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4,14

sur 3565 notes
J'ai lu ce livre de 750 pages en 3 jours, sans l'ombre d'un ennui. Bien au contraire ! Jamais entendu parler de l'auteur, Jean-Michel Guenassia, avant cette rentrée littéraire ! Normal, c'est son premier roman et quel roman ?!

Michel Marini, le pivot de ce récit, va fréquenter le Club des incorrigibles optimistes d'octobre 1959 à juin 1964. Cela bouleversera sa vie.

En 1959, Michel est un petit parisien de 12 ans plus passionné par la lecture et le baby-foot que par ses études. Son temps libre, il le passe principalement au Balto, troquet tenu par d'authentiques Auvergnats à Denfert-Rocherau. Michel est un garçon curieux et si les parties de baby-foot ne souffrent pas d'amateurisme, cela ne l'empêche pas de prêter une oreille attentive aux discussions enflammées de ses ainés, jeunes gens fortement engagés politiquement, tels son frère, Franck et son ami Pierre qui partiront pour la guerre d'Algérie, déterminés à tout révolutionner, quitte pour cela à devancer l'appel. En attendant, de fortes amitiés se créent. Michel découvre le rock'n roll, les dissenssions politiques et littéraires et le Club des incorrigibles optimistes. C'est un club d'échec dans l'arrière-salle du Balto où parfois Sartre et Kessel se joignent aux autres membres. "C'étaient quasiment tous des gens des pays de l'Est. Des Hongrois, des Polonais, des Roumains, des Allemands de l'est, des Yougoslaves, des Tchécoslovaques, des Russes, pardon, des soviétiques reprenaient certains. Il y avait même un Chinois et un Grec." Tous avaient quitté leur famille et leur pays dans des "conditions dramatiques et rocambolesques". Mais de cela, ils n'en parlaient jamais et il faudra du temps à Michel pour rassembler les pièces du puzzle de leurs vies.

Ce roman est d'abord un roman sur la trahison. Tous les personnages (ou presque) ont trahi un proche ou leurs idées. En face, bien sûr, il y a le pardon. Mais la trahison est-elle pardonnable ? C'est la question que va vite se poser Michel. Mais ce n'est pas le seul souci du jeune homme qui découvre que vivre, c'est apprendre à perdre et que la psychologie humaine est particulièrement complexe. Heureusement pour lui, Michel a des antidotes à tous les maux : la littérature, la photographie et la cinémathèque de la rue d'Ulm. Et puis, il y a l'Amour...

Jusqu'en 1964, petits et grands événements ne laisseront aucun répit à ces destinées peu ordinaires, composant un livre si dense qu'il est difficile de le résumer.

Avec un rythme impeccable, une documentation sans failles, du rire, des larmes, cet ouvrage est captivant, on ne peut plus le lâcher une fois commencé... Sa construction est parfaite, très élaborée. Jean-Michel Guenassia écrit plusieurs romans dans un roman, plusuieurs histoires qui se dévorent sans qu'on se sente égaré.

Il y a aussi la question que l'on se pose forcément : Joseph Kessel et Jean-Paul Sartre fréquentaient-ils le même bistrot et aidaient-ils les réfugiés politiques ?

Je vous conseille fortement cette lecture qui laisse "échec et mat" et qui se lit comme on boit une vodka : d'un coup !

Bref, un livre formidable ! Il sonne si vrai qu'on en oublie parfois que c'est un roman.
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Je vois 285 critiques sur ce livre. Aïe aïe aïe! comment m'y prendre pour intéresser un ou deux lecteurs.. et pourtant, j'ai tellement aimé ce roman que je ne résiste pas au plaisir d'en parler!

