La fille de fenua

Ce premier roman, sensible et fourmillant de détails, nous conte avec talent la vie d'Itebela Vehinueta, une jeune Polynésienne abandonnée dans un couffin avec un unique bracelet de perles noires alors qu'elle était un bébé. Elle grandit entourée d'amour auprès de sa mère adoptive, mama Samba, la veuve qui l'a recueillie, et de son grand frère de lait, Augustin, qui est en adoration devant elle.
Itebela va devenir une femme, se marier ; c'est alors que la question de ses origines se posera à elle ; et puis il y a la tentation du large, aussi. Les lumières de Tahiti l'attirent, faire les boutiques, danser au nightclub jusqu'à l'aube, conduire une voiture, elle en rêve !
Dans une langue éminemment évocatrice, Sandrine Guinot nous plonge avec délice dans les îlots polynésiens aux senteurs mêlées de sueur et de coprah, de poisson cru et de mangue fraîche, là où les corps alanguis se font voluptueux, où la torpeur invite à la confidence. Nous tendons alors l'oreille pour suivre le destin d'une femme libre, à la recherche d'elle-même.

« La fille du fenua » de Sandrine Guinot

Itebela ne connaît pas ses origines, elle grandit en Polynésie sur l'île de Maupiti sans savoir qu'on l'a déposée un matin devant la « baraque » de Maman Salmon qui l'a élevée comme sa propre fille. Au fil des années, Itebela va quitter son île, vivre et grandir à Papeete puis rentrer au Fenua, une fois qu'elle aura compris qui elle est.
L'auteure livre un portrait de femme qui se construit petit à petit. La plume est précise, documentée et chaque phrase est joliment ciselée. L'ambiance de la Polynésie et sa culture ont été une découverte pour moi qui n'y ai jamais posé un orteil. L'intrigue disparaît parfois dans le foisonnement des petits évènements qui jalonnent la vie d'Itebela. Parmi la multitude de personnages secondaires, Loio, l'ami androgyne et fidèle d'Itebela, est particulièrement bien campé.

Il y a quelque chose de l'Amant dans le début de ce roman. Une femme monte sur un bateau, avec sa petite fille. Elle laisse un homme derrière elle en se disant que « ne pas dire au revoir aux gens qu'on aime, ce n'est pas si difficile finalement ».
Le temps d'une traversée, nous allons découvrir son histoire.
L'histoire d'Itebela Vahinueta qui, trouvée dans un panier à sa naissance avec un bracelet de perles noires, a été recueillie par la solaire Mama Samba et son fils Augustin qui dorlote le nourrisson.
L'histoire d'une petite fille que les cahots de l'existence vont forger en femme libre, forte et courageuse.
Une histoire émaillée de rencontres, d'amitié, de deuil, de secrets épais comme des taillis qui font le nid d'une vie.
Entre passé et présent les deux trames temporelles savamment se mêlent pour nous immerger dans une quête identitaire émouvante.
La plume de Sandrine Guinot est fluide, sensuelle, évocatrice, dépaysante. Elle glisse, nous enveloppe et nous emporte en Polynésie, nous gorge de ses paysages, ses coutumes, ses senteurs, sa musicalité. Les personnages sont bien campés, complexes, attachants. L'autrice nous prend par la main et nous emmène dans les arcanes d'une vie de femme, une vie au bout du monde. Ça n'a pas de prix, surtout en ce moment !
La fille du fenua est un premier roman qui joue avec l'ombre et la lumière, un roman porté par un vent de liberté. Un roman doux et fort. le roman qu'il faut pour s'évader.
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Ce roman d'apprentissage est original, dépaysant, écrit avec une plume efficace et sensible. Je l'ai beaucoup aimé et l'ai savouré, tant il fourmille de détails. Mais il est également authentique et nous transporte dans les Iles sous le vent plus rapidement qu'un jumbo jet. Sandrine Guinot nous conte l'histoire d'une jeune orpheline à la recherche d'elle-même, après avoir fui le danger. Entre Maupiti et Tahiti l'histoire se déroule entre douceur et violence, mais l'héroïne se forge un destin...