au point des tortures psychologiques. Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) ont été largement utilisées dans les pays sous dictature. On reconditionnait les gens pour qu'ils pensent conformément aux règles du régime, ce qui existe encore. Que sont-ils devenus eux-aussi ces psychiatres? Certains sont installés tranquillement dans leur cabinet en ville, qui va les soupçonner ?
Eve-Maria est traumatisée à vie par la disparition de sa fille, elle a peut-être défilé sur la place de mai le jeudi avec les autres mères qui ont perdu un enfant ou un mari ? Est-ce qu'on peut faire le deuil d'un disparu : il n'y a pas de corps devant lequel se recueillir, donc l'espoir qu'il ne soit pas mort est là, tapi dans l'ombre, même s'il est ténu.
Elle boit pour tenir le coup et passe complètement à côté de la souffrance de son fils Esteban (on ne peut pas lutter contre une disparue qui au fil du temps devient de plus en plus parfaite car idéalisée alors que lui accumule les maladresses et les bêtises pour que sa mère s'intéresse enfin à lui).
Eve-Maria en écoutant les enregistrements comprend que Vittorio a aussi en thérapie des anciens membres de la dictature : Felipe par exemple qui a adopté un enfant (probablement un enfant enlevé à une opposante au régime) donc, sa confiance est ébranlée, comme peut-il être patient et attentif avec un ancien criminel comme il l'est avec elle qui est une victime.
On voit passer aussi Alicia qui n'est préoccupée que par une chose dans sa vie : l'apparition d'une nouvelle ride, sa peau qui flétrit, ses mains qui vieillissent et qui envie les femmes de la place de mai avec leur foulard blanc ridicule car elles au moins elles ont d'autres préoccupations !!!!
Un autre patient, Miguel, pianiste, ami de Vittorio vient raconter ce qu'il a vécu sous la torture et qu'il a mis des années à mettre en mots. Mais à une soirée, il a soudain reconnu une voix, celle d'un de ses bourreaux et tout est devenu clair dans sa tête…
On s'interroge aussi sur la personnalité de Lisandra ; on sait que c'est une jeune femme fragile, qui a un immense besoin d'être aimée, elle ne peut avoir confiance en elle qu'à travers le regard de l'autre. La culpabilité est présente aussi, chez elle. Qu'a-t-elle fait de si terrible pour ne pas mériter l'amour. On s'attache à elle car on sent qu'il y a un lourd secret qui se révélera à la fin du roman (fin qui est d'ailleurs extraordinaire). On l'imagine, aérienne, évoluant sur la piste, si belle et si fragile.
Un très bon roman, qu'on peut qualifier de « polar psychologique » où l'auteur a su aborder tous les thèmes de l'histoire de l'Argentine après la dictature, et les répercussions sur les personnages. La torture est omniprésente, les enfants enlevés à leurs parents et confiés aux dignitaires du régime, l'envie de vengeance aussi, et l'impossibilité du deuil, la fragilisation des protagonistes dans ce milieu où régnait la peur, la crainte d'être dénoncé. Et en parallèle tous les thèmes chers à la psychanalyse : culpabilité, souffrance, manque d'estime de soi…
Et même la danse, que Lisandra pratique avec un professeur, pas n'importe quelle danse bien sûr, le tango argentin avec ses accents dramatiques qui nous émeuvent en profondeur, qui parlent à notre âme comme peuvent le faire le fado ou le flamenco (tiens donc, ici aussi on lie musique et dictature). La danse dans laquelle elle oublie ses peurs et les transcende.
J'ai beaucoup aimé ce livre et Hélène GREMILLON est aussi une auteure que je vais suivre de près. En commençant par « le confident » que je n'ai pas encore lu.
Note : 8/10
pour en savoir plus cf. mon blog
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
Commenter  J’apprécie          503
Première rencontre avec l'auteur et rencontre plutôt heureuse. Pas le coup de foudre mais une réelle séduction, incontestablement.

Argentine, 1987 - Epoque post-dictatoriale - Une société fébrile, mal remise de ses souffrances - Un climat délétère où il est difficile de se fier à qui que ce soit, proches ou moins proches, justiciers d'aujourd'hui, bourreaux d'hier. Au coeur de ce contexte, Vittorio et Lisandra, un couple comme tant d'autres, encombré de ses valises de tendres souvenirs, d'illusions amères, de joies fortes et de déceptions qui ne le sont pas moins.