Lorsque l'histoire débute, nous sommes encore à l'époque bénie où Montparnasse, Saint Germain, et "le boul'miche" se disputent la vedette. Il y a les bourges, et les communistes. Les bourges habitent les appartements haussmanniens, les femmes, souvent au foyer ont des permanentes gaufrées et leurs maris roulent en DS. Les classes populaires prennent l'autobus. Les chauffeurs de taxi sont souvent russes. France soir tire à plus d'un million d'exemplaires, les jeunes en blue-jean dansent le rock'n'roll dans les surboum. A chaque coin de rue un "bougnat" ouvre un café ou chacun peut jouer au baby foot. Michel Simon, Tino Rossi et Pierre Fresnay sont des vedettes incontestées. C'est aussi et surtout la guerre d'Algérie.
C'est dans cette ambiance tout-à-fait particulière que Jean-Michel Guenassia a choisi de planter le décor de son roman.

Le personnage principal Michel Marini a douze ans. C'est à lui qu'incombe la lourde tâche de nous raconter cette histoire qui m'a tenue en haleine pendant 750 pages.

Le petit Michel se débrouille vaille que vaille entre ses compos de math où il n'excelle pas vraiment, une mère autoritaire et ambitieuse issue d'un milieu choisi, et un père tendre et compréhensif, issu lui de la classe ouvrière et rital de surcroît. L'ambiance n'est pas facile à la maison et Michel se réfugie dans un café "Le Balto" où il rencontre des réfugiés russes, roumains, polonais et deux personnages célèbres: Jean-Paul Sartre et Joseph Kessel.


C'est dans l'arrière salle du Balto que vont se dérouler des parties d'échecs animées. C'est dans cette salle que vont se nouer des amitiés solides, des confidences de la plus haute importance, des intrigues et des combats.
C'est dans cette salle que Michel va s'initier aux échecs bien sûr mais pas seulement. Il va côtoyer un monde parfois absurde où le partage des idées et des biens est le seul remède à l'insoumission à la précarité et au déracinement. Michel s'appuie sur cette expérience riche et variée pour apprendre la vie.

Cette histoire, sans pathos, conserve un rythme incroyable. Nous sommes sans cesse "balancés" de l'histoire personnelle des Marini à L Histoire mondiale sans que cela nuise au récit. Les ponts sont établis et tous les événements se tiennent habilement ce qui permet de maintenir la structure romanesque. lorsque l'on adhère à cette histoire on se déconnecte de notre époque pour plonger dans une ambiance propre aux années soixante.

Les personnages deviennent rapidement familiers. Ils sont nombreux certes mais la structure de l'histoire permet de les assimiler sans peine.
J'ai personnellement fait un parallèle entre les parties d'échecs tranquilles mais néanmoins stratégiques et le pari sanglant de la guerre. Entre le roi qui est menacé de capture et le soldat qui se bat. Entre le déplacement des pièces du jeu et le déplacement des réfugiés qui sont parfois dans une situation délicate.
Echec et mat!




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Je referme ce compagnon de route de quelques semaines avec un léger parfum de nostalgie.
Ce livre mêle la petite histoire à la grande avec élégance et émotion.
Le Paris des années soixante, son café de la Place Denfert Rochereau, symbole du foisonnement intellectuel nous est dépeint à travers le regard d'un adolescent, Michel, qui s'ouvre à la vie et à la politique.
Je pense à "Une vie française" de Jean-Paul Dubois ou au film "Skylab"de Julie Delpy qui nous décrit de façon humoristique les vacances d'une famille française à la fin des années 70, et nous livrent avec grâce le doux témoignage d'un temps révolu: celui de l'enfance, la nôtre, celle de nos parents dont nous sommes si friands.
Le cercle des incorrigibles optimistes a le merveilleux pouvoir de réveiller l'enfant, l'adolescent qui sommeillent en chacun de nous.
Je rejoins donc le cercle très large de ceux qui ont été profondément touchés par ce beau roman.
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Ce roman est juste une pépite, une belle, une vraie.. une pépite qui fait que tu laches toutes tes lectures en court juste pour pouvoir te consacrer a celle-ci.

Et dire que ce roman aurait pu ne pas venir entre mes mains...récemment j'ai vu le titre passer sous mes yeux sur babelio. Et il ne m'en a pas fallu plus. J'ai lu dans le maître des livres de Umiharu Shinohara que c'était les livres qui nous choississaient et là avec ce roman je pense que c'est complètement vrai.

