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Imaginez, c'est le soir, vous vous couchez prête à ouvrir un nouveau livre, chaudement recommandé par nombre de vos amis. Il pleut, vous entendez la pluie rebondir sur le toit, mais vous êtes douillettement installé au fond de votre lit. Et là, d'un seul coup, en quelques pages, l'auteur vous immerge dans des scènes d'enfer, où la pluie, la neige, le froid, la boue règnent en maitres, l'abri des chariots n'est qu'une mince barrière pour s'opposer à la fureur des éléments, et vous avez complètement oublié la quiétude de votre lit douillet. Jugez par ce premier paragraphe du roman :
« Une pluie battante, cinglante, détrempa son manteau de laine pendant qu'il harnachait les chevaux de bât et le froid s'insinua dans ses os. Il frotta la selle mouillée avec sa manche avant de monter. Des vagues de sable arraché à la falaise se ruèrent à l'assaut de son visage, et quand il baissa la tête, l'eau accumulée dans le bord de son chapeau inonda son entrejambe. le vent bousculait la terre, rugissant à ses oreilles tel un long cri perçant lâché sur le monde. »

Ce roman, c'est une épopée, ce sont des aventures, des défis à relever, des obstacles à vaincre, une nouvelle vie à mettre en place dans une nature sauvage, où tout est à découvrir, où tout est à construire.

Ce roman, c'est une ode magnifique à la nature, sauvage, dangereuse parfois, mais aussi généreuse. L'auteur la décrit de façon très visuelle, très sensuelle aussi, nous transmettant la beauté, les couleurs, mais aussi les odeurs, les sensations éprouvées à son contact par ceux qui tentent de la domestiquer :
« Au long des journées, les rayons du soleil jouaient sur une terre encore amollie par la pluie du printemps. La chaleur et l'humidité libéraient le parfum unique de la fertilité, superposant les odeurs, accélérant la croissance de toutes choses. Les roses du couchant, les pourpres du crépuscule, les gris du soir entraînaient doucement le jour vers la nuit ; et le souffle de la terre, tour à tour délicat, sucré et puissamment épicé, enveloppait Burnett de ses grisantes turbulences. La terre était une femme qui, longuement aimée et caressée, se tendait vers la jouissance ultime. »

Ce roman, ce sont aussi et surtout une flopée de personnages, des hommes que l'on apprend à connaitre, à apprécier ou à détester, déclinés dans toutes les nuances de gris. Pas d'outrance dans les caractères, même les méchants auraient pu devenir autres. Des hommes oui, mais aussi des femmes, qui jouent un rôle crucial, qui sont bien éloignées des stéréotypes qu'ont pu nous transmettre les westerns. Elles ne sont ni dociles, ni soumises pour la plupart, et elles prennent leur vie en main, dans la mesure du possible et des contraintes infligées par l'époque et la situation.

Ce roman, c'est enfin une mine de réflexions qui m'ont enchantée, sur la vie, l'amour, la politique, les règles de vie dans une communauté, les préjugés raciaux (ici envers les indiens). L'auteur nous livre celles-ci au détour des péripéties, le tout très naturellement. J'ai été soufflée par l'intelligence de ses propos.

Et, cerise sur le gâteau, le tout servi par une écriture magistrale, très visuelle, très sensuelle aussi, que ce soit comme je le disais plus haut pour magnifier la nature, mais aussi dans ses descriptions des rapports entre hommes et femmes. Il fait partie de ses livres où j'e n'ai pas arrêté de noter des citations. J'en ai posté quelques-unes, mais si peu par rapport à ce que mérite cette écriture.

Encore merci à mes amis, d'abord à Gabb, qui m'a fait exhumer ce livre de ma PAL, merci à Berni et Yaena qui m'avaient poussé à l'y mettre. Et sans oublier Indimoon pour cette merveilleuse idée de collier. Une perle que j'ai appréciée, et qui prendra une place magnifique au milieu de toutes les autres.
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Whaou, quel pied !
54 chapitres sans une seule fausse note, 608 pages et pas une de trop !
Tellement emballé que je ne sais pas par où commencer...

