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sur 128 notes
C'est désormais sous le nom de soeur Marie Lucie que Lucie se fait appeler. Elle vient d'entrer dans les ordres... Et pas dans la plus légère des congrégations : lors de ses voeux, elle accepte la pauvreté, le silence et l'obéissance. Et il lui en faudra du courage pour accepter toutes les humiliations, l'abandon de soi, la rupture avec une vie qui n'était pas si triste et solitaire, la dureté d'une mère supérieure machiavélique... du courage ou de la foi ? Car là est le coeur de ce roman : jusqu'où peut on aller pour l'amour de Dieu ?
Maëlle Guillaud réussit avec ce premier roman à nous envoûter. Elle dépeint avec justesse ce monde clos des congrégations religieuses, soumet son personnage à tous les questionnements sur la foi et l'amour du Tout Puissant en nous laissant spectateur d'une vie difficile et sans appui. Un roman fort et très bien écrit !
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POUR L'AMOUR DE ZEUS...

Qu'est-ce que la foi ? Qu'est-ce que la "vocation" ? Comment vivre enfermée vingt-quatre heures sur vingt-quatre entourée de ses semblables, auxquelles l'on ne peut parler autrement que pour, éventuellement, donner des ordres ou les recevoir, attribuer des missions, des tâches à accomplir ? Pourquoi imposer de véritables souffrances, à soi-même, à son corps, à son esprit mais peut-être plus encore, à ses proches, dont on décide de se détourner en toute connaissance de cause, comme s'ils avaient appartenu à une autre vie, à un autre soi-même aujourd'hui disparu ? Qu'est-ce qui fait tenir, même lorsqu'on prend peu à peu conscience des mensonges, des hypocrisies, peut-être même que tout cela n'est que supercherie, tromperie ?