Un roman qui ne paye pas de mine : c'est l'histoire d'un ados Michel qui rencontre des gens de son âge, plus vieux, plus jeunes, venus d'autres horizons.. et toutes ses rencontres vont forger sa vie.
Mais ce qui fit la force de ce roman c'est la narration simple, prenante et réaliste. L'auteur arrive a laisser trainer certaines questions, ce qui te pousse a vouloir en savoir plus. Et si ce roman peut sembler léger au premier abord il est en fait d'une grande complexité. Les personnages le sont déjà complexes.. mais ne le sommes pas tous par notre passé, notre expérience ?

J'ai tout simplement dévoré les pages les unes après les autres (j'ai même ralé du changement d'heure.. non pas parce que je perdais une heure de sommeil, mais une heure de lecture) , j'ai eu des frissons , de la joie, de la haine, de l'incomprehension tout au long du récit de Michel... mais j'ai été passionnée par sa jeunnesse, ses rencontres. Et franchement j'aurais bien voulu m'asseoir une heure ou deux à une table du Balto pour le rencontrer ainsi que ses amis. Et c'est pour moi ce qui fait un très grand roman.
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Ce roman nous raconte l'histoire de Michel et de sa famille et s'étale d'octobre 1959 à 1964.

Il s'agit d'une famille dysfonctionnelle : la mère, bourgeoise de la famille Delaunay, a épousé un employé de la maison, immigré, d'origine italienne, au grand dam de ses parents. Ils se sont mariés au retour de la guerre, où le père a connu le stalag.

Un mariage un peu bancal ce qui n'est pas sans effets secondaires sur leurs trois enfants : Franck qui part en Algérie, Michel, notre héros et une petite soeur.

Il y a des heurts à propos de l'éducation des enfants, car la mère est psychorigide, alors que le père est plus compréhensif, sinon permissif.

Franck a des opinions bien arrêtées, communiste

Michel trouve un espace de liberté en jouant au babyfoot au Balto tenu par un couple d'Auvergnats et un copain de Franck, Pierre, devient son confident, lui fait découvrir le rock and roll, avec sa collection de disque fabuleuse, les livres.

Un jour, un rideau l'intrigue et il décide de jeter un oeil, pour voir ce qu'il se passe derrière, et il découvre des hommes jouant aux échecs.

« Mû par la curiosité, j'ai écarté le rideau. Une main malhabile avait inscrit sur la porte : « Club des Incorrigibles Optimistes ». le coeur battant j'ai avancé avec précaution. J'ai eu la plus grande surprise de ma vie. J'ai pénétré dans un club d'échecs. »

Ce sont des hommes qui ont dû s'exiler, sous le règne de Staline, sous l'emprise soviétique, du rideau de fer ; ils ont dû fuir leurs pays dans des conditions difficiles : URSS mais aussi Hongrie, Allemagne de l'Est, Grèce… . Ils sont désormais apatrides, ne parlent jamais de ce qui leur est arrivé, des raisons de leur exil à chacun et on devine qu'il y a eu de trahisons.

Ils ont des noms et des accents qui chantent, ils s'appellent Virgil, Igor, Pavel, Vladimir, Imré , Tibor ou encore Leonid…

Mais Michel croise aussi Sartre et Kessel que tout oppose mais qui prennent du plaisir dans leurs parties d'échecs.

J'avoue un petit faible pour Leonid qui pilotait fièrement son Tupolev et qui est passé à l'Ouest par amour!

J'ai dévoré ce roman, les personnages m'ont beaucoup plu, bouleversée, tant leurs personnalités sont bien trempées, cachant leur fragilité derrière leurs propos provocateurs, la souffrance de l'exil. Même la famille est attachante tant elle est écorchée, et la manière dont Michel évolue entre ce milieu familial rigide qui l'étouffe, où l'on se dispute, et ses rencontres avec les Incorrigibles ou avec Pierre (ou Cécile qui fait le pont entre eux) qui sont autant de bouffées d'oxygène est très intéressante.