En ouvrant ce roman (que je n'ai pas choisi mais qui m'a été envoyé par l'éditeur), je ne m'attendais à rien de précis. D'Hélène Grémillon, j'ai déjà dit que je n'avais pas lu une ligne, et je nourrissais seulement le vague préjugé que cette jeune auteur n'était qu'une jeune auteur parmi tant d'autres jeunes auteurs à avoir lancé son nouveau roman dans les flots de la rentrée littéraire 2013 comme on jette une bouteille à la mer. Je venais donc à notre rendez-vous sans aucune idée pré-conçue mais la dernière qui me serait venue à l'esprit aurait bel et bien été celle d'un polar, typé social et psychologique. Or, il s'agit bien ici d'une enquête menée suite à un décès que l'on soupçonne d'être un assassinat. Qui plus est, ce récit semble basé sur une histoire vraie. Cette dernière information un peu racoleuse n'a pas pour autant nui à mon plaisir de lecture.

Les personnages sont peu nombreux. Je n'ai trouvé aucun d'eux particulièrement attachant mais tous sont poignants à leur manière. Ce constat qui porte en lui sa part de paradoxe ne m'a pas empêché d'apprécier la finesse de l'intrigue et c'est avec plaisir que je me suis laissée promener par l'auteur au gré de ses retournements de situation, de son suspense, de ses scènes intimistes ou encore de ces autres, plus crues voire cruelles.

Le roman se lit très vite, la plume est belle, sans lourdeur, sans vulgarité. L'auteur semble écrire comme on marche, déterminée, sans trop se regarder écrire, sans trop s'écouter parler, avec une volonté évidente de maintenir un rythme qui va crescendo pour éclater en sprint dans le dénouement qui laisse sur le flanc.

Un bon point supplémentaire pour l'auteur : le traitement psychologique des personnages. Même si l'auteur place un psychologue, Vittorio, au coeur de sa trame, elle ne se prend pas elle-même pour l'émule de Freud. Elle place avec adresse Vittorio au coeur d'une toile d'araignée savamment tissée et le relie par des fils de soie concentriques à tous les autres protagonistes du récit par une analyse psychologique fine, humble et cependant ciselée. Juste ce qu'il faut à mon goût pour maintenir l'intérêt du lecteur sans tomber dans une introspection dysentérique et/ou un intellectualisme pédant qui ont en général une furieuse tendance à me faire tomber les livres des mains.

Un roman que je recommande pour son contexte inhabituel et son intrigue coup-de-poing.

NB : Seul "avertissement" à donner à ceux qui choisiraient de lire ce roman sur le seul argument que son action se situe en Argentine, il ne s'agit ici que d'une couleur donnée par l'auteur à son récit mais, hormis quelques pages dédiées au régime de la junte, il n'est ici qu'assez peu question de l'Argentine ou de son système politique.
Commenter  J’apprécie          440
Roman inspiré d'une histoire vraie dont les événements se déroulent à Buenos Aires, en Argentine, pendant l'hiver, en août 1987. Vittorio est psychologue, il habite avec Lisandra au cinquième étage d'un immeuble à appartements. Un soir, revenant d'une soirée au cinéma, l'appartement est vide, la porte et la fenêtre sont ouvertes, les fauteuils renversés, pas de trace de Lisandra jusqu'à ce qu'il entende un cri à l'extérieur et, par la fenêtre ouverte, il aperçoit sa femme sur le sol, le corps disloqué, elle s'est défenestrée. Vittorio, immédiatement soupçonné, est emprisonné. Eva Maria, une de ses patientes, va mener une enquête poussée persuadée que la police a refermé le dossier. Eva Maria est devenue une patiente de Vittorio après que sa fille ait disparu comme beaucoup d'autres, que pleurent toujours les Mères de la Place-de-Mai.
L'écriture que j'ai beaucoup appréciée a contribué à ce que je lise le livre entièrement car, chose qui ne m'arrive jamais, cette lecture a perturbé mes nuits ; peut-être est-ce dû à l'ambiance et à la période tristement célèbre mentionnée dans La garçonnière, je l'ignore, habituellement même des romans de guerre ou assez durs ne m'ont jamais dérangée. Il n'empêche, je recommande sa lecture !
PS : j'avais moyennement apprécié le confident, j'estime, de façon très personnelle, que l'auteure a évolué très positivement.
Commenter  J’apprécie          473


