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Trudi naît en 1915 à Burgdorf, près de Düsseldorf en Allemagne. La naissance de la petite fille trouble la santé mentale de sa mère Gertrud, qui refuse d'abord de toucher son bébé, puis finit par l'accepter sans pour autant retrouver la raison. Gertrud décède à l'hôpital psychiatrique lorsque Trudi a quatre ans. La fillette continue à être bien entourée de ses voisins particulièrement attentionnés avec elle, et surtout d'un père formidablement doux et aimant. En revanche, Trudi côtoie peu les enfants de son âge qui la fuient parce qu'elle est naine. A mesure qu'elle grandit, elle apprend à subir la cruauté, le rejet dûs à sa différence. Elle se forge une carapace en se repaissant des petits secrets honteux ou amusants des autres. Elle puise sa force dans l'amour que lui voue son père, un bibliothécaire passionné de livres... En arrière-plan, inévitablement, on assiste à l'avènement du nazisme après la défaite de l'Allemagne en 1918, à la montée en puissance de l'antisémitisme, puis, de plus en plus intimement mêlée au destin de Trudi, la guerre apparaît dans toute son horreur.
Ce roman nous offre le portrait magnifique d'une femme différente, intelligente et extrêmement sensible, et de ce fait très attachante. Beaucoup de personnages émouvants gravitent autour d'elle et savent lui répondre - son père, en premier lieu. La détresse de Trudi enfant est lancinante, douleur de la différence d'abord, douleur du rejet qui en découle, ensuite. Son handicap et l'amour de ses proches feront d'elle une femme forte, fière, mais bonne et juste, toujours animée néanmoins par sa colère et sa haine envers ceux qui la blessent.
La peinture de la petite ville allemande de Burgdorf et de ses habitants entre 1915 et 1952, à travers le regard acéré et sans complaisance de Trudi, est particulièrement intéressante : crise économique consécutive à la guerre 1914-1918, rôle de la femme et place de la famille, horreur de la guerre pour les populations, arrivée des soldats américains et épuration, "retour au calme"... et bien sûr, omniprésente, l'évolution de l'antisémitisme jusqu'à son point culminant.
C'est l'occasion d'explorer la palette des réactions humaines des plus viles aux plus nobles dans les situations extrêmes... On s'émeut, on reçoit parfois de grands chocs, on se régale aussi car cet ouvrage est riche de jolies phrases, d'idées percutantes, de beaux dialogues qui ponctuent la densité du récit. Mais, hélas, on est aussi submergés de détails, de personnages et c'est dommage car j'ai plus d'une fois repris cet ouvrage fastidieux à contrecoeur. Je ne devrais pas le dire car malgré tout, je conseille vivement de faire connaissance avec Trudi !

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Même si Trudi n'aime pas entendre ce mot dans la bouche des autres, c'est souvent la seule chose qu'ils voient d'elle : c'est une naine et du fait de sa petite taille, tout un chacun croit que ses rêves et ses désirs sont eux aussi plus petits, plus étroits.
C'est par les yeux de Trudi que nous assistons aux évènements de la première moitié du XXème siècle (de 1915 à 1952 exactement) dans un petit village fictif sur les bords du Rhin, Burgdorf dans les environs de Düsseldorf. Trente ou quarante années cruciales, et plutôt noires, de l'histoire allemande. Des années sur lesquelles nous n'avons pas fini de nous interroger, qui n'ont pas fini de nous interroger. Comment est-il possible d'en arriver là ? Qu'aurais-je fais dans une situation similaire ?...
Aucun livre, de fiction ou d'histoire, ne répondra de façon définitive à ces questions. Ursula Hegi, dans ce livre de plus de 700 pages, tente d'apporter sa contribution à cette réflexion, par le biais de ce personnage qui porte sa différence en bandoulière, comme un jour les Juifs ont commencé à porter la leur sur le revers de leur manteau.

Au premier abord, Trudi n'est pas un personnage très attachant. Les humiliations quotidiennes qu'elle a subies du fait de son apparence physique ont aigri son caractère et l'ont presque rendue méchante, pensant avant tout à meurtrir et à humilier à son tour. Mais elle a, notamment grâce à son père, le très doux et charismatique Leo Montag, un sens très net de ce qui est juste et elle saura faire les choix nécessaires pour ressortir la tête haute. de façon intéressante, elle semble d'ailleurs plus encline à aider de parfaits inconnus plutôt que les gens de son village (à quelques exceptions près), comme s'il était plus facile d'aider un inconnu (qui incarne une figure humaine) qu'une personne que l'on connaît et donc on connaît donc les turpitudes ou les bassesses.
Mais Trudi s'adoucira, en sens inverse de son pays qui devient de plus en plus inhumain, qui, de plus en plus rejette la différence. Pas d'action d'éclat dans ce livre, pas de grand réseau de résistance faisant preuve d'un courage hors du commun, pas non plus de monstre sanguinaire, juste des gens qui font en silence ce qu'ils considèrent comme leur devoir, d'autres qui se coulent dans le moule et savent en profiter, et beaucoup qui demeurent silencieux et font le dos rond. Probablement une bonne représentation de ceux qu'ont été les Allemands pendant cette période.

