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Citations sur Une saison de machettes (61)

Ce qui s’est passé à Nyamata, dans les églises, dans les marais et les collines, ce sont des agissements surnaturels de gens bien naturels.
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Plus on tuait, plus la gourmandise nous encourageait à continuer. La gourmandise, si personne ne la punit, elle ne vous abandonne jamais. Elle se voyait dans nos yeux exorbités par les tueries.
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Je me souviens de la première personne qui m'a regardé, au moment du coup sanglant. Ca c'était grand-chose. Les yeux de celui qu'on tue sont immortels, s'ils vous font face au moment fatal. Ils ont une couleur noire terrible. Ils font plus sensation que les dégoulinements de sang et les râles des victimes, même dans un grand brouhaha de mort. Les yeux du tué, pour le tueur, sont sa calamité s'il les regarde. Ils sont le blâme de celui qu'il tue.
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Le génocide tutsi est donc à la fois un génocide de proximité et un génocide agricole. Cependant, malgré une organisation sommaire et un outillage archaïque, il est d'une efficacité inégalée. Son rendement s'est révélé très supérieur à celui du génocide juif et gitan, puisque environ 800 000 Tutsis ont été tués en douze semaines.
En 1942, au plus fort des fusillades et des déportations,le régime nazi et son administration zélée, son industrie chimique, son armée et sa police, dotées de matériel sophistiqué et de techniques industrielles (mitrailleuses lourdes, infrastructures ferroviaires, fichiers, camions au monoxyde de carbone et chambres à gaz Zyklon...), n'ont jamais atteint un niveau de performance aussi meurtrier sur l'étendue de l'Allemagne et la quinzaine de pays occupés.
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(...) Je me souviens toutefois de la première personne qui m'a regardé, au moment du coup sanglant. Ça c'était grand-chose. Les yeux de celui qu'on tue sont immortels, s'ils vous font face au moment fatal. Ils ont une couleur noire terrible. Ils font plus sensation que les dégoulinements de sang et les râles des victimes, même dans un grand brouhaha de mort. Les yeux du tué, pour le tueur, sont sa calamité s'il les regarde. Ils sont le blâme de celui qu'il tue.

[Génocide rwandais : témoignage d'un des tueurs]
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Berthe : "Autrefois je savais que l'homme pouvait tuer un homme puisqu'il en tuait tout le temps. Maintenant, je sais que même la personne avec qui tu as trempé les mains dans le plat du manger, ou avec qui tu as dormi, il peut te tuer sans gêne. Le plus proche avoisinant peut se montrer le plus terrible. Une mauvaise personne peut te tuer de ses dents, voilà ce que j'ai appris depuis le génocide, et mes yeux ne se posent plus pareil sur la physionomie du monde."
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On n'était pas seulement devenus des criminels ; on était devenus une espèce féroce dans un monde barbare
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Alphonse : Des fauteurs racontent que nous étions transformés en bêtes sauvages. Qu'on était aveuglés par la férocité. Qu'on avait enfoui notre civilisation sous des branchages ; raison pour laquelle il nous est impossible de trouver des mots concordants pour en parle convenablement.
Voilà une blague pour égarer la vérité. Je peux dire ceci : en dehors des marais, notre vie se présentait très ordinaire. On chantonnait sur le sentier, on buvait des Primus ou de l'urwagwa, c'était au choix de l'abondance. On conversait de notre bonne fortune, on savonnait nos salissures de sang dans la cuvette, on se réjouissait les narines devant les marmites. On se réjouissait de la nouvelle vie qui allait commencer en mâchonnant des cuisseaux de vache. On se chauffait la nuit sur nos épouses et on sermonnait les enfants turbulents. Même si on ne contentait pas d'attendrissements comme auparavant, on était friands de bons sentiments.
C'étaient des jours très ressemblants comme je vous l'ai dit. On endossait les vêtements des champs. On s'échangeait des racontars au cabaret, on pariait sur nos tués, on s'envoyait des blagues sur des filles coupées, on se chamaillait devant des bagatelles de grains. On aiguisait les outils sur les pierres ponceuses. On s'échangeait des tricheries, on rigolait des "merci" des chassés ; on dénombrait et on abritait nos biens.
On multipliait toutes sortes d'occupations humaines sans anicroches, à condition de s'adonner aux tueries dans la journée, évidemment.
A la fin de cette saison des marais, on était trop déçus d'avoir raté. On était découragés de ce qu'on allait perdre, on était très apeurés de la mauvaise fortune et la vengeance qui nous tendaient les bras. Mais au fond, on n'était fatigués de rien.
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Au fond, pour cette première fois, j'ai été très surpris par la vitesse de la mort, et aussi par la mollesse du coup, si je puis dire. Je n'avais encore jamais donné la mort, je ne l'avais jamais envisagé, je ne l'avais jamais essayé sur un animal à sang. [...]
Par après on s'est familiarisé à tuer sans autant tergiverser
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« Parce que si on s’attarde trop sur la peur du génocide, on perd l’espoir. On perd ce qu’on a réussi à sauver de la vie. On risque d’être contaminé par une autre folie. Quand je pense au génocide, dans un moment calme, je réfléchis pour savoir où le ranger dans l’existence, mais je ne trouve nulle place. Je veux dire simplement que ce n’est plus de l’humain. »
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