C'est en quelque sorte à toutes ces questions que ce court premier roman de Maëlle Guillaud intitulé "Lucie ou la vocation" tâche de répondre ou, plus exactement, d'apporter des éléments de réflexion à travers le destin atypique d'une jeune femme d'aujourd'hui, Lucie (de «lux», la lumière. A noter que Lucifer a la même origine étymologique), étudiante dans l'un des hypokhâgnes les plus courues de la place de Paris mais qui semble de moins en moins y trouver son compte : «un tourment de chaque instant» nous précise la narratrice, et «elle hait la prépa» où tout n'est que compétition, course à l'échalote, «humiliations quotidiennes, moyennes négatives, manque de sommeil.»
Heureusement, il y cette amie, Mathilde, au parcours peu traditionnel, qui dit avoir connu la rue et qui affirme avoir entendu l'appel de la foi. Il y a aussi Juliette, l'amie de jeunesse, qu'elle voit moins depuis cette année, par manque de temps, mais qui est une fidèle.
Sans que le lecteur y soit le moindrement préparé, pas plus que cette Juliette, que sa mère ou sa grand-mère, Lucie décide assez brusquement de se retirer du monde, d'entrer dans un couvent - précisons que c'est au sein d'un ordre de type strictement contemplatif, même s'il n'est jamais précisément cité, presque totalement en retrait du monde, donc. Certains aspects de cette histoire n'auraient pu advenir au sein d'une congrégation de missionnaires - afin d'épouser son Seigneur.
Elle y rencontrera quelques soeurs, en particulier la révérende mère, soeur Marie-Thérèse, au pouvoir et à l'aura aussi magnétique qu'elle peut être d'une sévérité, d'une dureté, d'un manque absolu d'empathie totalement ahurissant. Sous son nouveau nom de Marie-Lucie, elle sera rejointe quelque temps après les débuts de son noviciat par son ancienne amie Mathilde, devenue Blanche-Marie. Celle-ci feindra de ne pas la reconnaître et appliquera à son égard le même silence absolu que la règle impose à toutes à l'encontre de chacune. On suivra donc l'évolution, lente et souvent douloureuse, de cette vie recluse, quasi carcérale (exception faite que le choix d'y entrer appartient à celles qui s'y trouvent), supposément toute tournée vers la foi - supposément car, en dehors des nombreux signes extérieurs de religion, on y trouve peu de témoignage, de moments vrais où la narratrice explique, approche de ce que peut être cette foi. La vision de celle-ci reste toute de surface et presque strictement liturgique -. On comprendra assez rapidement que, des trois voeux prononcés par toute nouvelle entrante, pauvreté, chasteté, obéissance, le plus important et surtout le plus difficile à suivre est le dernier. On y découvrira toutes les vexations, petites ou grandes, supportées "pour l'amour de son époux" (lire "Dieu") au fil d'une dizaine d'année en retrait quasi total du monde (une seule sortie : une visite médicale. Et encore, accompagnée). Obligation de manger des rations énormes d'une pâtée pas toujours ragoutante - parce que leur corps ne leur appartient plus, ne doit plus être rien - ; de prendre ces petites pilules quotidiennes, obtenues par mensonge en quelques minutes auprès d'un médecin naïf, et qui semblent être quelque anxiolytique léger ; de courber sans cesse l'échine devant les ordres, les humiliations, cette vie de misère - après tout n'ont-elles pas fait voeu de pauvreté et, plus encore, d'obéissance ? - qui est leur quotidien sans aucune rémission, les petites et grandes hypocrisies, aussi. de même que le constat que la trahison est tout aussi bien de ces murs que de ce monde extérieur craint et honni. de la soif de pouvoir, pourquoi pas, lorsque les soeurs apprennent que leur chère révérende mère, autocrate révérée, est parvenue au terme de son troisième mandat qu'elle ne peut renouveler.
Malgré les doutes, malgré les tentatives répétées de l'amie d'enfance, cette fidèle parmi les fidèles, dont l'athéisme irréconciliable se veut faire contrepoint à la foi aveugle de Marie-Lucie, malgré le désespoir tangible de sa mère, la jeune femme tiendra.
Un événement toutefois remettra en question cet engagement, événement aussi spectaculaire qu'inattendu, presque digne d'un roman policier, mais qui demeurera finalement confiné entre très peu de personnes : Marie-Lucie, la nouvelle mère supérieure son ancienne amie Blanche-Marie, la précédente et un jésuite, le père Simon, ancien ami du père défunt de Lucie, de plus en plus présent au fur et à mesure du roman. En quelque sorte, le lecteur sera le seul autre véritable témoin de cette tempête dans un verre d'eau (bénite), la communauté demeurant telle qu'elle est et a toujours été - un supposé, mais fallacieux, havre de paix, de sérénité et de prière - dans le giron protecteur de la Sainte Mère l'Eglise. Amen.

Premier roman, donc. Et l'on serait tenté d'être convenablement bienveillant avec un texte en apparence plutôt bien goupillé. Mais c'est un peu là que le bât blesse. L'ensemble fait, en définitive, très "fabriqué". Il y a d'abord ce style, qui peut plaire, qui peut d'ailleurs avoir son efficacité lorsqu'il ne devient pas la règle, toutes ces enfilades de phrases blanches, sujet-verbe-complément, censées nous faire partager la sidération, la profondeur, les doutes, les craintes, les rêves, les enjeux (etc) du vécu et, parfois, des pensées profondes de cette jeune femme finissant tout de même par perdre de leur efficacité. L'utilisation quasi-systématique de cette rhétorique fini par ennuyer, par lasser.
Il y a aussi cette impression, au fil du roman, que les personnages semblent avoir été fixés dès nos premiers pas en leur compagnie, dans leurs manières d'être, dans leurs pensées, leurs certitudes - malgré des doutes chroniques peu efficaces en terme de réelle évolution intérieure - tandis que dix années se déroulent sous nos yeux.
Il y a enfin ce sentiment modérément agréable que, plus que de remettre en cause l'idée de dieu, de foi, de croyance, c'est avec l'institution catholique - dont il n'est pas question ici de prendre la défense - qu'il s'agit d'en découdre, et qui est le fruit d'une colère - personnelle ? - , insidieuse et très rentrée, de la jeune autrice. On le comprend d'ailleurs presque dès les premières pages. On le saisit en particulier à la lecture de ces moments de décalage narratifs, qui reviendront régulièrement, que sont les confessions - nommons-les ainsi - parfois presque enfantines dans leur tonalité, de la fidèle amie Juliette qui ne comprend pas l'engagement de Lucie, qui refuse de le comprendre, professant un athéisme sans grand contenu, moderne, facile, manichéen, revendicatif et même légèrement vindicatif, du moins lorsqu'il s'agit de l'appliquer à ce qui la touche de près. En parallèle, la foi humble, sincère et apaisée de Lucie en parait d'autant moins obnubilée par différence de point de vue qu'elle à à l'égard de son ancienne amie, Lucie souffrant en réalité bien plus de l'absence de lâcher prise de ses proches et de leur refus obtus d'admettre son choix de vie que de leurs antagonismes spirituels.