La thèse d'Ursula Hegi est que cette situation a pu se développer grâce à la culture du qu'en-dira-t-on et des arrangements avec la vérité qui prévalait dans l'Allemagne du début du siècle. Une culture qui ne laissait pas non plus place au questionnement ou au doute. Comme il sera assené à Trudi plusieurs fois au cours de son éducation (catholique), questionner, c'est déjà ne pas avoir la foi, c'est donc pécher. Pour développer cet argument, Ursula Hegi consacre les quelques 150 ou 200 premières pages de son livre à faire évoluer ses personnages dans l'atmosphère étouffante de la petite bourgade de Burgdorf dans les années qui suivent la fin de la première guerre mondiale. Cela rend le roman lent dans ce premier tiers, mais les arguments développés sans en avoir l'air prennent leur sens dans la suite du livre, et j'ai alors pardonné ce qui m'était apparu au premier abord comme des longueurs. La fin est peut-être aussi un peu trop sirupeuse et pleine d'une introspection de façade sur ce que le fait de se souvenir (de façon sélective) et de raconter (selon un autre processus de sélection) révèle d'une personne ou d'une société.
Mais, entre un début un peu lent et une fin pas tout à fait dans la ligne du reste du roman, il y a des pages véritablement prenantes. L'écriture est simple et directe, et elle aborde de front des questions récurrentes mais aussi des questions plus subtiles sur le comportement des civils allemands pendant la montée du nazisme et la guerre.
La question du silence bien sûr, et à partir de quand le silence devient-il complicité, puis même responsabilité ? Mais il y a aussi des réflexions plus dérangeantes, faites par certains personnages, des aspects de la question auxquels je n'avais personnellement jamais pensés, et c'est cela que j'ai aimé dans ce livre, cette capacité à éclairer les dilemmes moraux d'un éclairage cru et nouveau. Comme penser à ces Allemands qui ont souhaité la défaite de leur pays, qui savait que l'Allemagne se relèverait mieux d'une défaite que d'une victoire. Peut-être cela paraît-il évident à certains d'entre vous, mais je n'avais jamais envisagé que la guerre ait été pensée dans ces termes.
Le livre, à plusieurs reprises, revient sur la barrière entre persécutés et persécuteurs, avec notamment un regard plein d'un mélange de rejet et de compassion pour les persécuteurs. Sans les absoudre ni même réellement chercher les causes de leur engagement, Ursula Hegi, d'une certaine façon, les plaint, plaint leur manque d'humanité. Comme un des personnages, Mme Blau qui se fait cette réflexion : « oui, si elle avait le choix, elle préférait être une persécutée plutôt que d'être une persécutrice. Dans les deux cas, le prix à payer était terrible ; mais elle préférait encore subir l'humiliation et la peur plutôt que de devenir totalement insensible à ce qui faisait l'humain. » (Chapitre 11, “1938”, p. 369).
Mais à un autre moment, constater que de toute façon le persécuté perd toujours. On lui prend d'abord ce qu'il pense avoir gagné à la sueur de son front, avoir mérité : ses richesses, ses meubles, ses souvenirs. Puis quand il n'a plus rien de personnel, on s'attache à le dépouiller de ce que l'on croyait acquis pour tous : sa famille, être à l'abri du froid et de la faim. Alors soit il meurt, soit il s'accroche et tente de survivre, donnant alors raison à ses bourreaux pour qui il est moins qu'un homme, tout juste un animal.

Des pensées dures, des moments sombres, ce livre est une contribution à un certain devoir de mémoire, celui qui cherche à décortiquer les évènements et à ne pas les édulcorer, pointant du doigt ce que nos petits accommodements peuvent avoir de monstrueux et nous obligeant à réfléchir à notre responsabilité dans les grands évènements, aux extrêmes auxquels peuvent conduire nos petites lâchetés et notre refus de regarder.
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De la première guerre mondiale à la fin de la seconde, dans une petite ville allemande, ce roman dense raconte l'histoire de Trudi, une naine à l'esprit vif. A cause de sa petite taille, elle est souvent ignorée par ses concitoyens. Cette situation lui permet d'écouter les conversations et de témoigner des lâchetés mais aussi du courage des hommes.
Un livre fort et écrit avec un vrai sens de la narration.
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Trop long, trop ennuyeux ...ça manque de profondeur, d'intensité, de rebondissements. le récit est tellement diluée de détails et de personnages de passage qu'on se perd dans cette histoire !
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1915 dans une une petite ville (imaginaire) d'Allemagne naît Trudy d'un père revenu de la guerre blessé a une jambe et d'une mère folle. Trudy naît naine et sera,enfant, rejeté par beaucoup de personne même sa mère . Solitaire, elle passe son temps a observer les autres et a les raconter afin d'attirer leur attention. Elle assiste a la montée d'Hitler au pouvoir en Allemagne et au comportement de ses concitoyens face a cette dictature entre ceux qui y adhèrent, ceux qui se taisent et ceux qui sont persécutés.