critiques presse (3)
Bibliobs
25 novembre 2013
La force du roman d'Hélène Grémillon n'est pas seulement sa trame, mais aussi ses analyses psychologiques.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Lexpress
19 septembre 2013
Hélène Grémillon réussit un deuxième roman fascinant sur l'Argentine post-dictature. Entre polar et drame conjugal.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
17 septembre 2013
C'est à un grand mélodrame criminel que nous convie la jeune romancière, révélée en 2010 avec Le Confident.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (124) Voir plus Ajouter une citation
Les souvenirs sont libres. Il se jouent de nous. Ils s'amenuisent, ils se dilatent, ils se rétractent, ils nous évitent ou ils nous foudroient. Une fois engendrés par la vie, ils en deviennent les maîtres. Ce sont les petits soldats du temps avec lesquels il nous rend fous. Sans souvenirs, nous serions des hommes libres. La mémoire est une mauvaise fée du temps. Les souvenirs en sont les forces obscures. Aucun souvenir n'apporte la joie réelle, la sérénité. Regrets, remords, les souvenirs sont des tas de petites cloches discordantes qui vibrent en nous. Et plus la vie passe, et plus la petite musique des souvenirs dissonne. On croit être soi, mais on n'est rien d'autre que ses souvenirs.
(p. 333)
Commenter  J’apprécie          243
C'est la vie mystérieuse des souvenirs de se donner ou de se refuser. Les souvenirs sont libres.Ils se jouent de nous.Ils s'amenuisent, ils se dilatent, ils se rétractent, ils nous évitent ou ils nous foudroient.Une fois engendrés par la vie, ils en deviennent les maîtres.Ce sont des petits soldats du temps avec lesquels il nous rend fous. Sans souvenirs, nous serions des hommes libres.La mémoire est la mauvaise fée du temps.Les souvenirs en sont la forces obscures. Aucun souvenir n'apporte la joie réelle , la sérénité. Regrets, remords, les souvenirs sont un tas de petites cloches discordantes qui vibrent en nous.Et plus la vie passe, et plus la petite musique des souvenirs dissone. On croit être soi, mais on est rien d'autre que ses souvenirs.
Commenter  J’apprécie          120
Eva-Maria fait partie des usurpateurs de chagrin d’enterrements. Ceux qui ne pleurent pas la mort qui repose en face d’eux, mais la mort qu’elle leur rappelle, ou celle qu’elle leur fait craindre. Elle aurait tant aimé enterrer sa fille… le monde à l’envers. L’enterrement d’une morte c’est une chose, d’une tuée c’en est une autre. La douleur de ne pas savoir comment est morte celle qu’on enterre contrarie le deuil, et il ne faut jamais contrarier le deuil ou il ne se fera jamais. P 105
Commenter  J’apprécie          180
La somme de ces onze moins tient en moins d'une heure. On a beau dire, les mots réduisent tout, la parole a beau tenter d'être précise, elle ne pourra jamais rendre compte du dilatement du temps, son débit devrait varier comme un métronome pour respecter l'espace-temps d'une action. La seule chose de bien avec la parole, c'est qu'elle délivre la voix, pour le reste, elle n'est pas fiable.
Commenter  J’apprécie          220
Elle regarde la fenêtre. Elle regarde par terre. Ça doit être à peu près là qu'on a retrouvé le corps. Le trottoir est aussi lisse que si rien ne s'était passé. Il n'y a pas de sang. Rien. Les lieux ne gardent pas la trace des cadavres qui s'y trouvent un jour. Les lieux n'aiment pas les souvenirs. Pas le moindre petit choc sur l'asphalte. Pas la moindre petite déformation du béton. Un homme qui tombe ne fait jamais bouger la terre.
Commenter  J’apprécie          170

Videos de Hélène Grémillon (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hélène Grémillon
http://www.librairiedialogues.fr/ Extrait de l'émission Dialogues Littéraires où des lycéens de Brest ont fabriqué une boîte à questions pour trois écrivains : Maylis de Kerangal, Hélène Grémillon et Sorj Chalandon. Réalisation : Ronan Loup. Production : librairie Dialogues.
autres livres classés : argentineVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (1390) Voir plus



Quiz Voir plus

La garçonnière - Hélène Grémillon

Comment s'appelle le psychanalyste, pivot du récit ?

Marcello
Armando
Vittorio

8 questions
52 lecteurs ont répondu
Thème : La Garçonnière de Hélène GrémillonCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..