De ce texte, on ressort mal à son aise. Non de ce qu'on suppose déjà : qu'à l'instar de toutes les autres institutions humaines, un couvent n'échappe pas à la règle, connaissant son lot d'hypocrisie, de compromission, de violence, d'enjeu de pouvoir. Que l'Eglise est un sacré bazar, et que les dogmes sont de véritables étouffoirs. Mais l'on ne sent ici qu'un traitement du fait religieux glissant à la surface des choses, nous présentant des personnages assez monolithiques, évoluant psychologiquement très peu (sans même mettre trop l'accent sur l'inouïe naïveté et la maturité plus adolescente qu'adulte des deux amies, chacune à leur manière). Aucun véritable enjeu théologique ni métaphysique, aucune réflexion réellement profonde sur ce que peut être l'idée de divinité, de foi ou de ce qui peut amener à penser que tout ceci ne sont que pures inventions humaines. On en restera donc à une sorte d'anticléricalisme mou, épidermique, facile et incomplet face aux enjeux actuels que ces engagements jusqu'au-boutistes peuvent revêtir d'extrémisme, d'exacerbation, d'explosion de violence (contre soi ou contre autrui) dans d'autres cas de retour à une forme supposée pure de religiosité, de dogme, de spiritualité dont le jésuite de l'histoire nous rappelle d'ailleurs qu'elle est une vision toute rhétorique, intellectuelle et tellement éloignée de la vie vers quoi elle est censée se porter. Un premier roman qui ne manque cependant pas d'intérêt mais qui souffre d'une certaine forme d'incomplétude ainsi que de quelques coupables penchants. C'est imparfait : c'est humain...

[NB : ouvrage lu dans le cadre de la participation à une sélection pour un prix de lecteurs.]
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En voilà un que j'ai accueilli avec une petite grimace et refermé quelques heures plus tard, tout étonnée de la façon dont il m'a embarquée et gardée jusqu'à la fin. La grimace c'était bien sûr pour le thème, la religion, un sujet qui est loin de me passionner, bien au contraire. Je ne peux qu'être admirative du tour de force réussi par Maëlle Guillaud de me faire aimer ce livre.

Il faut dire qu'elle s'y prend bien. En proposant un traitement équilibré des différents points de vue, en évitant tout jugement de valeur mais en apportant un éclairage sans concession sur la réalité de la vie des recluses, en n'oubliant pas que ceux qui entrent en religion sont avant tout des humains non dénués de faiblesses.

La jeune Lucie choisit donc un beau matin d'épouser Dieu et d'entrer dans les ordres ; elle abandonne ses études en prépa à Normale Sup, son amie Juliette et toute sa courte vie antérieure qui ressemblait à celle de n'importe quelle jeune fille plutôt jolie et intelligente. Est-elle influencée par son amie Mathilde qui choisit la même voie ? Est-elle fragilisée par le décès accidentel de son père adoré ? Cherche-t-elle à fuir les difficultés rencontrées dans ses études ? Toutes ces questions, Juliette, sa meilleure amie s'en fait le porte-voix, elle qui ne comprend ni la religion, ni la foi, ni le choix de Lucie... Athée et sceptique, le personnage de Juliette contribue à l'adhésion du lecteur qui se trouve, comme moi, dans le même état d'esprit.

