Quel monde étrange que le nôtre où on peut posséder une chose aussi belle à vie pour le prix d’un ticket dans un grand cinéma de Broadway, ou pour le 1/50 du prix d’une couronne chez le dentiste !
Enfin, si le prix des livres correspondait à leur valeur, je ne pourrais pas me les offrir !
Je fais le ménage de mes livres chaque printemps et je jette ceux que je ne relirai jamais, comme je jette les vieux vêtements que je ne remettrai jamais. Ça choque tout le monde. Mes amis sont soigneux avec les livres. Ils lisent tous les best-sellers, ils les parcourent le plus vite possible, en en sautant beaucoup de passages, je crois. Et comme ils ne les relisent JAMAIS, un an après ils ne se rappellent plus un traître mot. Cependant ils sont profondément choqués de me voir jeter un livre à la corbeille ou le donner à quelqu’un. Selon eux, vous achetez un livre, vous le lisez, vous le mettez sur une étagère, vous ne le rouvrez jamais de toute votre vie mais VOUS NE LE JETEZ PAS ! PAS S’IL EST EN ÉDITION RELIÉE ! Et pourquoi pas ? Personnellement je ne vois rien de moins sacro-saint qu’un mauvais livre ou même un livre médiocre.
Je mourrai contente à la pensée que je le laisse derrière moi pour que quelqu’un d’autre l’aime. Je mettrai un peu partout des petits points au crayon pour attirer l’attention d’un amateur de livres qui n’est pas encore né sur les meilleurs passages.
« J’adore les livres d’occasion qui s’ouvrent d’eux-mêmes à la page que leurs précédent propriétaire lisait le plus souvent. »
Eh, Franck Doel, qu’est-ce que vous FAITES là-bas ? RIEN du tout, vous restez juste assis à ne rien FAIRE.
Où est Leigh Hunt ? où est l’Anthologie d’Oxford de la poésie anglaise ? Où est la Vulgate et ce bon vieux fou de John Henry ? Je pensais que ça me ferait une lecture si roborative pour le temps du carême, et vous, vous ne m’envoyez absolument RIEN.
Je ne peux jamais m'intéresser à des choses qui ne sont pas arrivées à des gens qui n'ont jamais existé.
p.70
Savage Landor est bien arrivé et s'est tout de suite ouvert de lui-même à un dialogue romain (...). J'adore les livres d'occasion qui s'ouvrent d'eux-mêmes à la page que leur précédent propriétaire lisait le plus souvent.
Je fais le ménage de mes livres chaque printemps et je jette ceux que je ne relirai jamais, comme je jette les vieux vêtements que je ne remettrai jamais. (...). Personnellement, je ne vois rien de moins sacro-saint qu'un mauvais livre ou même un livre médiocre.
(...) : elle s'ouvre toujours d'elle-même aux meilleurs endroits et le fantôme de son précédent propriétaire attire mon attention sur des choses que je n'avais jamais lues.
Eh, Frank Doel, qu’est-ce que vous FAITES là-bas ? RIEN du tout, vous restez juste assis à ne RIEN faire.