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Citations sur Le siècle de Dieu (70)

– La duchesse de Fontanges est morte hier, annonça AnneSophie en larmes.
Cette jeune femme douce et affectueuse l’avait touchée. Quand elles se voyaient à Versailles, elles passaient toujours un moment ensemble. Elles avaient l’une et l’autre grandi dans des provinces éloignées de Paris et étaient arrivées naïves et émerveillées à la Cour. Dame d’honneur de la princesse Palatine, Marie Angélique de Fontanges n’avait pas bénéficié comme elle de la protection d’une belle-famille influente et sévère. Papillon fragile, elle s’était donnée corps et âme à la flamme du roi, qui l’avait consumée.

Chapitre 13
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Dès le début de l’année avait commencé la chasse aux protestants. (...) encouragé par beaucoup, Louis XIV se voyait en bras de Dieu séparant les justes des maudits.

Chapitre 12
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Puis la conversation était tombée sur la mort récente du duc de La Rochefoucauld dont les Maximes avaient connu un immense succès. Il avait fréquenté les salons et était fort lié à madame de La Fayette qui avait dit : « Monsieur de La Rochefoucauld m’a donné de l’esprit mais j’ai réformé son cœur. » Jeanne avoua avoir lu avec bonheur La Princesse de Montpensier et La Princesse de Clèves ainsi que Le Grand Cyrus de mademoiselle de Scudéry et L’Astrée de monsieur d’Urfé. Marie et Viviane, qui tenaient les romans pour pernicieux, manifestèrent un certain étonnement. Comment passer de l’Introduction à la vie dévote au Grand Cyrus ? Les ambitions, les passions exprimées par les auteurs de roman n’étaient-elles pas vaines ? Ne tournaient-elles pas la tête des naïfs ?

Chapitre 12
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Le roi allait interdire les mariages entre catholiques et protestants. Déjà ces derniers ne pouvaient plus construire de nouveaux temples et, pis encore, craignant des sévices, beaucoup s’exilaient. Madame de Maintenon et Bossuet unissaient leurs influences pour endurcir le souverain. La France était un pays catholique qui ne pouvait tolérer d’autres religions que sévèrement encadrées. Pour les minorités, pas de droits, hormis celui de payer l’impôt et l’enrôlement de gré ou de force dans les armées. Tout était permis, y compris d’enlever les enfants huguenots pour en faire de bons catholiques.

Chapitre 12
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Avant leur départ pour les galères, les sœurs venaient par deux les visiter. Les prisonniers les respectaient, ceux qui savaient écrire leur confiaient des mots adressés à une sœur, un frère, une amoureuse, leur mère surtout. Leur honte et leur déshonneur rejaillissaient sur elle et ils en étaient consternés. Les illettrés dictaient aux religieuses des lettres d’adieu naïves et émouvantes. Ils promettaient de se racheter, de revenir au pays pour s’y bien conduire. Pouvait-on veiller sur leurs maigres biens ? Viviane constatait combien ils tenaient à des babioles, un couteau à manche de corne, un mouchoir de tête, un pot à tabac. Ceux qui étaient pères parlaient de leurs enfants avec attendrissement : leurs garçons auraient un métier, seraient de bons chrétiens ; les filles garderaient leur honneur pour le mariage, elles seraient de fidèles épouses, des mères exemplaires. L’espoir qu’ils aient une meilleure vie restait une ultime consolation pour les condamnés et les aidait à accepter leur déchéance.

Chapitre 11
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Consoler les galériens en partance pour Dunkerque ou Marseille la troublait. Elle imaginait leur interminable voyage, enchaînés par le cou, jusqu’aux geôles où, dès leur arrivée, les survivants étaient de nouveau enfermés. Certains n’étaient coupables que de peccadilles : faux saulniers, contrebandiers, déserteurs, mendiants, vagabonds ou protestants qui se révoltaient contre d’incessantes brimades. Leurs prisons, les soutes des navires où ils ramaient, étaient les plus grands pourrissoirs de France. Entre les épidémies, les rapports de force qui soumettaient les plus faibles aux plus brutaux, gâtée et insuffisante, peu survivaient.

Chapitre 11
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Ninon de Lenclos, vêtue de gris tourterelle et bleu azur, portant les perles offertes par Villarceaux, son grand amour d’autrefois, gardait l’inaltérable beauté conférée par l’élégance et le charme. Entourée de ses fidèles soupirants, heureuse de ne plus souffrir au nom de l’amour, donnant à profusion son temps et son attention à d’innombrables amis qui l’affectionnaient, elle vieillissait sans qu’on pût découvrir autour d’elle la moindre velléité de jalousie féminine. Les hommes qui l’avaient aimée autrefois, les femmes qui auraient pu la craindre ou la haïr n’avaient pour elle que des mots respectueux et doux.

Chapitre 10
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– En fait, il m’expliquait hier soir pourquoi il avait si fermement condamné l’Histoire critique du Vieux Testament, poursuivit Anne-Sophie. Richard Simon, à ses yeux, s’écarte de la stricte orthodoxie exigée par l’Église.
– Bossuet, certes, désapprouve le jansénisme, appuya Viviane, mais il s’inquiète tout autant de l’influence que prend un certain Molinos dont le Guide spirituel est une incitation au quiétisme. Cet anéantissement de la volonté, cette passivité absolue, ce renoncement à l’action, ce mépris de son propre corps et de tout être créé lui semblent hautement suspects. Il craint que Rome ne se fourvoie en ne le condamnant point et le roi l’approuve. Pour notre souverain, tout écart envers la doctrine de notre sainte Église est inacceptable : huguenots, jansénistes, illuminés, quiétistes sont à rejeter sans distinction. Il trouve en Bossuet un appui toujours solide.

Chapitre 10
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Les rumeurs qui couraient dans Paris depuis l’exécution de la marquise de Brinvilliers étaient donc fondées : dans les bas-fonds de la ville officiaient sorcières, empoisonneuses, jeteuses de sorts pour le compte de grandes dames que l’on saluait chapeau bas. Monsieur de La Reynie le savait. Mais son pouvoir avait comme limites l’autorité royale.

Chapitre 10
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Seule dans le parc, longeant dans sa promenade des prairies où les paysans mettaient en meules le foin juste coupé, le long des maigres pins courbés par le vent du nord, sur les berges du ruisseau serpentant entre des saules, sous la voûte des feuillages de la grande allée qui traçaient une longue galerie de verdure, elle songeait aux dernières années de sa vie, à Charles aussi qu’on disait transformé depuis qu’il avait quitté ses parents et l’avait délaissée. Passionné de géographie, il pouvait désormais fréquenter des cercles d’érudits, de savants, fuir les hommes et femmes du monde aux conversations ennuyeuses. Depuis son adolescence, il avait pris le parti de se taire et de s’emmurer en luimême. Elle avait manqué de patience, d’imagination peut-être.

Chapitre 7
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