Très vite, Lucie fait l'expérience de la dureté de l'enfermement, de l'ambiance mortifère qui règne dans l'enceinte, de la terreur que fait régner la mère supérieure. Une ambiance de femmes avec son lot de jalousies, de mesquineries, de contraintes et d'humiliations. Lucie plie mais ne rompt pas. Même lorsqu'elle met à jour de curieuses pratiques et en vient à douter du bien-fondé de son choix. S'engage alors un violent rapport de forces dont l'extérieur n'a absolument aucune idée, Lucie ne laissant rien paraître, pas même lors de ses rares entrevues avec Juliette.

L'auteure parvient à créer régulièrement la surprise, quitte à emprunter (avec succès) au polar. Que savons-nous de la réalité d'un couvent ? de ce qui se passe derrière ses lourdes portes ? En quoi serait-ce différent d'un autre lieu de travail ? Les notions de pouvoir, d'ambition, d'appât du gain sont les mêmes que dans une entreprise classique... Les manoeuvres et autres stratégies de conquêtes également. Des notions qui peuvent même être accentuées par le contexte d'enfermement. La violence des rapports en est décuplée.

Ce roman est celui de l'ambiguïté. Des sentiments de Lucie, du comportement des institutions religieuses, des perceptions du lecteur face à l'idée qu'il se fait de la religion. C'est bien d'avoir osé un tel sujet, surtout au 21ème siècle où le problème de la vocation est moins évident qu'à l'époque où l'on entrait de façon presque automatique au couvent dans certaines circonstances. C'est bien aussi de le tenir jusqu'au bout. Et de continuer à surprendre jusqu'à la fin.

Un premier roman qui ne choisit pas la facilité, une auteure qui mène bien sa barque et que l'on suivra avec intérêt dans les années à venir.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Un beau roman assez singulier par son thème, l'entrée dans les ordres d'une jeune fille, et son atmosphère comme celle du couvent, feutrée mais aussi froide et impitoyable.
Le texte alterne entre le récit de la vie quotidienne de Lucie, devenue soeur Marie-Lucie, et celui de son amie Juliette, qui ne comprend pas le choix de Lucie et espère un retour à la vraie vie de son amie.
C'est une histoire vraiment intéressante sur un thème plutôt rare, sans concession avec l'Eglise mais j'ai trouvé le tout finalement assez juste et distancié.
Le rythme est assez lent, ponctué d'extraits de prières et de textes religieux, mais sans lourdeur, et l'écriture est assez fine et élégante.
Un beau premier roman, une jolie découverte...
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"Il ne faut pas vous en faire, au Carmel, ce sont les trente premières années qui sont les plus difficiles." Alain Cavalier (Thérèse). 

Voilà le décor est planté......

Lucie, étudiante en khâgne, rend visite depuis plusieurs mois à une communauté de religieuses avec Mathilde, une amie de promotion. La jeune fille pleine de doutes sur son avenir, ses capacités et les enjeux entre étudiants, rêve de grandeur, d'amour absolu, de passion. 

Elle fait le choix de se consacrer à cet idéal, le Christ (mais le choix de la religion catholique est-il délibéré de la part de l'auteure ?), son Modèle, son Amour, elle qui a tant souffert de l'absence de son père décédé dans l'ascension d'une montagne, sa passion à lui, dont elle garde très peu de souvenirs à part le vide qu'il a laissé.

Mais Lucie devenue Marie-Lucie au sein de la congrégation va se voir confronter à un monde clos bien loin de ce qu'elle imaginait..... Tâches ingrates, répétitives sans intérêt autre que l'humiliation, l'oubli de soi, jusqu'à son apparence. Elle va aller de désillusions à ambition, de souffrance à envie de liberté. Mais Lucie est une soumise, elle ne se révolte pas, elle accepte, comme un long chemin de croix toutes ces déconvenues pour aboutir, pense-t-elle au Graal de l'Amour Suprême.

Sur 10 ans nous la suivons sur cette lente intégration, semée d'embûches et elle devra au final faire à nouveau un choix : écoutera-t-elle la raison, la passion ou son coeur ?

Fais donc ce dont tu as profondément envie ! La vie est courte, elle ne doit pas être une punition.(p200)
J'ai tout de suite été attirée par ce livre pour débuter ma participation au Prix Meilleur Roman Points 2018 et je suis en fin de compte assez déçue par ma lecture. Il s'agit en fin de compte d'une sorte de polar religion/manipulation psychologique. 