◉ Peut-être en premier lieu par les personnages, nombreux, fouillés, complexes ?
Par cette caravane d'hommes et de femmes suffisamment courageux pour tout abandonner, quitter le Missouri sans se retourner et faire cap ensemble vers l'Ouest, autrement dit l'Oregon, autrement dit l'inconnu ?
Par ces portraits saisissants de trappeurs, agriculteurs, mères de famille, médecins, squaws ou patriarches qui tous évoluent, se transforment au cours du périple puis de l'installation en terre promise, offrant ainsi différentes facettes (dont certaines s'avèrent surprenantes) ?

◉ Ou bien non, ouvrons plutôt sur la nature, superbe et omniprésente, violente mais riche de promesses. Ouvrons sur ces milliers de kilomètres parcourus dans des conditions dantesques, sur ces orages effroyables, ces torrents à franchir, ces gorges à traverser, ces cimes à atteindre, ce bétail à convoyer dans la neige et le vent.
Parlons de cette nature d'abord franchement hostile, puis de celle un peu moins inhospitalière qui lentement se laisse apprivoiser tandis que les colons s'installent, défrichent et sèment, tracent des routes et bâtissent des ponts, aplanissent les sols et élèvent des cabanes.

◉ À moins qu'il ne faille entrer directement dans le vif du sujet en égrenant le chapelet de péripéties qui transforme en véritable épopée le voyage de nos valeureux pionniers ?
Évoquer la grande fresque épique, les conflits à désamorcer, la menace des Indiens qui campent derrière les collines, les désillusions, la faim et la précarité, la peur de l'avenir mêlée à l'excitation de la terre vierge synonyme de page blanche synonyme et de nouveau départ, les liaisons cachées, les passions secrètes et les déchirements entre certains membres de la communauté rongés d'envies, de jalousie ou de désirs ?

◉ Ne pas oublier bien sûr de vanter la qualité du style et la parfaite maîtrise de la narration dont fait preuve Ernest Haycox, écrivain prolifique (une trentaine de romans et environ trois cents nouvelles) et de grand talent ... dont je m'étonne de n'avoir pas entendu parler avant les billets enthousiastes de certains de mes petits camarades !
Tout au long de l'aventure, il ne cesse de changer de ton et d'atmosphère, alternant chapitres courts et intenses, elliptiques, "à l'os", et chapitres plus longs, plus lents, propices à une peinture plus profonde et plus intimistes de ses personnages ou à de belles envolées lyriques, dont l'auteur est prolixe quand il s'agit de décrire la nature et les rapports complexes que les hommes entretiennent avec elle.


Et voilà, à force de chercher la meilleure accroche, l'heure tourne et on me signale dans l'oreillette qu'il va déjà falloir conclure...
Je n'aurai même pas eu le temps de mentionner l'excellente postface de feu Bertrand Tavernier - qui n'est pas le plus mal placé pour parler de western ! - où le cinéaste nous dit toute son admiration pour Haycox qu'il présente comme un "travailleur acharné, perfectionniste, voulant faire éclater tout ce qui vulgarisait le genre [...] s'épuisant à perfectionner son art, oscillant entre les exigences commerciales et une envie irrésistible d'atteindre une vraie stature littéraire [...] cherchant sans cesse à approfondir, aiguiser un style qui capture de manière juste et honnête ce qu'avaient vécu les pionniers."

Ce roman - publié en 1952 à titre posthume - est donc une vraie réussite !
Plus encore que le récit d'aventure, je retiendrai le message profondément humaniste et égalitaire délivré par l'auteur, ainsi que l'empathie dont il témoigne envers ses personnages, femmes et hommes, Blancs et Indiens, vieillards obnubilés par leur descendance et le bien des générations futures, couples qui se cherchent ou bien qui se déchirent, le tout sur la magnifique toile de fond d'un pays encore libre et sauvage.