L'écriture est fluide, pleine de grâce, de légèreté, alors que le sujet est loin de l'être et on se laisse emporter dans ce tourbillon. On ne voit pas passer les 730 pages, on aimerait que cela dure encore. C'est un rayon de soleil en ces temps tristounets…

J'ai découvert l'auteur avec « La valse des arbres et du ciel » qui m'a beaucoup plu et j'ai mis une option sur « La vie rêvée d'Ernesto G. »

Ce roman a reçu le Goncourt des lycéens en 2009 (je suis beaucoup plus souvent en accord avec le jury des lycéens, le Goncourt me laissant souvent perplexe) ainsi que le prix des lecteurs Notre Temps. Prix amplement mérités.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Ce livre est extraordinaire ! Il ne ressemble à rien de ce que j'ai pu lire depuis des lustres et, pourtant, je suis très éclectique dans mes choix. J'en ai dévoré les 756 pages que, vu mon temporaire manque de concentration, j'appréhendais un peu. Je les ai dévorées avec jubilation de la première à la dernière.

De fait, me voilà bien embêtée pour en faire la critique car, comme le dit si bien l'homme de ma vie : "C'est vrai que tu es toujours plus en verve dans le registre de la teigneuse...".

Le contexte de ce livre a résonné en moi de manière toute particulière vu qu'il m'a renvoyée à ma propre adolescence parisienne des années 50/60 dans le milieu ouvrier. Et, pour citer Jean-Michel Guenassia : "Quand on naissait ouvrier, on était communiste ; quand on naissait bourge, on était de droite. Surtout pas de mélange."
Heureusement, il y a eu la lecture pour nous éclairer et faire évoluer nos esprits. Et, en ce sens, ce livre est un petit chef-d'oeuvre du genre. Brillantissime !
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St-Germain, Paris, 1959. Un de mes rêves aurait été de vivre à cette époque de bouillonnement intellectuel. Voir Camus, Sartre et cie, dans un café, en train d'échanger à une table près de la mienne. Je les vois et je les entends. Je pourrais tendre la main et les toucher. Peut-être oserais-je même leur parler. Ce serait un peu surréaliste. J'aurais probablement plus de chances avec quelques uns de leurs amis, certainement moins populaire mais qui gravitent dans le même cercle. Je me plais à penser que c'est l'avenue que Jean-Michel Guenassia a choisie.

À travers le destin de Michel Marini, un garçon de douze, c'est un peu ce qui nous arrive. L'univers de ce garçon porte surtout sur le rock-and-rock, la photographie, le baby-foot et d'autres trucs des gamins de son âge. Il est un peu affecté par la guerre d'Algérie (la famille de sa mère y vit toujours). Mais à par ça… Puis, un jour, il entre dans ce bistrot. le Balto. C'est que, dans l'arrière-boutique, on joue aux échecs. Et pas n'importe qui, non. Kessel et Sartre y ont même été vus. C'est un monde nouveau qui s'ouvre à Michel : il rencontre un groupe de personnes uniques en leur genre : des intellectuels réfugiés du Rideau de fer. Ils forment le club des incorrigibles optimistes.

Denfert-Rocheleau, Paris, 1959. L'existentialisme est encore omniprésent. On n'est pas au quartier Saint-Germain mais tout comme. Donc, au Balto, il règne un peu de cette ambiance que je n'ai pas connue mais qui m'attire. C'est un de ces cafés où l'on parle « de la guerre, de Paris, de musique, de Dostoïevski, des échecs et de mille autres choses. » Mais, en prime, on a droit aux expériences de réfugiés… les Russes Igor Markish, Leonid Krivochéine, Victor Anatolievitch Volodine, Igor Emilievitch, le Polonais Tomasz Zagielovski (Polonais), l'Allemand Werner Toller (probablement un nazi qui se cache), les Hongrois Tibor Balasz et Imré Faludy (un acteur désabusé et son agent, assurément homosexuels), le professeur de latin et de grec ancien Gregorios Petroulas (ironiquement, ce communiste convaincu a dû fuir la Grèce et a retrouvé à Paris des hommes qui ont fui des régimes communistes). Puis il y a les autres, comme Vladimir, Virgil, Pavel… impossible de tous les nommer.

