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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre a vraiment du chien! Quel mordant dans les descriptions, dynamiques et incisives. New York est la "terrible-grande-ville-attention-aux-pick-pockets", Chanel Mademoiselle sent l' "Ajax-vanille". C'est redoutablement efficace, jusqu'au corrosif. On sent une autrice qui n'est pas là pour écrire joli, mais qui est animée par une rage qui donne beaucoup de force à la narration.

J'ai apprécié également les personnages imaginés par Calla Henkel. Elle prend le temps qu'il faut pour les mettre en place : Zoe et Hailey sont deux Américaines expatriées dans un Berlin qui leur échappe, avec l'anxiété qui s'en dégage et qui sert bien l'atmosphère angoissante du récit. La manière dont elles évoluent est très finement observée aussi, Zoe, la narratrice, cheminant vers l'acceptation de son homosexualité alors qu'Hailey s'enfonce dans un délire toxique. La lenteur permet l'effet maximal de chaque nouvel élément inséré, sans ennui.
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Côté thriller, ça marche aussi ! La tension narrative monte progressivement, sans recherche du spectaculaire, nous maintenant en état d'alerte. Est-ce Beatrice, celle à qui les deux héroïnes sous-louent l'appartement, qui est une prédatrice voyeuse ? est-ce la narratrice qui a tué son amie Ivy ? elle qui assassine les amies qu'elle admire, Ivy ou Hailey ? L'autrice allume plusieurs feux, l'amour, les fêtes et l'amitié étant autant d'ombres portées sur l'intrigue. le récit n'écrase pas les hypothèses de lecture, il les titille et s'en joue. Alors oui, j'ai trouvé les explications finales un peu tirés par les cheveux mais je suppose que c'est la loi du genre et la limite de l'exercice. Globalement, j'ai été assez admirative de la créativité et de la richesse de l'intrigue, comme de son élégance.

En effet, tout est subtil dans "Toxic Berlin", à commencer par les nombreuses mises en abyme qui viennent donner de la profondeur à l'intrigue : l'affaire Amanda Knox, le journal de Hailey se présentant comme la matrice du roman de Beatrice en train de se faire, le faux film dans l'une des soirées … Ces mises en abyme permettent de complexifier ce que le récit aurait pu avoir d'un peu classique. En fait, le suspense porte sur la littérature, sur les livres et les narrations (oeuvres à succés de Beatrice ou de sa mère, Janet, journal de Hailey, récit de Zoe en train de rétablir les faits tels qu'ils se sont vraiment déroulés). On a l'impression d'être sous drogue, quand la vérité se rapproche et s'éloigne, vacille, est reflétée par d'autres miroirs : en cela ces effets virtuoses servent admirablement le propos, à savoir l'influence d'une ville festive mais toxique, sorte de Babylone du vice, sur des jeunes filles étrangères en formation, qui cherchent à devenir elles-mêmes.

C'est un roman vraiment très bien construit, exprimé avec une vigueur provocante, sans concession, très personnel, et qui fait la part belle au lecteur. S'en dégage un vrai suspense, assez délectable mais qui n'est pas une obsession, et permet de faire le portrait sous tension du vrai personnage principal du roman, la ville de Berlin, fascinante et explosive.

Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices Elle 2024
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2008. J'ai 20 ans. Je ne vis pas à Berlin et je n'organise pas de fêtes clandestines. Mais je me passionne pour Britney se rasant la tête. Et je me souviens d'Amanda Knox (sûrement croisée dans VSD). Ce qui fait que les deux héroïnes de Toxic Berlin ne me sont pas étrangères. Mieux : elles me plaisent énormément.

La relation qui unit Hailey et Zoe est complexe. Fraîchement débarquées à Berlin, ne connaissant personne, c'est une relation fusionnelle qui se noue. Toxique. Une amitié exclusive dans un lieu étrange. Une coloc dans l'appartement d'une écrivaine à succès, un peu en manque d'inspiration, Beatrice Becks, qui ne devrait pas être là.... et pourtant, certains indices ne trompent pas. S'ajoute à ça le meurtre non élucidé de la meilleure amie de Zoe, un petit ami on ne peut plus émotif, de l'alcool et de la drogue, les nuits berlinoises... Vous obtenez alors un parfait thriller psychologique !

J'ai tout de suite adhéré au style, vif et rock, un peu arty, à l'image du texte et renforcé d'un cynisme certain. Aimé ces nuits de fêtes, joyeuses et tristes à la fois, où la jeunesse s'abandonne pour ne pas pleurer (sombrer, c'est déjà trop tard). "Chaque nuit que tu rates à Berlin est une nuit que tu rates à Berlin" je n'ai manqué aucune de celles organisées par Zoe et Hailey s'improvisant en Gatsby. Jusqu'à la dernière nuit qui fait tout basculer.

Et puis encore une fois la thématique de la création littéraire. Et encore une fois, de la manipulation de l'autre pour pouvoir créer. Un petit jeu dangereux mais grisant. On s'attend au pire et on a raison. Jusqu'à quel point un auteur peut s'immiscer dans la vie de ses personnages ? Jusqu'à quel point les personnages peuvent utiliser l'auteur pour leurs propres intérêts ?

Sans rien dévoiler de la fin, elle est de celle qui vous fait reposer le livre, un "Oh putain !" se dessinant sur les lèvres. Je ne l'avais pas vu venir ce twist final. Et quand, comme moi, on est amatrice du genre, c'est plus que plaisant. Voire, carrément parfait !
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