Le Clan des Otori, tome 5 : Le Fil du destin

Etant incapable de lire dans l'avenir, Shigeru ne pouvait savoir que sa propre tombre deviendrait un lieu de pèlerinage destiné à durer aussi longtemps que le Pays du Milieu, et qu'il serait adoré à jamais comme un dieu.

- Sire Takeshi n'est plus. Nous l'avons appris par une lettre de Matsuda Shingen. Il est mort à Yamagata et a été enterré à Terayama.
Shigeru pensa stupidement : Il ne m'attendra pas. Je n'ai pas à m'en préoccuper. Puis il n'entendit plus que la rumeur du fleuve au bout du jardin. Ses flots semblaient monter autour de lui. Finalement, il avait bel et bien perdu Takeshi dans ses troubles abîmes. Shigeru n'aspirait plus désormais qu'à être submergé par l'eau et se noyer.
Il entendit quelqu'un sangloter violemment et se rendit compte que c'était lui-même, tandis qu'une terrible douleur oppressait sa poitrine et sa gorge.
Pourquoi maintenant, juste au moment où ils allaient agir ensemble ? Pourquoi l'épidémie ne l'avait-elle pas emporté à la place de son frère ? Il revit Takeshi sur le dos de Raku, galopant à travers la prairie, son regard ravi quand il avait gagné la course, son visage radieux, débordant de vie, l'émotion avec laquelle il avait parlé de cette jeune fille appelée Tase.

Trop affaibli par Yaegahara pour attaquer franchement les Seishuu au cours des années suivantes, Iida exigea également d'eux des contreparties pour leur alliance avec les Otori. Araï Daiichi reçut l'ordre de sevir Noguchi Masayoshi. La fille aînée de sire Shirakawa, Kaede, fut envoyée comme otage au château de Noguchi dès qu'elle fut assez âgée, et la fille de Maruyama Naomi, Mariko, connut le même sort à Inuyama. On édifia d'énormes châteaux à Yamagata et a Noguchi, et les routes principales furent dotées de postes frontières soigneusement gardés.
Mais tout cela appartenait encore à l'avenir.

Leurs voix semblaient lointaines à Shigeru et la pièce était comme noyée de brouillard. Une seule pensée l'occupait :
- Cependant Jato est venu me trouver. Je ne dois pas mourir avant de m'être vengé. Il est impossible que je cesse d'être le chef du clan. Jato est venu me trouver.
Puis se rappela comment le sabre lui était venu, et les mots de l'homme qui le lui avait apporté.
- Le discernement, la fourberie et surtout la patience.
Telles étaient les qualités qu'il devrait mettre en oeuvre pour survivre. Il allait commencer à les mettre en pratique dès maintenant.

- Je comprends. J'obéirai à vos désirs en ceci comme en tout.
Son père sourit de nouveau, d'un air affectueux cette fois.
- Votre naissance s'est fait attendre, mais je la considère comme l'évènement le plus heureux de ma vie. Malgré mes défauts et mes faiblesses, j'ai été braiment béni en ayant un fils tel que vous.
Shigeru fut réconforté par ces paroles, et aussi par l'accord régnant entre ses parents. Son père sembla lui-même fortifié par leur réconciliation. Même si sire Shigemori consulta comme d'habitude prêtres et chamans, il ne permit pas que le jour du départ soit indûment retardé et se décida pour la première date semblant tant soit peu propice.

- Un grand avenir l'attend, poursuivi-t-elle (Shizuka).
A l'instant où elle prononça ces mots, elle les regretta, prise d'un mauvais pressentiment comme si elle avait tenté le sort. Elle redouta qu'en fait la vie de Yuki ne soit brève.

- Il nous faudra des faucons, dit Shigeru à Kiyoshige.
- Je m'en charge.
- Ce sera une journée idéale pour chasser au faucon, déclara la femme appelée Muto Shizuka.

La vieille femme lui rendait ses visites, et emmena un jour avec elle la veuve et les fils de Hayato pour qu'ils remercient Akane. Les garçons étaient aussi beaux qu'intelligents, et elle se dit qu'ils auraient la même bonté que leur père. Elle finit par s'intéresser à leur bien-être, envoya des cadeaux à la famille. Elle leur avait sauvé la vie - d'une certaine manière, ils devinrent ses enfants.

- Et en échange vous épargnerez la vie des enfants et permettrez à la famille de garder sa maison ?
- Ne serait-ce pas une preuve de clémence de ma part ? Peut-être vais-je acquérir à mon tour une réputation de compassion et devenir aussi populaire que Shigeru.
- Sire Masahiro se montre en effet très compatissant. Je veillerai à ce que son geste ne passe pas inaperçu.
Elle sentit la main de Hayato sur sa nuque, une pression légère, presque une caresse. Puis il disparut.
- Adieu, dit-elle dans son coeur. Soyez en paix désormais.
Elle pria pour qu'il trouve le repos, en espérant qu'il renaîtrait sous d'heureux auspices et ne reviendrait pas la hanter.

S' il vous plaît, je viens à peine de découvrir la saga et je suis toujours plongée dans la lecture du premier tome. Je voudrais savoir si c'est une trilogie ou une saga à 5 tomes. Merci d'avance.