En hommage aux sacrifiés.
Trois août - (mfrance)
Ils sont partis
La fleur au fusil
Nous serons rentrés
A la fin de l'été
Qu'ils disaient les pioupious
du mois d'août !
Mais nul n'avait envisagé
Les généraux dégénérés
Les empereurs décérébrés
Les dirigeants incompétents
Du sort des soldats indifférents
Les commandants impétueux
Poussant leurs bataillons sous le feu
Des canons semeurs de mort
Des baïonnettes fendant les corps
Des tanks pourvoyeurs de désolation
D'horreur et misère à foison
Jeunes garçons bruns ou blonds
Pour la sale mort, juste bons
Ils sont tombés par milliers,
par dizaines de milliers,
par centaines de milliers
Pleure, Marie, pleure
ton Jules se meurt
Prie, Gretchen, prie
ton Frantz est parti
Là-bas, dans les tranchées
Tous les hommes vont crever
Dans la boue et dans la nuit
Éternelle de la barbarie
Dans le sang et les sanies
Dans les entrailles des agonisants
Parmi les yeux clos des gisants
Au milieu des barbelés,
Dans la plaine éventrée,
Où jamais plus les blés ne pousseront
Où, il n'y aura plus ni ris, ni chansons !
Comme aujourd'hui, comme aujourd'hui
Partout sur terre, au Congo, au Mali,
En Irak et en Syrie
Afghanistan et Libye
En Palestine et Israël
Au Soudan et au Sahel ...
Et ailleurs, ailleurs,
Partout, où l'homme est assez fou
Pour mépriser la vie, qui pourtant est tout
Vraiment tout et le seul bien qu'il possède.
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Paroles de poilus - Librio - Chronique que j'ai publiée le 14 novembre 2018 et qui a disparu en même temps que cet ouvrage estampillé Librio - Et qui est rigoureusement le même que celui-ci.
Je me permets donc de la remettre ici.
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Voilà, les célébrations du centenaire de la fin de la der des der sont enterrées, mais pour autant n'oublions pas ces poilus, ceux qui ont déversé leur sang sur les champs de bataille, ceux qui ont étiolé leur jeunesse dans les tranchées, ceux qui sont morts pour la France ou la folie de leurs chefs et ceux qui s'en sont sortis plus ou moins indemnes ....
Et écoutons-les .... Ce recueil vous y aidera !
Ces paroles de poilus retranscrivent sur les quatre années qu'a duré la grande boucherie les espoirs, les angoisses, les peurs, les cris d'amour, les recommandations de ces hommes isolés de leur famille.
En lettres humbles, pathétiques, émouvantes, va t'en-guerre, parfois drôles, souvent sinistres ou désenchantées, vous entendrez les cris, les plaintes et la souffrance....
Auprès de ces jeunes gens qui se confient à leurs familles, vous vivrez l'ennui des corvées, la répétition des routines imposées, l'oubli trouvé dans le pinard et les parties de cartes ....
Vous ramperez avec eux dans les tranchées, vous subirez le feu de l'ennemi ...
Mais vous ne pourrez pas comprendre, faute d'avoir vécu ces horreurs.
Vous pourrez simplement faire entendre leur voix et la centaine de témoignages ici répertoriés permettra de perpétuer le souvenir de ces hommes.
Lisez-en quelques-uns de temps à autre afin de ne pas oublier.
Sur huit millions de jeunes gens mobilisés entre 1914 et 1918, plus de deux millions disparurent et plus de quatre millions furent gravement blessés. Quant aux autres ? comment retrouver une existence dite normale après avoir vécu l'innommable ?
"Pitié pour nos soldats qui sont morts ! Pitié pour nous vivants qui étions auprès d'eux, pour nous qui nous battrons demain, nous qui mourrons, nous qui souffrirons dans nos chairs mutilées ! Pitié pour nous, forçats de guerre qui n'avions pas voulu cela, pour nous tous qui étions des hommes et qui désespérons de jamais le redevenir".
Maurice Genevoix - La boue.