Après la lecture d'un livre aussi intense et prenant que celui de
Pauline Clavière,
Laissez-nous la nuit, il n'était pas facile d'enchaîner. Que lire après une plongée si bouleversante au coeur du milieu carcéral ?
Après quelques jours de décompression, j'ai opté pour un court roman qui me faisait de l'oeil sur une étagère :
Pierre et Jean de
Maupassant.
J'ai ouvert ce livre comme on retrouve un vieil ami, perdu de vue depuis un moment, mais toujours dans un coin de mémoire.
Maupassant, lecture plaisir d'adolescence, puis lecture sérieuse des programmes universitaires, avec
Une vie,
le Horla,
Contes de la bécasse,
Fort comme la mort, Bel-AmiLa Maison Tellier et divers contes.
Avais-je lu
Pierre et Jean ? Possible... Mais j'avoue que ça m'échappe !
J'y ai trouvé en tout cas un vrai plaisir. La langue du XIXE siècle, fluide, précise et dense à la fois, rend bien pâle celle de notre époque, mal maîtrisée, fade et sans relief.
Avec
Pierre et Jean, on retrouve le
Maupassant sombre et pessimiste du Horla ou des Soeurs Rondoli. le récit commence par une scène bucolique de pêche en famille, la famille Roland dans laquelle tout semble aller au mieux :
une vie tranquille, deux fils, l'un avocat, l'autre médecin.
Un héritage va venir tout bouleverser, révélant les vrais caractères, les dissimulations des uns, les ratages des autres, et dressant au final un portrait tragique de la famille.
Le narrateur offre aussi un regard sur la société de son époque, très intéressant à observer avec le recul qui est le nôtre en tant que lecteur du XIXE siècle.