Le casse, Tome 2 : Le Troisième Jour

C'est mon 2ème casse. Celui-ci est un peu particulier dans la mesure où il ne s'agit pas de braquer un coffre-fort mais plutôt le tombeau du Christ au fameux troisième jour. J'ai trouvé l'idée un peu présomptueuse car loin du concept qu'on pouvait attendre.

Par ailleurs, cela agacera certainement les croyants notamment avec un portrait de Marie-Madeleine peu reluisant. Bref, on joue presque sur le thème de l'offense à la religion. Or, de nos jours, il vaut mieux se méfier des conséquences quand on joue avec le feu ...

Pour autant, cette interprétation a quand même quelque chose d'intéressant car plausible dans l'absolu. Sans doute, le thème aura été mal exploité car il fallait naviguer en eaux troubles. Pour autant, la lecture m'a paru agréable avec des dialogues de qualité. C'est ce que je retiendrai.

Les variations autour de la vie et de la mort de Jésus sont nombreuses. Pour ce qui est de ce qui s'est passé après sa mort, beaucoup d'auteurs ont proposé différentes pistes autour de la disparition de son corps. Henri Meunier et Richard Guérineau nous propose avec cette bande dessinée une version qui met au centre Marie-Madeleine et Jacques, identifiés respectivement en tant que femme et frère de Jésus (hypothèse tout à fait plausible au regard de l'étude historique des textes, comme la série documentaire Corpus Christi l'a entre autre bien expliqué). Les motivations de ces deux personnages, l'amour pour l'une, ne pas forcément aller à l'encontre des désir de dieu pour l'autre, les amènent à vouloir sauver Jésus en jouant sur la possibilité de le ranimer après sa crucifixion (après l'avoir fait tomber dans une sorte de coma artificiel avec l'aide d'un centurion). Évidemment, comme dans tout bonne histoire de "casse", rien ne va pas se passer comme prévu. Les ressorts narratifs sont plutôt efficaces. Il y a aussi un vrai soin apporté aux dialogues, notamment ceux sur le bien fondé de cette tentative de sauvetage au regard de la volonté de Dieu, ou sur les différentes interprétations possibles des écritures ou du message de Jésus (l'échange entre le centurion et Judas à ce propos est vraiment bien mené, tout en montrant les potentialités de manipulation possible à l'aide de la rhétorique) . le dessin est agréable et la mise en couleur est réussie pour tous les passages de nuit. Une lecture agréable, qui laisse en plus le lecteur libre dans son interprétation finale.

Les casses ont toujours donné matière à histoires, que ce soit au cinéma ou en littérature. Au cinéma, le braquage est un sous-genre en soi où le pire côtoie le meilleur : Mélodie en sous-sol, Ascenseur pour l'échafaud, Mission impossible etc.
Et maintenant en BD. Les éditions Delcourt créent une série de six one-shot, chacun centré autour d'un braquage.
Si je n'ai pas été enthousiasmé, c'est peu de le dire, par les autres ouvrages, le troisième jour tranche singulièrement dans la série.

L'histoire : Jérusalem, jeudi 6 avril de l'an 30, fin d'après midi. Un homme est mené par le peuple juif pour qu'il soit jugé par le représentant De César, Ponce Pilate. Selon la délégation des juifs, cet homme est coupable d'avoir voulu se faire le fils de Dieu, il doit être condamné à mort et Barabas, criminel emprisonné, doit être relâché. Ponce Pilate, ne trouve aucune raison de le condamner, mais face à la volonté du peuple assemblé, il se déclare "innocent du sang de cet homme". C'est ainsi que l'homme leur est livré...
Dans la foule, une femme est effondrée, la femme de l'homme, Marie-Madeleine. Mais il n'est pas dit qu'elle laissera faire. Avec l'aide de Jacques, le frère de son époux, elle va tenter de le libérer. Elle se vengera de Judas, l'illuminé qui entend des voix, persuadé d'avoir fait ce que Jésus lui demandait ; elle corrompra Longinus le soldat chargé de l'exécution et mettra à exécution un plan sans faille. Sauf que Judas capture Longinus pour se sauver et se libérer de la culpabilité. Et cela met tout le plan de Marie-Madeleine par terre. Il va falloir improviser...

L'idée de raconter les derniers jours de la vie de Jésus en suivant Marie-Madeleine est tout simplement géniale. Jésus est celui dont on parle, le centre de la vie de Marie-Madeleine, mais on ne voit jamais sa figure, il est le complément d'objet de ce livre, jamais le sujet. Meunier et Guérineau créent (?!) un personnage roué, séducteur, opiniâtre et déterminée coûte que coûte à sauver son homme. En ce sens, elle n'est pas sans rappeler la figure d'Antigone.
Formellement, le dessin est assez réussi tant dans la représentation des personnages (Marie-Madeleine en particulier) que dans l'articulation centrale de l'ouvrage dans la représentation du chemin de croix.
La résolution de l'histoire prendra un tour inattendu qui donne un sens tout particulier à l'épisode de la résurrection.
Un album surprenant avec un traitement original d'un sujet rebattu. Une bonne surprise !
Lien : http://leslecturesdecyril.bl..

J'ai apprécié cette BD basée sur un fait historique : la résurrection de Jésus. Pas facile pour l'auteur de se lancer dans ce défi. En plus, il s'est vraiment limité à la résurrection, le troisième jour : Chapeau !
Bien sûr, l'auteur transforme l'histoire mais cela peut entrainer une réflexion intéressante car… si Jésus est vraiment ressuscité, cela change la vie.

Dans l'évangile de Matthieu chapitre 28 versets 11à 15, les grands prêtres donnent aux soldats une grosse somme d'argent en leur ordonnant de dire que ce sont ses disciples qui sont venus dérober le corps de Jésus pendant la nuit.
La BD semble aller dans ce sens mais laisse une porte ouverte.
Mais s'il n'y a de résurrection, il n'y a plus d'espérance
Pour moi, Christ est ressuscité et c'est la base de ma foi et de mon espérance.
Bel album !

"Le casse", c'est une série-concept, genre "Sept", composée de one-shots indépendants, proposés par des auteurs différents et ayant comme sujet commun, le montage d'un casse d'envergure. Après un très bon premier tome signé Christophe Bec et Dylan Teague, ce sont Henri Meunier et Richard Guerineau qui s'attaquent à ce deuxième casse.

En ne proposant pas un véritable casse, mais une revisite de la crucifixion de Jésus de Nazareth, les deux auteurs proposent une approche pour le moins inattendue de ce concept, mais finalement très réussie. Se basant sur un récit et un contexte historique connus de tous, Henri Meunier et Richard Guerineau manipulent l'Histoire au profit d'un récit subtil et finalement aussi drôle que prenant. Transformer le Christ en magot, Marie-Madeleine en chef de gang et Jacques le Juste en complice est déjà assez amusant et osé, mais les auteurs ne s'arrêtent pas en si bon chemin et vont même jusqu'à montrer une Marie-Madeleine légèrement dénudée, proposant un plan à trois à deux gardes romains à l'intelligence digne de ceux d'"Asterix". Désopilant !

Au niveau du graphisme, le style réaliste de Richard Guerineau, rehaussé par les couleurs de Delf, est parfaitement adapté au récit et contribue à restituer l'ambiance antique de l'époque.

Un très bon deuxième tome !