Le Balto peut sembler un repère intéressant, mais tout n'est pas rose pour ces émigrants. Ces intellectuels et scientifiques, une fois le Rideau de fer traversé, n'ont pas trouvé des positions aussi enviables que celles qu'ils ont abandonnées. Ils sont contraints à occuper des petits boulots, à devenir conducteur de taxi ou autre. Ils déchantent vite. le club des incorrigibles optimistes est donc leur histoire à chacun. Et le fil conducteur ? Michel Marini. C'est lui qui fait le lien entre toutes ces anecdotes, tous ces souvenirs. Tous ces destins ! D'ailleurs, on les lui raconte et il doit essayer d'en constituer un tout. Parce que, après tout, c'est toujours un peu la même histoire, mais déclinée de façon différente selon les personnages. Et, à passer tout ce temps avec ses nouveaux amis, il en oublie un peu les devoirs, sa famille qui éclate, Cécile… Il était tellement crédible, ce garçon, j'y ai cru.

J'adore les pavés, parce qu'ils permettent de s'immerser dans un univers pendant une longue période. Ça me permet de connaître intimement les personnages, j'ai l'impression de partager leur vie, leurs joies et leurs angoisses, et vivre (par extension) leurs aventures. C'est précieux. J'ai passé un moment agréable en leur compagnie, d'autant plus que la plume de Jean-Michel Guenassia était précise et touchante, empreinte d'humour et de tendresse. Pas de fiorutures, de style trop recherché, et la rigueur historique ne pèse pas. En fait, tout est mesuré, parfait. Chaque fois que je devais déposer le livre, suspendre ma lecture, c'était un supplice. J'ai découvert un auteur remarquable et j'ai hâte de lire d'autres de ses romans.
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Le Club des incorrigibles optimistes nous offre une plongée jubilatoire dans le Paris populaire des années 1960, et décrypte la vie sociale et politique française par les yeux de Michel Marini, jeune garçon de 12 ans amateur de rock et expert en baby-foot : ce sont ses 2 passions qui permettront à Michel de rencontrer les membres du club des incorrigibles optimistes dans son bistrot préféré de Denfert-Rochereau, le Balto. Au fil de 750 pages à l'écriture fluide, on découvre donc avec Michel que Sartre et Kessel jouaient aux échecs dans l'arrière salle avec d'étranges immigrés : Tchèques, Hongrois, Russes, Grecs, Allemands de l'Est, Roumains ou Polonais, ce sont des réfugiés politiques qui ont choisi l'exil et franchi le rideau de fer pour une existence précaire. Certains ont un passé héroïque, d'autres ont un passé plus obscur, tous sont victimes de la guerre froide, de la terreur policière et du stalinisme. Pendant ce temps, la famille et les parents de Michel sont en plein conflit (le clan très conservateur de sa mère, les Delaunay , éreinte la famille paternelle d'origine italienne, les Marini) la France s'échauffe sur la question algérienne en ignorant ce qui se passe chez Staline, les jeunes s'engagent et le parti communiste fait recette dans un Paris magnifiquement suggéré entre la place Monge, la Contrescarpe et le boulevard Raspail.
Un roman foisonnant donc, que j'ai dévoré tambour battant sans une once de lassitude car l'auteur, avec beaucoup d'habileté entremêle l'histoire mondiale des années soixante et la vie familiale petite-bourgeoise de la famille Marini sans jamais donner l'impression de faire un cours d'histoire.
Un superbe roman d'apprentissage aussi dans lequel un adolescent s'initiera à la marche du monde et à ses tragédies.
Un bonheur de lecture !
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Paris, 1980, la foule encombre les alentours du cimetière Montparnasse ou l'on y enterre un écrivain. Dans le marasme, Michel Marini, le vague à l'âme, les souvenirs remontent. Cet écrivain il l'a connu, dans un autre temps, une autre vie. Se détachant de la foule, un homme, lui est bien vivant, il n'est autre que Pavel Cibulka. Quinze ans qu'ils ne se sont pas vus, l'émotion de se retrouver leur fait remonter la passé à la surface. Pour Michel commence le récit d'une tranche de sa vie : l'adolescence.

