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EAN : 9782020557245
504 pages
Seuil (05/09/2002)
3.73/5   20 notes
Résumé :

La transgression des frontières de l'humain est le projet de toutes les idéologies fondées sur le fantasme d'une humanité supérieure dominant une sous-humanité ; elle est le fait de toutes les violences exterminatrices avilissant leurs victimes, les traitant comme des bêtes et les réduisant même à de la matière brute : "bétail, boue, ordure", selon Primo Levi dans Si c'est un homme. Mais n'est-ce pas également la mise en cause des frontières de l'humani... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Il nous arrive quelque chose d'incroyable : les deux valeurs que nous célébrons et convoquons sans relâche, l'humanité et l'homme lui-même, sont aujourd'hui minées et menacées dans leurs fondements ».

Dans ce livre qui fera partie de mes meilleures lectures de 2014, JC Guillebaud pose des questions qui mon avis sont parmi les plus pertinentes que l'on puisse se poser aujourd'hui. Que devient l'homme en ce début du XXIe siècle ? à quoi l'économie mais aussi la science et les technologies sont-elles en train de le réduire ? "à l'animal", "à la machine", "à la chose", pire, "à ses organes" ? L'humanité de l'homme n'est-elle pas en voie de disparaître ? et d'ailleurs qu'est-ce que cela, l'humanité, le dernier empêcheur de tourner en rond ? Serions-nous devenus de trop ?
Pourtant on le voit, notre époque n'a jamais autant mis en avant les droits de l'homme qui sont plus que jamais clamés haut et fort partout et par tous et en tous lieux ; dans le même temps pourtant, la personne humaine semble menacée, dissoute, comme broyée par la science et les technologies, économique, informatique, génétique….

"Qu'est-ce qui nous arrive ?" Comment définir la personne humaine aujourd'hui, et demain ? Comment, après tout distinguer l'homme du reste de la nature ? (question cependant et à mon sens pas suffisamment développée dans cet essai) ; Quels sont les enjeux aussi des réponses à ces questions ? Tous les fondements de nos civilisations ne s'en trouveront-ils pas finalement ébranlés ?
A l'issue de cette lecture dont j'ai mis de longues semaines à venir à bout, non pas que la lecture en soit ardue, au contraire, bien que dense et très documentée, elle est d'une grande limpidité, mais parce que l'importance et la portée du sujet ne font pour moi aucun doute, et méritaient que je me donne le temps, et je sais que je vais encore y revenir ….

Tout est passionnant de bout en bout dans cet essai, mais la dernière partie « La vie est résistance » m'a davantage intéressée encore. Son introduction : « N'attendez rien du XXIe siècle. C'est le XXIe siècle qui attend tout de vous » (Gabriel Garcia Marquez)

Pour finir sur une note moins sombre, ce que d'ailleurs ce livre, lucide, n'est pas, voici un extrait de sa conclusion :
«Songeons ici à ce bel aphorisme mille fois articulé par le philosophe et psychanalyste Cornélius Castoriadis: une société montre son degré de civilisation dans sa capacité à se fixer des limites. Des limites et des projets. le principe d'humanité, en définitive, a pour caractéristique d'être cause de soi. Il est puissance de se faire, c'est-à-dire de se choisir. Celui que nous revendiquons ici ¬ l'éminente dignité de l'être humain ¬ est un choix, en effet. Qu'il s'agisse de l'économie, de la politique ou de la technoscience, "on traite l'homme selon l'idée qu'on s'en fait, de même qu'on se fait une idée de l'homme selon la manière dont on le traite" (Peter Kemp, L'irremplaçable. Une éthique de la technique). Cette éthique renvoie donc chacun de nous à une responsabilité qu'aucune science, aucune technique, aucune fatalité mécanique ou génétique ne sauraient éliminer. le principe d'humanité existe parce que nous voulons qu'il en soit ainsi.»
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Cet essai a été publié il y a fort longtemps, mais il éclaire encore un sujet redevenu à la mode à travers le transhumanisme, qui est la question de l'Homme. Il offre une définition de ce qu'est ce principe d'humanité, comment il est discuté, mis à mal, enrichi à travers L Histoire mondiale, scientifique, économique, politique, religieuse... même si l'auteur s'en tient souvent à la vision occidentale de ce concept, tout en montrant combien il peut agir sur les rapports entre pays.

L'Homme est-il un animal, une chose, un assemblage d'organes ? Peut-il être complété, amélioré, remplacé par la machine, la bio-technologie ? L'eugénisme est-il une question qu'on a encore le droit de poser ? A travers ce question, Guillebaud évoque longuement la question de la science (du scientisme, même) et de la façon dont les déconstructivistes ont fini par mettre à mal le principe d'humanité. Finalement, sa conclusion sera un peu celle de Bérenger dans Rhinocéros : être humain, c'est résister, c'est parce qu'on veut être humain qu'on l'est.

Cf. suite de cette note de lecture sur mon blog.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Le plus dangereux, (au sujet de la révolution biologique), ce n’est pas que nous ayons découvert l’Arbre de la connaissance mais que nous l’ayons « vendu à Wall Street ».

(Rapporté par Jean Cohen et Raymond Lepoutre. Tous des mutants, Seuil 1987)
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Comment pourrons-nous promouvoir les droits de l’homme si la définition de l’homme est scientifiquement en question ?
Comment conjurerons-nous les crimes contre l’humanité si la définition de l’humanité elle-même devient problématique ?
Cet immense paradoxe auquel nous voilà promis n’a plus grand-chose à voir avec l’ancien attachement « gentil » et débonnaire, pour l’humanisme des préaux d’écoles ; ce civisme rantanplan auquel s’abreuvent encore nos péroraisons politiques.
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« L’homme n’est pas devenu humain en rompant avec l’animal, et il accroît considérablement son humanitude en faisant la paix avec lui. L’animal doit d’abord être considéré comme un invité dans la maison de l’homme. » (Dominique Lestel « Faire la paix avec l’animal » Etudes juil/Août 2000)
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Ainsi le bavardage de l'époque se résume-t-il parfois de la sorte : s'il y a moins de croyances et moins de valeurs, il y aura moins de violences ; si'l y a moins de convictions, il y aura moins d'afflictions. Le relativisme, le désenchantement, l'indifférence seraient devenus le gage d'un monde pacifié.
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Le geste du paysan semant son grain dans l'espoir qu'il germe est assimilé au piratage d'un logiciel. Si le logiciel n'est pas "libre de droit" le semeur sera considéré comme un fraudeur.
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