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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un livre d'Annelise Heurtier. Pourtant j'adore son écriture, elle parvient toujours à m'entraîner dans l'espace ou le temps selon le sujet qu'elle a choisi.

Ici, tout commence en Nouvelle Calédonie, en 1931. Niveau dépaysement on est pas mal ! L'auteure se saisit de la thématique des fameux "zoo humains" très populaire dans les pays colonisateurs. On retrouve l'alternance du points de vue de deux jeunes hommes : Edou, venu d'Océanie pour découvrir le Paris de son livre d'histoire (qui présente probablement la capitale sur le mode de "nos ancêtres les Gaulois") et Victor, parisien destiné par sa père à la reprise de l'affaire familiale. Je me suis interrogée sur la faible présence de personnages féminins, mais étant donné le contexte historique et la condition de la femme à l'époque cela n'aurait pas été crédible.

Le procédé de l'alternance des points de vue montre bien l'envers du décor de ces expositions et la mise en scène de "sauvages" alors que les peuples colonisés étaient instruits. Ce roman est d'ailleurs très bien documenté, sans que les informations soient écrasantes. J'ai beaucoup aimé le personnage d'Edou. Vif et curieux, on s'y attache très facilement. On comprend aussi grâce à Victor la curiosité des habitants de métropole pour ces hommes et ces femmes venus d'ailleurs, aux coutumes si étranges (et pour cause, puisque des spectacles étaient mis en scène !).
Ce roman m'a beaucoup plu. Encore une très belle réussite d'Annelise Heurtier !
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Paris, 1931. On prépare la nouvelle exposition coloniale, avec le projet d'y présenter une troupe de Kanaks. Lorsque des membres de sa tribu sont choisis par les recruteurs, Edou décide de profiter de l'occasion pour découvrir la France et présenter sa culture. Il déchante vite lorsqu'il découvre les conditions dans lesquelles son groupe va être présenté, avec un panneau indiquant « cannibales », l'obligation de jouer les sauvages devant un public mi-ravi mi-effrayé, et l'interdiction de sortir du Jardin d'acclimatation pour visiter Paris. En parallèle, Victor, un jeune Parisien d'origine bourgeoise, s'émeut du traitement infligé à ceux qui sont parqués dans un véritable zoo humain.

Basé sur des faits réels, et amplement documenté, ce roman montre les dégâts provoqués par la politique coloniale française et le racisme en vogue à l'époque. Les malheureux, qui croyaient découvrir la Métropole, se voient contraints de se grimer et de se comporter comme des barbares, en totale contradiction avec leur mode de vie. A noter que le gouvernement avait laissé carte blanche aux organisateurs puisqu'il s'agissait d'une entreprise privée donc le but était, on s'en doute, bien loin de toute préoccupation humaniste et surfait sur la condescendance accordée à l'homme noir et la curiosité malsaine des visiteurs de l'Exposition. Ce qui est ensuite devenu un scandale a inspiré d'autres auteurs, dont Didier Daeninckx avec "cannibales". Annelise Heurtier a fait le choix de faire découvrir cet événement peu glorieux par le prisme de deux personnages attachants, Edou le jeune homme avide d'aventures, à l'esprit vif et curieux, et Victor le jeune homme de bonne famille qui n'a aucune envie de reprendre les rênes de l'entreprise paternelle et se découvre une toute autre vocation. Son roman bien rythmé, écrit d'une plume élégante, rend très agréablement et efficacement accessible cette portion de l'histoire à de jeunes lecteurs.
Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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1931, Exposition Coloniale. Pour une personne éclairée, cela donne tout de suite le ton de l'ouvrage.
J'ai trouvé très intéressante l'exploitation des différents points de vue, qui apporte le contexte et permet de situer les personnages et ce qu'ils pensent. On se prend très vite d'affection pour Edou, et on va rapidement déchanter avec lui lors de la découverte de ce va être la “mission culturelle”. Quant au personnage de Victor, on va se demander jusqu'à la fin comment il va rencontrer Edou, et comment il va pouvoir aider les Kanaks.
Le titre est vraiment intéressant, parce qu'à la fin de la lecture on va se demander : dans l'histoire, qui sont vraiment les sauvages et qui sont les hommes ?
Le point historique à la fin est très intéressant, et le nombre de visiteurs m'a choquée. C'est un très bon roman, adapté à un public collégiens et qui est un bon support pour inciter à la réflexion autour du colonialisme, très longtemps ignoré dans l'histoire française.
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Edou, un jeune Kanak, est très enthousiaste à l'idée de quitter la Nouvelle-Calédonie pour participer à la grande Exposition Universelle de 1931 à Paris. Embarqué avec plusieurs de ses amis pour un voyage de deux mois, il va néanmoins trouver qu'on leur demande de faire des choses étranges sur ce bateau. Mais ce n'est rien comparé à ce qu'ils vont vivre à Paris. Parqués dans un enclos au Jardin d'Acclimatation, obligés de se vêtir de vêtements exotiques qu'ils ne connaissent même pas, les Kanaks vont devenir des monstres indigènes, des cannibales, vedettes d'un zoo humain.

