Citations sur La trahison des Lumières. Enquête sur le désarroi contempor.. (14)
La modernité occidentale d'aujourd'hui, contre laquelle se dressent les mouvements religieux, devant qui se rétractent les peuples d'Orient ou d'Asie, n'est pas celle qu'on fait semblant d'imaginer. Ce n'est pas celle des droits de l'homme et du contrat social. C'est beaucoup moins que cela et bien pire : un simple slogan - malheur aux faibles! - qui va son chemin…
Oublier cette nuance, c'est renoncer à un souci dont les Lumières, semble-t-il, faisaient grand cas : celui de comprendre. "Qui veut comprendre finira par mourir de colère", assure un proverbe arabe. Voilà un risque que nous avons renoncé à courir...
L'utopie mondialiste -la dernière qui nous reste - mord donc difficilement sur le réel .Elle échoue à convaincre les foules. Son verbe est comme frappé d'impuissance , exilé loin de la chair du monde. Pareil exil ne va pas sans conséquences.
Verra-t-on au moins une vraie, une forte insolence renaître un jour, pour de bon, dans l'effervescence rageuse des banlieues ?
Lorsqu'il répond à la convocation du médiatique, le politique est contraint d'en accepter les lois. Au-delà de cette limite, ce n'est plus lui - Dieu merci! - qui sera maître du jeu. Or, les règles auxquelles il va se soumettre, passée la frontière du studio, obéissent à une logique, visent des objectifs, mobilisent des catégories mentales qui ne sont pas - qui ne seront jamais - ceux de la rationalité démocratique. L'Etat et le politique, installés sous les projecteurs, se voient forcés de sacrifier à l'émotion plutôt qu'à la raison, à l'amnésie au lieu de la mémoire, à la séduction plutôt qu'à l'argumentation, à la hâte du direct et non à la pertinence de l'Histoire, au simplisme préféré à la nuance, au pugilat plus attrayant que le débat.