Bien sûr il y est question de la vie communautaire religieuse mais sous un aspect presque sectaire où les intérêts ne sont pas religieux même s'ils en sont le prétexte mais j'espérais un récit sur l'entrée en religion d'une jeune femme, son parcours, ses désillusions certes mais aussi ses joies, son isolement, son intégration ou non au sein de la communauté.

Le récit se fait à deux voix : Lucie mais aussi Juliette, son amie d'enfance qui n'accepte pas la perte de son amie, son éloignement et ne comprend pas ses choix. Elle fera son possible pour, non seulement, restée proche d'elle et ne pas rompre le lien qui les unit mais aussi lui ouvrir les yeux.

Les relations entre les différents personnages, essentiellement féminins : Mathilde, Soeur Marie-Thérèse, Juliette, Lucie, sa mère et sa grand-mère, ainsi que le père Simon, éminence grise, manipulateur, comptant sur la foi des ouailles mais aussi sur leurs côtés plus sombres : ambition, rancoeur, jalousie, pouvoir, pour déplacer ses pions.

Je n'ai pas été convaincue par les ressorts de l'histoire. Lucie rentre dans les ordres par amour du Seigneur mais surtout par l'attrait de la sérénité des lieux où elle se rend régulièrement en observatrice. Elle cherche un refuge, une douceur, une sécurité qui la protègent de la dureté de ses études et de la compétition mais aussi peut-être pour y trouver une image paternelle qui lui manque, un guide....

Le basculement dans une sorte de thriller psycho-manipulation sectaire ne m'a ni convaincue, bien que possible, ni émue, ni passionnée. Etait-il nécessaire d'en arriver là alors que le début du récit sur sa vocation, ses doutes sur ses choix, sur le regard de ses proches, son engagement paraissait intéressant et original car peu traité à mon avis, la suite et fin se révélant décevantes, cousues de fil blanc et dignes d'une série B, fort convenue dans le genre et je n'ai eu qu'une envie c'est d'en sortir.

Les deux voix, celle de Lucie pénétrée de l'amour qu'elle ressent et celle de Juliette, qui tout au contraire ne voit que la perte d'identité de son amie et son renoncement auraient mérité une meilleure exploitation  avec un effet de miroir dans les attentes, les doutes, les questionnements d'une novice face à son amie qui est son opposée. Une partie de roman est intéressante mais pourquoi l'avoir fait basculer dans une manipulation aussi grossière, qui n'apporte rien et à laquelle on n'adhère que difficilement.

Se lit facilement, écriture agréable, fluide. les chapitres courts, alternant les deux amies, mais on referme le livre en se demandant quel était le but de l'auteure ? Assimiler la religion à une manipulation psychologique à des fins crapuleuses....... Oui mais alors de manière plus subtile, insidieuse. On ne comprend pas qu'une étudiante brillante accepte toutes ces brimades, ces comprimés, ces étouffements alimentaires et psychiques sans révolte.

Un premier roman, pour moi peu convaincant, ayant choisi un final un peu en queue de poisson, comme si elle avait eu l'idée du sujet mais pas la façon d'en venir à bout


