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Citations sur Un coin de ciel brûlait (29)

Soudain, le Libanais ralentit et s’accroupit devant un buisson touffu. Il se mit à quatre pattes et rampa à l’intérieur. Neal et Eden firent de même. Ils constatèrent que le buisson était fait d’un entrelacement savant de branches. Mais ce qui retint vraiment leur attention, c’était la petite créature qui reposait sur une paillasse d’herbe fraîchement coupée. C’était un petit mammifère d’une quarantaine de centimètres de long. Son pelage soyeux gris clair était constellé de taches marron foncé, un peu comme une petite panthère. Elle avait de grandes oreilles qu’elle avait redressées à l’entrée des humains dans son refuge. Ses yeux noirs comme des billes d’ébène étaient pleins d’une profonde inquiétude. Sa queue, longue et touffue, battait l’air nerveusement. Elle émit un cri bref puis se laissa tomber sur le côté. C’est là qu’Eden vit les trois minuscules bébés qui tétaient aux mamelles du carnivore. Elle poussa un petit cri d’extase et la maman se redressa.
– C’est une genette, dit Saad d’un ton professoral.
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La haine de la compagnie sud-africaine s’envasait dans cet immense terrain vague parcouru par un réseau de canaux emplis d’une eau boueuse qui menait à une série de trous d’exploitation creusés avec des moyens sommaires, pelles, pioches, bâtons, et parfois à mains nues. Dans ces trous, les forçats du diamant tamisaient la boue à la recherche du caillou miraculeux qui changerait leur vie.
Mais, trop souvent, la boue n’était que de la boue.
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Pour y parvenir, ils passèrent dans une zone de mines officieuses que De Beers tolérait non loin de ses infrastructures. Les prospecteurs pirates ne faisaient pas grand mal, les meilleures pierres se trouvaient dans la zone d’exploitation officielle. Saad ne les regardait plus depuis longtemps, mais Neal et Eden, quant à eux, ne pouvaient s’empêcher de dévisager ces ombres faméliques qui œuvraient, la fièvre brillante du carat dans leur regard terne. Ils étaient la soupape de sécurité qui protégeait De Beers d’un mouvement d’humeur du peuple de Kono.
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Depuis que les rebelles du RUF faisaient des razzias sanglantes de plus en plus audacieuses, les sociétés minières avaient armé leur personnel. Enfin, « armé » était un bien grand mot : les vigiles n’avaient aucune notion de maniement des armes.
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Comme l’essentiel des diamants sierra-léonais était alluvionnaire, la majeure partie de la mine était à ciel ouvert. Derrière les grillages et les barbelés, Eden et Neal pouvaient voir les mineurs creuser une terre jaunâtre et boueuse des dernières pluies dans un décor de cratères et de cicatrices béantes. Des bulldozers et des pelleteuses grignotaient la jungle luxuriante, inexorablement. Les mineurs faisaient passer la terre fangeuse au tamis sous la surveillance laxiste de gardes de sécurité armés de kalachnikovs. Les armes automatiques c’était nouveau.
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Neal était né à Accra mais n’avait connu réellement que la Sierra Leone. Aussi faisait-il contre mauvaise fortune bon cœur quand on l’appelait l’Ashanti, lui qui se savait Sierra-Léonais.
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Madame Yeboah mettait un point d’honneur à ce que l’immeuble soit correctement entretenu et toujours propre. Pas de peinture écaillée, pas de poussière, pas d’immondices chez les Yeboah. Du coup, dans la crasse générale de la capitale du diamant, l’imprimerie faisait figure d’îlot de salubrité. Du coup, les voisins jalousaient les Ashantis, comme on appelait les Yeboah à Koidu. Ce mot faisait référence à l’ethnie de Monsieur Yeboah qui venait du Ghana, plus précisément de Kumasi. Les mauvaises langues se posaient la question de savoir pourquoi un monsieur ghanéen avec de la fortune et de l’éducation était venu s’enterrer dans ce trou poussiéreux de Salone. Pas pour les diamants, manifestement. On racontait que l’imprimeur avait été un grand journaliste à Accra dans les années 1970 et 1980. De plus mauvaises langues encore prétendaient que Monsieur Yeboah s’était mêlé de politique en rédigeant un brûlot contre le Conseil provisoire de défense, une sorte de junte à la solde de l’ex-président Rawlings. Monsieur Yeboah n’avait dû son salut qu’à une prompte fuite en Sierra Leone, là où les sicaires de Rawlings n’avaient que peu de chances de le retrouver
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– Vite, vite, Mohamed ! Ouvre cette barrière, par tous les saints.
Le vieux bougonna.
– Doucement, petite. Ne jure pas. Et puis d’abord, qu’est-ce qui presse à ce point ?
Quand le ventail fut suffisamment ouvert, la gamine se faufila sans attendre.
– L’appel de la liberté, Mohamed, cria-t-elle. La liberté !
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Eden Koroma attendait avec impatience que retentisse la sonnerie libératrice. Elle regardait ses camarades qui avaient toutes le nez collé à leur copie. Elles écrivaient avec application, évitant soigneusement les ratures qui faisaient pousser de hauts cris à sœur Mary. À côté d’elle, Mina émettait de petits soupirs inquiets. Sa langue pointait entre ses lèvres, signe chez elle d’une extrême nervosité. La sœur leur avait demandé de rédiger un texte décrivant ce que leur inspirait le tableau de Turner Sur le chemin du bal, une huile sur toile dont l’original était exposé à la Tate Gallery de Londres. La sœur avait posé une copie fatiguée de la célèbre toile sur le porte-craies, et l’avait adossée au tableau noir. Les couleurs topaze du tableau s’étaient rembrunies sous l’effet des ans. John, le grand frère d’Eden qui faisait maintenant des études de droit à l’université de Fourah Bay à Freetown, avait subi la même épreuve bien des années auparavant. Et sans doute que le père d’Eden y avait eu droit en son temps. La jeune fille regarda l’horloge dont les aiguilles avançaient avec une lenteur désespérante. Plus que trois minutes.
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