À malin, malin et demi, tome 1 : Les amants d'Altona

— En tant qu’agent fédéral, je tiens à te dire que ton manque de respect envers les lois de ce pays me répugne.

— Oui, mais je t’impressionne aussi, ne le nie pas. Je te « répussionne » grave !

— Je ne suis pas « répussionné », je suis atterré !

En tout cas, Rob était une rencontre bien plus agréable que celle de l’agent du FBI : M. Chauve et Grincheux. Il avait dû passer en mode berserk quand il avait découvert la salle de bains vide. Henry avait pourtant accompli son devoir civique : il avait appelé la police, alors qu’il aurait pu se barrer sans rien dire. Dean Maxfield n’aurait eu, de fait, aucune raison de lui faire la peau. Quoique…

— Tante Gloria, ce petit merdeux va te plumer !

— Cesse de dire des bêtises, Dean. Toby est un bon garçon. De plus, je fais ce que je veux avec mon argent.

Non, en fait, Dean avait des raisons légitimes de le détester – il l’avait toujours jaugé comme un pitbull gonflé aux stéroïdes – et avait probablement rongé son frein pour ne pas le descendre jusqu’à présent. Qu’il pourrisse en taule ! Avec son témoignage ou non, la police scientifique parviendrait bien à prouver sa culpabilité.

La porte de sa cellule s’ouvrit, et Henry se redressa, espérant qu’on lui apporte enfin à manger. Loupé, c’était l’agent chauve du FBI. McGuinness ? McLeffe ? Heineken ? Merde, merde, merde ! Il tenait un gobelet de café à la main ou, plutôt, de la pisse de chameau vu l’odeur. Boire du décaféiné : quel sacrilège ! Mieux valait le laisser engager les hostilités en priant qu’il n’opte pas pour la version où il éclatait le crâne d’Henry contre le mur. Heineken tirait une tête de trois pieds de long.

Il ne pipait mot, alors qu'une ribambelle de questions lui traversait l'esprit. Il espérait que Mac appréciait sa retenue, parce que cela lui demandait un effort colossal, lui qui détestait le silence. Le silence allait de pair avec souffrance. Le silence était témoin de bien vilaine choses. Comme un lit qui grince. Comme une main sur la bouche.

— Allez, ne faites pas votre difficile. Juste une petite bouchée. En plus, je vous ai laissé le meilleur, celui avec des vermicelles dessus.

Mac serra les dents, mais posa malencontreusement ses yeux sur le donut. L’appel du ventre fut le plus fort. Plus vif que l’éclair, il attrapa la pâtisserie et en enfourna la moitié dans sa bouche.

— Bravo, Mackie !

S’il freina trop brusquement au prochain feu tricolore, envoyant Henry valdinguer sur son siège, ce fut tout à fait volontaire et presque aussi satisfaisant que le sucre consommé.

Alors qu’Henry allait quitter la pièce, il l’interpella. Henry s’arrêta, dos à lui, tendu. Mac allait lui dire que « non, rien » ou lui proposer de lui montrer comment fonctionnait la douche, mais il exécrait la lâcheté. Il le rejoignit donc et posa une main sur son épaule.

Henry se raidit brièvement, puis finit par se détendre. À son tour, il le toucha ; une main chaude sur sa hanche. Il relevait déjà le visage vers lui, alors Mac fit un pas en arrière, angoissé. Qu’avait-il fait ? Il pouvait voir dans la stature d’Henry, le bassin presque collé au sien, les lèvres entrouvertes, que ce dernier s’offrait à lui. Puis, soudain, ses yeux s’écarquillèrent, paniqués, quand il comprit que Mac faisait marche arrière toute. Avant que les choses ne dégénèrent, Mac se pencha vers lui et l’embrassa.

— Le quinoa.

— Jamais de la vie.

— Est-ce que tu as déjà goûté ?

— Non, grommela Mac.

— C’est délicieux et c’est une pseudo-céréale.

— Tu pourrais me parler chinois que ce serait la même chose.

— Et les graines ressemblent à de petits spermatozoïdes durant la cuisson.

Il fixait Mac pour scruter sa réaction : il fut déçu de ne pas le voir s’étouffer avec son œuf.

— Excellent. Je rêve de manger des aliments spermatozoïdaux ! Il ne me manquerait plus que ça pour que ce régime m’achève : bouffer du sperme.

Parler de sperme avec Mac n’était pas une bonne idée, car il avait soudain très envie de le voir se mettre à genoux devant lui pour le sucer. Mac maîtrisait l’art et la manière de lui donner la trique. Surtout quand il portait sa culotte de super alpha dominant. De combien de temps et de tentations lui faudrait-il user pour qu’il cède à ses plus bas instincts, lui baisse le froc et le baise ?