Roman ambitieux puisqu'il nous raconte l'histoire de l'Allemagne de 1915 a 1952 du point de vue d'une jeune fille née naine dans une petite ville de province . Ambitieux car rares sont les livres parlant de la guerre 39/45 du point de vue d'un village allemand même si au départ on peut penser au roman "le tambour" de l'auteur allemand Gunther Grass.Ambitieux car l'auteure essaye de nous entraîner dans une époque pleine de bruits et de fureurs mais elle n'arrive pas a nous emmener avec elle, la faute a un récit qui, après un début prometteur, s'essouffle et nous laisse peu a peu décrocher. La faute aussi a un nombre important de personnages que l'on rencontre souvent épisodiquement et que l'auteure ne fait qu'effleurer nous laissant une impression de superficialité, les seuls personnages fouillés étant Trudi et son père. La peinture de cette époque est ,quand a elle, réussie et nous plonge dans l'atmosphère de terreur de cette époque dans laquelle vivaient ceux qui rejetaient le nazisme et pour ceux qui étaient juifs. Un roman qui aurait gagné a se concentrer plus sur la période de la guerre ce qui aurait permit au récit de ne pas délayer l'intérêt du lecteur dans des histoires annexes moins intéressantes et ramener le roman a un nombre de pages moins conséquent (730 pages). Un roman qui vaut plus par son contexte historique que par l'histoire de son héroïne . Ma note 6/10 pour ce roman historique trop emberlificoté.
Lien : http://desgoutsetdeslivres.o..
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Le regard de "Trudi la naine" ne dépasse pas son village de Burgdorf, mais saisit tous les événements qui, de 1915 à 1952, se déroulent pourtant bien au-dessus de sa petite taille. Rien ne lui échappe. Elle s'interroge, avec une lucidité quelquefois cruelle, sur sa différence, elle qui ne grandira jamais, quels que soient ses efforts. Qui saura l'aimer, à part son père ? Comment oublier la maladie mentale de sa mère, tôt disparue ? Surdouée, Trudi analyse et comprend le monde avant tout le monde, petits et grands. Elle sait les faire parler. Elle les juge, les manipule aussi. Comme le sycophante de l'antiquité, elle répand histoires et rumeurs. Mais elle sait aussi écouter et aimer. La chronique villageoise, bousculée par la montée du nazisme et de la deuxième guerre mondiale devient insensiblement une histoire de l'Allemagne et de la persécution des juifs, vue de son bourg. Alors le roman d'Ursula Hegi, dont le style pouvait lasser par la minutie de ses descriptions de miniaturiste, prend son envol. La fresque est en place pour les drames qui s'y déroulent. Emporté dans ce tourbillon, le lecteur est saisi par les horreurs du temps, au fil d'un quotidien absurde et monstrueux, en même temps qu'il est conquis par l'humanité tranquille et la détermination de l'héroïne, qui, comme dans la chambre noire du photographe, se révèle tout comme elle révèle son époque, de manière saisissante. Ce livre a obtenu le Prix des Lecteurs 2010 (Littérature) du Livre de Poche.

http://diacritiques.blogspot.fr/2010/04/lallemagne-vue-den-bas.html
Lien : http://diacritiques.blogspot..
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Les allemands luttant contre le nazisme, l'amour des livres.....
.Un livre marquant, très intéressant.
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Née en Allemagne en 1915, d'une mère un peu dérangée et d'un père estropié, Trudi est naine.
Ce qualificatif ne suffit évidemment pas à définir le personnage complexe composé par Ursula Hegi, en revanche, il permet à ses voisins de la considérer très tôt comme si elle n'était pas tout à fait une personne. Aussi, ils ne se gênent pas pour se dévoiler devant elle : elle ne compte pas vraiment. Ce sera la force de Trudi, puisqu'elle ne peut obtenir le respect des habitants du village, elle glanera leurs secrets. C'est ainsi que l'auteur parvient à introduire dans son récit un personnage omniscient mais aussi profondément humain, qui sera le témoin d'une époque au cours de laquelle les conditions extrêmes exacerbent courage et lâcheté, résignation et combativité, amour, haine et folie. Une narration brillante.
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