Les Occidentaux ont toujours considéré leurs colonies comme des possessions, tant au niveau des ressources naturelles que des ressources humaines. Pour eux, les autochtones étaient des gens faibles, naïfs, incultes, qu'il fallait évangéliser et éduquer, comme des enfants. le "missié blanc" était une figure paternelle condescendante. L'apogée de ce mépris envers les races inférieures s'est manifestée dans les zoos humains. Des indigènes étaient choisis pour figurer dans des mises en scène macabres et répugnantes censées représenter leur quotidien et leur monstruosité pour jouer le rôle de presqu'animaux afin de faire peur er de régaler un public en mal d'émotions fortes. Alors que la plupart du temps, comme le montre le roman, ces personnes parlaient très bien le français et savaient parfaitement garder leur culture malgré la colonisation. La théorie des races, qui s'est diffusée au XIXe siècle, prenait ici toute sa dimension.
Annelise Heurtier rend parfaitement compte de ces événements à travers le personnage d'Edou, qui va se rebeller grâce à une aide inattendue. Aussi agréable à lire que le formidable "Sweet Sixteen", "Des sauvages et des hommes" relate cette infamie avec un grand sérieux historique et un style fluide.
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Ce superbe roman met en avant toute l'horreur de la colonisation, et ce à quoi mène la peur et l'ignorance. Dans la sauvagerie du monde occidental, on suit l'arrivée du groupe de kanak dans le Paris des années 30. le personnage d'Edou est très attachant : avec lui, on comprend le ressenti des êtres humains présentés comme des animaux dans des zoos, comme des "cannibales", pour le "spectacle". Si l'histoire est une très belle et touchante fiction inspirée de faits réels, elle est aussi très bien documentée : les documents d'époque sont tout simplement effroyables...

Comme d'habitude, Annelise Heurtier fait la prouesse de l'empathie et parvient à plonger les lecteurs dans la peau des opprimés. En dénonçant les racismes d'hier, elle lutte contre ceux d'aujourd'hui avec une grande humanité et un style qui lui est propre.

Le roman se lit très facilement et très rapidement. Difficile de décrocher. N'hésitez pas !
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Une exposition à nulle autre pareille va avoir lieu à Paris, dans les années 30. Il s'agit de montrer au peuple français toutes les colonisations que la France a réalisé dans le monde. On va donc montrer un succédané de chaque peuplade ayant été converti et “civilisé”.

Au final, il s'agit surtout d'une mascarade destinée à faire sensation. En effet, ces indigènes sont obligés de jouer à être des cannibales dangereux, afin de donner des frissons aux visiteurs.

