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EAN : 9782259027588
560 pages
Plon (08/01/2004)
3.84/5   113 notes
Résumé :
Après une enfance endeuillée par la mort de sa mère, Marie-Madeleine d'Aubray arrive en 1643 à Paris, où son père est nommé lieutenant civil. Marie-Madeleine rêve sa vie future et s'imagine grande dame, riche, fêtée, et, par-dessus tout aimée. Le mariage organisé par son père avec Antoine Gobelin, bientôt marquis de Brinvilliers, ne lui apportera que le confort financier et ne comblera pas ses désirs. Ses deux passions profondes vont alors très vite trouver à s'inca... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, on va parler d'un roman historique : La marquise des ombres, de Catherine Hermary-Vieille.

Or donc Marie-Madeleine d'Aubray vit une enfance tranquille, hélas très tôt perturbée par deux événements majeurs : l'agression perpétrée par son professeur de dessin et le décès de sa mère. Devenue adulte, elle développe une profonde antipathie pour ses proches, se marie et rencontre un homme séduisant, Godin de Sainte-Croix, alchimiste aventurier assoiffé d'argent…

-Et voilà. Roman des années 1980 plus viol : je parie que je vais encore lire un ramassis de clowneries dégueulasses sur le sujet !

-Non, justement ! J'appréhendais aussi, crois-moi, mais l'autrice travaille de façon intéressante : elle reste pudique sur les faits, elle les aborde avec délicatesse à la fois pour son personnage et pour le lecteur. Cette agression va modeler Marie-Madeleine, elle en subira les conséquences sur sa vie familiale.

-Moi, il y a un truc qui m'a gênée : le contexte historique.

-Ah bon ?

-Oui ! Je suis censée un roman sur l'affaire des Poisons, le célèbre scandale sous Louis XIV ! Seulement, comme je suis autant calée en histoire qu'une moule, les pages historiques m'ont laissée dans la perplexité la plus complète ! Je ne comprenais pas les enjeux politiques quand il était question de conflits entre factions. Et quand j'ai essayé de me documenter sur l'affaire des Poisons, je me trouvais encore plus déboussolée ! Je ne la reconnaissais pas dans le roman ! Pas de Montespan, pas de la Voisin ! C'est pas pareil ! Je suis larguée !

-Peut-être parce que le roman ne prétend pas vulgariser l'affaire ? J'ai plus éprouvé la sensation de lire un roman psychologique tiré d'un fait divers qu'une reconstitution des faits.

A mon sens, la grande réussite de ce roman tient davantage dans le portrait psychologique de Marie-Madeleine, tout en ambivalence, criminelle et victime, mère et indifférente, active et soumise, que dans l'affaire elle-même. J'ai beaucoup aimé comment elle se débat avec ses démons, comment elle pense maîtriser sa vie en faisant les mauvais choix, persuadée qu'elle échappera à la solitude et à la pauvreté.

Ensuite, j'ai adoré l'aspect vie quotidienne de l'époque ! La mode, le maquillage, les divertissements, la vie en ville, à la campagne : dépaysement garanti ! Et il y a des odeurs dans le roman, ce qui réjouit le nez de mon petit coeur amoureux des romans.

J'ai beaucoup aimé aussi l'aspect tableau animé.

-Tableau animé, mais bien sûr…

-Oui ! Certaines scènes s'ouvrent ou se ferme sur des pièces où des objets traînent. Un coup de vent soulève des rubans, les meubles sont chargés de souvenirs… cela rend le texte plus vivant, plus immersif. J'ai trouvé le résultat vraiment joli.

-Mouais… moi je reste désappointée quand même sur le côté historique.

-Hé bien, tu complèteras la lecture par un ouvrage sur le sujet, voilà tout ! »
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La biographie romancée est un exercice périlleux. Avec celle de Marie-Madeleine d'Aubray, marquise de Brinvilliers, Catherine Hermary-Vieille assure avec élégance mais aussi avec une froideur de glace qui surprend le lecteur avant de s'affirmer comme une méthode pas si bête que ça pour dresser le portrait d'une psychopathe. Dommage que cette méthode se révèle si frustrante à l'arrivée.