Un livre dense et addictif, une histoire de courage et de solidarité porteuse de valeurs fortes (dans la tempête comme dans les accalmies, "la communauté est essentielle et l'individu seul ne résout jamais rien") : en somme une très belle lecture pour bien commencer l'année !
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Ces pionniers viennent du Missouri, ils ont tout abandonné pour trouver de meilleures terres, au terme d'un voyage dantesque dans leurs chariots. Ils y ont entassé tout ce qu'ils possèdent et traversent les Grandes Plaines, puis les Montagnes Rocheuses. C'est là qu'ils affrontent les rapides du fleuve, et les inondations qui trempent les hommes, les bêtes et les biens. Parvenus à destination, ils s'installent et commencent une nouvelle vie, tut aussi difficile que celle qu'ils ont laissée.
Burnett est le héros de ce livre, c'est un homme calme et mesuré, il vit seul au milieu de tous ces pionniers, la famille Gay, dont la fille Katherine ne le laisse pas indifférent, la famille Rinearson, le docteur Whitcomb, le violent Carl Lockyear et tant d'autres personnages hauts en couleur. La vie se déroule lentement, rythmée par le dur labeur quotidien et quelques évènements heureux ou malheureux.
Ce grand roman de l'Ouest est une gigantesque fresque, une plongée dans l'histoire américaine qui aboutira à la grande démocratie que nous connaissons maintenant. Les personnages évoluent entre les barrières de classe, les préjugés raciaux, les relations intimes difficiles chez ces gens durs au mal, c'est sans doute une des plus grands romans sur l'apprentissage de la civilisation.
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Suivez les pionniers dans le Grand Ouest américain. Sur une terre hostile, rude, inhospitalière, que les Blancs auraient dû laisser aux Amérindiens. À une époque misogyne, raciste et violente. Suivez-les, vous ne serez pas déçu.es du voyage, vous pourriez même y rencontrer des gens de grandes valeurs.
Ernest Haycox signe ici un western implacable ancré dans un quotidien où se déchainent les éléments et les émotions. Il ne se passe pas grand chose dans "Les pionniers" mais l'auteur américain réussit la prouesse d'écrire un roman d'ambiance de plus de 500 pages sans jamais ennuyer ses lecteur.ices.
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Pionniers est un western loin des clichés du genre. Ernest Haycox nous embarque dans une traversée épique de femmes et d'hommes de tous horizons ayant tout quittés pour trouver plus à l'est non pas l'Eldorado mais un territoire plus clément pour rebâtir une vie, une communauté
Gros coup de coeur.
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Haycox dans toute sa splendeur. Un roman qui a le nom de western mais qui est surtout une étude de meurs.
Des personnages ciselés, chacun avec ses forces et ses zones d'ombres. L'homme fort, leader naturel, l'homme bon et sage et écouté de tous, le patriarche riche et passant tout à ses fils, le calculateur, politicien dans l'âme, l'homme d'église, intolérant, l'homme violent, tueur pour le plaisir...et tant d'autres. Mais surtout il y a les femmes. le point fort de Haycox: les mettre au centre du roman, non plus des faire-valoir pour les hommes mais des personnages complexes qui influencent la destinée de ce groupe de pionniers. Lucy l'épouse délaissée mais qui revit grâce à l'amour d'un homme, Edna la séductrice attisant le désir de tout homme mais attirant le malheur sur eux, et tout compte fait sur elle même. Et puis il y a Katherine. le roc sur lequel s'appuyer, construire, le feu et l'eau auprès duquel se reposer et puiser sa force.
The Earthbreakers...le titre anglais rend mieux justice au thème de ce roman. Ces pionniers qui sont là pour dompter la terre sauvage, établir les prémices d'une civilisation. Une école, des routes pour reliées chaque maison et permettre le commerce, un moulin pour transformer le blé. Mais aussi une civilisation "blanche" ou "chrétienne" qui tolère à peine les indiens et qui les évince, détruit leur univers sans même sans rendre compte, sans donc l'ombre d'un remord.

