AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le Protocole compassionnel (22)

La plupart des malades, à leur dernière extrémité, entreprennent comme ça un voyage, le plus loin possible, que leurs médecins leur déconseillent formellement vu leur état, qu'ils font quand même, pour pouvoir ensuite reprocher à leurs médecins de ne pas les avoir empêchés de partir.
Commenter  J’apprécie          150
La situation est catastrophique aux États-Unis, et que c'est pour cela que les happenings de l'association Act-Up ont un sens là-bas, alors que ce sont des clowneries en France : pour être correctement soigné en Amérique, prétend Stéphane, il faut être un pédé blanc, bon teint et friqué. Pas toxico, parce qu'ils mélangent les produits avec des substances qui brouillent les expérimentations. Pas noir, parce qu'ils sont pauvres et donc mal nourris et amaigris, versatiles, danseurs de rap tête en l'air, et qu'ils viennent aux rendez-vous une fois sur deux.
Commenter  J’apprécie          131
Il était grand temps de changer cet aspirateur mais je n'avais pas eu le temps de le faire, et la femme de ménage savoyarde et alcoolique que m'avait recommandée Jules devait arriver pour la première fois, et que faire d'une femme de ménage sans aspirateur, m'étais-je demandé. Je m'étais donc décidé à déjeuner tôt pour aller chercher l'aspirateur à la cave et pouvoir accueillir à l'heure fixée la fameuse Marie-Madeleine qui, entre parenthèses, quand elle lut dans "La Vie Catholique" l'article par lequel elle apprit que j'avais le sida, me rendit bel et bien, malgré ses airs dissimulés de poivrote à qui l'on était en train d'extraire l'intégralité du cerveau par petites ponctions sous le prétexte de lui cureter les oreilles, son tablier, me disant, après avoir refusé de laver les verres où j'avais bu : "C'est pas pour moi que ça me gène, c'est pour mon mari."
Commenter  J’apprécie          110
Ma mère m'a pleurniché dans l'oreille ce matin, je l'ai rabrouée. Elle devait sentir ma mort venir, elle a craqué. Non, mes chers parents, vous ne récupérerez ni mon corps malade, ni mon cadavre, ni mon fric. Je ne viendrai pas mourir dans vos bras comme vous l'espérez en disant : "Papa – Maman – je vous aime." Je vous aime certainement, mais vous m'énervez. Je veux crever tranquille, sans votre hystérie et sans la mienne, celle que vous déclenchez en moi. Vous apprendrez ma mort dans un journal.
Commenter  J’apprécie          100
A l'occasion d'analyses faites en urgence le vendredi 25 mai à la suite d'une intoxication alimentaire, on découvrit que je n'avais plus que 1700 globules blancs. Le docteur Chandi me dit : "Avec un taux aussi bas de leucocytes, vous pourriez mourir à cause d'une sardine pourrie [...]"
Commenter  J’apprécie          101
Turner a peint La Mort sur un cheval pâle, je repensais cette nuit à cette image, elle me revenait très précisément dans son galop, dans sa folie, j'étais moi-même ce corps renversé sur sa monture, avec ses lambeaux de chair qui s'accrochent à l'os et qu'on aurait envie de ruginer une bonne fois pour toutes pour la nettoyer, ce cadavre vivant ployé sur cette furie qui fonce dans la nuit, au pelage si chaud et odorant, brinquebalé par sa cavalcade, un squelette ligoté à la trombe du cheval, fendant l'orage, le bouillonnement du volcan, avec une main énorme qui débouche dans le tableau, un battoir de viande projeté en avant par le mouvement, et qui déséquilibre l'image. Le spectre, sur sa nudité de squelette, porte un diadème.
Commenter  J’apprécie          90
Le crapaud mange des mouches et des petits insectes qu’il lape rapidement pour les mâcher ensuite pendant des heures dans la poche de son goitre. Le faucon pioche le crapaud. L’homme mange des animaux, des agneaux, des cochons de lait, des entrailles, des cervelles, des reins et des rognons blancs, des coeurs, des poulpes, de batraciens frits, des organismes palpitants, des huîtres crues. Le sida, microscopique et virulent, mange l’homme, ce géant.
Commenter  J’apprécie          80
A moi aussi il m'arrivait d'oublier complètement que j'étais malade, et si un ami prononçait ce mot à ce sujet, je le trouvais abusif, et j'en étais presque choqué, alors que je n'oubliais pas que des journaux, à la suite d' « Apostrophes », avaient parlé de moi comme d'un mourant, un journaliste du Canard Enchaîné avait écrit à mon sujet : "ce mourant". On me disait mourant quand je me sentais bien, et quand je me sentais à l'article de la mort on me disait : « Vous ne trouvez pas que vous exagérez un tout petit peu ? »
Commenter  J’apprécie          60
"Forcément, ton livre à du succès, les gens aiment le malheur des autres."

page 105
Commenter  J’apprécie          30
Je suis dans une zone de menace ou je voudrais plutôt me donner l'illusion de la survie et de la vie éternelle. oui il me faut bien l'avouer et je crois que c'est le sort commun de tous les grands malades, même si c'est pitoyable et ridicule, après avoir tant rêvé à la mort, j'ai horriblement envie de vivre . ( p 191)
Commenter  J’apprécie          30






    Lecteurs (499) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

    Françoise Sagan : "Le miroir ***"

    brisé
    fendu
    égaré
    perdu

    20 questions
    3667 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

    {* *}