Citations sur La vie sauvage (35)
La forme a la mode au dix-neuvième siècle, c'était quand même l'alexandrin, et comme à ce moment-là Arthur Rimbaud voulait épater tout le monde pour parvenir à quitter sa famille où il se faisait chier à mort, il s'est mis à écrire des alexandrins assez classiques que j'ai toujours trouvés un peu prétentieux. Toute cette prétention dans laquelle tant de critiques ont voulu voir du génie, on la retrouvera plus tard dans sa vie pendant laquelle il aura été menteur, malhonnête, déserteur, à beaucoup se plaindre, à écrire à sa maman quand ça n'allait pas et finalement à vivre sur le dos du système colonial, ce qui fait quand même un peu sourire quand on pense qu'on essaye de voir en lui l'apôtre de la liberté.
Ce livre n'a d'autre ambition que de témoigner de ce qui s'est réellement passé, afin que le lecteur puisse se faire un avis.
J'ai pris le parti de la franchise et de l'honnêteté.
Les noms et les lieux n'ont pas été changés, il était inutile d'essayer de garder ça secret, parce que j'en ai vraiment rien à foutre des conséquences.
(Avant-Propos)
C'était affreux, c'était déchirant. Je m'étais souvenu de Gérard de Nerval :
L'été, l'oiseau cherche l'oiselle ;
Il aime - et n'aime qu'une fois !
Qu'il est doux, paisible et fidèle,
Le nid de l'oiseau - dans les bois !
Puis quand vient l'automne brumeuse,
Il se tait... avant les temps froids.
Hélas ! qu'elle doit être heureuse
La mort de l'oiseau - dans les bois !
"Shopping" était le mot employé par Audrey et, dans sa bouche, il se parait d'un sens festif, joyeux, presque gourmand, preuve de l'extraordinaire état de désolation mentale dans lequel une vie totalement bouchée avait mis cette pauvre femme.
Le plaisir de la normalité c'était une des portes préférées du fascisme.
A mesure qu'elle faisait des efforts pour ressembler à une femme douce, gentille et emphatique, je sentais grandir en moi une colère terrible. Dans mon esprit se dessinèrent les images douloureuses du pays d'où l'on m'avait arraché, il me revint toutes ces histoires tragiques de meurtres crapuleux, de pillages aveugles, de viols impunis. Qu'avait-elle fait pour empêcher cela? Rien. S'indigner à la lecture d'un article ou devant un journal télévisé, participer à une vente au profit d'Handicap international? Au mieux, elle avait signé une pétition pour "la fin des violence en Afrique équatoriale". Je crois que j'avais moins de haine pour les industriels qui ordonnaient la destruction des villages ou pour les marchands d'armes ou pour l'ONU qui ne se donnait même plus la peine de fermer les yeux et qui s'en foutait juste royalement.
Portés par cette nonchalance propre aux gens heureux, nous ne faisions pas grand-chose de nos journées. Nous ne nous occupions pas des autres et les autres, qui avaient bien senti qu’il n’y avait rien à attendre de nous, nous laissaient vivre notre vie.
Nous avons besoin d’aimer, même si cela nous conduit au pays où les lacs sont faits de larmes.
[Paulo Coelho]
Ce matin-là, qui était notre premier matin, j’en étais certain : aux larmes aussi on résisterait.
Que tu es belle ma bien aimée, que tu es belle ! Tes yeux sont des colombes… Tes dents, un troupeau de brebis à tondre qui remontent du bain. Tes lèvres un fil d’écarlate. Te joues des moitiés de grenades. Tes deux seins, deux faons jumeaux d’une gazelle… Tu me fais perdre le sens par un seul de tes regards, le miel et le lait sont sous ta langue… Qui est celle qui surgit comme l’aurore, belle comme la lune, resplendissante comme le soleil, redoutable comme des bataillons…
[Le Cantique des Cantiques]
[La psychologue de l'école] sourit avec une bienveillance étudiée et remplie de l'agaçante assurance de ceux persuadés d'oeuvrer à leur niveau pour le bien de l'humanité.