Comme les jours précédents, depuis que j'avais jeté l'ancre dans ces lieux, moi qui dormais habituellement d'un sommeil de lièvre, j'avais traversé la nuit dans un état comateux. Jamais je n'avais dormi de cette façon, sans un songe, sans aucune conscience de moi-même, comme si on m'avait exilé de mon corps, et sans aucune sensation de repos.
« Aussi paradoxal soit-il, il y a un sens à cette aventure. Ce n’est pas par hasard que tu as poussé la porte de cet antiquaire, ce soir-là, à Hambourg, ni un hasard qu’il ait disparu, comme si tout avait été mis là pour toi, comme si cette petite fille t’attendait, toi et nulle autre. Lisons les événements comme ils se sont produits, avec l’humilité de les recevoir tels qu’il nous sont donnés, sans chercher à les comprendre mieux » (p. 247)
Les notes de musique ne s'envolaient-elles pas, transformées en oiseaux?
Dans l'idéal, le penseur doit danser ce qu'il veut dire ou bien, peut-être le mettre en musique?
Qu’une fois le monde détruit, déserté par toute vie, ne resterait qu’un animal sauvage, le plus sauvage de touts mais aussi le pire – l’homme, qui a asservi, ruiné ou exterminé toutes les autres espèces ?
Mais n’avions-nous pas tout fait pour que cette révolution ait lieu ? pour que la nature se venge enfin de l’agression brutale que nous lui infligeons ?
J'avais contemplé avec effroi les images des montagnes de détritus, de continents de déchets dérivant sur l'océan, celles de tortues centenaires à l'estomac étouffé par les sacs en plastique.
Ce que j'aime dans la musique, c'est qu'elle raconte, note après note, une vie volontairement retranchée, vouée exclusivement à l'essentiel...
Il n'y a pas de musique sans exil de l'univers, sans confrontation du moi avec son néant et, peut-être, sans un adieu donné à tout dans l'accolement de la mort comme reine des métamorphoses.
A la lecture des horreurs commises par l'homme contre lui - même - mais qui le lui rappelle ?-, j'ai eu plus que jamais le désir de m'ensauvager de nouveau. De repartir, de me replier à Salem et d'y choisir mon camp de la façon la plus radicale.