1959, Michel Marini a douze ans. Photographe amateur, accroc à la lecture et pro du baby-foot, il passe ses fins d'après-midi au Balto, bistrot auvergnat situé sur l'avenue Denfert-Rochereau. Intrigué par des hommes qui rentrent et sortent d'une salle à l'arrière du bougnat, curieux de savoir qui ils sont, il va infiltrer en douceur "Le club des incorrigibles optimistes". Au fur et à mesure, il fera la connaissance de Wermer, Igor, Leonid, Tomasz, Imré, Tibor, Sasha et d'autres... Tous immigrés d'Europe de l'Est, ils ont quitté leurs pays, leurs carrières, leurs familles et leurs convictions pour sauver leurs vies. Ils ne sont plus rien, des apatrides qui se retrouvent tout les jours dans cette arrière-salle pour jouer aux échecs. Intégrer ce club changera à jamais la vie du petit Michel, il y croisera même Kessel et Sartre.

Sur un fond de musique rock et de guerre d'Algérie, Michel apprendra, jusqu'en 1964, la loi de la jungle dans la triste école de la vie. Il fera face à la trahison et connaîtra le chagrin, il subira des coups durs mais comme le lui diront Igor et Sasha "Tu est vivant, ne te plains pas, pour toi tout est possible". Car oui, tout est possible, même dans les heures les plus noires.Ces leçons feront peut être de lui, un incorrigible optimiste...

Je viens de le refermer et là je me dis : Waouh!
J'étais tombée amoureuse de la plume de Jean-Michel Guenassia avec "La Vie rêvée d'Ernesto G." et cette lecture du Club des incorrigibles optimistes ne fait que renforcer mon adoration. Ce livre n'est pas seulement un roman, c'est une fresque vivante, une période d'adolescence qui ne se lit pas, qui se vit. Sans conteste l'auteur nous entraîne dans son histoire grâce à son merveilleux talent de conteur. Je n'ai pas vu défiler les pages, je l'ai lu avec parcimonie car je sais qu'il va falloir s'armer de patience pour lire le prochain et c'est avec une touche d'égoisme que j'ai fait traîner, une fois de plus, j'aurai désiré garder ces personnages rien que pour moi, en savoir encore et encore. L'on s'attache très vite aux protagonistes, leur histoire est touchante et on ne peut s'empêcher de les aimer, de plus, on a l'opportunité de déambuler dans le Paris de l'ancien temps, celui de l'insouciance malgré les épreuves, ou les emmerdes portent l'auréole et projettent un halo lumineux autour d'elles. C'est une vraie joie de déambuler entre ces destins qui s'entrecroisent pour le pire comme le meilleur.
Bref, un vrai coup de foudre littéraire. A lire!
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Le Club des incorrigibles optimistes c'est la réunion de réfugiés politiques, d'Europe de l'est principalement, dans l'arrière salle du Balto, un café de Denfert. Des hommes soutenus par Kessel et Sartre, qui parlent haut et fort de leurs désillusions et ne sont pas abattus même s'ils ont tous quitté leur pays pour sauver leur peau, laissant derrière eux femmes et enfants. C'est ce que va découvrir et marquer pour longtemps, Michel Marini, un jeune garçon passionné de photographie, de littérature et de rock'n roll.

Jean-Michel Guenassia a réussi un formidable roman sur l'adolescence, ses espoirs, ses toquades et ses apprentissages. Un roman qui est également celui de la génération de l'après-guerre, celle qui a connu l'arrivée des réfugiés politiques, le conflit algérien, l'engagement des intellectuels, mais aussi le rock'n roll, d'une France où chacun, pour son plus grand plaisir, retrouve un peu de son histoire ou de celle de ses parents.
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