Il avait senti son immense chevelure glisser en pluie le long de son visage et se répandre sur ses mains tandis qu'une fragrance de tubéreuse l'etourdissait d'une sorte d'ivresse neigeuse.
Ceux qui ont connu la pire oppression, l'abandon des nations et l'holocauste peuvent-ils accepter de bafouer leur aspiration à l'universalité pour une intégrité absurde? Juifs ou Palestiniens, la haine est un suicide. Nous sommes une même âme, un même chant d'avenir. La terre est toujours assez vaste aux vivants.
Le ciel s’était d’un coup rouvert sur tant d’étoiles qu’on eut dit du riz jeté par brassées depuis le balcon des anges.
Ne dit on pas que toutes les vérités sont les feuilles d'un même arbre ?
Le hazzan s’essuie le front et sourit. Il a chanté le kaddish yatom, dit des endeuillés, avec toute l’allégresse requise. Grâce à la prière, une âme s’en trouve confortée et, de seuil en seuil, accédera pour l’éternité au Gan Eden. Mais le paradis n’est qu’une allégorie. Les morts sur cette terre n’ont besoin que de repos.
Tout déplacement l'épuisait, fût-ce d'un quartier à l'autre de Jérusalem. Il aura vécu ces dernières années dans un confinement presque total, refusant les visites et les sollicitations. Pourquoi jouer dans un monde sourd ? L'art n'est qu'une comédie de l'ennui. Les foules s'y abandonnent éperdument comme au sommeil.
Hubert Haddad a comme toujours une plume somptueuse, avec un vocabulaire riche, un syntaxe soignée, tout est poétique, tout est féérique.
Mais, comme la riche nourriture, cela devient lourd, j'ai du mal à avancer, je n'arrive pas à entrer dans l'histoire, je dois chercher " argali " dans le dico (une chèvre) et c'est comme ça tout le long.
Dommage, je dois rendre l'ouvrage, et je n'ai pas pu l'assimiler complètement.
Par ailleurs, je signale un belle revue initiée par Hubert Haddad " Apulée" du nom d'un auteur berbère d'expression latine, un vrai livre annuel, que je me suis offert après une incursion dans une librairie. C'est assez merveilleux avec des textes d'auteurs du Sud comme Mohammed Dib, et Jean-Marie Blas de Roblès. Ds photos, des poèmes, un livre à picorer, à laisser à disposition sur la table du salon.
Dans une belligérance qui n'en finit pas, on goûte la moindre trêve comme une bénédiction.
On tue au nom de Dieu pour avoir les mains libres, c'est un fait universel, poursuivit en hoquetant Boris...
Il avait fui Jérusalem - La seule cité sur terre où l'on eût pu sauver la paix, en tout cas éviter une nouvelle guerre des emblèmes et la résurgence des fanatismes - en désespoir de cause. Bien vaine était sa défaite d'homme libre.