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Citations sur Le Protocole compassionnel (22)

description soin massage en début de livre
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Mon père voulait que je fasse médecine. J'ai l'impression, à travers cette maladie, d'apprendre la médecine et de l'exercer à la fois. Dans la littérature, ce sont les récits médicaux, ceux où la maladie entre en jeu, que j'aime par-dessus tout : les nouvelles de Tchekhov où il est question de son art de médecin et de ses relations avec certains de ses patients, qui lui permettent de raconter de curieuses destinées; Les Récits d'un jeune médecin de Boulgakov...
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Je portais cette veste en lin vert amande pâle déjà froissée, avec son boutonnage façon ivoire, que j'avais achetée quelques jours plus tôt chez "Comme des garçons", Jean-Marc, le vendeur adorable, s'étant discrètement éclipsé, au moment de l'essayage, pour ne pas surprendre ma maigreur ni la difficulté de mes mouvements, craintif en même temps de me laisser seul face à ce grand miroir terrible, un tee-shirt déboutonné dessous la veste qui ne cachait presque rien de mon décharnement, et, face à la jeune fille de l'autobus, les mains vides, je les avais posées à plat sur mes cuisses. C'était avant le vendredi 13 juillet et j'allais certainement au plus mal, mais j'étais serein, je souriais très légèrement. Je me levai pour descendre à la station en bas de la rue de l'Odéon, la jeune fille se leva à son tour, et saisit la barre, où je me tenais aussi, symétrique à moi alors que l'autobus freinait, hésitait encore visiblement, puis se jeta à l'eau. Avec un fin sourire plein de grâce et de discrétion, elle me dit : "Vous me faites penser à un écrivain très connu..." Je répondis : "Très connu, je ne sais pas..." Elle : "Je ne me suis pas trompée. Je voulais juste vous dire que je vous trouve très beau." A ce moment nous descendions ensemble de l'autobus et, sans un mot de plus, et sans se retourner, elle disparut sur la droite, et moi je partis vers la gauche, bouleversé, reconnaissant, ému aux larmes. Oui, il fallait trouver de la beauté aux malades, aux mourants.
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Une nuit, à quatre heures du matin, Jules entra chez moi avec sa clef et déposa au pied de mon lit, où endormi je pris à peine conscience de sa présence, un sac en plastique bourré à ras bord de sachets de DDI, ce nouveau médicament dont j'attendais en vain la délivrance depuis un mois et demi, à bout de forces physiques et morales, ayant dû arrêter l'AZT que je ne tolérais plus hématologiquement et qui n'avait jamais eu sur moi l'effet escompté, perdant chaque jour un geste que j'étais encore capable de produire la veille, souffrant à lever le bras pour me coiffer, éteindre le plafonnier de la salle de bains, mettre ou enlever la manche d'un habit, ne pouvant plus courir depuis déjà longtemps pour attraper un autobus, ça devenait une hantise de monter la marche en m'agrippant à la barre puis de me relever du siège pour descendre à la station, impossible d'ouvrir la vitre d'un taxi et la portière en grand sinon par un coup de pied pour y monter ou en descendre (un chauffeur s'était exclamé : "Une femme encore je comprendrais, mais alors vous!"), puis douloureux de m'en extraire, plus assez de force dans les doigts pour ouvrir ou fermer ma porte à double tour, déboucher une bouteille de champagne, décapsuler un Coca-Cola, faire passer l'air par pression sous un couvercle pour qu'il cède, j'étais désormais incapable de faire aucun de ces gestes sinon au prix de gesticulations et d'efforts grimaçants, un corps de vieillard avait pris possession de mon corps d'homme de trente-cinq ans... (...)
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Cette confrontation tous les matins avec ma nudité dans la glace était une expérience fondamentale, chaque jour renouvelée, je ne peux pas dire que sa perspective m'aidait à m'extraire de mon lit.
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Je me laissais mourir et ce n'était pas le moment.
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Je cavalai comme le cheval éventré, à l’abattoir, continue de galoper dans le vide, suspendu à son treuil, la tête en bas, et se dévidant de son sang.
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Les autres lettres disaient : "Vous allez mourir, ça c'est sûr, mais c'est formidable, parce qu'il y a une logique extraordinaire dans cette mort par rapport aux livres que vous avez écrits. N'oubliez pas, au moment de mourir, que je continuerai toujours à faire connaître vos livres autour de moi, et que ça fera une grande vague pleine de répercussions."

page 179
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...et maintenant le soir qui descend lentement, le silence et la paix, l'attente du dîner qui sera frugal et bon, le sommeil qui sera tranquille et profond, le roucoulement des geckos qui font des bruits de Caracas dans les soupentes, comme deux billes au bout de fils qui s'entrechoquent, et la meute des chiens du vieux fou là-bas dans la vallée, affamés, qui hurlent à la mort tous les soirs à la même heure. Je suis heureux.

page 126
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"Mais tu le sais tout de même, non, que tu es méchant ? Méchant comme un enfant. Tu connais quand même tes livres, n'est-ce pas ? "
Mais moi je ne pense pas que mes livres sont méchants. Je sens bien qu'ils sont traversés, entre autre choses, par la vérité et le mensonge, la trahison, par ce thème de la méchanceté, mais je ne dirais pas qu'ils sont méchants au fond. Je ne vois pas de bonne oeuvre qui soit méchante. Le fameux principe de délicatesse de Sade. J'ai l'impression d'avoir fait une oeuvre barbare et délicate.

page 112/113
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