Lien : http://mumudanslebocage.word..
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Il en va de certains romans comme pour certaines spécialités culinaires : on n'est pas trop sûr de vouloir essayer tout en se disant que l'on passe peut-être à côté de quelque chose de délicieux. Je dois à la sélection proposée par les «68 premières fois» la découverte ce premier roman étonnant à bien des égards et qu'il ne me serait jamais venu à l'idée d'acheter. L'histoire d'une jeune fille qui choisit de consacrer sa vie à Dieu en entrant dans les ordres n'est à priori pas fait pour m‘enthousiasmer outre-mesure.
Mais si le premier roman de Maëlle Guillaud mérite le détour, c'est qu'il est bien plus que cela. Au fil des pages la quête spirituelle va se transformer en enquête, l'amour de Dieu en une réflexion sur la «vraie» vie de cette communauté. Disons-le tout net, le livre est de plus en plus passionnant au fil des pages.
Quand Lucie décide d'abandonner ses études supérieures pour «se marier avec Dieu», c'est l'incompréhension qui domine. L'incompréhension de sa famille, sa mère qui imaginait un tout autre avenir pour sa fille, sa grand-mère qui va la perdre à tout jamais, l'incompréhension pour son amie Juliette, qui va tenter à plusieurs reprises de lui faire changer d'avis : « Je dois la convaincre que la vraie vie est ailleurs. Dans les baisers, l'amour, la maternité, tous ces instants qui embellissent nos nuits et nous portent vers autre chose qu'une cellule austère et un époux qu'elle ne pourra jamais toucher. » L'incompréhension du lecteur aussi qui partage les interrogations de ses proches. Comment peut-on s'orienter vers un tel choix sans éprouver le moindre doute ? N'y-a-t-il pas quelque chose de l'ordre de l'emprise sectaire dans l'attitude des religieuses et du père Simon, un jésuite qui lui explique combien son engagement est merveilleux, qui explique à Julie que «le monde qui s'ouvre à toi est d'une beauté dont tu n'as pas idée», qui la pousse à tous les sacrifices.
La jeune fille ne fera pas marche arrière : « Je me souviens, maman. Je t'ai vue tellement souffrir. Je refuse de commettre la même erreur. J'ai choisi la solitude. Je refuse de dépendre de quelqu'un. de me perdre dans le désir, dans tout ce qu'il a d'imprévisible, de sauvage. »
Les premières semaines, les premiers mois de celle qui deviendra Soeur Marie-Lucie vont bien se passer. Elle s'engage totalement dans cette nouvelle vie, n'a de cesse d'apprendre, de tout partager pour l'amour de Dieu. Elle va jusqu'à trouver Juliette puérile dans son combat pour la faire changer d'avis. Les années passent et petit à petit un malaise s'installe. Car plus on s'élève dans la hiérarchie, plus on en apprend sur les principes de gestion d'une telle communauté, sur le caractère des mères supérieures et sur les petits secrets des unes et des autres. Et il y a là bien de quoi ébranler les certitudes. Comment posséder quelque chose quand on a fait voeu de pauvreté ? Pourquoi faut-il tout noter, quelles remarques peuvent faire des religieuses qui sont censées ne pas parler ? Quelle confiance accorder à une personne qui vous ment ostensiblement ?
Vient alors pour Soeur Marie-Lucie l'heure de la remise en cause et pour nous, pauvres lecteurs, le basculement du roman d'une vocation vers un thriller au suspense haletant.
Laissons le voile du mystère se lever et saluons la jolie performance de Maëlle Guillaud !
Lien : https://collectiondelivres.w..
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Voilà un roman bien surprenant. le thème est original: une jeune fille choisit de devenir religieuse.
J'avais un petit peur de ce que j'allais y trouver.
Au final une lecture rapide, à plusieurs voix, et on n'est ni dans la religion à outrance ni dans Diderot et ses dénonciations extrêmes. Un rappel que les religieuses ne sont pas des saintes et que vivre dans une atmosphère féminine ne doit pas être simple tous les jours.
Intéressant.
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En refermant ce texte, j'ai du mal à retrouver mes idées et de vous en parler de façon objective. En effet dans ce texte, on appréciera le texte court et concis qui met en valeur deux aspects très intéressants et différents du monde religieux. D'une part la volonté d'une femme à devenir religieuse et de l'autre l'incompréhension des personnes extérieurs. Mais il me semble que le texte soulève plusieurs problèmes sans pour autant nous donner les débuts de solution. Revenons plus en profondeur dans ce texte.

Dans ce livre on va suivre le parcours de Lucie, une jeune femme qui décide de vouer sa vie au seigneur et donc de devenir religieuse. Pour ma part ce texte relève de l'interrogation. J'ai beaucoup de mal à concevoir comment dans notre société actuelle on peut encore se tourner vers cette voie. A mon plus grand malheur, on ne me donnera que des brèves réponses peu concluantes. A travers Lucie, c'est toute la communauté religieuse qui est décortiquée. Malgré le texte concis, on appréciera cette critique dans un monde que l'on pourrait enjoliver, mais qui n'est que normal, avec ses failles et ses faiblesses. Ici on critique ce monde où la Foix n'est plus le seul moteur de ces religieuses : argent, pouvoir, reconnaissance et j'en passe.