Un jeune homme pourtant va se rendre compte de ce qu'il se passe…

Nous sommes là sur un fond d'histoire réelle. Il y a bien eu ce genre d'expositions innomables, dans lesquelles toutes sortes de mises en scène étaient de bon ton. Ces gens, parqués comme des animaux dans des enclos, devaient subir de nombreuses heures par jour un défilé de voyeurs indélicats, subissant cette humiliation sans broncher.

Aujourd'hui, nous nous révoltons à la simple idée que cela puisse avoir existé. Et heureusement, j'ai envie de dire!

Ce roman est très touchant, puisque nous écoutons d'un côté et de l'autre de cet enclos humiliant. Edou nous montre l'envers des décors, les conditions déplorables et le peu d'estime qu'avaient pour eux leurs exploitants. Victor, visiteur, nous raconte les réactions des spectateurs, l'horreur de la situation.

C'est un livre qui m'a profondément émue. J'avais déjà entendu parler de ces expositions, dans d'autres romans ou documentaires. Mais jamais autant de l'intérieur même de la situation. J'ai pu me rendre compte à quel point cela a du marquer plusieurs générations de personnes qui n'avaient rien demandé à personne, et que l'on a dépouillé de toute dignité.

En tout cas, cette histoire est à découvrir. Elle peut d'ailleurs servir de support à des discussions scolaires et/ou familiales sur le colonialisme. Je recommande totalement.
Lien : http://au-fil-des-pages.be/
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Le résumé m'a d'abord beaucoup attirée car je n'avais absolument pas connaissance de ce qu'étaient les zoos humains et encore moins sur le fait que cela s'était passé en France. Car oui, ce livre est inspiré de faits réels ! Ce roman se veut instructif et informatif. On en apprend énormément sur l'époque coloniale et la place des kanaks dans la société. J'ai été peinée et contrariée par plusieurs scènes et discours...

Je me suis beaucoup attachée au personnage principal, Edou, ce jeune kanak qui pensait innocemment aller en France pour une mission spéciale qui est de présenter sa culture. Quelle surprise lorsque tout au long du voyage il est entraîné pour faire des danses en costume. Un événement va tout faire basculer et sortir les kanaks de cette mauvaise expérience. J'ai beaucoup aimé la façon dont les choses sont amenées, avec justesse et réalisme.

L'écriture est très agréable à lire. J'ai apprécié sa fluidité et la simplicité du récit ! Je ne peux que saluer le travail de recherche de l'autrice.

Enfin, il s'agit d'un roman qui devrait être lu par le plus grand nombre. Comme vous l'aurez compris j'ai adoré ma lecture ! J'aurai aimé d'ailleurs quelques pages en plus pour le savourer et m'attacher davantage aux personnages tout de même !
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Annelise Heurtier, Des Sauvages et des hommes, Casterman, avril 2022

