J’avais quatre ans, inconsciente du désarroi dans lequel notre père nous avait laissés et de la profonde douleur qu’éprouvait notre mère. (page 98)
Pourquoi Nana ne s’est-il pas arrêté ? Pourquoi n’a-t-il pas guéri pour l’amour de nous ? De moi ? (page 223)
On m’a enseigné dans mon enfance que Dieu nous a créés supérieurs à l’animal, on ne nous a pas enseigné que je suis moi un animal. (page 317)
Il me fallut bien des années pour admettre qu’il est difficile de vivre dans ce monde. Je ne parle pas de la mécanique de la vie, car pour la plupart d’entre nous, nos cœurs battent, nos poumons aspirent de l’oxygène sans que nous ayons à le leur dire. Pour la plupart d’entre nous, mécaniquement, physiquement, il est plus dur de mourir que de vivre. Pourtant, nous bravons la mort. Nous roulons trop vite sur des routes sinueuses, nous faisons l’amour sans protection avec des inconnus, nous buvons, nous nous droguons. Nous essayons de demander un peu plus à la vie. Il est naturel de se comporter ainsi. Mais être en vie dans le monde, chaque jour, tandis que nous recevons chaque jour davantage, tandis que la nature de ce que « nous pouvons supporter » change et que nos façons de le supporter changent également, c’est une sorte de miracle.
Quand j’étais enfant, je voulais devenir danseuse ou chef de chœur dans une église pentecôtiste, épouse d’un prêcheur ou vedette de cinéma. (page 45)
Ce Nana, Naaawnaaaw, le héros de toute la ville, n’était pas celui qui vivait chez moi, celui qui faisait chauffer son lait avant d’y ajouter ses céréales, celui qui avait peur des araignées et qui avait fait pipi au lit jusqu’à l’âge de douze ans. (page 322)
Toutes ces années de foi, à considérer le cœur, l’âme et l’esprit comme le moyen d’aimer le Seigneur tel que les Écritures nous l’enseignent, m’avaient conditionnée à croire dans le grand mystère de notre existence, mais plus je tentais de m’en approcher, plus il semblait s’éloigner. Le fait que je sois capable de reconnaître la partie du cerveau om est stockée la mémoire ne répond qu’au « où » et peut-être même au « comment ». Il n’explique guère le « pourquoi ». Cela m’avait toujours perturbée, et cela me perturbait encore. (page 275)
Et bien que n’ayant pas résolu quels étaient mes sentiments à l’égard du christianisme de mon enfance, je savais clairement ce que je ressentais pour ma mère. Sa décision, sa foi m’émouvaient. Je voulais protéger son droit à trouver le réconfort dans ce qu’elle croyait lui convenir. (pages 124-125)
Je ne parle pas du progressisme au sens politique, bien que cela en fît partie. Je parle du progrès dans le sens où apprendre naturellement quelque chose de nouveau implique de se débarrasser de quelque chose d'ancien. (p. 178)
Elle avait une cousine en Amérique qui envoyait de l'argent et des vêtements à la famille assez régulièrement, ce qui signifiait qu'il y avait sûrement abondance d'argent et de vêtements de l'autre côté de l'Atlantique.