Dans le cultissime "Silence des Agneaux", Thomas Harris a magnifiquement dépeint le défaut de conscience, la maîtrise absolue et au-delà de la normale qui caractérisent le Dr Lecter, personnage inspiré, dit-on, par plusieurs tueurs en série parmi les plus intelligents. Par la suite, il ira plus loin en tentant de trouver, dans l'enfance de Lecter, la faille par laquelle s'infiltre le déséquilibre.

C'est cette éternelle question : "Le psychopathe est-il né ainsi et, sinon, quand a-t-il sombré ?" que l'on continue à poser dans le cas de serial killers comme Ted Bundy ou Ed Kemper - c'est-à-dire deux hommes qui ont usé de préméditation et, dans le cas de Kemper en tous cas, n'en ont jamais fait mystère.

Toutes proportions gardées, c'est un peu ce qu'a tenté de faire ici Catherine Hermary-Vieille pour celle dont le procès préfigura, dans notre pays, au XVIIème siècle, cette "Affaire des Poisons" qui allait menacer jusqu'à la cour de Louis XIV.

La romancière règle le problème dès les premiers chapitres : l'abus sexuel perpétré contre la toute jeune Marie-Madeleine par un professeur de dessin anonyme, fasciné par sa beauté de petite poupée docile, puis la certitude que cette beauté et le sexe sont les seuls moyens pour obtenir et retenir l'attention des autres et principalement des hommes. Comme chez la majeure partie des tueurs en série, le manque d'amour parental dont souffrit la future marquise de Brinvilliers est patent. Comme presque toujours également, on observe chez elle un repli permanent sur elle-même afin de dissimuler ses émotions les plus intimes et les plus vraies.

Pour autant, Catherine Hermary-Vieille ne se livre pas à une analyse des motivations les plus profondes de Marie-Madeleine. Elle n'évoque même pas la folie qui, lentement s'installe : elle nous laisse l'observer. Elle prend grand soin de se maintenir à distance du personnage et elle le fait si bien que le lecteur en pâtit. Lui non plus n'ira pas plus loin que la froideur pathologique, les apparences lisses et logiques. Mme de Brinvilliers tue essentiellement pour l'argent et rien ne sera dit des motifs inconscients qui la poussèrent à passer à l'acte.

Bien sûr, le XVIIème siècle ne connaissait pas encore Freud mais le lecteur du XXIème, lui, ne peut l'ignorer. Aussi, bien qu'il reste sensible à l'intérêt de cette présentation glacée de l'héroïne, en voit-il très vite les limites et reste-t-il sur sa faim : quand il referme ce livre, les ombres qui accompagnent Mme de Brinvilliers se sont encore épaissies et quelque chose d'essentiel dans cette personnalité ambiguë nous reste étranger. ;o(
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la vie de cette marquise est loin d etre un long fleuve tranquille ! ce qui pourrait n etre qu une bio se transforme sous la plume d Hermary Vieille en un recit passionnant et captivant au + haut point .
non seulement la vie du paris et de la campagne de l epoque mais la decheance de nombreux riches , ruinés par le jeux et donc , comme la marquise de Brinvilliers , acculés aux vols et .... aux meurtres !
beaucoup de details aussi sur le fonctionnement de la police de Louis XIV .
bref une bio a recommander a tous , meme a ceux qui ne sont pas ferus d histoire
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Moi qui raffole des romans historiques, j'ai été pleinement servie avec ce texte de Catherine Hermary-Vieille. 600 pages d'une précision d'orfèvre sur cette femme étrange, la Marquise de Brinvilliers, première figure de la noblesse à tremper dans ces tristes complots autour du poison, qui ouvrent la voie aux sombres messes noires de la Voisin.