Un grand roman qui dépeint certainement fidèlement ce que fut la véritable colonisation de l'ouest américain.
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Allez ! Ho ! Hue ! Dia !
Je garde encore en moi les sensations vives des premières pages de ce roman, Les Pionniers, écrit par l'écrivain américain Ernest Haycox.
Je me suis retrouvé sous des pluies torrentielles, au milieu des radeaux chargés de bétail et des chariots qui menaçaient sans cesse de sombrer dans la rivière impétueuse qu'il fallait traverser.
J'étais transpercé par ces trombes d'eau, par le froid, par la bourrasque, par tous les éléments déchaînés en même temps. Transi, rincé, fourbu, comme si je venais de passer l'heure dans une lessiveuse.
Un western en panavision, me direz-vous ? Mieux que ça, un roman tout simplement, digne de la grande littérature américaine, car l'acuité des mots me semble ici et tout au long des pages de ce livre, plus fort que certaines images de cinéma.
Dès les premières pages, le tableau est posé : on sent les protagonistes de cette histoire déterminés à aller jusqu'au bout de leur périple.
Ils viennent du Missouri et ont tout abandonné dans l'espoir de fonder une terre nouvelle à des milliers de kilomètres de leurs foyers, là-bas à l'Ouest, dans l'Oregon. Ce sera désormais leur Eldorado.
On les appelle les Pionniers, ce sont les premiers colons qui vont faire la conquête de l'Ouest.
Dès les premières pages, les personnages sont campés avec une infinie justesse et j'ai senti tout de suite qu'Ernest Haycox était désireux de casser les codes du « bon » western classique.
Bien sûr, il y a les thèmes de prédilection chers au genre : l'extrême rudesse d'un quotidien où tout reste à construire, la grandeur de la nature, la menace indienne, quelques rixes mais si vous venez pour cela vous serez vite déçu ; en contrepoint ce qui a emporté ma fascination est la manière dont l'auteur décrit ses personnages, les anime dans une fresque sociale magnifique, c'est-à-dire avec beaucoup d'empathie et de compassion.
Bien sûr, on rencontre des méchants, des odieux, des crapules, mais ils ne sont pas légion dans le récit. Il y en a bien un en effet, Cal Lockyear, qui finit par être rejeté par la communauté à cause de sa brutalité ; sans l'accabler à outrance pour sa conduite, l'auteur recherche toujours la nuance pour comprendre le parcours d'un homme harassé de violence. Ici les personnages les plus haineux sont des êtres désespérés.
Il y a même un prédicateur haut en couleur, Lot White, comme seul le côté sombre et ridicule de l'Amérique sait en produire. Ce fut vraiment une période fondatrice à tous points de vue.
Je me suis attaché au pas de Rice Burnett, comme un ami un peu solitaire, qui cherche son chemin.
Mais surtout il y a de très beaux personnages féminins, notamment je pense aux personnages d'Edna et de Katherine qui m'ont touché. Elles cherchent à être maîtresses de leur destin, on est loin ici des stéréotypes du western qui les a souvent reléguées au second plan, elles combattent à visage ouvert, volontaires, déterminées, intelligentes.
Pour autant, l'auteur est conscient de la condition indigne qui était réservée aux femmes dans la communauté des colons, en dépit du rôle crucial qu'elle ont joué dans cette grande conquête de l'Ouest.
Et puis il y a Louisa femme squaw qui a épousé un trappeur blanc.
Le regard hostile des colons, sa confrontation avec les femmes blanches, vont la miner. Et le regard qu'Ernest Haycox porte sur cette situation, sur la confrontation des colons avec les Indiens, souligne ses convictions humanistes.
C'est une fresque sociale décrite dans un rythme lent, servie par une écriture généreuse, magnifique, ample, qui va convier tous ces personnages, en faire des histoires intimes mêlant désir, amour, jalousie, déception, regrets...
Ce sont de très belles parenthèses sentimentales, des échappées intimistes où des femmes et des hommes se cherchent, s'affrontent, s'interrogent ou se perdent. Derrière la rudesse du quotidien, ce sont des zones d'ombres secrètes qui sont ici esquissés avec sensibilité, des moments impalpables, faits de regrets, d'espoirs déçus, de silences, de renoncements. La vie, quoi !
Il y a des scènes fortes et poignantes.
La violence est souterraine et lorsqu'elle éclate c'est un fleuve impétueux.
La nature n'est pas en reste, j'ai eu sans cesse l'impression d'étreindre un paysage beau, immense, vertigineux qui faisait écho avec le coeur des personnages.
Oui, Les Pionniers est un roman splendide et touchant, mêlant avec talent des histoires intimes avec la dimension universelle de l'Amérique qui s'est construite aussi à l'aune de ces récits et chemins...
Le western littéraire est un genre qui n'a pas à rougir de sa position, il appartient à part entière à l'histoire de la littérature américaine. Ernest Haycox l'a démontré ici avec brio avec ce récit d'une puissance d'évocation qui m'a particulièrement séduit.
Les Pionniers, c'est un roman qui m'a conquis. Merci Doriane (alias Yaena) de m'avoir incité à aller à la rencontre de ce livre par ton très beau billet.
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Les Pionniers est un livre ambitieux car il s'agit de nous raconter l'histoire des Pionniers dans leur intégralité. Leur voyage mais aussi leur installation et leur vie quotidienne. Une sorte de documentaire romancé. Ernest HAYCOX nous raconte l'histoire de plusieurs familles qui ont laissé derrière elles le Missouri pour aller vers l'Ouest et plus précisément à Oregon City. A l'époque il ne s'agit pas d'un simple voyage c'est un véritable périple où chacun risque sa vie. Ces hommes, femmes, enfants, vieillards, ont tout laissé derrière eux sans aucun espoir de retour : amis, famille, maison, terres,… ils ne reverront plus ce qu'ils ont quitté. C'est un véritable déracinement, c'est presque comme émigrer dans un autre pays.

