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Critique de PrettyYoungCat


Je termine ce livre avec un certain soulagement... Tout le long, j'ai eu le sentiment d'avoir, collée à ma peau, une substance poisseuse dont j'avais envie de me débarrasser. Quelque chose de dérangeant, de salissant...
Cette lecture n'est pas que dure, elle est déstabilisante et heurtante.

Une saison de machettes comprend le témoignage d'une poignée d'hommes (et de quelques femmes aussi) sur le génocide rwandais. Mais la parole est ici donnée aux tueurs... C'est une démarche audacieuse de la part de Jean Hatzfeld, mais aussi fort intéressante pour tenter de comprendre, peut être, ce qui a pu motiver des hommes à en massacrer d'autres à coups de machettes et de gourdins hérissés de clous. Comment ils ont pu "tailler" des "avoisinants", des amis. Comment ils ont pu les "couper" sans même parfois les achever. Comment ils ont pu tuer des femmes, des enfants, des nourrissons. Et bien sûr violer. Comment ils ont pu y éprouver de la "gourmandise". Comment avec ces outils rudimentaires, ils ont pu afficher un tel zèle qu'ils en dépassaient le rendement des tueries au plus fort du génocide juif ?

Beaucoup de questions intéressantes sont posées dans ce livre et l'auteur fait un parallèle avec le génocide juif car de nombreuses similitudes s'en détachent. Il y a là quelque chose à comprendre dans la mécanique à l'oeuvre dans un génocide. Quelques éléments nous sont d'ailleurs donnés. Mais humainement, il reste un mystère, une incompréhension totale pour ma part sur ce qui peut inciter un homme à aller si loin dans l'horreur. Les raisons semblent tellement futiles qu'elles ne peuvent satisfaire. Quant aux remords exprimés par les tueurs et qui pourraient ne serait-ce qu'un peu atténuer le sentiment de dégoût qui nous prend, qui nous saisit à bras le corps, ils sonnent tellement creux, tellement égocentriques, qu'ils ne viennent au contraire que nous enfoncer dans un profond malaise.

Il m'est donc difficile de noter ce livre tant il a été déplaisant à lire, à endurer, même si je salue grandement l'auteur pour sa démarche courageuse et intéressante et que les chapitres en mode "méta", offrant réflexion, question et parfois incompréhension viennent utilement appuyer ces terribles témoignages.

Une saison de machettes fait suite à Dans le nu de la vie qui donne la parole aux rescapés du génocide rwandais. Mais je ne suis pas certaine d'avoir le courage de le lire...
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