L'auteure tente également de nous présenter un autre aspect de cette vie : l'incompréhension de la famille et des amies. Pour cette partie, je trouve ici encore que le roman aurait bien plus pousser sa réflexion. On ne fait que survoler cette réalité qui me semble omniprésente pour les familles et amies qui voient un être cher partir dans ces congrégations religieuses. Là où les portes sont fermées, le monde extérieur ne peut pas savoir ce qu'il s'y passe et ne possède que sa propre imagination pour combler les blancs.

Dans cette lecture il y a deux poids deux mesures. J'ai apprécié le côté court du texte, on ne s'étale pas. On met sous lumière que les moments important à notre histoire. Ce qui fait de ce livre, une lecture rapide sans temps mort. Mais d'un autre côté j'aurais apprécié que l'on peaufine nos réflexions, on comprend la volonté de l'auteure de présenter une communauté de femme où la perversion est omniprésente. Je pense que le sujet était énorme, et bien trop complexe à traiter en si peu de page. Un texte qui permet de remettre en considération la place de la religion autant pour le pratiquant que pour le non croyant.
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
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Lucie vit dans la pression de Khagnes... un jour, elle tombe amoureuse... elle découvre la foi en dieu et décide d'y vouer sa vie. Ce livre est le récit des mises à l'épreuve de sa foi. Ces mises à l'épreuve viennent autant de ses proches, des autres soeurs que d'elle même. J'ai l'impression aussi que ce livre est un combat entre les croyants et les non-croyants à certains egards. En effet, Lucie est la naratrice principale mais à plusieurs reprises, les points de vue de sa meilleure amie et de sa mère viennent se greffer au récit.
Au fil du livre, on voit que Lucy fait tout pour effacer sa personnalité pour son Amour de Dieu, son dévouement à Dieu. En parallèle de cet effacement, on voit dans le regard de ses proches l'incompréhension, la tristesse. On a presque l'impression qu'ils font le deuil de Lucy. A chaque cérémonie, juliette, sa meilleure amie est présente comme si elle venait à un enterrement.
Le désoeuvrement de la mère de Lucy est aussi très poignant. On l'empêche de voir sa fille. On lui enlève la chair de sa chair.
Bien plus qu'un choix de vie, en choisissant la foi, Lucy renonce à elle même.
Je suis pas vraiment croyante et pourtant dans ce livre, j'ai reussi à me reconnaitre. Au fond, ce n'est pas seulement un questionnement sur la foi, l'amour de Dieu. C'est aussi et surtout un livre sur l'influence qu'ont les autres sur nous, sur la volonté de suivre nos idées et nos choix sans culpabiliser des réactions des autres. C'est aussi un libre sur l'amitié. Car Juliette ne comprend pas le choix de Lucy et pourtant elle fait tout pour essayer.. pour ne pas la perdre.
Un roman touchant et un belle écriture qui nous fait oublier que l'on tourne des pages. Nous nous questionnons nous aussi sur le sens d'une vie.
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Compliqué...

Compliqué, parce que je m'attendais à lire une autobiographie, et que ce n'est pas le cas.
Compliqué, parce que je pensais lire un témoignage de foi et que ce c'est plutôt un témoignage de désamour.
Compliqué, parce que les quelques 200 pages contiennent plus de dix ans de vies de deux personnages et que forcément, on passe à côté de certaines choses.
Compliqué, parce que le côté sectaire présenté dans ce roman, m'a quelque peu surprise.
Compliqué, parce que la fin n'a pas de sens, pas si on considère que Lucie était envieuse et en recherche de reconnaissance, plus que pieuse...
Compliqué, parce que je suis passé à côté, et que cela m'a frustré.

En bref, une lecture compliqué, pour l'agnostique que je suis, en quête de savoir et non de jugement. J'aurais préféré un roman plus neutre ou une auto biographie.

Belles lectures à tous.
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