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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La fille aînée de la grande auteure féministe Benoîte Groult nous dévoile les carnets irlandais intimes de sa mère.

Le mot « intime » doit être légèrement revu à mon sens, car je pense qu'une amoureuse des mots comme Benoîte G. ne pouvait que savoir, qu'espérer même, qu'ils seraient publiés un jour.

Entre détails de vie quotidienne en Irlande (météo horrible, pêche à pied et à bateau, menus, linges à laver, toilettes bouchées, maux divers et variés, invités reçus …) tout est consigné presqu'au jour le jour pendant plusieurs décennies, et rendu avec précision dans le joli style qu'on lui connaît.

Evidemment, c'est quelque peu dépaysant surtout que l'Irlande c'est loin et que l'amour de la pêche était pour l'auteure une DROGUE (à en faire des intolérances alimentaires ensuite).

Assurément, j'ai adoré retrouver le franc-parler et la sensibilité de Benoîte G. (plus pour décrire les nuages irlandais que pour parler de ses filles), mais Dieu qu'elle est dure avec les autres (les irlandais en prennent plein la figure, et c'est parfois à la limite du supportable) - moins que sur elle-même ! - vieillesse, critique acerbe sur ceux qui la visitent ou qu'elle croise, même sur son cher amant …

La Benoîte était rude et manquait vraiment d'empathie à mon sens. Ca m'a profondément gênée.

Même si on a bien compris que vieillir n'est facile pour personne, que la perte des plaisirs physiques quand on aime beaucoup pêcher, quand on a un amant qui vieillit, s'avère doublement douloureuse, le personnage qui se dessine dans ces carnets est étonnant.

Le féminisme si bien narré et explicité dans ses ouvrages prend là un coup : son mari épuisé, jaloux, repoussé physiquement lui en fait voir de toutes les couleurs, et, portée par une rage de vivre, Benoîte G. s'accroche et est (malgré tout) active sur tous les fronts.

C'est ça être femme ? J'ai dû louper quelque chose dans ses précédents ouvrages, ou bien, c'est peut-être plus facile à dire (à écrire) qu'à faire !
A méditer donc…

Cette lecture est donc surprenante en tous points, et nous révèle une auteure méconnue dans sa (parfois triste) réalité irlandaise. Je recommande. Evidemment !
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Blandine de Caunes souligne à juste titre dans sa préface que l'oeuvre de sa mère a commencé par la publication du célèbre Journal à quatre mains (rédigé avec Flora Groult) et qu'elle se clôt donc suivant la volonté de la défunte par l'édition de ces Carnets de pêche et d 'amour allant de 1977 à 2003.
Le sous-titre de ce journal indique bien les deux thèmes principaux de ce texte et la place prépondérante accordée à la passion pour la pêche , place qui, je dois l'avouer, a fini par me lasser.
Par contre, l'analyse ,parfois féroce ,des relations entre Paul Guimard, Benoîte Groult et l'amant de cette dernière surprendra un peu par son intensité. Certes, la situation était connue de tous les membres de la famille (et des lecteurs des Vaisseaux du coeur par exemple) mais l'écrivaine se montre sans complaisance envers son mari vieillissant qui ne supporte plus cette situation alors que, dans sa jeunesse il avait allègrement trompé son épouse.
On se sent parfois de trop dans cette lecture, même si la revendication par cette femme âgée du droit au plaisir est un acte qui s'inscrit logiquement dans la démarche de cette écrivaine féministe .
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L'ouvrage est sous-titré "Carnets de pêche et d'amour 1977-2003". Il est en effet écrit chaque année, de fin juillet à fin août, lorsque Benoîte et son mari Paul Guimard, se rendaient dans la maison qu'ils avaient fait construire à Bunavalla, dans le Kerry au sud ouest de l'Irlande, leur quatrième maison après celles de Paris, Hyères et Doëlan au sud de la Bretagne. Était-ce bien raisonnable ? Sans doute pas, mais la passion de la pêche et les rares éclaircies laissant apercevoir furtivement de saisissants et fabuleux paysages, semblent suffisants pour compenser un temps absolument exécrable, des températures hivernales et une humidité record dans ce pays de "la brumisation permanente".
« L'Irlande bascule vite dans la déréliction dès que la beauté du paysage ne fait pas tout oublier »

Ajoutez à cela les difficultés récurrentes liées à une maison abandonnée onze mois sur douze, alimentation en eau défectueuse, chasse d'eau en panne etc. Heureusement, si les Irlandais ont "des gueules insensées", ils sont très serviables.

Une raison supplémentaire à ces déplacements est l'amour passionné de Kurt, son amant américain qu'elle retrouve dès que Paul a laissé le champs (et le lit) libre. "Elle vit et fait le plein de vit" mais là aussi, les compromissions de l'amour sont nombreuses. Les rencontres sont torrides et font oublier le climat détestable mais pas que son amant n'a "aucun sens de la poésie, de la magie des mots, aucune fantaisie, aucun humour", et aucune culture. Lorsque la vieillesse amoindrit les performances physiques, le charme de Kurt ne réside plus que dans cet amour inconditionnel et total qu'il voue à Benoîte. « cela me ravage de le savoir si vieux, en tout cas si menacé à brève échéance par l'âge. Moi aussi, me direz-vous : mais d'abord, j'ai 10 ans de moins et bander c'est sans doute plus dur que de se la faire mettre en douceur ! »
« Pour moi les caresses, le cunnilingus, doivent culminer par la pénétration, et la suite. Comme un dîner se termine par le dessert ou l'alcool. le plat de résistance, c'est tout de même la mise en commun de ses organes. »

Ce journal est également une intéressante étude sur les insidieux effets de la vieillesse, ce puits sans fond, cette "désespérante glissade vers le néant".
« La vieillesse n'est jamais belle car un naufrage n'est jamais beau ». (François Mauriac) " Il faut vraiment être deux fois plus gaie, deux fois plus drôle, deux fois plus riche et deux fois plus généreuse pour ne pas basculer dans le camp des vieillards".
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Il y a beaucoup d'amertume et de désenchantement dans ce livre, mais c'est un complément indispensable aux "Vaisseaux du coeur", qui nous propose la face romanesque et idyllique de la même médaille.

