Pain bénit

C'est l'histoire d'une ado qui s'emm*** à mort dans son bled miséreux, dans un Moyen Âge fantasmé. Entre l'école et son job pour aider papa-maman à la boulangerie, elle se prend des cuites avec ses potes. Quand un jour elle a une vision qui se révèle exacte, le village la porte oracle à la place de l'oracle.

Dès les premières cases, puis les premières planches, on sent qu'on a ici quelque chose d'atypique. C'est railleur, rageur, satirique, ça dégomme du bénit-oui-oui bonne pâte (à pain) à chaque page, ça dézingue l'ignorance crasse. Bien sûr, l'allégorie de notre monde à nous, gouverné par les adultes, leur philosophie de boomers et leur bien-pensance, est évidente. Mais c'est surtout le dessin, tout en aplats criards, contre-plongées brutales, horizons en pente douce et gros poings rageurs bouffant l'avant-plan, qui apporte à cet ovni d'Helkarava son caractère unique. Un bon gros pain dans la gueule!

Dans ce roman graphique très dense, une multitude de thématiques sont abordées. Immigration, destinée, courage et amitié pour ne citer qu'elles. Mais aussi la diversité des sentiments : amour, haine, dégoût, honte et bien d'autres.
Le tout dans une réflexion autour de l'exercice du pouvoir, ses arcanes et les conséquences de ses manipulations perpétuelles.

Si j'ai été conquise par l'humour absurde et le trait de crayon si particulier d'Helkarava j'ai trouvé fatigante l'accumulation des sujets, je me suis parfois perdue, condamnée à faire des aller-retours entre les planches.

Une chouette découverte quand même.