Quel plaisir de retrouver l'Annelise Heurtier de Sweet-Sixteen ! La reconstitution historique lui sied à merveille et son style caméléon fait des miracles. En la lisant, on se retrouve d'emblée dans les années folles : décors, tenues, façons de s'exprimer, tout y est !
Nous sommes en 1931, à la veille de l'Exposition coloniale de Vincennes, en marge de laquelle une entreprise privée d'anciens coloniaux fait venir au Jardin d'Acclimatation un groupe de Kanaks avec la complicité du gouverneur de Nouvelle Calédonie. Seulement ces hommes et femmes seront exposés dans un véritable zoo humain, dégradés, humiliés, quotidiennement, devant un public parisien moqueur, sans que leur degré, réel, de civilisation - puisque les habitants de la colonie ont été éduqués à la mode européenne – soit pris en compte !
Deux personnages incarnent le choc psychologique que peut susciter une telle situation de méconnaissance réciproque : Edou, abréviation d'Édouard, le Kanak, venu illégalement à Paris, à la place de son ami qui ne voulait pas quitter son île et Victor Noblecourt, parisien de bonne famille, destiné à reprendre la draperie familiale. Ce dernier ira jusqu'à prendre la place d'un Kanak, lors de leur « démonstration » : « Si ces hommes sont des sauvages, moi aussi. »
Cette très belle histoire d'amitié dépasse les préjugés. le livre est érudit, didactique et initiatique. Voilà une des réflexions de Victor, après avoir fait visiter Paris, en douce, à ses nouveaux amis kanaks, Edou et Germain : « de son côté, il avait l'impression d'avoir fait quelque chose de bien et d'utile. C'était infiniment agréable à ressentir, un sentiment rond et mordoré, comme un velours intérieur qui lui faisait aimer qui il était. »
Régalez-vous à la lecture de ce roman qui dépasse les clivages « littérature jeunesse » !
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Un livre remarquable, sur le pouvoir de la propagande et les méfaits de la colonisation française. Il est complété par une postface de Pascal Blanchard, un historien spécialiste de la question coloniale. Je recommande à partir de 13 ans, avec éventuellement un accompagnement pour la contextualisation.
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Comme dans Sweet sixteen, Annelise Heurtier nous invite à nous mettre à la place de deux personnages : Edou, le kanak, dans un premier temps, puis Victor Noblecourt, jeune homme de bonne famille promis à un bel avenir, dans un second temps. Bien évidemment, ils appartiennent à deux mondes diamétralement opposés. Grâce à eux, on se place des deux côtés de l'enclos. le va-et-vient des points de vue est enrichissant et permet de comprendre les enjeux et les mentalités de l'époque notamment concernant les populations issues des colonies pour lesquelles le racisme est poussé à l'extrême.
Avec Edou, on replonge au coeur de la période colonialiste française. On découvre, à travers l'aberrante pantomime qu'on demande de jouer à Edou et aux siens, la culture kanak et combien elle est éloignée de ce que l'on veut bien montrer. On entrevoit la Nouvelle-Calédonie, pays où la vie semble bien douce à Edou, enfermé comme un animal. Edou pensait vivre une grande aventure, découvrir Paris...
Avec Victor, on découvre le quotidien d'une famille aisée et “respectable” où chacun tient aussi le rôle qui lui est attribué. On doit faire bonne figure, suivre les règles imposées. Grâce à lui, on y découvre aussi le Paris de l'époque avec un focus sur cette fameuse exposition coloniale, événement de grande ampleur qui attire l'attention de tous et toutes. Victor va aussi ouvrir les yeux.
L'un et l'autre, à leur façon, ne sont pas heureux. Edou, cela se comprend vu l'horreur de sa situation, Victor, lui, ne se sent à sa place nulle part. La vie, malgré l'absurdité de la situation, va leur donner l'occasion de s'aider mutuellement. Et tous deux apprendront l'un de l'autre.
Entre leurs deux voix, on entend les échanges des personnages qui ont mis en place ce projet inhumain. Leurs discours sont assez édifiants et montrent l'absence de considération pour ceux et celles qui sont vraiment à leurs yeux des sauvages, des bêtes de foire. Pour rendre cela encore plus parlant, Annelise Heurtier a inséré des documents réels (articles de journaux, courriers officiels,...) au fil du récit. Si elle a imaginé Edou et Victor, certains aspects, les pires, sont bien vrais. La postface de Pascal Blanchard, historien et spécialiste de la question coloniale, nous éclaire sur le phénomène des zoos humains qui ont exhibé des hommes et des femmes des colonies de 1810 à 1940 attirant plus d'un milliard et demi de visiteurs.

Encore une fois, j'ai passé un (enfin 3 pour être juste) excellent moment avec ce nouveau récit de l'autrice dont je suis sortie chamboulée. C'est une histoire terrible. Mais c'est aussi une belle histoire d'amitié qui, derrière le pire, met en avant le courage et la bienveillance de certains contre tous les autres. Et il suffit parfois d'un rien, d'un seul homme pour faire changer les choses.
Lien : https://www.hashtagceline.co..
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