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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce géographe est un vraiment enthousiasmant.
J'ai acheté ce livre avec ferveur, tant ses deux derniers m'ont paru pertinents. Loin des plateaux télés destinés à nous rendre débiles, on a affaire ici à une analyse engagée du mouvement historique qui a conduit ici aux gilets jaunes, de l'autre côté de la manche au Brexit, et de M. Trump aux états unis.
Cela commence avec M. Mauroy (pour les plus jeune, un premier ministre de M. Mitterrand) qui remarque qu'« on ne voit plus au Parti socialiste que des jeunes en pleine santé, des femmes belles et dynamiques mais qu'on cherche en vain l'image d'un ouvrier ».
Cet abandon, suivi de Maastricht et de toutes les trahisons ultérieures, signe la naissance d'une nouvelle sociologie, celle des « élites » urbaines et des minorités influentes, qui vont prendre d'assaut les médias et focaliser l'attention des politiques, des intellectuels, des chercheurs. Tous ces prescripteurs d'opinions, qui vivent dans les mêmes lieux, les métropoles, donnent naissance à un nouveau monde, libéré des gens ordinaires, de ceux qu'on désigne comme les ploucs des zones périphériques.
Ces ploucs, on peut aussi les appeler le « panier de déplorables » (Mme Hillary Clinton) les sans-dents (M. qui déjà ?), des rednecks (Les anti-Brexit).
Ces classes populaires semblaient en effet avoir perdu, elles devaient disparaître de la vue des nouveaux maîtres de l'espace, médiatique compris. Captation des richesses, du patrimoine immobilier et des emplois, rien ne semblait pouvoir enrayer une dynamique qui consacrait la victoire économique et culturelle du monde d'en haut, de nos « élites » autoproclamées. C'est la première partie du livre, qui contextualise l'arrivée sur la scène des « populistes », manière insultante de qualifier ce peuple qu'on méprise.
La suite de cet essai est joussive de ce point de vue : pas de tabou chez M. Guilluy, la charge est violente : Il propose des pistes pour déconstruire le « modèle » libéral de nos têtes passées à la lessiveuse des chaînes d'info en continue. Il s'attaque par exemple à la négation de la diversité : Attention, pas la diversité religieuse, raciale ou chromatique qui fait le fonds de commerce des petits néofascistes médiatiques : la vraie diversité, celle mise en évidence lors de la crise du covid mais que la symphonie médiatique autour des vaccins va escamoter pour le plus grand profit de certains : la diversité sociale.
Cette diversité réelle, c'est celle de la cohabitation de manuels, d'intellectuels, d'artistes etc... Cette diversité réelle consacre la nécessité d'avoir des caissières de supermarché, des ouvriers pour fabriquer des biens matériels, des agriculteurs fiers de leurs produits, des infirmières, des aides-soignants, des professeurs, des animateurs sportifs et culturels etc... etc...
En fait, ceux dont on a le moins besoin, ce sont paradoxalement ceux qu'on a tous les jours virtuellement dans les oreilles et en images continues.
Pour Guilluy, la citadelle médiatique est tombée : les « populistes » n'accordent plus aucun crédit aux médias mainstream. Il déconstruit, chiffres à l'appui, toutes les représentations manipulatrices qui nous détournent des vrais enjeux de sociétés : ceux de la redistribution réelle des rôles et des richesses.
Reste donc pour ces ploucs populistes racistes complotistes dont je crois faire partie à mettre en oeuvre la lente transformation économique qui accompagne cette prise de conscience. Les questions sociales et identitaires étant bien évidemment imbriquées, la viabilité de nos sociétés dépendra conjointement de notre prise en compte de l'environnement, de l'évolution de la population mondiale et de ses déplacements. Un beau challenge à relever pour nos jeunes.
C'est le « réglage des horloges » du dernier chapitre de ce livre.
A lire absolument pour mettre des mots sur nos maux, et déconstruire la réalité virtuelle de nos classes dominantes.
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C'est le meilleur essai que j'ai lu depuis le début de l'année et son intérêt porte encore plus avec la perspective prochaine des élections présidentielles.

