Trudi la naine, c'est l'histoire de Trudi Montag (naine, donc) de sa naissance, en 1915, à la mort de son père, Leo, en 1952. A Burgdorf, près de Düsseldorf, en Allemagne.
Forcément, la petite histoire, celle de la vie quotidienne de Trudi et de sa communauté, rejoint la grande, avec l'ascension d'
Adolf Hitler, la guerre, l'arrivée des Américains...
C'est la première fois que je lis un livre sur cette période écrit du point de vue allemand. Parce que tous les Allemands n'étaient pas des nazis, certains aussi, cachaient des Juifs, et les aidaient à s'enfuir, en Suède, en Suisse ou en Amérique latine...
Les chapitres du roman correspondent à des périodes ou à des années, et
Ursula Hegi nous raconte les événements dans l'ordre où ils arrivent : la naissance de Trudi, et la folie de sa mère, Gertrud, le dévouement de son père, Leo, revenu avec un genou en acier de la première guerre mondiale. La solidarité avec les voisins et les voisines : les Abramovitz, le Dr Rosen, Hedwig, l'épicière, qui habille son fils Georg en fille et lui laisse les cheveux longs... Trudi a beau être naine et détester les regards qui se posent sur elle, elle fait pleinement partie de la ville. Son père est bibliothécaire, et très tôt, elle l'aide dans ses fonctions. Les gens viennent à elle, et elle devine, à travers ce qu'ils disent, tout ce qu'ils ne disent pas. C'est une sorte de don, que dans un premier temps elle va utiliser pour se venger.
Tout est passionnant dans ce roman : le vie de Trudi, celle de son père, celle de la ville. On voit bien l'arrivée du nazisme, presque en douceur, avec les bienfaits du début (plus de chômage, de l'espoir...) et la lente descente aux enfers à mesure que monte le fanatisme. le bienfaiteur anonyme et ses nombreux cadeaux sans que jamais il ne dévoile son identité...
Impossible de déterminer, quand on découvre tous ces personnages, qui va vivre, qui va mourir, qui va sauver, qui va trahir, ni comment les différends pourraient se résoudre.
J'ignore la part du réel et de l'imaginaire dans cette oeuvre, mais en tout cas, aucun défaut de crédibilité. Et pas de pathos. Juste des choses qui arrivent, et des gens, qui réagissent.