Les forces de ce roman sont nombreuses. Tout d'abord, la précision des recherches est incroyable : on apprend le rôle de nombreux nobles, l'hypocrisie de la cour et des relations entre ses membres, mais aussi tous les enjeux liés à l'argent, aux dettes, à l'honneur. Mais Catherine Hermary-Vieille parvient à donner à l'ensemble un vrai souffle romanesque. On ressent pour les personnages différentes émotions, et il est difficile à l'issue de ma lecture, d'en nommer une par individu. La complexité des relations et des caractères est d'une vraie richesse.
Le personnage de la Brinvilliers est riche et sombre. Il ne s'agit pas de l'innocenter, mais elle n'est pas non plus présentée comme un monstre. La voix du narrateur parvient à se défaire de toute tentative de jugement, donnant à l'ensemble une neutralité qui rejoint de façon très intelligente l'impassibilité de l'héroïne, qui n'est motivée que par la rage. Détruite par une enfance qui lui a fait perdre confiance en la nature humaine, Marie-Madeleine d'Aubray sera méjugée par son époux, par ses frères et au lieu de s'en vouloir, elle fera de son passé une force, une emprise sur tous ces hommes qu'elle méprise. Elle ira toujours trop loin, franchissant allègrement les limites de la bienséance et de la morale en général. Ses élans de culpabilité seront brefs et intermittents. Les hommes qui l'entourent ne sont pas plus fiables, qu'il s'agisse de son père qui n'a rien vu quand il devait la protéger, de son époux absent, de son amant cupide, de son ami ambitieux.

La peinture de la vie de cette femme a cela de passionnant qu'elle part du milieu enviable de la société pour fréquenter les plus hautes sphères et finalement tomber plus bas que terre, mourant devant la foule, décapitée puis brûlée. On découvre donc la vie des familles bourgeoises de campagne, celle, plus dévergondée des nobles peu soucieux de la morale, puis enfin la pauvre vie des nobles déchus, jusqu'à la vie en prison, à la Conciergerie.

La chute de la marquise s'accompagne d'un regain de morale, d'une nouvelle foi en Dieu, en l'espérance d'une vie meilleure ensuite. Ces événements sociaux peignent donc aux yeux des lecteurs différentes facettes d'une femme trouble dont on ne sait jamais ce qui compte pour elle, quand elle est sincère ou non.

Le seul bémol que je noterai de ce roman, c'est la longueur, notamment de la fin. Les précisions historiques sont telles que parfois après plusieurs dizaines de pages, on s'aperçoit que la situation n'a pas beaucoup évolué, mais n'oublions pas qu'à cette époque, les trajets, les convocations, les enquêtes demandaient bien plus de temps qu'aujourd'hui, ce qui explique aussi la lenteur du texte.

Mais je ressors de cette lecture vraiment satisfaite, avec la sensation d'avoir appris beaucoup de choses et de façon très plaisante.

Lien : https://livresque78.com/2021..
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On découvre ici la vie de la célèbre marquise de Brinvilliers. Catherine Hermary-Vieille permet avec ce roman de dépasser la simple image de la marquise des poisons.
La reconstitution du Paris de Louis XIV est de qualité, même si, à mon goût, elle n'atteint pas l'excellence de Françoise Chandernagor avec "L'Allée du Roi".
"La Marquise des Ombres" n'en reste pas moins un très bon roman historique et un agréable moment de lecture.
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Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
... - Qui pend-on ? demanda-t-elle à la gouvernante.

- Une servante qui a volé.

Marie-Madeleine avait envie de voir mais la foule, compacte, l'empêchait de passer. Tout était gris, le toit, le ciel, le peuple serré autour de cette croix dressée vers les nuages et que celle qui allait mourir devait contempler. "Volé", se répéta Marie-Madeleine. Ces mots ne signifiaient pas grand chose et elle était étonnée de voir la mort si proche pour un acte incertain. Soudain, la croix disparut et le ciel demeura vide au-dessus du gibet, tandis que le vent poussait de l'est des nuages si bas qu'ils venaient se déchirer sur les toits.