Un livre court mais combien dense sur un sujet brûlant: les "invisibles", ceux dont on a parlé pendant la crise du Covid, occupant les postes à danger pendant l'épidémie et, au-delà, les populations des classes populaires, de plus en plus marginalisées et précarisées du fait des politiques menées par certaines élites de plus en plus coupées de leur base.
En cela le livre reprend certaines thèses de Jérôme Fourquet dans "L'archipel français" mais va plus loin pour ce qui est de sa démonstration pour ce qui est de l'effondrement culturel des élites (un des symptômes à cet égard, d'après l'auteur, est la faible audience réalisée récemment par la cérémonie de remise des Césars...)

L'auteur nous montre que la culture populaire gagne du terrain. Elle véhicule particulièrement l'attachement au territoire, à la région, la solidarité. Ce phénomène ne concerne pas seulement la France et le Brexit est un phénomène corollaire comme le montre M Guilluy. Boris Johnson n'aurait fait que répondre aux demandes de protection sociale et culturelle des gens ordinaires. Et pourtant lui-même est un produit de l'Establishment britannique. Il a compris que les "anywhere" (selon la terminologie de David Goodheart dans "Les deux clans")
ne pèsent plus face aux "somewhere" (les mondialistes face aux nationaux... ceux qui sont à l'aise partout face à ceux qui sont attachés à un territoire..)

Les classes supérieures sont maintenant condamnées à affronter ceux qu'elles ont sacrifiés sur l'autel de la globalisation. L'idéologie progressiste est devenue hégémonique dans le monde d'en-haut et contestée dans le monde d'en-bas. L'auteur nous montre comment la bourgeoisie progressiste a abandonné les gens ordinaires.
Nous sommes au stade de la fin du mythe de " la globalisation heureuse" et les élites, du fait du Covid, maintenant confrontées à l'altérité sociale, ne peuvent que constater l'ampleur des fractures sociales.

Des pistes données pour que cette situation s'améliore: retrouver une cohérence en prenant en compte la façon d'être des gens ordinaires; ainsi l'espace vécu des gens ordinaires pourrait être une réponse à la crise idéologique.

Pour finir, un très joli parallèle avec ce qu'a vécu le célèbre
écrivain américain Jack London qui a connu une fulgurante ascension sociale au 19ème siècle et qui a préféré retourner vivre avec "ceux d'en-bas":

"Je suis né dans la classe ouvrière. J'ai découvert de bonne heure l'enthousiasme, l'ambition, les idéaux; et les satisfaire est devenu le problème de ma vie d'enfant. Au-dessus de moi s'élevait l'édifice colossal de la société, et à mes yeux le seul moyen d'en sortir, c'était de monter. Je découvris que je n'aimais pas vivre à l'étage du salon de la société. Intellectuellement je m'y ennuyais. Moralement et spirituellement, cela me rendait malade.
Ainsi je suis retourné à la classe ouvrière dans laquelle je suis né et à laquelle j'appartiens. Je n'ai plus envie de monter. L'imposant édifice de la société qui se dresse au-dessus de ma tête ne recèle plus aucun délice à mes yeux. Ce sont les fondations de l'édifice qui m'intéressent."

Je recommande ce livre qui a le mérite de poser de vraies questions et de mieux comprendre l'évolution actuelle de nos sociétés, à l'instar des livres du britannique David Goodheart et du sociologue français Jérôme Fourquet.
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Ce livre est à faire partager.
Il nous donne des éléments pour comprendre dans quelle société on vit actuellement ainsi que les enjeux pour demain.
A la fin de l'essai il évoque le vieillissement de la population ainsi que le taux de fécondité.
Cet angle est trop peu mis en avant dans les médias de masse.
Il montre les fractures entre les populations de divers territoires.
Les chiffres sont aussi à l'échelle mondiale dans les différentes analyses.
L'une des questions que l'on peut se poser comment on réconcilie des bloques qui ont si peu en commun.
Que faire pour les classes politiques trouvent des solution efficace?
Le covid, meet to , les questions racial sont évoquées
Le style est plaisant à lire.
Vivement le prochain livre
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