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Critique de Eve-Yeshe


Ce roman nous raconte l'histoire de Michel et de sa famille et s'étale d'octobre 1959 à 1964.

Il s'agit d'une famille dysfonctionnelle : la mère, bourgeoise de la famille Delaunay, a épousé un employé de la maison, immigré, d'origine italienne, au grand dam de ses parents. Ils se sont mariés au retour de la guerre, où le père a connu le stalag.

Un mariage un peu bancal ce qui n'est pas sans effets secondaires sur leurs trois enfants : Franck qui part en Algérie, Michel, notre héros et une petite soeur.

Il y a des heurts à propos de l'éducation des enfants, car la mère est psychorigide, alors que le père est plus compréhensif, sinon permissif.

Franck a des opinions bien arrêtées, communiste

Michel trouve un espace de liberté en jouant au babyfoot au Balto tenu par un couple d'Auvergnats et un copain de Franck, Pierre, devient son confident, lui fait découvrir le rock and roll, avec sa collection de disque fabuleuse, les livres.

Un jour, un rideau l'intrigue et il décide de jeter un oeil, pour voir ce qu'il se passe derrière, et il découvre des hommes jouant aux échecs.

« Mû par la curiosité, j'ai écarté le rideau. Une main malhabile avait inscrit sur la porte : « Club des Incorrigibles Optimistes ». le coeur battant j'ai avancé avec précaution. J'ai eu la plus grande surprise de ma vie. J'ai pénétré dans un club d'échecs. »

Ce sont des hommes qui ont dû s'exiler, sous le règne de Staline, sous l'emprise soviétique, du rideau de fer ; ils ont dû fuir leurs pays dans des conditions difficiles : URSS mais aussi Hongrie, Allemagne de l'Est, Grèce… . Ils sont désormais apatrides, ne parlent jamais de ce qui leur est arrivé, des raisons de leur exil à chacun et on devine qu'il y a eu de trahisons.

Ils ont des noms et des accents qui chantent, ils s'appellent Virgil, Igor, Pavel, Vladimir, Imré , Tibor ou encore Leonid…

Mais Michel croise aussi Sartre et Kessel que tout oppose mais qui prennent du plaisir dans leurs parties d'échecs.

J'avoue un petit faible pour Leonid qui pilotait fièrement son Tupolev et qui est passé à l'Ouest par amour!

J'ai dévoré ce roman, les personnages m'ont beaucoup plu, bouleversée, tant leurs personnalités sont bien trempées, cachant leur fragilité derrière leurs propos provocateurs, la souffrance de l'exil. Même la famille est attachante tant elle est écorchée, et la manière dont Michel évolue entre ce milieu familial rigide qui l'étouffe, où l'on se dispute, et ses rencontres avec les Incorrigibles ou avec Pierre (ou Cécile qui fait le pont entre eux) qui sont autant de bouffées d'oxygène est très intéressante.

L'écriture est fluide, pleine de grâce, de légèreté, alors que le sujet est loin de l'être et on se laisse emporter dans ce tourbillon. On ne voit pas passer les 730 pages, on aimerait que cela dure encore. C'est un rayon de soleil en ces temps tristounets…

J'ai découvert l'auteur avec « La valse des arbres et du ciel » qui m'a beaucoup plu et j'ai mis une option sur « La vie rêvée d'Ernesto G. »

Ce roman a reçu le Goncourt des lycéens en 2009 (je suis beaucoup plus souvent en accord avec le jury des lycéens, le Goncourt me laissant souvent perplexe) ainsi que le prix des lecteurs Notre Temps. Prix amplement mérités.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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