Marie-Madeleine suivit Melle Cauvin en silence. Elle considérait les eaux impénétrables de la rivière et songeait que la mort devait être bien peu de choses. La force du vent ne la grisait plus. ...
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La jeune femme réfléchissait. La magie, comme toutes les forces obscures, la terrifiait et l'attirait tout à la fois. Elle avait vu brûler des femmes en Grève sous l'accusation de sorcellerie. Elle se souvenait des flammes et gardait une terreur invincible de cette destruction des corps par le feu. Parfois on les jetait au brasier, enfermées dans des cages avec des chats. Les bêtes folles de terreur hurlaient tandis que les suppliciées souriaient, silencieuses, jetant sur l'assemblée des regards fiers. Cette violence l'effrayait, la troublait, faisait naître en elle des émotions brutales et terribles, une sorte de désir presque physique de la vengeance. Au plus profond d'elle-même, et sans pouvoir l'exprimer, il existait une identité entre elle et ces femmes violentées, torturées, dépossédées.

Chapitre 15
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... Les yeux mi-clos dans son fauteuil, Dreux [le père de Mme de Brinvilliers]considérait sa fille à son ouvrage. Jour après jour, il hésitait à lui parler de ce Sainte-Croix, à la conjurer de se séparer de lui, mais il craignait que, refusant ses remarques, elle ne le quittât aussitôt. Que ferait-il sans son sourire, ses attentions ? Il voulait mourir en paix. ...
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Dreux d'Aubray, décontenancé par sa fille, la contemplait en silence. Elle était étrange, résignée et douce, avec des moments de violence très brefs qui surgissaient lorsqu'elle bravait son frère aîné, et qui la laissaient tremblante, pâle, absolument secrète. Avec son père, elle n'élevait jamais la voix. Il avait l'impression que souvent elle ne l'écoutait même pas. Il l'avait aimée, préférée à ses deux autres filles au point de ne pas accepter qu'elle s'éloignât de lui. Lorsqu'elle était une enfant, il pouvait la toucher, la caresser, sentir son petit corps contre le sien. Elle courait vers lui, tendait les bras. À sept ans elle l'avait repoussé et, jour après jour depuis cet été en Provence, cet amour s'était dissipé. Évidemment, il avait été souvent absent, absorbé par les obligations de sa charge, mais il pensait à elle avec fierté. Comment le lui dire ? Ayant perdu l'habitude des femmes, des mots gracieux, il y avait renoncé. Maintenant ils étaient trop loin l'un de l'autre. La marier était la meilleure des issues, et il avait choisi son époux avec prudence, discernement, pour la voir heureuse. Elle était vive, dépensière, ambitieuse ; il avait distingué Antoine Gobelin pour sa richesse, sa réserve, son calme, qui feraient de lui un époux et un père respecté. Balthazar Gobelin et lui-même se connaissaient de longue date, ils avaient arrangé l'union de leurs enfants avec le souci de les voir pourvus de toutes choses afin qu'ils puissent tenir un rang dans le monde. Les jeunes gens pouvaient désormais se connaître.

Chapitre 9
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Lamoignon sortit un mouchoir. Devant le tribunal de Dieu il pourrait affirmer qu'il avait tenté l'impossible pour sauver cette femme. La marquise de Brinvilliers devait mourir en chrétienne et là où il avait échoué un autre réussirait peut-être. L'abbé Pirot, auquel il avait songé, était connu dans toute l'Europe par ses discussions avec Leibniz. C'était un théologien, professeur en Sorbonne, ardent, sensible, intelligent. Lui saurait sans doute agir sur le cœur de la marquise.

Chapitre 60
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Vidéo de Catherine Hermary-Vieille
Extrait du livre audio "Les Exilés de Byzance" de Catherine Hermary-Vieille lu par Rafaèle Moutier. Parution CD et numérique le 6 juillet 2022.
https://www.audiolib.fr/livre/les-exiles-de-byzance-9791035407674/
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