Complément aussi aux autres livres de Benoîte Groult, pour nous rappeler que nous ne sommes pas toujours des anges. On n'est vraiment, vraiment pas dans "Belle du seigneur"... et c'est très bien comme ça.

Repenser à ce livre me prépare à aborder différemment le chemin de la vieillesse.

Point important si vous êtes une femme : la vision désabusée qu'on y trouve s'appliquait peut-être à la société d'il y a 40/50 ans, mais je crois sincèrement qu'il y a la place au XXIème siècle pour un vrai désir de et pour la femme de 60 ans et plus. The times they are a changin'.
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La fille de Benoîte Groult, Blandine de Caunes, a publié comme le souhaitait sa mère un journal que celle-ci a tenu pendant plus de vingt années à chaque séjour en Irlande. Ce pays dont son mari Paul Guimard et elle, étaient tombés amoureux. La pèche étant leur passion commune, le journal jour après jour nous raconte leurs prises, leurs kilos de lieus, de bouquets, de palourdes etc..
En même temps, chaque jour également nous vivons le temps d'Irlande : pluie, tempête, gros temps, températures très basses, froid, bruine mais rien ne les empêche d'adorer ce pays rude et difficile même aux mois d'aout, ou mai.
Puis au fil du temps l'auteure nous raconte les fissures du temps sur les âmes et le physique. Tout cela avec beaucoup d'humour mais sans complaisance, surtout pour elle.
Elle voit défiler les années et malgré l'ardeur et le plaisir qu'elle éprouve à venir dans cette maison, où il faut le dire également, elle rencontre et passe plusieurs jours à chaque visite avec son amant Kurt, pendant que Paul, son mari est pris par ses affaires. Tout cela avec beaucoup de tendresse, d'amour, et puis d'irritation devant les faiblesses physiques qu'engendre la vieillesse sur ses deux « hommes ».
Très beau parcours en Irlande avec Benoîte Groult qui sait décrire aussi bien la beauté de la mer et pester contre les aléas du temps au sens propre comme au figuré.


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Benoîte Groult et son mari Paul Guimard tombent amoureux de l'Irlande (comme je les comprends !) et y achètent une maison. Pendant vingt-trois ans, de 1977 à 2003, Benoîte Groult tiendra dans son journal intime la chronique de ces étés passés à Bunavalla dans le comté de Kerry.

De ses parties de pêches acharnées aux relations qu'elle entretient avec Paul, de sa passion pour son amant américain, Kurt, à son amour pour l'Irlande, ses paysages et sa météo, des visites des amis (Eric Tabarly, François Mitterrand, Elisabeth et Robert Badinter...) aux rapports qu'elle a avec ses trois filles, Benoîte Groult se livre sans far à travers ce journal auquel elle travaillait lorsque la maladie d'Alzheimer l'a rattrapée.

C'est sa fille, Blandine de Caunes qui a pris la relève pour donner le jour à ce témoignage inédit, à la fois drôle, bouleversant, plein d'intelligence et d'une profonde honnêteté.

Benoîte Groult ne cache rien, ou pas grand chose, de ce que lui inspire Paul ou plutôt de ce qu'il ne lui inspire plus, au contraire de Kurt dont l'amour la transcende et avec lequel elle peut repousser les limites de la vieillesse. Car ce qui ressort assez intensément de ce livre c'est la peur de vieillir et surtout de perdre ses capacités mentales et physiques. Des peurs que Benoîte Groult voient se matérialiser dans la maladie de Paul et sa lente déchéance. Cette vieillesse Benoîte Groult la redoute et se révolte contre elle. Elle ne cache pas d'ailleurs avoir effectué des liftings pour essayer d'atténuer les effets de l'âge même si elle sait le combat perdu d'avance.  

Benoîte Groult était aussi une femme libre, et c'est ce qui transparaît tout au long des pages. Une femme qui a un amant dont Paul connaît l'existence, une femme qui revendique son droit au plaisir et à la jouissance, une femme qui s'impose en tant qu'écrivain. Mais une femme qui a aussi souffert par amour. Ce sont toutes ces facettes qui sont mises en lumière dans ce livre à travers un humour et une clairvoyance infaillibles. Benoîte Groult ne mâche pas ses mots, n'est pas forcément tendre avec ses amis ou les hommes de sa vie. « En fait, Paul est mort une heure sur deux et un jour sur deux. Il s'exerce. » dit-elle de son mari. Et de Kurt, qu'il est un amant fabuleux mais pas très intelligent et que cela la repose intellectuellement. Cela ne la rend pas forcément très sympathique mais démontre une force de caractère qu'elle s'est forgée au fil du temps.

Ce livre est aussi passionnant à lire à l'aune de celui de Blandine de Caunes, La mère morte, qui prend en quelque sorte la suite de ce Journal en parlant de la maladie de Benoîte Groult jusqu'à sa mort. 
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