A l'Ouest ils ne savent pas ce qui les attend il ne savent que ce qu'on leur a raconté. de la bonne terre à perte de vue gratuite et qui ne demande qu'à être cultivée. Mais rien n'est jamais gratuit, le paiement sera fait de sueur et de sang, chacun le sait.

Loin des chevauchées endiablées, des bagarres de saloon, des feux de camps et de tout ce qui fait les westerns classiques, HAYCOX nous offre un western historique absolument fascinant. Nous vivons en immersion le quotidien de ces pionniers qui ont tout à construire. Car une fois la destination atteinte peu importe les corps épuisés et les esprits las tout est à faire. Les cabanes n'y suffiront pas. Si elles abritent les familles elles ne font pas une communauté. Elle aussi est à bâtir sur des fondations solides de solidarité et d'entraide. Pas toujours facile quand les personnalités sont si différentes. Chacun doit prendre sa place et trouver le rôle qu'il a à jouer. Les intérêts personnels ne rejoignent pas toujours l'intérêt collectif.

HAYCOX se fait sociologue et nous offre le tableau d'une société en devenir. Il soulève des problématiques telles que la place des femmes dans la société et les relations entre les hommes et les femmes. Les histoires d'amour se font et se défont et se mêlent aux intérêts plus terre à terre : une femme à l'époque ne peut demeurer seule et si en théorie pour un homme c'est possible la vie quotidienne est bien trop difficile pour tout faire seul. Parfois l'amour rejoint l'utile et parfois non. Si Rice Burnett, un homme célibataire, semble être le héros de ce livre je pense surtout qu'il permet d'insuffler la dynamique nécessaire à l'histoire mais qu'au final le personnage principal ce sont Les Pionniers dans leur ensemble. L'auteur prend le temps de nous faire entrer dans chaque foyer et d'appréhender les états d'âmes de ces habitants.

J'ai beaucoup aimé les personnages féminins. Souvent dans les westerns ils sont plutôt fades, ici c'est tout le contraire. Elles ne sont pas des faire valoir pour d'autres personnages. Il y a Mme Maillard, féministe avant l'heure et pleine de colère face à ces vies injustes que doivent mener les femmes, Edna qui refuse de porter le masque de la femme convenable, Katherine qui refuse de se marier par convenance mais aussi Louisa, un personnage secondaire, une femme indienne victime de la cruauté du monde.

Les hommes ne sont pas en reste, Lockyear la brute rejetée qui n'en devient que plus brutale, Burnett le loup solitaire qui aimerait être apprivoisé, M. Gay le leader charismatique, Collingwood qui voudrait être quelqu'un, White l'homme de Dieu

HAYCOX nous épargne les personnages caricaturaux et à travers chacun d'entre eux montre à quel point il était en avance sur les idées de son époque (il est mort en 1950). Ses personnages de femmes montrent une réelle critique de la place qui leur est faite dans la société tout en mettant en avant le rôle primordial qu'elles y jouent. Il critique la façon dont ont été traités les indiens durant la colonisation et les considère comme des êtres humains à part entière et non comme des sauvages ou des sous-hommes, ce qui, pour l'époque, est audacieux. de même que la manière dont il caricature White et son dévouement à Dieu. Il y a d'ailleurs un passage avec un semblant de tentative d'exorcisme à mourir de rire.

Mais surtout quelle plume. Les descriptions sont d'une beauté à couper le souffle. Jamais grandiloquentes, toujours justement dosées. Des phrases qui coulent comme une rivière et qui vous transportent. Les mots font naître les odeurs, les sons, les images comme si vous y étiez. Une nature vivante et sauvage à la fois tout en nuance et en brutalité. Face à elle des hommes humbles qui luttent et s'adaptent. Qui aiment et respectent.

Une histoire qui se déroule sur un rythme lent, constant, régulier, pas de rebondissements de changements de cap mais plutôt des évènements, des hauts, des bas. On accompagne ces vies à la dure où personne ne se plaint et où tout le monde avance. HAYCOX réussi à nous emmener dans une épopée qui mêle la grande Histoire à l'intime rendant cette fresque passionnante et touchante. Pleine de tout et de rien. C'est un de ces livres où il ne se passe pas grand-chose mais où le coeur arrête de battre dans les silences. C'est un de ces livres où il ne se passe rien d'autre que la vie, où la simplicité réchauffe l'âme, où l'amitié rustre vous noue le ventre. C'est un de ces livres qui vous manque quand vous l'avez terminé.
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C'est le problème des livres empruntés à la bibliothèque : si je ne rentre pas facilement dans l'histoire, il y a très peu de chance que je persévère dans la lecture du livre.

C'est exactement ce qu'il s'est passé avec les pionniers : trop de descriptions avec un style qui a mal vieilli, un climat froid et humide et puis je n'ai eu aucune sympathie pour les personnages, très caricaturaux.
Bref, j'ai arrêté.

Tant pis, si je suis passée à côté d'un chef d'oeuvre !
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Ce roman narre l'épopée des pionniers. Nous embarquons avec eux dans les chariots pour un grand voyage, en espérant que leurs rêves s'accomplissent.
Le début est un peu difficile avec une foule personnages mais petit à petit, chacun trouve sa place. Un certain nombre d'entre eux sont des stéréotypes avec peu de nuances mais cela ne nuit pas à la lecture. Nous avons là un échantillon de personnages représentatifs d'une époque et cela nous entraîne au fil des pages.
En le terminant, on regrette de les quitter et on aimerait bien que ce roman ait eu une suite...
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